Pain de mie, mioches, Tinder et (beaucoup) cinéphilie

[Jeremy Fox]

Certains oui mais d'autres sont définitivement annulés.

C'est quoi ta source sure pour dire que les films sont définitivement annulés. Car je n'ai pas le même son de cloche et je suis plutôt bien informé.

Ma fille et mon "gendre" font partie de deux tournages parisiens

[Flol]

Et pour ce qui est des questions de vos commandes passées à l'étranger et de l'état des tournages...alors désolé, mais c'était pas trop l'idée du topic en fait.

[Alexandre Angel]

Bon un conseil : évite les films qui traitent de contagion planétaire

Alors là franchement, il se trouve que je n'en regarde pas parce que j'ai autre chose à voir, mais sinon, dissociation totale! Pour moi, le contenu/sujet d'un film vit sa vie sans que je ressente forcément une quelconque résonance avec la réalité.
Par contre, et rien à voir avec le cinéma, je me fais du souci pour mes parents qui sont âgés.

[Flol]

Bon un conseil : évite les films qui traitent de contagion planétaire

Alors là franchement, il se trouve que je n'en regarde pas parce que j'ai autre chose à voir, mais sinon, dissociation totale! Pour moi, le contenu/sujet d'un film vit sa vie sans que je ressente forcément une quelconque résonance avec la réalité.

Ah moi je peux pas, j'essaie au maximum de me lancer dans des films qui seraient les plus à mêmes de me sortir du quotidien.
Je me souviens qu'au lendemain des attentats du 13 novembre, j'avais découvert Partie de campagne de Renoir. Et ça m'avait fait un bien fou.

[Farnaby]

Comme je ne sors pratiquement plus de chez moi, mon rythme de visionnage de films a considérablement augmenté et je me dis à chaque instant que j’aurais dû ne jamais freiner mes achats au prétexte que « La pile des films à voir sous blister est déjà beaucoup trop grande » : on ne stocke jamais assez... Au moins les blu ray, on peut les revoir à l’infini (alors que le riz...).

Autre point : moi qui déteste la dématérialisation, je dois dire que je commence à en entrevoir l’avantage, du moins circonstanciel.

[Alexandre Angel]

Ah moi je peux pas, j'essaie au maximum de me lancer dans des films qui seraient les plus à mêmes de me sortir du quotidien.

Tu sais, je comprends bien que le topic dont tu es l'initiateur, motivé par l'actu, fasse la jonction avec la cinéphilie mais le sujet est vaste et il aurait pu s'appeler "Pandémie et moral" au sens large.
Personnellement, si je ne suis pas bien moralement, je ne peux tout simplement pas me concentrer sur quoi que ce soit (je parle d'un vrai coup de calgon, pas de vague à l'âme) et donc, il n’existe pas de films qui soient adaptés. Mais, et donc, plus généralement concernant les films, l'humeur est à dissocier du moral me concernant. Si j'ai le moral à zéro, aucun film ne peut me faire du bien : en tous cas, une comédie musicale gaie et bariolée ne pourra guère plus que Mouchette, de Bresson. Pour moi, d'une manière très générale, il n'y a que deux manières de visionner un film : ou je suis concentré, ou je ne le suis pas. Si je le suis , c'est tout bénéf, et ça entretient mon bon moral. Je suis tellement attaché à la forme, à l'écriture , à l'imaginaire d'un film que je me sens bien, avant tout, devant un film que j'accueille bien et qui va bien me le rendre.
Alors tout de même, je ne visionnerais pas actuellement la série Tchernobyl. Mais je crois surtout que je ne suis pas tellement attiré (à tort ou à raison) par cette série. Il y a une question d'attirance esthétique derrière ça.
Contagion ne me poserait aucun problème en ce moment (le film est enlevé, coloré, avec plein de stars dedans) si ce n'est que ce n'est pas le meilleur Soderbergh pour moi.

Bon, c'est pas tout ça mais faut que j'aille voter mainant.

[G.T.O]

Me concernant et jusqu'à présent, la situation ne change rien à mes habitudes de visionnages. Je me suis enchainé Dark Waters et Contagion par exemple: deux films qui traitent de santé publique, de crise sanitaire, de manière très réaliste. Mais il n'est pas exclu que, compte tenu de la durée de la crise, son ampleur, gravité ou l'ambiance générale, j'en vienne à changer d'avis, et à me consoler en regardant des films qui me font du bien, m'évade. Pour l'instant, le confinement n'est pas, du moins là où je suis, pris très au sérieux.Du coup, la crise se fait sentir avant tout par la couverture médiatique: ce qui n'est pas rien mais disons qu'elle n'est pas encore devenue une menace réelle, sérieuse. Je ne le souhaite pas mais il est à craindre qu'au moindre cas déclaré proche de nous, que cette fameuse 'oppression lié au confinement se fasse sentir plus durement, que la peur augmente. Viendra alors la question de savoir si ledit moral soit suffisant pour m'oublier dans un film. A une situation inédite, réponse difficile à déterminer. J'espère avoir répondu à ta question l'ami.

[Jack Griffin]

Le confinement est nécessaire pour éviter une désorganisation des hôpitaux. Mais il n’y a pas de peur à avoir. Ne pas sortir est un acte pour la collectivité (ce que les gens ont à priori du mal à comprendre et l’état a mis du temps à réagir ).

[Supfiction]

J’avoue qu’hier j’ai eu besoin de regarder des trucs futiles.
J’ai tenté un western (La furieuse chevauchée devant lequel je n’ai pas réussi à me passionner, j’ai coupé au milieu). J’ai tenté un film de super héros et j’ai trouvé tout ça encore plus futile et ridicule que d’habitude, j’ai abandonné au bout d’un quart d’heure.

Dans ces cas là, une série (derniers épisodes de Irresponsable avant la fin de mon abonnement ocs) ou un concert, c’est plus facile. Et c’est mieux que les chaines d’info qui sont toujours tentantes surtout dans la journée.
Sinon, méthode inverse, un bon film sur la guerre ou les temps difficiles ça permet aussi de relativiser nos petits soucis.

Par contre, et rien à voir avec le cinéma, je me fais du souci pour mes parents qui sont âgés.

Pareil. Je ne sais pas pour toi mais j’ai l’impression qu’ils minimisent les dangers. D’autant plus qu’ils sont dans une petite ville de province, comme si tout cela ne concernait que les parisiens ou les grandes agglomérations.
Comme tous les vieux, ils vont aller voter aujourd’hui puis aller voir leurs petits-enfants..

[Stromboli]

Le confinement est nécessaire pour éviter une désorganisation des hôpitaux. Mais il n’y a pas de peur à avoir. Ne pas sortir est un acte pour la collectivité (ce que les gens ont à priori du mal à comprendre et l’état a mis du temps à réagir ).

Certes le confinement est une bonne mesure mais il aura des conséquences psychologiques importantes pour beaucoup d'entre nous.

Des couples qui ne se supportent plus vont passer des semaines collés l'un à l'autre, certains conjoints violents vont voir les occasions de péter les plombs se multiplier et personne ne sera la pour protéger les plus fragiles.
Beaucoup vont s'apercevoir que leur job n'a aucune utilité, aucune importance au fond et qu'une société qui instaurerait le revenu universel plutôt que de multiplier les bullshit jobs serait plus civilisée (mais la réflexion générale s'arrêtera à une déprime généralisée)...

Sinon la crise ne change pas beaucoup mes visionnages mais à tendance à les retarder, du mal à lancer une projection avant d'avoir fait plusieurs fois le tour des infos, et pendant le visionnage peut-être un poil plus d'impatience, si le film est moyen me suis trouvé capable de jeter un coup d’œil sur ma tablette, ce que je ne fais jamais d'habitude.

[Alexandre Angel]

Je ne sais pas pour toi mais j’ai l’impression qu’ils minimisent les dangers.

Alors là non! Les miens (ma mère surtout), c'est branle-bas-de-combat . Ils sont inquiets pour eux-même et hyper vigilants.

[G.T.O]

Le confinement est nécessaire pour éviter une désorganisation des hôpitaux. Mais il n’y a pas de peur à avoir. Ne pas sortir est un acte pour la collectivité (ce que les gens ont à priori du mal à comprendre et l’état a mis du temps à réagir ).

Oui, je le sais, Jack. Je comprends et soutiens totalement l'intérêt sanitaire, logistique, collectif, de la stratégie du confinement. Je parlais plutôt de l'effet du confinement sur l'ambiance générale, de la perception du phénomène à son impact sur le moral, et en particulier sur ce qui conditionne mon envie de cinéma. Si l'ambiance se dégrade, sous l'effet d'un confinement plus drastique ou la révélation de cas autour de nous, ça aura un impact clair sur cet appétit de films. Comment ? C'est difficile à dire: est-ce que ça se traduira par un arrêt momentané, ou une envie plus grande de voir des films plus légers, d'évasion...

[tenia]

Des couples qui ne se supportent plus vont passer des semaines collés l'un à l'autre, certains conjoints violents vont voir les occasions de péter les plombs se multiplier et personne ne sera la pour protéger les plus fragiles.

Il va falloir suivre le nombre d'infanticides les 3 semaines à venir.

Beaucoup vont s'apercevoir que leur job n'a aucune utilité, aucune importance au fond et qu'une société qui instaurerait le revenu universel plutôt que de multiplier les bullshit jobs serait plus civilisée...

(mais la réflexion générale s'arrêtera à une déprime généralisée)

Tout comme la remise en cause de la mondialisation, qui va sans doute disparaitre en même temps que l'épidémie.

J’avoue qu’hier j’ai eu besoin de regarder des trucs futiles.

Pareil. Du coup, j'ai regardé les reportages sur les Parisiens accrochés aux terrasses jusque 00h01.

[Major Tom]

je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le monde de merde qu'on est en train de lui laisser...

Tiens, je suis souvent ramené, par choix sinon de façon involontaire (foutu algorithme), à des vidéos qui ne laissent aucun suspense sur cette optique. Au départ c'est déprimant, et au début j'ai même perdu le goût du cinéma pendant quelques semaines. Sous le choc ou face à une actu déprimante, c'est difficile de parler de cinéma, la passion est mise en stand-by.

Et puis bizarrement "on s'y fait". Le naturel revient au galop. Car il faut s'y faire, s'adapter et profiter.
Comme Alexandre je fais une séparation entre l'homme et l'arti... heu non, pas le bon topic, entre la vraie vie et le cinéma. Sauf que parfois, c'est vrai que la vraie vie gâche le cinéma et que c'est mieux d'attendre pour s'y remettre. Je pense moins au Coronavirus qu'aux attentats particulièrement traumatisants qu'on a connus et où, là, difficile pendant quelques temps de se changer les idées devant un bon film sanglant.

Le cinéma a été mon meilleur ami pour soigner mes déprimes, m'accompagner dans mes solitudes ou me suivre dans mes aventures, c'est un ami précieux qui ne me quittera pas comme ça.
Et puis, sur la vraie vie qui influencerait mon moral aujourd'hui, disons que j'ai l'impression d'être "rôdé". Ça ne me gêne pas de voir ou revoir Contagion actuellement. J'ai aussi découvert La Maladie de Hambourg avant-hier (en double feature avec le Soderbergh pour avoir la patate), mais aussi plein d'autres films qui traitent de sujets différents (quoique revoir le très chouette Alexandre le bienheureux ramène quelque part au confinement). J'ai juste arrêté mes "films du mois" car ça me donne parfois l'impression de faire une feuille de comptes Excel jamais à jour.

En fait, la déprime, si on la cherche, ça va au-delà du Coronavirus. Comme la majorité de l'Humanité j'imagine, maintenant pleinement lucide sur la question, j'ai conscience que l'avenir s'annonce mal et que nous vivons à crédit (il est évident que nous ne pouvons continuer à consommer davantage de ressources renouvelables qu'il ne s'en régénère, à grignoter de plus en plus avidement le fruit terrestre qui nous porte et qui est pourtant limité, et pourtant nous ne sommes pas du tout au début du commencement du chemin qui nous mènerait à enrayer cette mauvaise tendance). Les choses s'annoncent mal et quand on commence seulement à accepter ça, alors oui, au départ il y a de quoi déprimer. Même lorsque je regarde des vidéos de conférences scientifiques qui traitent d'un sujet différent, je me retrouve automatiquement ramené à ce sujet (pour rejoindre ce que je disais au début) : par exemple j'adore suivre les vidéos ou les conférences du physicien/philosophe Étienne Klein. Jusque là, il ne donnait pas trop son avis sur la question (son truc c'est d'abord parler d'Einstein, l'astrophysique, le Big Bang, etc.). Mais lors d'une conférence, quelqu'un lui a demandé ce qu'il pensait du futur et des théories de l'effondrement, et il a répondu d'abord qu'on ne sait évidemment pas de quoi l'avenir est fait, mais a ajouté "ce que l'on sait, c'est que l'avenir est une catastrophe".

[Supfiction]

Je n’ai pas vu les reportages sur les parisiens dans les terrasses mais je les ai vu pour de vrai en allant faire mes courses à 22h.
Et effectivement les terrasses et les restos étaient encore plutôt pleins (et même festifs).. La France.

Je pense que l’on va tous passer par différentes étapes. Au contre-coup des annonces, l’inquiétude ou la panique vont probablement suivre l’habitude, le besoin de se changer les idées et .. finalement la vie presque normale et l’oubli partiel pourraient reprendre le dessus (pour ceux qui vont continuer à travailler, pour les autres ce sera différent..).