Film du mois de janvier 2021
(Re) découverts
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Max mon amour de Nagisa Ōshima (1985)
6.5
Moins trivial qu’on ne l’imagine, la proposition d’Oshima, sorte de simili provocation, questionne le couple, le désir féminin, la tolérance.
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Les nuits de Cabiria de Federico Fellini (1957)
9
La naïveté et la pureté de Guilietta Masina illuminent cet opus fellinien qui garde un pied dans le néoréalisme mais où souffle déjà l’onirisme du maître italien.
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Pluie noire de Shohei Imamura (1989)
8
Imamura filme frontalement le bombardement d’Hiroshima et les conséquences physiques, psychiques et sociales de martyrs résignés. A la douleur et au chaos répondent des moments de grâce et d’empathie profonde.
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Opération peur de Mario Bava (1966)
7
Bava brasse les ingrédients du gothique avec un savoir-faire réjouissant en utilisant au mieux les décors naturels. Un récit-canevas aux couleurs de tableaux baroques où le mystère et la peur font très bon ménage.
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37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix (1985)
5
Une passion incandescente et dévastatrice au cœur d’un univers ultra-esthétisé. Faiseur ou cinéaste inspiré, Beineix ? I’éblouissement est par nature éphémère.
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Trafic de Jacques Tati (1971)
5
Il manque à cette radiographie de l’industrie automobile (du concepteur à l’utilisateur), le charme naïf et la fantaisie propres à l’univers de Tati. Malgré sa réussite formelle, le film s’essouffle, la faute peut-être au refus de dialogues qui auraient apporté plus de chair à l’ensemble.
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Phase IV de Saul Bass (1974)
7
Quand l’intelligence du petit peuple s’allie au sens du collectif et du sacrifice, l’espèce humaine vacille. Une proposition en forme d’allégorie dépouillée (et visionnaire ?). Une réussite sans aucun doute à découvrir avec la fin voulue par S.B. (dispo dans les bonus).
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Pickpocket de Robert Bresson (1959)
8.5
Précision, rigueur, ascèse riment avec quête existentielle, addiction, compulsion, jouissance. Bresson filme une chorégraphie des gestes d’une rare élégance dans un ensemble qui tutoie la perfection. Une œuvre austère et fascinante quasi-hypnotique.
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Baron vampire de Mario Bava (1972)
6
Bava filme l’agonie du cinéma gothique et offre au moribond un décor de cauchemar à la hauteur de l’amour qu’il porte au genre. L’ancien et le nouveau monde dialoguent intelligemment jusqu’à la tombée de rideau. En bonus, une Intervention éclairante de Nicolas Stanzick.
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Le fils unique de Yasujirô Ozu (1936)
6
Le sacrifice maternelle, l’exode rurale, la vie précaire de la classe ouvrière du japon des années 30 filmées à la juste distance, celle qui donne à voir avec respect et pudeur.
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Sœurs de sang de Brian de Palma (1973)
6.5
De Palma se régale de mise en abime de l’art cinématographique, de références hitchcockiennes (fenêtres sur cour, Psychose), ou à Tod Browning (Freaks). Thriller audacieux et inventif savamment dosé en hémoglobine et en rebondissements.
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L’emmurée vivante de Lucio Fulci (1977)
5.5
Sans atteindre des sommets, cette variation de la nouvelle d’Edgar A. Poe saupoudrée de paranormal mérite un petit détour.
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Jugatsu de Takeshi Kitano (1990)
6.5
Une intrigue ténue sous forme de patchwork mâtinée de violence et de cruauté gratuite où la poésie et le subliminal s’invitent par surprise. Kitano ne respecte rien, il frappe tout azimut, brouille les pistes, explose les conventions sociales et cinématographiques.
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Le grondement de la montagne de Mikio Naruse (1954)
7.5
Naruse dépeint avec délicatesse le portrait d’une femme et d’un pays en mutation. Il fait le choix de l’intime pour élargir le propos et ainsi questionner les valeurs du couple, familiales et de la société japonaise.
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Le cousin Jules de Dominique Benicheti (1972)
8
Ici le geste a quelque chose de primitif et d’éternel. C’est le corps qui parle et porte les stigmates du labeur. Une chronique magnifique du monde rural bouleversante d’authenticité.
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Le cygne noir de Henry King (1942)
7.5
La réponse de David O’Selznick aux succès maritimes du duo Flynn / Curtiz qui coche tous les codes du genre. Tempo et montage au cordeau. Humour, aventure et héroïne rebelle ressuscitent le plaisir des séances du cinéma de quartier. Un grand film de pirates jubilatoire.
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Dans la forêt de Gilles Marchand (2016)
2.5
Une proposition fantastique originale avec pour seules balises la psyché et les peurs d’un enfant. Cependant Marchand manque le coche à cause de trous d’air scénaristiques.
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Die hard 3 – Une journée en enfer de John Mc Tiernan (1995)
6.5
Course haletante d'un duo drôle et décapant face à un vrai méchant. Par les temps qui courent, c'est le genre de spectacle qui dynamise l'ambiance plutôt morose.
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Les ailes de la nuit de Mark Pavia (1997)
5
Une petite série B sympathique (tirée d'une nouvelle de S. King) qui file la métaphore entre vampirisme et journalime peu scrupuleux.
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La ronde de Max Ophuls
7.5
Un meneur de jeu (double du metteur en scène) et l’envers du décor pour mieux montrer la froide mécanique du cœur. La caméra virtuose d’Ophuls virevolte de désirs en petites bassesses.
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Appaloosa- A d’Ed Harris (2008)
6.5
Un western qui déconstruit les codes du genre, se joue de la temporalité et reformule les relations homme/femme. Le tout chemine vers une certaine modernité.
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Les révoltés de l’an 2000 de Narciso Ibáñez Serrado (1976)
8
Un huit clos oppressant sous le soleil écrasant d’une île paradisiaque. L’horreur la plus insoutenable provient-elle des actes commis par ces enfants maléfiques ou des images d’archive qui ouvrent le film ? Très anxiogène et très réussi.
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Woodoo man de William Beaudine (1944)
3
Variation sans prétention sur le thème du vaudou dont le scénario ne s’embarrasse pas de superflu. Il faut faire fi de la facture cheap du film et de ses raccourcis pour mieux se laisser envouter par cette « comédie horrifique » un peu poussiéreuse.
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The lost city of Z de James Gray (2016)
6
Un film d’aventure ou un écrin dédié à l’obsession d’un homme ? J’aurais aimé adhérer sans réserve au film de Grey formellement magnifique mais je n’ai jamais vraiment senti la moiteur de la forêt amazonienne ni la profondeur des liens qui unissent la famille Fawcet. Quel dommage !
Revus
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Cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore (1988)
6,5
Une madeleine pour cinéphile savoureuse à la première bouchée mais qui perd sa saveur sur la durée. Le director’s cut substitue l’ellipse à l’explicatif. Dommage.
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Monsieur Klein de Joseph Losey (1975)
7
Quand l’histoire s’arme d’une machine à tuer aux rouages kafkaïens la culpabilité peut engendrer un double fantasmé ou initier une quête identitaire et une prise de conscience. Un film glaçant porté par un Alain Delon déroutant (et dérouté) et une poignée de seconds rôles formidables.
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L’homme léopard de Jacques Tourneur (1943)
4
Malgré un scénario paresseux sur fond de superstition et de critique sociale, la patte de Jacques Tourneur fait mouche dans quelques scènes clé.
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Tous les matins du monde d’Alain Corneau (1991)
7,5
Ici l’ascèse et le refus de toute concession mènent au sublime et l’amour est à la fois élixir et poison. Un film lumineux et sombre, désabusé et merveilleux.
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O’Brother de Joel Coen et Ethan Coen (2000)
7
Sur le mode bouffon, les deux frangins s’emparent des clichés de la grande dépression et les passent à la moulinette. Cette épopée homérique décalée est un vrai régal.
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Les Vikings de Richard Fleischer (1958)
7
Fleischer revisite le mythe de Caïn et Abel à la sauce viking. Le brushing de Douglas jure un peu mais quel spectacle... qui s’achève qui plus est en apothéose.