BAC Nord (Cedric Jimenez - 2020)

[tenia]

Il me semble que ce qui est reproché à Bac Nord serait d'excuser les pratiques des policiers concernés et de les déresponsabiliser en rejetant la faute sur les strates hiérarchiques supérieures (dans la force comme chez les politiques), quand il dépeint en parallèles les banlieues comme des zones de non-droit généralisé.
De fait, cela ferait pencher la balance côté flic, tout en tordant les faits réels sur lesquels le film est basé.

On pourra toujours trouver que cela tient de la licence artistique, ce qui est entendable, mais on peut aussi trouver que volontairement ou non, cela peut donner au film un positionnement sur son sujet, qui caractérisé différemment le contexte sociétal des évènements racontés dans le film. C'est ce que le journaliste irlandais expliquait à la conférence de presse, au fond : il y a le fond et ce que le film donne l'impression d'en faire.

(C'est marrant, j'ai toujours surtout retenu de Fight Club sa critique de la société hédoniste ultra-capitaliste où tout n'est qu'image, corps sculptés à la perfection, image que l'on renvoie, jusqu'au jour où le trop-plein débordera de façon parfaitement prévisible. De fait, j'ai moins envie, en en sortant, de frapper quelqu'un que de réduire ma consommation.)

[Michel2]

Même resssenti que Tenia concernant Fight Club : le film n'exalte pas du tout le culte de la baston virile, il en démonte au contraire les mécanismes pour mieux montrer qu'il ne débouche sur rien. Et il ne faut pas oublier non plus que le vrai but du Fight Club n'est pas de prouver sa couillitude triomphante mais au contraire de se faire casser la gueule pour enfin retrouver un sentiment de réalité par le biais de la douleur physique : on est chez les masochistes, pas chez les machistes (il y a plusieurs scènes qui expriment ça de manière très claire, notamment quand Tyler intime à sa bande de crétins de démarrer une bagarre et de faire exprès de perdre, ou encore lorsqu'il terrorise le propriétaire du sous-sol en se faisant tabasser sans rendre les coups.

Bad Nord m'intrigue, même si e sais qu'il y a des chance pour que j'en ressorte déçu : avec un peu de chance, je devrais arriver à le voir ce soir.

[AtCloseRange]

Parole à la défense

[AtCloseRange]

Je n'ai pas souvenir d'un film français qui aurait entraîné ce genre de bataille d'Hernani avec opposition critique/public et récupération politique.

[Supfiction]

Il y en a eu pourtant. Amelie Poulain par exemple. Dans une moindre mesure, Les misérables, La haine, Welcome, Intouchables..
Faudrait ouvrir un topic.

[Alexandre Angel]

Il y en a eu pourtant. Amelie Poulain par exemple. Dans une moindre mesure, Les misérables, La haine, Welcome, Intouchables..
Faudrait ouvrir un topic.

Pitié, non

Cela dit, je suis plutôt de ton avis que ce n'est pas bien nouveau.

[Supfiction]

Pitié, non

C’était une (private running) boutade.

[AtCloseRange]

Il y en a eu pourtant. Amelie Poulain par exemple. Dans une moindre mesure, Les misérables, La haine, Welcome, Intouchables..
Faudrait ouvrir un topic.

Euh, je ne vois pas trop le rapport avec le cas Bac Nord. Déjà les films dont tu parles sont quasi tous justement de l'autre côté du spectre politique donc c'est bien une
nouveauté.
Et la droite n'a pas fait d'Amélie Poulain un étendard. On parle juste du pauvre Kaganski qui s'est énervé tout seul dans son coin.

[AtCloseRange]

Par contre Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? est bien un précédent.
De là à discerner une tendance récente du cinéma français, il n'y a qu'un pas...

[Torrente]

les faits réels sur lesquels le film est basé.

Ce qui n'est d'ailleurs écrit nulle part, si ?
A moins que j'ai cligné des yeux pendant l'un des génériques. Ce qui est fort possible tellement ces masques m'emmerdent.
Ça doit aider quand on se fout complétement de l'affaire en question et qu'on n'en a même jamais entendu parler.

En tout cas, en tant qu'objet de cinéma, c'est un excellent polar français. Probablement le plus solide, le mieux mis en scène et le mieux incarné et interprété depuis Braqueurs (qui a quand même 6 ans ?!).

C'est marrant, j'ai toujours surtout retenu de Fight Club sa critique de la société hédoniste ultra-capitaliste où tout n'est qu'image, corps sculptés à la perfection, image que l'on renvoie, jusqu'au jour où le trop-plein débordera de façon parfaitement prévisible. De fait, j'ai moins envie, en en sortant, de frapper quelqu'un que de réduire ma consommation.

Tout à fait. Donc quand on entend que Fight Club, c'est l'apologie de la baston et du terrorisme, c'est débile. Ça peut se comprendre mais je n'en pense pas moins.
Pareil pour Bac Nord, donc.

[Shin Cyberlapinou]

Quitte à faire du HS, si Fight Club est à l'évidence une satire pointant du doigt l'impasse du monde moderne mais plus encore celle du projet glamour punk de Durden, restent que pas mal de masculinistes en ont repris des éléments au premier degré (et à titre perso j'ai connu en 99 un étudiant en philo tombé sur le film en plein dans sa phase nietzschéenne, ça ne lui a vraiment pas réussi avec selon la rumeur quelques sessions de fritage avec un pote dans le même délire).

Il y aura toujours des gens pour picorer les éléments qui leur parlent en laissant de côté ce qui ne les intéresse pas (j'ai vraiment choqué des fans de Scarface -cas d'école de satire run peu trop prise au sérieux- quand j'ai soulevé les penchants incestueux de Montana, pourtant pas vraiment souterrains), pour reprendre la pensée de Truffaut le plus antiguerre des films de guerre reste par essence un spectacle galvanisant, sinon comment expliquer que Rambo soit devenu une icone héroïque notamment déclinée en cartoon? Responsabilité des auteurs, responsabilité du public, c'est un vieux débat...

[AtCloseRange]

Quitte à faire du HS, si Fight Club est à l'évidence une satire pointant du doigt l'impasse du monde moderne mais plus encore celle du projet glamour punk de Durden, restent que pas mal de masculinistes en ont repris des éléments au premier degré (et à titre perso j'ai connu en 99 un étudiant en philo tombé sur le film en plein dans sa phase nietzschéenne, ça ne lui a vraiment pas réussi avec selon la rumeur quelques sessions de fritage avec un pote dans le même délire).

Il y aura toujours des gens pour picorer les éléments qui leur parlent en laissant de côté ce qui ne les intéresse pas (j'ai vraiment choqué des fans de Scarface -cas d'école de satire run peu trop prise au sérieux- quand j'ai soulevé les penchants incestueux de Montana, pourtant pas vraiment souterrains), pour reprendre la pensée de Truffaut le plus antiguerre des films de guerre reste par essence un spectacle galvanisant, sinon comment expliquer que Rambo soit devenu une icone héroïque notamment déclinée en cartoon? Responsabilité des auteurs, responsabilité du public, c'est un vieux débat...

Je ne crois pas que Rambo serait devenu une icône héroïque s'il n'y avait eu que le film original donc dans ce cas, les auteurs du 2 sont bien responsables (enfin ils participaient à un mouvement de fond dans le ciné US).
Pour des films comme Scarface ou Fight Club, le public me semble davantage à blâmer. Je ne trouve pas grand chose de plus glauque que le de Palma. Si ça les fait tripper le problème vient du spectateur.

[AtCloseRange]

[hellrick]

La semaine prochaine sur Netflix (Belgique en tout cas). Chouette!

[Supfiction]

En fait, il y a eu 3 pages de topic mais pratiquement rien sur le film (Bac Nord, pas Fight club hein). Un film qui m’a littéralement pris aux tripes comme très rarement. Le dernier tiers est étonnant parce que je ne m’attendais vraiment pas à un tel dénouement. La réalité des faits, même simplifiée, est souvent plus originale que la plume des scénaristes.

Je trouve quand même qu’il y a un important décalage entre ce que montre le film et ce que l’on peut lire de cette affaire qui reste encore aujourd’hui ambigüe et loin d’être totalement débroussaillée. Par conséquent, on peut supposer que le scénariste a pris parti, à défaut de prétendre dire ou même savoir la vérité.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Dans le film, les trois personnages ne sont pas ce que j’appellerai des ripoux même s’il est évident qu’ils se permettent de petits écarts en se servant en cigarettes de contrebande et autres petits passes-droits. Rien qui ne justifie d’avoir été ainsi trahis par leurs supérieurs et salis par la presse et les commentaires de ministres et non des moindres.

On les voit surtout totalement livrés à eux-mêmes, l’autorité hiérarchique absente ou fluctuante au gré des circonstances et des tendances politiques dictées par l’actualité.