The Nest (Sean Durkin - 2020)
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The Nest (Sean Durkin - 2020)
Dans les années 1980, Rory, un entrepreneur ambitieux, retourne avec sa famille américaine en Angleterre pour son travail. Sortant de leur confort américain pour s'installer dans un manoir anglais, la famille va plonger dans une nouvelle vie qu'elle ne peut s'offrir. Mais peu à peu, l'avenir de la famille va s'assombrir.
Deuxième film de Sean Durkin qui, après l'hypnotique Martha Marcy May Marlene, semble poursuivre l’idée d’un réel inquiétant, soumis à des puissances occultes, voire fantastiques. Une esthétique d’outre tombe qui tord le décor, transfigure le réel : lumière automnale, décors rétifs à la lumière, visages plongés dans les ténèbres. Il y a là l’affirmation d’une mise en scène d'une rare élégance (photo à tomber avec le régal d'un travail en longue focale, musique mélancolique qui prolonge l'ambiance de "Fleurette africaine" de Duke Ellington) qui subvertit l’image commune d’une chute, mais sans recourir aux procédés symboliques attendues. Comme une sorte de formalisme discret qui prélève le mode de vie nouveau riche, investi par l’imaginaire capitaliste et autres images de réussite, et qui l’éclaire depuis un hors champ funeste, et confisque au récit toute surprise. Film sur les apparences s’il en est, où chaque membre fait l’amère expérience d’une confrontation aux idéaux, pour mieux nous faire saisir la pauvreté de leur fonction, la vacuité de leur existence. Mais aussi beauté d’un film presque désuet, classique, automnal, qui ne perrore (aucune fascination doloriste pour le déclin) ni ne juge qui que ce soit (accusation de démonstration moralisateur à la Haneke hors sujet). Film anormalement doux qui traite d’une crise sur fond de belle demeure gothique, au milieu des années 80, en Europe. The Nest est un film sobrement déstabilisant, légèrement capiteux, qui finit en un non lieu intime, comme après une traversée du miroir.
Dernière modification par G.T.O le 18 nov. 20, 12:39, modifié 1 fois.
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
L'espace d'un instant, j'ai cru qu'on parlait du film de Roberto De Feo sorti l'année dernière, intitulé en français le domaine (il nido dans son titre original), mais qui était exploité internationalement sous le titre de The Nest.
Ce film étant assez médiocre, j'étais très étonné de l'engouement de G.T.O.
Bref, passant outre le méli mélo absrde des titres internationaux, je vais donc essayer me mettre la main sur ce film de Sean Durkin.
Ce film étant assez médiocre, j'étais très étonné de l'engouement de G.T.O.
Bref, passant outre le méli mélo absrde des titres internationaux, je vais donc essayer me mettre la main sur ce film de Sean Durkin.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Y a ça sinon
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
ou Durendal avec quelques kilos
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Pour vérifier : quand le père est au restaurant avec sa femme (et qu'elle l'humilie avant de partir), il insiste assez lourdement auprès des autres sur le Portugal, que c'est l'avenir des vacances balnéaires, c'est là qu'il faut investir... on est d'accord que c'est bien vrai par rapport à la période et la suite? Je trouve bien vu de montrer un trader dont l'analyse est avisée (comme sur la dérégulation de 86), alors que ça le motive à faire des choix répréhensibles et que, surtout, par certains défauts de caractère ça ne le mène lui-même finalement nulle part. C'est plus troublant que de créer a-posteriori quelqu'un qui se tromperait historiquement tout le temps.
Il y a un rapport sous-jacent mais très bien articulé à l'époque et ses enjeux socio-économiques, le film pèche plus du côté de la création de personnages qui dépasseraient la figure écrite. C'est très flagrant avec les deux enfants, un peu moins avec Jude Law (on sent le charme, et la douleur, de ce qui n'est pas qu'un simple sale type). Carrie Coon, par contre, déploie vraiment une palette de jeu assez dingue. C'est sur elle que le film tient, au final.
Les accents empruntés au cinéma horrifique me paraissent plus un cache-misère par contre. Comme une défense du cinéaste pour s'éviter d'avoir à se tenir trop longtemps au cœur de la tourmente familiale. Paradoxalement, sa proximité personnelle avec le sujet pourrait expliquer ce désinvestissement.
Il y a un rapport sous-jacent mais très bien articulé à l'époque et ses enjeux socio-économiques, le film pèche plus du côté de la création de personnages qui dépasseraient la figure écrite. C'est très flagrant avec les deux enfants, un peu moins avec Jude Law (on sent le charme, et la douleur, de ce qui n'est pas qu'un simple sale type). Carrie Coon, par contre, déploie vraiment une palette de jeu assez dingue. C'est sur elle que le film tient, au final.
Les accents empruntés au cinéma horrifique me paraissent plus un cache-misère par contre. Comme une défense du cinéaste pour s'éviter d'avoir à se tenir trop longtemps au cœur de la tourmente familiale. Paradoxalement, sa proximité personnelle avec le sujet pourrait expliquer ce désinvestissement.
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Sur "The nest" (deuxième ou troisième partie? ) J'avais lu ailleurs d'autres retours enthousiastes qui m'intriguaient...le film semble donc diviser!:cinephage a écrit : ↑18 nov. 20, 14:15 L'espace d'un instant, j'ai cru qu'on parlait du film de Roberto De Feo sorti l'année dernière, intitulé en français le domaine (il nido dans son titre original), mais qui était exploité internationalement sous le titre de The Nest.
Ce film étant assez médiocre, j'étais très étonné de l'engouement de G.T.O.
https://forum.devildead.com/viewtopic.p ... hilit=nido
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Oui, tu as raison MJ, le personnage de Rory ne se réduit pas à être un simple opportuniste, à l'ambition aveuglante, condamné à l'échec par de mauvais calculs. Ce n'est d'ailleurs pas sa capacité d'analyse, et à faire de l'argent qui est en cause. En un sens, il est même plutôt prévoyant. Et l'une des réussites du film, c'est d'avoir réussit à saisir, par ce personnage et ce qu'il crée, les ambitions d'une époque, l'imaginaire d'un type de la finance, foncièrement peu sympathique.MJ a écrit : ↑19 nov. 20, 10:30 Pour vérifier : quand le père est au restaurant avec sa femme (et qu'elle l'humilie avant de partir), il insiste assez lourdement auprès des autres sur le Portugal, que c'est l'avenir des vacances balnéaires, c'est là qu'il faut investir... on est d'accord que c'est bien vrai par rapport à la période et la suite? Je trouve bien vu de montrer un trader dont l'analyse est avisée (comme sur la dérégulation de 86), alors que ça le motive à faire des choix répréhensibles et que, surtout, par certains défauts de caractère ça ne le mène lui-même finalement nulle part. C'est plus troublant que de créer a-posteriori quelqu'un qui se tromperait historiquement tout le temps. Il y a un rapport sous-jacent mais très bien articulé à l'époque et ses enjeux socio-économiques...
J'y vois moins une esquive de la part de Durkin, relatif à un problème de positionnement par rapport a un matériau jugé sensible, qu'une traversée du miroir. Une destruction des illusions, le manoir vandalisé après la fête, la dépouille du cheval, envers ou face cachée de cet imaginaire nouveau riche. Le ressort, le procédé de cette mise à nu disons, toute proportion gardée, m'a beaucoup rappelé celui de Eyes Wide Shut, avec cet même dichotomie nocturne, diurne, qui fait que l'on revisite les mêmes lieux à différents moments, et qui coïncide avec la dynamique de la crise. Cet épilogue douloureux marqué par la désillusion, lumière crue jeté sur la réalité de ce couple, la famille, où les larmes coulent, le matin de gueule de bois, les masques tombent. Scène éminemment cathartique qui évoque celle aussi de The Ice Storm.Les accents empruntés au cinéma horrifique me paraissent plus un cache-misère par contre. Comme une défense du cinéaste pour s'éviter d'avoir à se tenir trop longtemps au cœur de la tourmente familiale. Paradoxalement, sa proximité personnelle avec le sujet pourrait expliquer ce désinvestissement.
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Durkin évoque the Changeling (1980).G.T.O a écrit : ↑20 nov. 20, 10:12Le ressort, le procédé de cette mise à nu disons, toute proportion gardée, m'a beaucoup rappelé celui de Eyes Wide Shut, avec cet même dichotomie nocturne, diurne, qui fait que l'on revisite les mêmes lieux à différents moments, et qui coïncide avec la dynamique de la crise. Cet épilogue douloureux marqué par la désillusion, lumière crue jeté sur la réalité de ce couple, la famille, où les larmes coulent, le matin de gueule de bois, les masques tombent. Scène éminemment cathartique qui évoque celle aussi de The Ice Storm.
C'est vrai que la dernière scène est très bien!
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
J'ai bien aimé, sauf la fin. (7/10)
Peut-être que j'en voulais davantage. Bonne B.O. 80's enchainant le connu et le moins connu. Vie château de cartes qui fait peur à beaucoup de mâles, capitaines du navire, qui tiennent la barre coûte que coûte. L'histoire suffit à en faire un film d'horreur pour eux.
Carie Coon était déjà le point fort de Leftovers, elle l'est encore ici. Je la trouve absolument fascinante, sans la réduire à son physique. Vivement qu'elle tourne davantage de rôles importants. La photo révèle quelques lumières que j'aime beaucoup, comme à l'arrivée crépusculaire de la première soirée. Je n'ai pas envie de décortiquer, d'analyser davantage. Je suis encore dedans, c'est bon signe.
Merci pour la suggestion GTO sans laquelle je n'aurais probablement pas vu ce film. Et plutôt que du basse-violon dolorosa pour le générique de fin j'aurais bien entendu Once in a Lifetime des Talking Heads.
Peut-être que j'en voulais davantage. Bonne B.O. 80's enchainant le connu et le moins connu. Vie château de cartes qui fait peur à beaucoup de mâles, capitaines du navire, qui tiennent la barre coûte que coûte. L'histoire suffit à en faire un film d'horreur pour eux.
Carie Coon était déjà le point fort de Leftovers, elle l'est encore ici. Je la trouve absolument fascinante, sans la réduire à son physique. Vivement qu'elle tourne davantage de rôles importants. La photo révèle quelques lumières que j'aime beaucoup, comme à l'arrivée crépusculaire de la première soirée. Je n'ai pas envie de décortiquer, d'analyser davantage. Je suis encore dedans, c'est bon signe.
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Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
Beau film mais un peu terni par une fin de feignasse (pour changer) et l’histoire du cheval alors que le film se tenait totalement sans cela dans une approche classique.
Re: The Nest (Sean Durkin - 2020)
C'est vraiment très très mauvais malgré de belles interprétations.
Le sujet n'a aucun intérêt (ah cette introduction de 20' pour rien comme si le réal' avait déjà anticipé d'en faire une série languissante de 10 heures...) et les auteurs s'en rendent tellement compte qu'ils multiplient les fausses pistes (y compris vers le surnaturel) pour brouiller l'inanité de cette énième histoire de délitement d'un couple de yuppies avec qui on ne voudrait pas partager plus d'un apéro et qu'il faut se fader pendant deux heures sans que ça mène nulle part.
Vraiment le "Eyes wide shut" du nul.
Le sujet n'a aucun intérêt (ah cette introduction de 20' pour rien comme si le réal' avait déjà anticipé d'en faire une série languissante de 10 heures...) et les auteurs s'en rendent tellement compte qu'ils multiplient les fausses pistes (y compris vers le surnaturel) pour brouiller l'inanité de cette énième histoire de délitement d'un couple de yuppies avec qui on ne voudrait pas partager plus d'un apéro et qu'il faut se fader pendant deux heures sans que ça mène nulle part.
Vraiment le "Eyes wide shut" du nul.