The Painted Bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
- Messages : 4023
- Inscription : 24 févr. 05, 10:58
The Painted Bird (Nabarvené ptáče - 2019)
https://www.rtbf.be/culture/dossier/les ... d=10585375
Une très belle surprise que ce film qui met en scène avec fascination et résilience l’indicible de la "nuit qui tombe en Europe" à l'orée de la fin de la première moitié du XXe s.. Un regard intense et inspiré pour évoquer l’apogée de cette Europe brutalisée (pour reprendre un concept de George Mosse) et décadente, époque charnière pour comprendre la matrice de l’Europe contemporaine. Un très beau film servi par une photographie et un sens de la composition qui forcent le respect.
A voir en salles de préférence (il n'est pas sorti en France, mais il l'est/le fut en Belgique)
- G.T.O
- Egal à lui-même
- Messages : 4846
- Inscription : 1 févr. 07, 13:11
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Le livre, L'Oiseau bariolé de Kosinski, était déjà extraordinaire, et âpre. Sorte de version polonaise de Va et regarde de Klimov, moins film sur la guerre que son expérience traumatisante, cortège de visions apocalyptiques. La guerre vue à travers le regard d'un enfant fuyant le nazisme.
Merci pour ce retour Coxwell, du coup, je suis très curieux du résultat.
Merci pour ce retour Coxwell, du coup, je suis très curieux du résultat.
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
- Messages : 4023
- Inscription : 24 févr. 05, 10:58
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
C'est tout à fait ça. Je n'ai pas lu le livre, mais il en ressort un film sur le récit - à peine cauchemardesque (au sens théâtralisé) - de l'expérience de la brutalisation des sociétés, concept à l'oeuvre depuis la matrice de la WWI et de ses conséquences en Europe. La relativité du prix de la souffrance et de la vie humaine dans l'expérience quotidienne de la résilience face à l'instant de la nature et des hommes.G.T.O a écrit : ↑12 oct. 20, 10:52 Le livre, L'Oiseau bariolé de Kosinski, était déjà extraordinaire, et âpre. Sorte de version polonaise de Va et regarde de Klimov, moins film sur la guerre que son expérience traumatisante, cortège de visions apocalyptiques. La guerre vue à travers le regard d'un enfant fuyant le nazisme.
Merci pour ce retour Coxwell, du coup, je suis très curieux du résultat.
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
- Messages : 4023
- Inscription : 24 févr. 05, 10:58
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Toujours diffusé à Bruxelles pour ceux qui peuvent. Dans une salle obscure, une expérience significative/signifiante à réaliser... avant que celles-ci (oeuvres/salles) ne deviennent rarissimes.
-
- Décorateur
- Messages : 3771
- Inscription : 1 avr. 09, 20:38
- Localisation : Arcadia 234
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Meilleur film de l'année et une des découvertes les plus marquantes lors de mon marathon durant le confinement
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
J'aimerais beaucoup hein, je soutiens les salles toussa, mais mon Bluray doit arriver dans 1 mois, donc je vais me contenter de ça plutôt que d'un aller-retour Paris-Bruxelles.
- Beule
- Réalisateur de seconde équipe
- Messages : 5742
- Inscription : 12 avr. 03, 22:11
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
L'édition Eureka ? Je n'ai rien vu concernant une éventuelle sortie française.
Superbe film. Toutefois, pour qui n'a pas lu le roman de Kozinski - c'est mon cas - et n'en sait pas grand-chose a priori, il faut bien reconnaître qu'il ne s'apprivoise pas si facilement. C'est qu'il est assez avare en points de repère initiaux, chronologiques comme géographiques (à titre d'exemple, seule l'évolution des dialectes offre quelques indices - se dérobant donc souvent à l'oreille occidentale - quant au relevé topographique sur l'errance du jeune garçon). Je peux donc comprendre les réticences des festivaliers offusqués par ce cortège d'atrocités dont l'entrechoc semble épuiser toutes les manifestations de l’avanie et de la barbarie humaine : assez peu circonstanciées, elles semblent d'abord dessiner les contours d'un enfer terrestre sinon abstrait en tout cas plus théorique qu'organique. Et les audaces ostentatoires de la prise de vue, qui tendent avant tout à sacraliser la théâtralisation de ce cauchemar éveillé, font alors sans doute parfois écran à une véritable implication émotionnelle. Mais ça ne dure qu'un temps, celui que prend la narration pour étayer ses fondations (sans doute cette brutalisation sociétale à laquelle Coxwell fait référence). Je dois dire que je peine à identifier précisément ce point de bascule, cette charnière narrative et émotionnelle : est-ce la puissante séquence allégorique de l’oiseau peinturluré et libéré sur lequel fond la nuée de ses congénères ou bien la première manifestation d’humanité, salutaire mais émanant paradoxalement d’un soldat allemand, au moment où le récit révèle enfin son acuité historique ? Qu’importe, et d’une certaine façon d’ailleurs, tant mieux si cette césure n’est pas tangible. Son opacité même tend à accréditer l’efficience dramatique de la construction. Sans jamais desserrer les mords d’un étau implacable; sans rien concéder de ce brio formel qui le rapproche davantage, selon moi et pour ce que je peux en connaître, d’une certaine école formaliste polonaise - dont Wajda ou Kawalerowicz seraient les chefs de file les plus représentatifs - que d’un nouvel avatar du Va et regarde de Klimov (même si certaines séquences, comme le massacre perpétré par les cosaques avec ses éclairs de poésie iconoclaste, l’évoquent naturellement aussi), mais en en tempérant simplement, progressivement, ses accès de fièvre les plus spectaculaires au profit d’une sécheresse d’observation visuelle accrue ; Marhoul parvient effectivement à imprimer à son odyssée de l’innocence bafouée, depuis la fuite hagarde et en passant par le louvoiement pragmatique dicté par l’instinct de survie, l’empreinte d’un cheminement impressionnant d’âpreté vers une possible résilience. A tout le moins vers l'oblitération.
Je veux croire en tout cas que le contexte seul aura privé un film d'une exigence et d'une ambition formelle aussi rares d'une exploitation en salles en France. Sinon, c'est à n'y rien comprendre... Merci en tout cas à Coxwell d'avoir attiré mon attention sur cette très belle réussite.
Dernière modification par Beule le 14 oct. 20, 17:55, modifié 1 fois.
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
- Mosin-Nagant
- Producteur
- Messages : 9636
- Inscription : 12 juin 14, 19:36
- Localisation : "Made in America"
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Je vais faire comme toi, du "blind buy" en bluray UK. C'est un peu de ta faute, d'ailleurs!
Si ça sort au cinéma chez nous (et que le film me plait), j'irai le revoir en salle. C'est quand même clairement un film à découvrir sur grand écran, ça pète aux yeux. J'espère qu'un distributeur courageux osera le proposer. Carlotta, si tu nous lis...
You know my feelings: Every day is a gift. It's just, does it have to be a pair of socks?
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
- Messages : 4023
- Inscription : 24 févr. 05, 10:58
- gnome
- Iiiiiiil est des nôôôôtres
- Messages : 20869
- Inscription : 26 déc. 04, 18:31
- Localisation : sleeping in the midday sun...
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Toujours pas de nouvelles d'une éventuelle édition française ?
-
- Machino
- Messages : 1463
- Inscription : 22 avr. 06, 21:11
- Localisation : Belgique
- El Dadal
- Producteur Exécutif
- Messages : 7314
- Inscription : 13 mars 10, 01:34
- Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020
Re: The Painted Bird (Václav Marhoul - 2019)
J'avoue que j'en sors plutôt déçu. C'est certes plastiquement très beau, avec une gestion intéressante du son, du silence et de la musique exclusivement intradiégétique (exception faite du générique final), et la production (décrite dans le détail dans le making of de deux heures présent avec le film) est hors norme (tournage étalé sur plus d'un an dans 4 pays, création d'un langage slave unique etc). Mais tout cela reste de surface si l'on ne se glisse jamais dans un flux émotionnel ou psychologique.
Je n'ai pas lu l'œuvre originale, mais le film lui me semble fonctionner comme un ensemble purement symbolique et métaphorique, chaque situation et personnage fonctionnant de manière programmatique. La structure chapitrée est sur-écrite et signifiante. Pas de beauté imprévisible, pas d'écart de conduite. L'enfance d'Ivan et Requiem pour un massacre sont évidemment les bornes convoquées de ce sous-genre (le périple éreintant d'une enfance en perte de repères sur le front de l'est pendant la deuxième guerre mondiale, oui, c'est un sous-genre !) et se font références trop écrasantes. Le jeune acteur principal est quant à lui excellent (le cast est dans l'ensemble plutôt bon), on ne peut donc décemment pas lui reprocher les défauts d'incarnation du récit.
Le réalisateur a déclaré texto "Il n'est pas toujours nécessaire que nous aimions ces personnages, ni que nous pleurions sur leur sort. L'important est que nous posions notre regard sur eux, comme des témoins". Autant dire qu'avec tant d'investissement devant et derrière la caméra, l'équivalent d'un petit travail de mémoire n'est pas tout à fait ce que j'en attendais.
Je n'ai pas lu l'œuvre originale, mais le film lui me semble fonctionner comme un ensemble purement symbolique et métaphorique, chaque situation et personnage fonctionnant de manière programmatique. La structure chapitrée est sur-écrite et signifiante. Pas de beauté imprévisible, pas d'écart de conduite. L'enfance d'Ivan et Requiem pour un massacre sont évidemment les bornes convoquées de ce sous-genre (le périple éreintant d'une enfance en perte de repères sur le front de l'est pendant la deuxième guerre mondiale, oui, c'est un sous-genre !) et se font références trop écrasantes. Le jeune acteur principal est quant à lui excellent (le cast est dans l'ensemble plutôt bon), on ne peut donc décemment pas lui reprocher les défauts d'incarnation du récit.
Le réalisateur a déclaré texto "Il n'est pas toujours nécessaire que nous aimions ces personnages, ni que nous pleurions sur leur sort. L'important est que nous posions notre regard sur eux, comme des témoins". Autant dire qu'avec tant d'investissement devant et derrière la caméra, l'équivalent d'un petit travail de mémoire n'est pas tout à fait ce que j'en attendais.
- tenia
- Le Choix de Sophisme
- Messages : 30890
- Inscription : 1 juin 08, 14:29
- Contact :
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Déçu moi aussi.
Longue litanie d'atrocités telle une liste à la Prévert, démarrant dès les toutes premières minutes et s'enchainant sans discontinuer jusqu'à avoir un côté monocorde et surtout terriblement prévisible qui s'avère contre-productif. Requiem pour un massacre et cie peuvent dormir paisiblement.
The Painted Bird, par son traitement minimaliste du point de vue de la mise en scène (rareté des dialogues et des repères, slow cinema, enchainement par chapitres dont les titres viennent et repartent sur de lents fondus au noir), le film fait surtout, pour moi, l'erreur de mettre son protagoniste à la fois au coeur du dispositif mais comme constamment en retrait. Alors que le livre offre une narration à la 1ere personne qui, je trouve, fonctionne très bien, il semble ici la plupart du temps totalement passif, tel un observateur extérieur mutique et totalement détaché. Or, ce mutisme rend tout cela très superficiel, puisque de toute manière, à la énième indignité arrivant à l'écran, tout finit par couler comme sur du Teflon (sur lui comme sur moi). Et les quelques exactions qu'il montre en fin de film font tellement "la violence engendre la violence" qu'à part me faire rouler des yeux, ça n'a pas fait grand chose.
Et ça dure 2h49, comme ça pourrait durer 1h35 ou 5h (mais je crois que si ça durait 1h30, on parlerait moins de "travail monumental").
Reste que c'est plastiquement splendide, mais vu le contexte, je ne sais pas trop quoi faire de cela.
Longue litanie d'atrocités telle une liste à la Prévert, démarrant dès les toutes premières minutes et s'enchainant sans discontinuer jusqu'à avoir un côté monocorde et surtout terriblement prévisible qui s'avère contre-productif. Requiem pour un massacre et cie peuvent dormir paisiblement.
The Painted Bird, par son traitement minimaliste du point de vue de la mise en scène (rareté des dialogues et des repères, slow cinema, enchainement par chapitres dont les titres viennent et repartent sur de lents fondus au noir), le film fait surtout, pour moi, l'erreur de mettre son protagoniste à la fois au coeur du dispositif mais comme constamment en retrait. Alors que le livre offre une narration à la 1ere personne qui, je trouve, fonctionne très bien, il semble ici la plupart du temps totalement passif, tel un observateur extérieur mutique et totalement détaché. Or, ce mutisme rend tout cela très superficiel, puisque de toute manière, à la énième indignité arrivant à l'écran, tout finit par couler comme sur du Teflon (sur lui comme sur moi). Et les quelques exactions qu'il montre en fin de film font tellement "la violence engendre la violence" qu'à part me faire rouler des yeux, ça n'a pas fait grand chose.
Et ça dure 2h49, comme ça pourrait durer 1h35 ou 5h (mais je crois que si ça durait 1h30, on parlerait moins de "travail monumental").
Reste que c'est plastiquement splendide, mais vu le contexte, je ne sais pas trop quoi faire de cela.
Et encore, les villageois utilisant de l'interslave, choisi afin de ne pas associer une nation en particulier aux comportements montrés par ces personnages.
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
- Messages : 4023
- Inscription : 24 févr. 05, 10:58
Re: The painted bird (Nabarvené ptáče - 2019)
Je trouve assez pertinent le fait que le destin de ce jeune garçon soit dépossédé ou presque de toute marge de manœuvre : cela renforce le prisme de lecture autour des expériences totalitaires qui se confrontent, le relativisme de l'individu pris dans le maelstrom des années 30-40. L'aspect païen-occulte contribuent dans le même temps à doubler cette représentation cauchemardesque et destructrice ; elle est confrontée à l'abnégation slave qui tente de maintenir malgré tout de la vie.