Ce film est une espèce de classique des défunts vidéoclubs (je parle en tant qu'habitant d'une ville moyenne) que longtemps j'ai vaguement eu envie de louer (au sens de location, on l'aura compris) sans passer à l'acte, intrigué par l'insolence d'une reconduction moderne d'un classique, celui-là, des rediffusions TV de jadis, et peut-être rebuté par ce statut de film non sorti en salles de par chez nous.
Je l'ai acquis chez un soldeur il y a trois ans et viens de le revoir pour confirmer la première impression positive qui flottait dans ma mémoire : ce film vaut le coup.
C'est un film mal produit (certainement pas mal fait, au contraire), peu fignolé dans son écriture et sa finition :toute la fin semble déferler à la va-comme-je-te-pousse pour venir se briser dans le fracas impur de tout ce qu'elle emporte avec elle, scories y compris, un peu à la manière des
Fantômes de Goya, de Milos Forman. C'est vrai aussi que la musique de Carter Burwell est légèrement peu légère, un tantinet envahissante.
Une fois que cela est dit, si tous les
blockbusters ressemblaient à
The Alamo, je pense qu'on aurait un tout autre rapport au cinéma tel qu'il fait son histoire et même une toute autre relation à nos vies contemporaines, soyons fous...
En tous cas, désolé pour le crime de lèse-majesté, mais si dorénavant je devais rêvasser sur la bataille d'Alamo, ce ne sont pas les images du film de John Wayne que je convoquerais en priorité pour satisfaire mon imagination, mais celles du film de John Lee Hancock car elles me paraissent remarquablement soucieuses de véracité et je fais partie de ceux qui ne dédaignent jamais l'intense plaisir que procurent les œuvres qui inventent la machine à remonter le temps.
Je ressort de
The Alamo avec le sentiment d'avoir profité d'une jolie convergence de talents tant sur le plan du décor (celui d'Alamo proprement dit est formidable et plus que convaincant), des costumes et accessoires (variés et sonnant justes), des directeurs de
casting (les physionomies des colons et des volontaires texans, tout comme celles des soldats mexicains , sont admirablement choisies), du montage (Alan Heim en est, lui qui a brillé chez Bob Fosse et Milos Forman), photo remarquable de Dean
Mad Max 2 Semler et aussi de la musique (j'ai dit mes réserves mais lorsque Billy Bob Thornton accompagne au violon le
Deguelo de rigueur, qui n'est absolument pas le même que chez John Wayne, il se passe quelque chose).
On a dit plus haut que l'argent ne se voyait pas : je ne suis absolument pas d'accord. Il se voit dans les costumes, dans les mouvements de foule (armée mexicaine en manœuvre, fuite des colons avec leur bétail; très spectaculaire plan aérien, ou surplombant, qui montre le fortin assiégé de tous côtés par des troupes mexicaines emmenées par la nuit comme des hordes de zombies).
Bref, que tout cela a de la gueule!