Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

batfunk
Accessoiriste
Messages : 1580
Inscription : 22 avr. 11, 00:38

Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par batfunk »

Synopsis:Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Avec la complicité de sa partenaire Caprice, Saul Tenser, célèbre artiste performer, refuse ses mutations et met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Timlin, une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques. C’est alors qu’un groupe mystérieux se manifeste : ils veulent profiter de la notoriété de Saul pour révéler au monde la prochaine étape de l’évolution humaine…

8 ans après Map of The Stars, Crimes of the future marque le retour de réalisateur à ses obsessions fétiches. Râbachage ? Non,évolution, car on a ici la vision d'un homme de 79 ans qui s'interroge ici sur le monde d'aujourd'hui où il vit et sur la pertinence de son oeuvre.
Dans ce futur pas très lointain en déliquescence(ce premier plan de navire échoué), l'homme maîtrise la chirurgie et a supprimé la douleur. Comment ressentir désormais ? En détournant cette chirurgie pour se pénétrer et se procurer du plaisir. "Chirurgy is the new sex" nous disent les personnages. Cet érotisme lié au scalpel et aux cicatrices fait immanquablement penser à d'autres films du réalisateur :Crash bien évidemment pour les cicatrices, Existenz pour la nature organique des outils médicaux, Videodrome pour l'incision abdominale et les écrans cathodiques parsemés ici et là. Un érotisme qui a évolué depuis Crash, qui de mécanique et froid, est devenu sensuel(belle photographie chaude de Douglas Koch), le climax arrivant lors d'une spectaculaire scène de massage interne. Un érotisme accentué aussi par les prestations remarquables et très charnelles de Léa Seydoux et Kirsten Stewart :oops: .
Autre fil rouge, celui de la création artistique. Le fait que Viggo Mortensen et Léa Seydoux incarnent des artistes qui se produisent en direct(ici, le tatouage et l'ablation des organes mutants de Saul) n'a rien d'un hasard. Cronenberg cite dans son film nombre de ses œuvres passées et s'interroge ici sur son processus créatif. Ces mutations flippantes, que Caprice découpe et expulse du corps de Saul, sont mises en scène, exposées et soumises à l'appréciation du public et des critiques.Saul est bien évidemment le double de Cronenberg et ses organes mutants sont les cauchemars sortis de l'esprit malade du réalisateur, qui prenait un malin plaisir à raconter ses cauchemars de la nuit à ses interlocuteurs dès son réveil.Saul Tenser assiste aussi à un moment à une prestation artistique d'un concurrent, qu'il ne peut s'empêcher de critiquer. Je ne suis en compétition qu'avec moi-même semble nous dire le Canadien :lol:
Mutations que Saul "Cronenberg" finira par accepter...Le dernier film du Canadien ? :shock:
Pour finir, Cronenberg parle aussi de notre avenir: depuis son émergence sur notre planète, l'homme n'a cessé de modifier son environnement, avec son lot de nuisances, pollution et réchauffement climatique entre autres . Cronenberg, inquiet de l'emprise de la télévision dans Videodrome, des mondes virtuels dans Existenz, s'interroge ici sur les conséquences sur nos corps de notre société industrielle: comme dans Scanners, le corps s'adapte et mute. Et comme pour tout ce qui est différent et ne rentre pas dans le moule, le pouvoir en place s'inquiète et réprime.Surveillance, agents doubles, assassinats, on baigne dans une ambiance de film noir, proche de celle du Festin Nu et de son Interzone. L'homo sapiens va-t-il disparaître ? Qu'est ce qu'être humain ? Cette question du transhumanisme, à l'heure de l'ingénierie génétique, traverse tout le film.Et le dernier plan du film, magnifique, résume le constat apaisé du réalisateur :puisque le mal fait à notre planète est irréversible, il ne nous reste plus qu'à accepter cette mutation à venir, voire à l'accélérer pour nous adapter à notre nouvel environnement…
Superbe conclusion, qui m'a laissé scotché , pendant que défilait le générique de fin, sur une nouvelle partition sublime d:Howard Shore. :D

7.5/10
Torrente
Howard Hughes
Messages : 15550
Inscription : 14 juin 07, 18:26

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Torrente »

Mardi soir !

Je crains le pire. Avec moi, Cro'-Cro', c'est quitte ou double, mais la place est offerte.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14077
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Alexandre Angel »

batfunk a écrit : 27 mai 22, 01:39 Superbe conclusion, qui m'a laissé scotché , pendant que défilait le générique de fin, sur une nouvelle partition sublime d:Howard Shore. :D
D'ailleurs, il faut souligner l'extraordinaire longévité de la collaboration entre le réalisateur et son compositeur (de Chromosome 3 à Crimes of the Future, soit 1978-2022), véritable cartographie harmonique dont le lyrisme blafard et souterrain, poétique et souvent sarcastique, nous convainc, dès les génériques, qu'on s'embarque à chaque fois pour quelque chose dont on sait qu'on en sortira autant grandis que sonnés (mais qu'est ce qu'on vient de voir, là ???).
Ce sentiment, je l'avait particulièrement éprouvé au cours du générique de Faux Semblants, dont la musique nous promettait que le voyage dans lequel on s'embarquait n'autorisait aucun retour possible.

Merci à toi pour la synthèse que tu fais de Crimes of the Future, qui m'aide à mettre mes idées en ordre.
Je suis globalement de ton avis. Je trouve que c'est son meilleur film depuis Les Promesses de l'ombre, la présence, remarquable, de Viggo Mortensen, n'y étant pas pour rien. Bien sûr, je n'aime pas ça inconditionnellement. Je me sens toujours, avec Cronenberg, à la place de l'amateur de peinture qui admire certains tableaux en se disant qu'il ne mettrait jamais ça chez lui. Il y a du Francis Bacon chez ce réalisateur. Mais comment peut-on jongler avec des sujets et une iconographie aussi excessifs sans tomber dans le ridicule ? C'est là le mystère du talent et il est toujours au rendez-vous.
Bien entendu, le film ne fera pas l'unanimité, c'est juste inévitable, et peut-être tant mieux. Mais j'ai une fois de plus été sensible à sa beauté sombre, sa forme élégante, son humour discret ("Je ne sais plus pratiquer le vieux sexe"), son esprit "série B" de retour, son imagerie feuilletonesque (Viggo Mortensen et son look entre hunchback et Belphégor) et la qualité de son interprétation (les trois comédiens principaux sont excellents).
Crocro, reste encore un peu avec nous, tu veux bien ?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
batfunk
Accessoiriste
Messages : 1580
Inscription : 22 avr. 11, 00:38

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par batfunk »

Le film ne manque pas d'humour effectivement, ce qui donne un équilibre précieux au film. Cronenberg a encore une force de suggestion puissante, avec des scènes qu'on n'oublie pas(l'enfant qui mange :shock:),. Tu parlais à juste titre de Faux semblants, l'affiche française de Crimes of The Future est la même :
Image
Image

Idem Pour le costume de Saul(lorsqu'il sort intégralement couvert)
Image
Image

Sans parler du thème de la chirurgie et du trio d'acteurs... Dernière référence évidente, que je n'ai pas citée, La Mouche, bien évidemment avec une scène clef. Et le costume très couvert de Saul est peut être aussi un hommage à un autre mutant, celui de The Fly de Kurt Neumannn:
Image

Beaucoup d'auto-références donc.. Si c'est un film testament, ce que je crois, c'est une très belle sortie :D
Dernière modification par batfunk le 27 mai 22, 14:51, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Demi-Lune »

batfunk a écrit : 27 mai 22, 14:47 Beaucoup d'auto-références donc.. Si c'est un film testament, ce que je crois
Non, Cronenberg est déjà lancé sur un nouveau projet ciné intitulé Shrouds, avec Vincent Cassel.
batfunk
Accessoiriste
Messages : 1580
Inscription : 22 avr. 11, 00:38

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par batfunk »

Demi-Lune a écrit : 27 mai 22, 14:50
batfunk a écrit : 27 mai 22, 14:47 Beaucoup d'auto-références donc.. Si c'est un film testament, ce que je crois
Non, Cronenberg est déjà lancé sur un nouveau projet ciné intitulé Shrouds, avec Vincent Cassel.
Dans ce cas là, c'est une bonne nouvelle :D. Je viens de lire le sujet de The Shrouds:
https://deadline.com/2022/05/david-cron ... 235020169/.

Filmer des corps de proche en train de se décomposer ?! Jesus, David ! Naughty, naughty boy ! :mrgreen:
Peut-être a t-il soldé avec Crimes of The Future ses vieux démons alors? :wink:
Avatar de l’utilisateur
Mama Grande!
Accessoiriste
Messages : 1604
Inscription : 1 juin 07, 18:33
Localisation : Tokyo

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Mama Grande! »

Un peu déçu en ce qui me concerne...
J'ai eu l'impression d'assister à un film pas terminé, qui crée une attente pour au final pas grand chose. Alors certes, il y a quelques scènes un peu choc, mais Cronenberg a fait beaucoup plus fort avant. Il a même raconté grosso modo la même histoire avant: le corps humain mute, les moeurs humaines mutent, et il tient à nous de l'accepter. Rien de surprenant de sa part. Au niveau dramatique, je n'ai pas été très convaincu. Dans ses meilleurs films, Cronenberg ne se contentait pas du body horror, il contait de vrais drames, arrivait à donner une vraie émotion. Ici, tout reste froid, la relation entre Viggo Mortensen et Léa Seydoux ne suscite pas d'intérêt particulier. Au final, la seule chose qui me captivait était bien-sûr la mise en scène très classe de Cronenberg, et cet univers de SF cradingue, loin des clichés hyper technologiques, que l'on aimerait explorer davantage.
En résumé, l'univers et l'esthétique m'ont convaincu, mais le développement un peu moins.
batfunk
Accessoiriste
Messages : 1580
Inscription : 22 avr. 11, 00:38

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par batfunk »

Je serai moins dur que toi sur les interactions entre les personnages. Il est vrai que Viggo Mortensen offre une prestation plus physique(ses claquements..) que sentimentale'(c'est un sac à organes après tout). En revanche, Léa Seydoux réussit à insuffler de la douceur et de la bienveillance à son personnage(elle l'a confirmé dans ses interviews).Sa réaction lors de l'autopsie de l'enfant est touchante. Elle aime Saul et a une relation maternelle avec lui. J'ai adoré la prestation de Kristen Stewart, timide simple assistante, mais qui bout littéralement de désir pour Saul.
Les trois forment un trio amoureux plus déséquilibré (l'affiche du film ment, Kirsten Stewart a un rôle secondaire) que celui de Faux semblants mais représente bien deux faces de l'amour, à savoir le désir et la tendresse.
Avatar de l’utilisateur
Grant Boyer
Doublure lumière
Messages : 347
Inscription : 30 déc. 04, 20:20

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Grant Boyer »

D'accord avec Mama Grande ! Fan absolu de Cronenberg, c'est le premier qui me laisse froid, et devant lequel je me suis profondément ennuyé.
Un bon résumé de mon ressentie par l'équipe de Critikat ici :

"le bon goût est l'ennemi de la créativité"
Pick It Up While It's Faded
Avatar de l’utilisateur
Grant Boyer
Doublure lumière
Messages : 347
Inscription : 30 déc. 04, 20:20

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Grant Boyer »

batfunk a écrit : 27 mai 22, 01:39
8 ans après Map of The Stars, Crimes of the future marque le retour de réalisateur à ses obsessions fétiches. Râbachage ? Non,évolution, car on a ici la vision d'un homme de 79 ans qui s'interroge ici sur le monde d'aujourd'hui où il vit et sur la pertinence de son oeuvre.
Je serais plutôt de l'avis du rabachage même un peu vieillot. Ça sent que le scénario date des années 90 et qu'il n'a pas forcement voulu faire évoluer certaines idées. Me vient en tête le petit monologue d'un personnage qui s'enerve devant un monde trop propre où tout le monde se lave les mains et où les infections n'existent plus... 2 ans après notre pandémie ce n'est plus très à propos :lol:
"le bon goût est l'ennemi de la créativité"
Pick It Up While It's Faded
Avatar de l’utilisateur
TheGentlemanBat
Accessoiriste
Messages : 1656
Inscription : 30 nov. 14, 19:04
Localisation : Batcave

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par TheGentlemanBat »

Comme d'hab', je copie-colle mon ressenti sur le film qui ne m'a pas totalement convaincu (la fin m'a même un peu laissé sur le carreau).

Après plusieurs détours ces 10 dernières années par un cinéma où l’intellect prenait à mon goût trop largement le pas sur l’organique (et l’orgasmique du coup), celui que l’on considère à juste titre comme le pape de la body-horror opère avec ce thriller d’anticipation teinté d’érotisme un certain retour à ses premiers amours. À l’image de son personnage principal, un artiste ayant fait de son corps en mutation un show pour esthètes mondains, le film autopsie le genre humain, interroge son rapport à la mort, à la maladie, au sexe, à travers une exploration forcément attendue et sporadiquement gore de la chair comme seul le réalisateur canadien est capable de le faire. Si le long-métrage fait preuve dans nombre de ses dialogues d’un sérieux un peu papal le rapprochant parfois dangereusement du très chia… pardon, clivant Cosmopolis (sans doute échaudés par ce pensum assommant au possible, quelques spectateurs ont d’ailleurs préféré quitter les lieux au bout de 10 min plutôt que de revivre une potentielle séance de torture bis), il parvient quand même à intervalles réguliers à hypnotiser par le charme vénéneux qu’il dégage et la singularité de son univers. Peinture non datée d’un monde en déliquescence (le cimetière de navires rouillés, les bâtisses, immeubles visités avec leurs murs et leurs façades décrépis, recouverts de graffitis, font écho à la dégénérescence des corps vécue par cette humanité du futur), la nouvelle oeuvre du maître doit beaucoup à sa distribution de choix. Impeccable comme à son habitude en performeur de l’extrême tout de noir vêtu (le look de l'acteur est à mi-chemin de celui de Nosferatu et celui d'un seigneur Sith), Viggo Mortensen est pour l’occasion extrêmement bien entouré puisqu’on retrouve à ses côtés une Léa Seydoux sensuelle en diable incarnant sa collaboratrice et amante, ainsi que Kristen Stewart qui joue une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes s’intéressant aux pratiques du couple (déjà impressionnante en Lady Di dans le Spencer de Pablo Larraín, la comédienne livre ici une prestation toute en étrangeté absolument fascinante). Mis en musique, une fois n'est pas coutume, par Howard Shore qui signe un superbe score à dominante électronique, le film en dépit des qualités évoquées est au final loin d’égaler en terme de puissance les pièces maîtresses que sont par exemple Chromosome 3, La Mouche, Faux Semblants ou encore Le Festin Nu. Malgré tout, il figure une sorte de renouveau sur le tard assez encourageant chez le cinéaste dont le prochain projet, The Shrouds, dans lequel Vincent Cassel jouera un businessman ayant fait de la mort son commerce, se tournera au 1er trimestre 2023.
Nikolai
Assistant(e) machine à café
Messages : 131
Inscription : 26 mai 17, 13:18

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Nikolai »

Je suis triste de faire encore le constat que le grand Cronenberg que j'ai tant aimé a disparu, il ne reste plus grand chose.
C'était un cinéaste profondément viscéral, il plongeait dans ses obsessions au lieu de les commenter comme ici. J'ai l'impression que peu de gens soulignent que le film est globalement une longue succession de dialogues (des tunnels même) d'explications sur ce qu'il se passe à l'écran ou même en dehors de l'écran. Tout n'est que succession de concepts, d'informations qui sont balancées parfois n'importe comment au spectateur pour qu'il pige un minimum de quoi ça parle. L'impression juste que Cronenberg essaye de nourrir son propre ego d'artiste torturé en long, en large et en travers.
Je n'ai aucun doute que les théoriciens du cinéaste vont se régaler pour disserter sur Cronenberg qui disserte lui aussi sur son cinéma. Mais j'attends pas d'un cinéaste qu'il disserte sur ses obsessions, je veux surtout qu'il fasse vivre un minimum le trouble et le vertige de certaines idées.
Il suffit de repenser à Crash ou même au Festin nu que j'aime pas forcément beaucoup pour mesurer le gouffre entre avant et aujourd'hui. Il donnait vie à ses personnages, à certains thèmes, les visions étaient fortes et elles s'imprimaient en nous. Vidéodrome c'était une plongée dans un autre monde, ça suintait la fameuse "nouvelle chair", les mutations, c'était organique. Maintenant c'est froid et désincarné. Il reste quelques objets, 2-3 travellings un peu élégants, un décorum, mais où est la vie là-dedans, le vertige, le trouble, la tragédie ? Il ne reste plus que les contours, la surface. Les personnages sont des coquilles vides malgré un cast vraiment bon (surtout Stewart). Je sauve aussi Howard Shore toujours élégant, mais ça ne suffit pas.
Je ne retiens pas grand chose, aucune grande scène. Pour moi ce film est terriblement plat.
Avatar de l’utilisateur
bocina
Directeur photo
Messages : 5216
Inscription : 11 mars 05, 16:06
Contact :

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par bocina »

En tant que grand admirateur de son travail, je suis pas forcément très impatient de le voir car je sais qu'il va me décevoir. Par contre, pour moi le festin nu est son chef d’œuvre et Crash, Faux semblants et Spider ses meilleurs films.
Peut-être me trompais-je pour crime... On verra.
L'élite de ce pays permet de faire et défaire les modes, suivant la maxime qui proclame : « Je pense, donc tu suis. » Pierre Desproges
Ma Collection - Mon Planning Achats
The Eye Of Doom
Régisseur
Messages : 3127
Inscription : 29 sept. 04, 22:18
Localisation : West of Zanzibar

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par The Eye Of Doom »

Ces retours me confirme que je ne vais pas faire decouvrir le cinema de Cronenberg à mon fils via ce film. Fort heureusement, quelques bluray sont sur mon étagère, en attendant une edition de Deadzone ou M Butterfly avec sstf!!!.
J’irai seul au ciné ce we…
Torrente
Howard Hughes
Messages : 15550
Inscription : 14 juin 07, 18:26

Re: Crimes of the Future (David Cronenberg - 2022)

Message par Torrente »

15 ans que je n'avais pas vu un film de Cronenberg au cinéma... depuis Les promesses de l'ombre. D'ailleurs, je n'ai vu aucun de ses films suivants.

Il faudra que je le revoie, seul, tranquillement, chez moi, dans ma bulle, sans l'éblouissement du néon "sortie de secours" au coin de l'écran de la salle de cinéma où je l'ai découvert (ça a le don de m'horripiler).

Je me dois de préciser que je ne suis pas un grand fan de Cronenberg. J'aime nombre de ses films mais je n'ai jamais été "en pâmoison".
Mais là, comme ça, si on me demandait ce que j'ai pensé du "dernier Cronenberg", je pense que je dirais qu'il y a des chances pour qu'il reste dans mon Top de la décennie en cours. Le temps le dira (mais comme il détruit tout...).

J'ai ressenti des émotions proches de celles que j'ai ressenties devant Road to nowhere, Noce blanche, Le syndrome de Stendhal, Travail au noir... ces films durs, sombres, exigeants, secs mais vertigineux et d'une infinie richesse.

Pour mieux cerner ce que j'en pense, il convient de lister les films ou les artistes auxquels j'ai songé pendant la séance :
- Alejandro Jodorowsky (rupture de tons, folie exubérante ou sous-jacente, l'utilisation de la science-fiction pour parler de l'homme et de la nature),
- Thomas Ott et Roy Andersson (l'errance solitaire, le rapport au bizarre, à la mort),
- Raúl Ruiz (l'étrangeté, les strates de lecture, le mélange des genres),
- Manoel de Oliveira (le vieil artiste, presque classique, sans artifice mais qui ose tout)
- et Jim Jarmusch (surtout pour le casting de The limits of control mais aussi sa façon de filmer les villes, des lieux, le temps suspendu et d'utiliser des comédiens sans les diriger).

Je ne vais pas ajouter grand chose à ce qu'en ont déjà (fort bien) dit batfunk et TheGentlemanBat.
Je suis plutôt d'accord avec leurs analyses, je suis également d'accord avec les points qu'ils ont chacun les plus appréciés du film.

Pour moi (c'est tout du moins la façon dont je l'ai pris au premier visionnage), Crimes of the future est, comme souvent avec les meilleurs films du cinéaste, une formidable farce, très régulièrement hilarante.
J'ai ri plusieurs fois à gorge déployée. L'humour est constant, fin, parfois décalé mais toujours pertinent et surtout très bien dosé.
C'est l'humour d'une profonde noirceur, désabusé, tragique, du clown triste qui sait qu'on va tous y passer.

C'est aussi une satyre sociale, sociétale, environnementale, régulièrement brillante.

Mais c'est également un film de science-fiction d'une très grande acuité qui revêt la forme la plus simple et décharnée qui soit.

Une sorte de mise en abîme du monde contemporain par un chirurgien citoyen du monde mais qui lui serait presque déjà étranger.

C'est autant le film d'un enfant naïf qui semble découvrir un nouvel outil que l’œuvre-somme d'un vieil artiste qui a tout vu, tout fait, tout vécu, tout connu et qui sait qu'il a besoin de presque rien pour tout dire, et qu'il peut tout faire comprendre sans avoir besoin de le filmer.
A ce titre, il constitue une formidable exception à la règle qui voudrait que, passé un certain âge, les vieux artistes n'aient non seulement plus rien à raconter mais livreraient aussi le plus souvent des œuvres, ringardes, dépassées voire même embarrassantes.
Autre réflexion annexe à ce propos, je me suis plusieurs fois répété pendant le film que l'expérience de son visionnage serait certainement traumatisante pour Julia Ducournau et Brandon Cronenberg :
David est grand et ils sont tout petits.

Toujours est-il que Crimes of the future m'a fasciné. Je l'ai trouvé d'une maîtrise incroyable, bouillonnant et survolté alors qu'on croirait assister au scanner d'un mourant, voire à sa mise en bière.




Bon allez, maintenant, je mange et je bosse !
Répondre