Flol a écrit :Perdrix : 7.5/10
Une comédie existentielle teintée d'absurde à la Peretjatko, traversée de jolis instants de grâce - et par le magnifique regard de Maud Wyler.
Excellent film d'un jeune cinéaste à suivre.
Alibabass a écrit :Perdrix : 7/10
- Pas mieux que Flol ^^ . Il y a un très beau regard de cinéaste, et c'est agréable de regarder la campagne Française (comme dans le dernier film de Patricia Mazuy il y a 1 ans).
Flol a écrit :C'est vrai que c'est toujours sympa, ces films français qui sortent de Paris et exploitent la scénographie de régions qu'on ne voit pas assez à l'écran (ici les Vosges).
Phnom&Penh a écrit :Perdrix 8,5/10 J'ai été étudiant à Nancy pendant 2 ans et les Vosges étaient connues pour être une région très belle mais un peu bizarre où on croisait des bûcherons qu'il valait mieux justement ne pas croiser, des familles à la Rivaux de Painful Gulch...et surtout des cinglés amateurs d'armes anciennes mais en parfait état de marche, qui possédaient de véritables arsenaux chez eux, et se déguisaient régulièrement et successivement en GIs ou en nazis, pardon, "soldats de la Wehrmacht". Il paraît que ce n'était pas une légende Blague à part, le film est bien déjanté, mais super construit, joué et mis en scène. J'ai un peu été interloqué au début, mais à partir de l'escapade nocturne sur le Nisi Dominus de Vivaldi, que du bonheur
Ça commence par une histoire de nudistes, que nous ne reverrons presque plus. Ça se passe dans les Vosges, région étrange, pas dangereuse, plutôt très belle côté paysages, mais peuplée de gens curieux. On parle beaucoup de France périphérique ces derniers temps, mais là, on est loin du périphérique, on ne parle pas des difficultés financières, ni même vraiment des difficultés de la vie. On parle de la vie et des croisements très bizarres entre êtres humains, une espèce qui parle beaucoup mais dont les membres ne se comprennent que rarement pour autant.
Les Vosges...des bûcherons (mais il n'y en pas dans le film), des familles bizarres (c'est un peu oublié aujourd'hui mais l'affaire Gregory où les familles se fréquentent et se détestent pendant 30 ans avant que l'abcès ne perce), des arsenaux d'armes de guerre...Mais évidemment aujourd'hui, avec Marseille et Toulouse, les vosgiens font figure de figurants, d'autant qu'ils ne s'en servent que pour rejouer tous les ans la fin de la seconde guerre mondiale. Soyons honnête, ce ne sont pas les seuls, j'en ai croisé par hasard à Ogrodzienec, Pologne et il paraît même qu'il y en a qui se refont la Bérézina en Russie.
Mais retournons donc aux Vosges. Les nudistes, c'est courant le Rhin passé, mais dans les Vosges, c'est nouveau, ça pose problème, et en plus ils sont extrémistes. Mais bon, en fait, on s'en moque, on ne les reverra quasiment plus. A mon avis c'est un truc scénaristique d'Erwan Le Duc (journaliste sportif, donc journaliste, donc vendeur de titres mensongers), histoire de nous faire croire qu'avant la fin du film, on verra Maud Wyler à poil (ou Swann Arlaud pour celles et ceux qui préfèrent, on se fait avoir de toute façon).
Maud Wyler, qui c'est donc? L'héroïne du film, une barge qui voyage et tient sa vie dans sa voiture qu'elle se fait voler (par une nudiste, donc), et raconte sa vie quotidiennement dans de petits journaux (No 248 pour le dernier, importance particulière pour le No 28 dans le film) qu'elle se fait voler avec sa voiture.
On est en province, que fait-on quand on se fait voler sa caisse? On va à la gendarmerie. Sauf que la gendarmerie, ce n'est pas l'adjudant, mais chose rare, le Capitaine Perdrix. Attention, ce n'est pas un hasard, quand on vit en province, on sait qu'un officier de gendarmerie, c'est rare. Donc, Perdrix est un personnage rare. Sa gendarmerie, hélas, est pire que celle de St Tropez. On ne glande pas, on se demande même pourquoi on doit venir glander. On est propre sur soi, c'est quand même l'armée, mais derrière les uniformes, ça sent le relâchement que même un Bigeard aurait bien du mal à retailler et mettre en rang. Ne parlons donc même pas de ce que pourrait faire le Capitaine Perdrix. Bien qu'officier, respecté, il glande aussi, rien d'autre à espérer.
Là-dessus arrive Maud Wyler, que nous appellerons Juliette, de son petit nom dans le film. Je dis ça parce que l'actrice est tellement bonne que même si on n'avait jamais entendu parler d'elle, l'actrice fait oublier son rôle. Perdrix, en revanche, est aussi très bon, mais colle très bien à son personnage de Perdrix.
Juliette s'énerve du manque de réaction de la gendarmerie et débarque chez Perdrix en famille.
Bon, je ne vais pas vous raconter le film, mais à la photo, vous aurez compris que c'est une famille soudée et fidèle, qui ne risque pas la désintégration. A noter (un bémol) que Fanny Ardant a un rôle amusant mais largement en-dessous de son niveau. Cela dit, elle n'est pas vraiment le sujet du film.
Le sujet et le titre du film, c'est Perdrix, qui, lors d'une escapade nocturne, va perdre non pas tous ses moyens, c'est un bon Capitaine de gendarmerie, mais tous ses repères.
La scène centrale du film, son centre de gravité, aurait dit Truffaut, c'est l'escapade nocturne. Cette escapade aurait été un beau moment de cinéma à elle seule. Mais elle est sublimée par le Nisi Dominus de Vivaldi, et ça, il fallait y penser.
Vivaldi, c'est les concertos. Mais non, c'est d'abord une musique religieuse de très haut niveau et d'un extrême dépouillement. Un quatuor (je simplifie, les puristes m’excuseront), un basson, et hop, une voix merveilleuse.
Je cesserai là de raconter le film mais la bande son est géniale:
Perdrix, détail de la BO
Et Julie Roué,
la compositrice de la musique contemporaine du film, très...rouée. Jeu de mot facile, mais qui, je trouve, convient bien à ce premier film de gens peu connus dans l'univers du cinéma, mais qui sont tous déjà d'excellents professionnels.
Ici, des extraits de musique de Julie Roué, sans rapport avec le film, mais pas sans intérêt:
Julie Roué, extraits à écouter