Tenet (Christopher Nolan - 2020)

[harry]

Sinon, encore un qui gagnerait beaucoup à se prendre un peu moins au sérieux.

Je suis pas sur que encore plus de divertissements hollywoodien a base de scenar OSEF, de blagues et autres coups de coudes au public soit ce dont on manque (ou même la solution)...

[Pomponazzo]

Non mais entre les blagues à la Bigard et le prétentieux de Nolan, il y a comme une petite nuance, je crois. Mais je ne suis pas un expert.

[Count Dooku]

Je suis d'accord avec harry, à une époque où les blockbusters hollywoodiens prennent tout à la rigolade, quitte à sacrifier les enjeux dramatiques, ça fait du bien de voir qu'il reste encore au moins un réalisateur qui prend au sérieux ce qu'il raconte.
C'est certain que Nolan a tendance à complexifier un peu trop ses intrigues, à réaliser des films un peu trop pompeux. Seulement voilà, qui aujourd'hui réalise des blockbusters comme ça (à part peut-être Villeneuve, et encore vu que la plupart de ses films ne peuvent pas être considérés comme des blockbusters) ? J'ai parfois l'impression que le bashing que subit Nolan chez une partie des cinéphiles vient du fait qu'un réalisateur qui réunit succès public et critique, c'est forcément suspect. Or le cinéma hollywoodien, aujourd'hui plus que jamais, a besoin de réalisateurs comme Nolan (et pas que pour rameuter le monde dans les salles dans un contexte pandémique). Des mecs qui ont une vision, une patte, et qui arrivent à l'imposer aux studios et à être soutenus par ceux-ci.

[Mosin-Nagant]

C'est vrai que la place de Nolan est vraiment à part, à Hollywood. Il est presque le seul (avec Tarantino, Spielberg et Cameron) a toujours pouvoir faire ce qu'il veut à aussi grande échelle.

[tenia]

On peut aussi (et il me semble que cela revient régulièrement dans le "bashing") que le cinéma post-Prestige de Nolan tourne un peu en rond, souvent des exercices de style traités de façon froide, des scènes d'action mal fichues, et des tics d'écriture parfois gênants dans le traitement des personnages.
Je suis d'ailleurs curieux de savoir si Tenet a un perso façon Ariane comme dans Inception.

Ça ne m'empêche pas de rester admiratif devant la qualité cinématographique de la plupart de sa filmo (avant et après Le prestige), surtout dans un contexte où on peut imaginer que des budgets pareils ne laissent pas forcément les mains libres vis à vis du studio, mais les Batman, Inception, Dunkirk (toujours pas vu Interstellar) donnent de plus en plus l'impression d'un ronronnement dans son cinéma, vaguement caché derrière les atours des blockbusters à mega budgets et des high-concepts (qui ont leurs attraits, je ne dis pas).

D'un côté, ceux qui aiment ses films ont probablement peu de chance d'être décus, mais je peux aussi comprendre qu'on puisse avoir l'impression que finalement, il reste dans sa zone de confort, impressionnante certes car pas donnée à tout le monde, depuis 15 ans. Et quand on y goûte pas trop, il est plus facile d'en voir certaines limites.

Cela étant, j'avais été agréablement surpris par Dunkirk, pas son plus réputé. Comme quoi.

[Jack Griffin]

Je suis d'ailleurs curieux de savoir si Tenet a un perso façon Ariane comme dans Inception.

Non

[Alexandre Angel]

Cela étant, j'avais été agréablement surpris par Dunkirk, pas son plus réputé. Comme quoi.

Moi aussi, justement parce qu'il me semblait sortir de cette zone de confort dont tu parles.
Les détracteurs y voient un film de guerre immersif façon "géode" (ce que je ne leur reproche pas forcément) là où moi j'ai vécu ce film comme la résurgence sympathique d'un certain cinéma anglais avec son sentiment patriotique en temps de guerre et son iconographie aviatrice façon Mur du son (David Lean,1952) .

[Count Dooku]

J'ai justement revu Inception au ciné la semaine dernière (dans le cadre d'une rétrospective Nolan en vue de la sortie de Tenet). Le film m'avait fait forte impression il y a 10 ans (vu deux fois en salles). Pour ce nouveau visionnage, si je vois davantage les limites qu'à l'époque (notamment au niveau de la mise en scène des séquences d'action, effectivement pas le point fort du bonhomme), je reste très client de ce film de casse high concept bien écrit et vertigineux dans ses thématiques.
Interstellar avait été pour moi un choc cinématographique et une anomalie dans la filmo de Nolan en ce sens qu'il est le seul à accorder autant d'importance à la dimension émotionnelle à travers la thématique de la famille et de l'écoulement du temps.
Pour moi le seul réel faux-pas dans sa filmo est TDKR, où là effectivement il tourne en rond et semble n'avoir plus rien à dire sur le personnage. Pour le reste, je trouve qu'au-delà d'une certaine constance dans les traitement de sujet et le style de mise en scène (sa patte, dirons-nous), il a jusqu’à présent fait preuve de variété dans le choix de ses films, abordant des genres différents comme le thriller fantastique, le film de guerre, la SF ou le film de super-héros. Pas si mal pour un réalisateur qui tourne en rond.

[tenia]

Il tourne un peu en rond dans ses traitements, pas dans ses thèmes. Si demain il fait un western, il le traitera probablement d'une manière similaire (ah, on me dit que techniquement, y a déjà Westworld là dessus). Après, c'est son truc, on va pas demander aux Dardenne de faire une comédie policière avec François Damiens en roue libre.

Cela étant, j'avais été agréablement surpris par Dunkirk, pas son plus réputé. Comme quoi.

Moi aussi, justement parce qu'il me semblait sortir de cette zone de confort dont tu parles.
Les détracteurs y voient un film de guerre immersif façon "géode" (ce que je ne leur reproche pas forcément) là où moi j'ai vécu ce film comme la résurgence sympathique d'un certain cinéma anglais avec son sentiment patriotique en temps de guerre et son iconographie aviatrice façon Mur du son (David Lean,1952) .

Il n'a quand même pas pu s'empêcher de mettre quasiment plus en avant son exercice de style (les 3 niveaux temporels entrelacés) que ses personnages "principaux".

[ed]

Après, c'est son truc, on va pas demander aux Dardenne de faire une comédie policière avec François Damiens en roue libre.

Il y a quelques années (mettons, après Hadewijch) on aurait pu écrire : "tu vas pas demander à Bruno Dumont de faire une comédie déjantée avec Lucchini en roue libre".

[shubby]

J'ai bien aimé. En mode "James Bond de l'été avec un héros noir et un concept chanmé", ça passe tout seul et le casting est formidable.

Reste que quand on connait Nolan & qu'on s'est mangé un paquet de films sur les paradoxes temporels, en la matière on voit tout venir - tout, y'a rien à spoiler - et que la vraie question qui se pose sur ce concept d'inversion est la suivante : est-ce spectaculaire ? Eh beh pas tant que ça. En IMAX 4DX, peut-être ?... A vous lire.

La meilleure scène d'action - pour moi - est courte : qd le héros se débarrasse avec une classe folle de sales types dans la cuisine d'un restau. Normalement, point A > point B, sans palindrome (et le malin droppe).

Nota : la scène d'intro, très sympa, m'a parfois rappelé celle, finale, de Time & Tide. C'est un compliment.

Allez, commençons à théoriser comme à la grande époque d'Inception

Spoiler (cliquez pour afficher)

Le héros est "le protagoniste" comme ailleurs on aurait l'architecte etc, ce qui validerait le "Inception 2" évoqué en amont par certains. S'il est vraiment mort en prenant sa capsule de cyanure au début, alors Caine est re-dieu et Washington se ballade dans cette folie façon mind fuck, oui, mais aussi mind game finalement, dans le bardo, l'entre-deux (anime de yuasaa que je vénère). Donc ce goya - quelqu'un pourrait-il me rappeler le nom de cette toile ? - doit avoir une signification. Déjà, c'est un faux parfait, l'illusion est parfaite, c'est le rêve parfait, ce vers quoi tend tout film. C'est plus qu'un indice : un aveu. Pourquoi amener Michael Caine sur un seul passage de 5mn sinon ? Pour signer un chèque à un pote ? Pas que : c'est le pivot Inception.

Et Pattinson est un ange, voire Jésus, vraisemblablement le fils de Marie, cette formidable grande perche qui, dans une voiture, parvient à tripoter le volant avec ses pieds en étant assise sur la plage arrière - j'adore !

Et, donc, ce méchant, mort lui aussi - il évoque également la capsule de cyanure - et qui ds le bardo persisterait à suivre la voie du mal. Pas clair ce point, à développer.

[Supfiction]

Comme je n’ai aucune envie de voir le film, j’ai lu ton résumé en spolieur et ça donne vraiment pas envie. Ça a l’air encore pire qu’INCEPTION et particulièrement pompeux (et non pas sérieux, c’est différent).

Tant mieux pour ceux qui y trouvent leur compte. Il y a du monde de retour dans les salles subséquemment ?

[Boba Fett 69]

Comme je n’ai aucune envie de voir le film, j’ai lu ton résumé en spolieur et ça donne vraiment pas envie. Ça a l’air encore pire qu’INCEPTION et particulièrement pompeux (et non sérieux, c’est différent) au plus haut point.

Tant mieux pour ceux qui y trouvent leur compte. Il y a du monde de retour dans les salles subséquemment ?

Warner ne veut pas communiquer les chiffres avant la fin du weekend.

Et pareil pour moi, pas envie de me taper encore un Nolan prétentieux et inutilement complexe, avec des temporalités parallèles (tout aussi inutiles) pour faire plus intelligent et masquer la vacuité du scénario initial.
Et pourtant j'ai beaucoup aimé plusieurs films du bonhomme (Le Prestige et The Dark Knight notamment), mais depuis Interstellar il m'a perdu. Et son Westworld fraternel m'a agacé au plus haut point (après une première saison malgré tout prometteuse).

Ceci dit j'apprécie la posture et le symbole qu'il défend dans le Hollywood pathétique et aseptisé du XXIème siècle.

[7swans]

Comme vous, j'ai curieusement jeté un œil à la balise Spoiler de Shubby.
C'est un beau repoussoir.

J'ai l'impression d'être AtCloseRange devant le résumé d'Upstream Color.

[harry]

Je suis d'accord avec harry, à une époque où les blockbusters hollywoodiens prennent tout à la rigolade, quitte à sacrifier les enjeux dramatiques, ça fait du bien de voir qu'il reste encore au moins un réalisateur qui prend au sérieux ce qu'il raconte.

J'ai toujours un problème avec cette approche moderne (meta?) des grands divertissements d'aujourd'hui. Comment est ce que je peu m'investir dans le film et ce qu'il raconte si les protagonistes du film ne prennent même pas ce qui leur arrive un minimum au sérieux? Pour moi ce genre de démarche "tue" l'immersion, alors oui, le spectateur lambda sera content sur le coup parce qu'il aura capté la référence, il aura ri a la blague, ca fait un moment "cool", une vanne, un truc qui pourra revenir en même ou en gif sur le net mais ca s’arrête la, ca n'ira pas plus loin dans ce que ca raconte. Si c'est ca le dernier truc pour impliquer le spectateur dans le film, c'est pauvre et voué a être périmé a très court terme. Au final c'est a peine plus "gratifiant" que ces best of et bêtisiers de fin d’année a la tv.

Rétrospectivement, dans les blockbusters plus ancien on avait de l'humour mais interne au film, pas qui se greffait par dessus et mettait les enjeux a distance.
Jaws avait de l'humour par instants mais jamais au détriment du film, Star Wars aussi, idem pour Alien, Predator, Robocop, etc... J'ose même pas imaginer si on faisait ces films aujourd'hui.

Il n'a quand même pas pu s'empêcher de mettre quasiment plus en avant son exercice de style (les 3 niveaux temporels entrelacés) que ses personnages "principaux".

En même temps, "Nolan fait du Nolan..." C'est pour ca qu'on va voir les films des grands reals, parce qu’ils ont leurs styles, leurs histoires, leurs visuels, leurs thèmes, etc...
Faudrait que je recherche mais est ce qu'on reprochait a Kubrick de faire "du Kubrick"? (y'a du en avoir surement)
(Je mets pas le deux sur un pied d’égalité mais dans leur utilisation des (du même) studio et la démarche c'est presque pareil.)