A Beautiful Day (Lynne Ramsay - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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A Beautiful Day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Demi-Lune »

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Joe, un ancien marine, décide de sauver Nina, la petite fille d'un sénateur, enlevée et retenue par un réseau de prostitution. Mais il va très vite se retrouver malgré lui dans une spirale de violence.
Flol a écrit :On est d’accord que le prix du scénario à Cannes est une blague, par contre le prix de la mise en scène aurait eu de la gueule.
Gounou a écrit :Concernant l'actrice qui joue la mère de Phoenix, Judith Ann Roberts, son visage m'était étrangement familier...
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J'attends impatiemment l'avis de G.T.O, histoire qu'on puisse peut-être avoir une nouvelle démonstration sur "l'impact déflationniste de la violence". :mrgreen:
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Flol
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Flol »

Il va détester, c'est déjà écrit.
Crève-cœur
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Crève-cœur »

Vraiment très étrange. Passons sur l'absurde prix du scénario décerné par un jury Cannois qui n'a pas manqué de nous étonner cette année, l’intérêt ne se situe pas dans la trame, assez convenue malgré des prémices prometteuses, mais ailleurs.

You Were Never Really Here, c'est d'abord une esthétique. Celle de la réalisation très - peut-être un peu trop - stylisée de Lynne Ramsay où tout est prétexte à nous faire rentrer dans la psyché du protagoniste, avec plus ou moins de réussite. Ainsi à de jolis moments de bravoure cinématographique comme le "ballet des caméras" ou encore l’immersion dans le lac succèdent quelques couacs, comme ces flash-back grossiers et pas très bien réalisés sur le passé de militaire du héros.

Mais ce que la réalisatrice ne parvient à exprimer formellement, elle le fait grâce à son acteur principal. A ce rôle de loner ancien militaire/agent du FBI hantés par ses démons, Joaquin Phoenix apporte une ambiguïté et une intensité qui plus que de sauver le film, assurent sa réussite. Touchant dans ses interactions avec sa mère et les jeune victimes qu'il sauve chaque jour, troublant de par les accès de brutalité dont il fait preuve, le personnage se transforme en véritable figure tragique condamnée à préserver l'innocence enfantine de la violence qu'il a pu subir, mais en répétant cette même violence.

C'est donc grâce à son protagoniste et son acteur vedette que le film de Ramsay échappe au statut d'objet clinquant et poseur pour gagner une épaisseur salvatrice.
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G.T.O
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par G.T.O »

Flol a écrit :Il va détester, c'est déjà écrit.
Tu ne prends pas beaucoup de risque à dire cela...Le précédent Ramsay, le boursouflé We need to talk about Kevin m'ayant passablement gonflé. Mais qui sait, sur un malentendu... :|
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Demi-Lune
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Demi-Lune »

G.T.O a écrit :Le précédent Ramsay, le boursouflé We need to talk about Kevin m'ayant passablement gonflé.
Pas évident à manipuler, ce film. Je le trouve aussi marquant que boursouflé et grossièrement calculateur, effectivement. Je n'arrive pas complètement à trancher sur le fait de savoir si je l'apprécie ou non. J'ai d'ailleurs retrouvé - lointainement - ce déchirement sur Mise à mort du cerf sacré. Sauf que j'ai choisi mon camp, là. :mrgreen:
Demi-Lune a écrit :We need to talk about Kevin (Lynne Ramsay, 2011)

Ça me laisse quand même un curieux goût dans la bouche, ce film. C'est une œuvre marquante, très bien interprétée par Tilda Swinton et Ezra Miller, et terriblement anxiogène et dure, mais les procédés employés par la réalisatrice sont fragiles.
Déjà, l'insistance de la symbolique de l'éclaboussure rouge, ça va bien un moment, on a compris.
Puis le principe de la narration alternée entre le présent et le passé, qu'on remonte chronologiquement, crée un suspense très mécanique et roublard, certes prenant mais artificiel dans ce contexte, puisqu'on sait dès le départ qu'il y a eu drame et que les miettes que nous jette la réalisatrice nous permettent d'en deviner la portée. Le montage est habile mais il y a pour moi un côté petit malin, une génération d'attente chez le spectateur qui débouche au final sur pas grand-chose s'agissant de l'énigme Kevin.
Alors là aussi, c'est à double-tranchant : ça renvoie le spectateur au même vertige d'impuissance que la mère jouée par Tilda Swinton, mais ça peut être aussi l'aveu de faiblesse d'un traitement qui n'aura jamais (sauf UNE exception) fait de Kevin autre chose qu'un démon (conçu à minuit pile, en plus, la réalisatrice prend bien la peine de le montrer !!). Sans déconner, c'est Damien la malédiction, un gosse échappé des Révoltés de l'an 2000, un génie absolu du Mal. Autant ce côté maléfique est vraiment angoissant lorsqu'il est môme (ses pleurs ininterrompus dès qu'il est avec sa mère, son jeu vicieux de défi avec elle, ses mensonges par rapport à sa fracture du bras, etc), autant ça devient gros par la suite comparé au laisser-pisser permanent du père (qui, évidemment, ne remarque rien) et de l'intériorisation de la mère (franchement, j'aurais craqué depuis longtemps, ce n'est pas crédible qu'elle supporte tout le temps cette torture mentale et fasse tête basse dès que son mari la fait culpabiliser d'être parano). Sans parler de ces indices à rebours comme la cible dans la rétine ou ses "Die! Die!" lorsqu'il joue tout gosse au jeu vidéo. Résultat, si le film cherche à faire douter quant à la responsabilité de Tilda Swinton en tant que mère par rapport à la montée en puissance de ce monstre, ça se mord la queue puisqu'il y a dans la malfaisance de Kevin un caractère quasi pathologique et abstrait. Pourrit-il la vie de sa mère parce qu'il s'est senti dès le départ indésirable, pour se faire remarquer et se venger d'un déficit d'affection ? Le film laisse des pointillés mais ils restent étroits. Ce faisant, Lynne Ramsay se lave les mains des causes profondes de la tragédie, comme une impossibilité pour elle de donner une logique à ces massacres américains sortis de nulle part. Une chose est sûre, les parents étaient démunis, que ce soit par complaisance (le père, avec qui Kevin est hypocritement pote) ou par impréparation (le rôle de mère). L'ironie du titre prend alors tout son sens puisqu'il n'y a jamais eu de dialogue parental, de courage de percer l'abcès.
Film fort et dérangeant qui pose beaucoup de questions même si les ficelles sont plus ou moins appuyées.
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par LordAsriel »

Film assez surprenant sur un canevas et des "promesses" de départ qui annonçaient le truc le plus banal du monde. Lynne Ramsay ne cède ni à la putasserie du motif de thriller surglauque, ni au bazar psychologique sur le personnage blessé, pour ne tendre que vers l'embrassement d'un esprit malade, à travers une écriture de l'ellipse et de l'égarement (comme le titre original le suggère, on n'est quasiment jamais complètement là où on devrait être : en avant, en arrière de l'action, et parfois même à côté... Cela donne autant de fièvre que d'instants où se déploie une étrange grâce, miroirs de l'humanité ravagée du personnage principal.

Quant à la polémique autour du prix du scénario, disons qu'il est bien question d'écriture, mais d'écriture cinématographique - c'est-à-dire de pur découpage et de composition. Si on reste sur la construction dramatique, le film demeure assez mince - voire un peu roublard dirons certains. L'oeuvre fait naître quelque chose en tant que tout, pas du fait de sa seule trame narrative. Le problème est de savoir ce qu'on appelle le scénario et ce qu'on appelle la mise en scène parce qu'ici les deux éléments sont intimement liés. Mais je comprends qu'on puisse s'interroger sur le prix cannois, le long-métrage joue sur quelque chose de déceptif dans sa non-résolution et le caractère prétexte de ses motifs narratifs.

Et par rapport à We need to talk about Kevin, c'est à la fois clairement un film de la même cinéaste, et à la fois très différent. Mais quoi qu'il en soit, s'il y a un élément du consensus critique qui me paraît complètement à côté de la plaque avec ce film, c'est la question de sa prétendue complaisance.
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Mosin-Nagant »

Sinon, très moche l'affiche.
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par El Dadal »

Juste pour dire que si comme tout le monde je m'interroge sur le bien fondé du prix cannois du scénario, je reste interloqué sur le prix également décerné à Phoenix. Pas qu'il soit mauvais (ça fait longtemps qu'il a abandonné le cabotinage à la Gladiator), mais dans le flot d'autres prestations subtiles et touchantes (Inherent Vice, Her...) je n'ai jamais eu l'impression qu'il apportait quoi que ce soit de novateur, voire simplement marquant. Il reste évidemment charismatique et diffuse une belle énergie de la frustration comme il sait si bien faire. Mais ce n'est vraiment pas suffisant pour rendre l'ensemble marquant quand les personnages sont si pauvrement définis et l'intrigue si plate.
Une énigme de plus que cette critique ciné en mal de candidats forts qui décide de tout porter aux nues...
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Watkinssien »

Revu le film, que j'ai trouvé beaucoup plus insupportable qu'à la première vision en salles, dans laquelle je m'étais retrouvé, à défaut d'être réellement emballé, plutôt intrigué.

Ici toutes les qualités se retrouvent emportées par des défauts de plus en grossiers et même grotesques.

Lynne Ramsay décide de raconter cette intrigue ultra simple en jouant sur le décalage entre les séquences attendues et la présence des personnages, en se référant à son titre original. Et une fois qu'on a compris ce geste artistique, c'est terriblement ennuyeux, poseur et d'une lourdeur assez agaçante.

Phoenix porte le film sur ses épaules, avec son charisme certain, mais ce n'est clairement pas son plus beau rôle, le travail de Greenwood sur la musique est cohérent avec les propos narratifs, mais ce n'est pas forcément agréable à l'oreille.

Pour moi, c'est un ratage devenu assez complet.
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Brody
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Brody »

Découvert semaine dernière, je souscris à tout ce que tu as écrit. ratage à peu près total, Joachim Phoenix est excellent mais ce n'est pas nouveau, ni suffisant pour sauver de l'ennui ou dégager le moindre intérêt à ce pensum maniéré. Affreux.
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Lohmann »

Film horrible, mais je me suis surpris à découvrir qu’elle avait fait encore pire avant avec We need to talk about Kevin.
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-Kaonashi-
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par -Kaonashi- »

Revu ce film il y a quelques semaines, confirmation que j'aime beaucoup. Et je me sens bien seul...
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Torrente
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Re: A beautiful day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par Torrente »

-Kaonashi Yupa- a écrit : 30 juin 22, 12:29 je me sens bien seul...
Tu n'es pas seul. Je n'ai pas "adoré", je ne trouve même pas le film réussi complétement, des choses me dérangent mais il vaut 1000 Nightingale ou d'autres escroqueries plébiscitées ces dernières années.

Devant l'ultra-violence des propos du topic, j'en viendrais presque à avoir honte d'admettre que We need to talk about Kevin m'avait complétement retourné et que je le trouve très réussi en tant que film d'horreur contemporain.
Mais je m'en fiche, je le dis, je ne suis plus à ça près et ça donnera des cartouches à certain... si je peux aider :lol:
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tenia
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Re: A Beautiful Day (Lynne Ramsay - 2017)

Message par tenia »

Je n'avais pas adoré non plus, notamment car ça ne raconte quand même pas grand chose de bien original ou surprenant, mais j'avais trouvé que ça se déroulait bien et que c'était visuellement plutôt bien ficelé.
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