Hérédité (Ari Aster - 2018)

[Alexandre Angel]

évitez toute bande-annonce

Trop tard

[Flol]

Je ne sais pas si elle déflore un événement majeur qui intervient dans le premier tiers du film, mais si c'est le cas, c'est dommage.
En tout cas, quelle maîtrise dans la mise en scène, dans le design sonore, dans l'utilisation de la musique, dans le travail sur le regard des comédiens (et comédienne, avec une Toni Colette bluffante), dans la gestion du hors-champ (JAMAIS souligné par des jumpscares foireux, et que ça fait du bien).
Je l'ai vu ce matin et je n'arrête pas d'y repenser.

[Alexandre Angel]

(JAMAIS souligné par des jumpscares foireux, et que ça fait du bien)

C'est, paraît-il, ce qui plombe la dernière partie de Sans un bruit, qui jouit également d'une certaine bienveillance critique.

[Flol]

Spoiler (cliquez pour afficher)

Aussi, après tout ce soin apporté à la mise en scène, à l'installation d'un climat de terreur "réaliste", je déplore sincèrement la tournure ouvertement grand-guignolesque de la dernière demi-heure - n'est pas Polanski qui veut. Tout ça s'achève comme un bon Conjuring des familles, avec une explicitation des phénomènes incompréhensible au regard du dispositif mené jusqu'alors. Un péché de littéralité, qui n'apporte rien que l'on n'ait déjà compris avec les rebondissements, et qui ramène le film dans un giron beaucoup plus balisé que tous ces moments d'angoisse suggestive sur de simples détails. En fait, je trouve qu'il y a matière à être déçu par les tenants et les aboutissants, qui imposent une bête histoire de satanisme sur les autres développements, autrement plus évocateurs et ouverts, que sont la culpabilité, le deuil impossible, la parentalité. Le film donne du coup le sentiment d'effacer sur le finish tout ce qui en faisait son prix, son indétermination à trancher d'une part, et son moteur psychologique/émotionnel d'autre part. Soit deux composantes essentielles à la fin de Rosemary's baby, à laquelle on pense forcément (et qui navigue à un tout autre niveau).

Tu pointes parfaitement ce que je trouve de plus faible dans le film : sa conclusion. Ça aurait gagné à rester davantage dans le mystère et le non-dit, mais de vouloir tout expliciter aussi textuellement et littéralement (même s'il reste quelques zones d'ombres) donne un petit côté déceptif au film, côté déceptif que je me suis efforcé de vite oublier tant ce qui précède m'a impressionné (vous l'aurez compris).

*claquement de langue*

[Flol]

(JAMAIS souligné par des jumpscares foireux, et que ça fait du bien)

C'est, paraît-il, ce qui plombe la dernière partie de Sans un bruit, qui jouit également d'une certaine bienveillance critique.

Pour le coup, je ne suis pas trop d'accord (en ce qui concerne les jumpscares) : il y en a quelques-uns, mais suffisamment bien dosés et amenés pour que ça ne m'ait jamais choqué.
On est vraiment très très loin de ce que l'on voit en masse dans The Conjuring 8 et Insidious 12 (pour reparler de ces films là ).

[Demi-Lune]

*claquement de langue*

Je ne sais pas si tu t'es fait avoir toi aussi, mais à un moment, le fils (si je me souviens bien) est en voiture tout seul, à errer... sur fond de design sonore anxiogène. Et la caméra s'avance très lentement sur le conducteur, pour dissimuler tout l'espace de l'habitacle. Et soudain, la bande sonore s'arrête et... claquement de langue.
Je me suis chié dessus à ce moment-là.

[Flol]

Itou. D'autant plus que ces petits claquements sont parfaitement spatialisés au sein de la salle, certains venant d'un seul côté, donnant l'impression que la petite est juste derrière notre oreille.

[Rockatansky]

J'ai aussi trouvé que le mixage était assez important pour te plonger dans l'angoisse

[ballantrae]

Vu hier soir et pas mal cauchemardé, c'est un signe de réussite pour ma part! Je ne saurais encore dire si c'est un chef d'oeuvre ou un très beau film toujours est-il que c'est l'une des plus fortes réussites du genre made in USA de ces dernières années. Jason Blum -qui n'est jamais qu'un Val Lewton qui n'aurait toujours pas trouvé son tourneur-devrait jeter son dévolu sur ce jeune Ari Aster hyperdoué.
Les moments les plus terrifiants sont certainement les plus naturellement amenés: le fameux claquement de langue dans l'auto , c'est effectivement quelque chose tout comme l'utilisation de la maison de poupée ou les apparitions dans les angles, la découverte des cryptogrammes un peu partout.
Toni collette est exceptionnelle et c'est un plaisir immense de retrouver le grand G Byrne dans ce rôle de père désenchanté, inapte à reprendre le cours d'une vie normale.Et la gamine est tout simplement terrifiante...fallait oser la caster en ces temps de lissage !

[Alexandre Angel]

le fameux claquement de langue dans l'auto

Autant je ne suis pas un chiant question spoilers, autant sur ce coup-là, c'eût été mieux de laisser l'effet de surprise!
(c'est pas toi Ballantrae au départ!)
M'enfin..

[Thaddeus]

c'est un plaisir immense de retrouver le grand G Byrne dans ce rôle de père désenchanté, inapte à reprendre le cours d'une vie normale.

Tu fais bien de le souligner tant l'acteur est presque celui que j'ai trouvé le plus touchant du film. Par sa vulnérabilité, sa détresse, son chagrin hagard qu'il essaie tant bien que mal de dissimuler pour préserver comme il le peut une famille au bord du gouffre, il apporte un quotient d'humanité non négligeable à l'entreprise. On le sent d'un bout à l'autre brisé par la douleur, par celle de ses proches, et en même temps toujours plus impuissant à faire valoir ses qualités d'écoute et de pondération à mesure que les évènements se produisent. La grande scène du repas, où il assure comme il peut le rôle de médiateur avant de poser sa main sur celle de son fils en guise de consolation désespérée, est caractéristique de l'intensité émotionnelle atteinte par son personnage.

[Flol]

Je n'arrête pas d'y repenser depuis samedi. Grand film.
Et Gabriel Byrne est effectivement excellent, en figure paternel tentant malgré tout de maintenir un semblant de stabilité dans un foyer qui n'en a plus aucune.

[AntonChigurh]

Découvert hier soir pour ma part, tout seul dans le noir (avec le casque HC au volume plus élevé que d'habitude afin de profiter au mieux du travail effectué sur le son, qui rend l'atmosphére du film anxiogène au possible).

Hérédité m'a donné des suées, à tel point que j'y ai repensé une bonne partie de la nuit, en guettant les coins et recoins de ma chambre à chaque fois que je me réveillais .
Je pense qu'il va me hanter un bon moment, pas une totale réussite mais assez original et maîtrisé pour susciter la flippe...

Même si je me suis fait spoiler le final par l'écran de veille du menu du Blu-Ray Metropolitan , ça ne m'a pas empêché d'apprécier le film car l'on sait plus ou moins dès le début ce sur quoi l'histoire va nous mener à travers plein de petits indices disséminés ça et là :

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lors de la veillée funèbre, près du cercueil, on voit le membre du culte que l'on retrouve à poil à la fin dans la maison faire un sourire de tordu à la gamine qui salue une dernière fois la grand-mère; les pendentifs que portent les "initiés" ainsi que la maman; les inscriptions sataniques sur les murs de la maison ainsi que sur le poteau au bord de la route mais aussi la fascination de la petite pour le morbide avec "la décapitation de l'oiseau au ciseau" pour en faire une sorte de "totem rituel"; la tombe de la grand-mère qui se fait profaner au bout d'une semaine; sa relation (emprise ?) avec sa fille et ses petits-enfants etc

Comme disait cinephage et je ne sais plus qui plus haut, c'est vraiment une oeuvre à découvrir et redécouvrir à tête reposée.
J'ai fait la bêtise de regarder le film claqué en fin de semaine, j'ai dû passer à côté de plein d'éléments-clés... Puis mieux vaut être en forme pour apprécier pleinement le rythme (parfois lent) ainsi que l'étirement de certains plans.

Grosses performances de l'ensemble du casting, dans des rôles et situations parfois casse-gueules :

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la gamine qui s'étouffe à cause de son allergie aux noix; le fils qui reste "bloqué" dans la voiture après l'accident; les séances de "spiritisme"; le "règlement de comptes du dîner"; l'impuissance du père à sauver ce qu'il reste de sa famille etc

Encore un peu de mal à appréhender clairement ce que je viens de voir

Pareil me concernant, le film est assez déstabilisant.

Ah si, je voulais quand même rajouter un truc : j'aime beaucoup Ann Dowd, c'est vraiment une excellente comédienne ; mais sa présence en elle-même constitue ce qu'on pourrait appeler un spoiler vivant : dès que tu la vois quelque part, tu sais que son personnage n'est pas net et que l'histoire ne va pas tarder à partir en couilles.

C'est vrai, elle est devenue "le visage du mal" en quelque sorte que ce soit sur le petit ou le grand écran, du coup elle est cramée à des kilomètres maintenant .
Heureusement elle joue super bien l' "endeuillée" ainsi que tout le reste.

Et enfin : s'il y a des personnes qui parcourent ce topic et n'ont pas encore vu le film, suivez mon conseil : renseignez-vous le moins possible sur son contenu et évitez toute bande-annonce, l'expérience n'en sera que plus dingue.

Et malgré ces précautions, évitez aussi de vous attarder sur le menu du Blu-Ray Metropolitan, qui au bout de 2min20 se fige sur une sorte d'écran de veille comportant une image (et une phrase-clé) du final du film .

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[Omael]

Découverte récente, le film me hante encore.

Je viens de parcourir ce qui s'est dit ici. Je suis étonné de la réception qui a été faite de la dernière partie. C'est sans doute subjectif et je comprends les rapprochements qui sont faits avec d'autres œuvres moins prestigieuses concernant ce dernier quart, mais (et là je copie colle ce que j'ai pu en dire par ailleurs ) j'ai été pour ma part complètement sidéré et terrifié par cette dernière bobine. Il y a comme une sorte de point d'éclatement particulièrement bien géré, lors duquel tout ce malaise indicible qui se déversait en souterrain jusqu'alors jaillit enfin dramatiquement et graphiquement (et de manière très brillante je trouve).

A un niveau plus personnel, ça m'a rappelé mes cauchemars d'enfant,

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où j'étais poursuivi par ma mère transformée en monstre tueur hystérique ( )

. Je trouve à la fois que c'est au contraire parfaitement et patiemment préparé par ce qui précède, et que ça n’amoindrit pas la première partie et les thématiques qu'elle aborde.

Je trouve même que cette fin

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étrange et sereine

est une parfaite conclusion,

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suffisamment entre-ouverte

, à tout ce que le film développe.

Enfin, c'est la première fois depuis longtemps que je ressens ce malaise et cette peur, pendant la séance, et surtout après celle-ci.

Et les acteurs sont grands, de la petite fille au grand frère, de Toni Collette (génialissime) à Gabriel Byrne !

[Outerlimits]

Découverte récente, le film me hante encore.

Je viens de parcourir ce qui s'est dit ici. Je suis étonné de la réception qui a été faite de la dernière partie. C'est sans doute subjectif et je comprends les rapprochements qui sont faits avec d'autres œuvres moins prestigieuses concernant ce dernier quart !

Je pense que c'est plus le dernier plan que le dernier quart (qui est trés bien) qui a désarçonné énormément de gens en salles . Je me souviens que parmi le public des tas de spectateurs raillaient cette dernière scène, il est vrai, déconcertante.