Serge Leroy (1937-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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moonfleet
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Re: Serge Leroy (1937-1993)

Message par moonfleet »

G.T.O a écrit : 26 févr. 21, 11:21
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Dommage que cette puissance là se fasse au prix d'une exclusion, d'un réel qui aurait pu être plus nuancé encore, (sur le sujet Outrages de De Palma, cet autre film d'horreur, consacré au sujet de la complicité et impunité du spectateur entres autres, est plus perturbant) qui loin, de la complaisance d'une idée que l'on sait forte, le "tous coupable", aurait gagné à être moins déterministe et réductrice.
D'abord merci G.T.O ( le surnom de Warren Oates dans le film de Hellman Macadam à deux voies :idea: ) pour tes commentaires élaborés et cependant toujours compréhensibles ( en gros tu ne sur-intellectualises pas :wink: ), j'ai pris un grand plaisir à redécouvrir La Traque mais il est vrai que la trame est simple et que je ne le reverrais pas de suite. Ceci dit, la puissance du propos est là, une femme est violée et une communauté d'hommes vont s'unir pour que cet acte soit annihilé.
Du coup, même si je n'aime pas particulièrement le cinéma de De Palma, je vais me trouver Outrages. En toute impunité 8)
Les lois de nos désirs sont des dés sans loisirs
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batfunk
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Re: Serge Leroy (1937-1993)

Message par batfunk »

Bonne surprise que ce Légitime Violence :D

Vu vos retours, je m'attendais à un navet intégral et à un vigilante movie bas de plafond type le Justicier de la Ville IV et bah pas du tout !
Vera Belmont est peut-être pro-autodéfense mais Serge Leroy a bien dévoyé l'intention première de la productrice. Du Vigilante movie, il ne reste presque rien:Brasseur(très bon), contrairement à Bronson, ne basculera jamais du mauvais côté. Anéanti par la mort de sa famille, il éprouve de la colère face à l'inertie de la police, mais se méfie tout autant de la milice d'auto-défense qui cherche à l'embrigader.
Ce tableau glauque de la classe politique et policière française corrompues de l'époque fait marcher le film dans les pas du film politique français des années 70 type Yves Boisset et ça n'est pas pour me déplaire.La conclusion du film ne laisse aucun doute sur les opinions politiques du réalisateur.
Outre l'interprétation nuancée de Brasseur,il faut signaler un casting impressionnant de débutants( Lhermitte, Lambert, les très jolies Genest et Kaprisky :shock: ).
Alors, oui, ça manque de rythme, on ne retrouve pas la noirceur et la qualité des dialogues de Mort d'un pourri par exemple, le côté bisseux 80's est très marqué (Plastic Bertrand, le milieu de la nuit parisienne, Kaprisky juste bonne à montrer ses seins) mais on a au final un bon petit polar français, probablement au dessus du tout venant de l'époque.!

La copie HD dispo sur Amazon Prime est absolument magnifique, immaculée et je regrette sincèrement de ne pas avoir pris le coffret Blu-ray le contenant(avec Le Condé et 36 qui des Orfèvres)...

Je vais essayer de voir La Traque maintenant ! :D

6/10
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innaperfekt_
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Re: Serge Leroy (1937-1993)

Message par innaperfekt_ »

G.T.O a écrit : 26 févr. 21, 11:21 Image

Enthousiasme un peu réservé face à la Traque de Serge Leroy : quelque chose vient à manquer, ou appuie trop, qui empêche ma totale adhésion.
La force, le film en dispose. Trop, peut-être. Le cadre poisseux, les notables puants, l'ambiance décrépie d'une France repliée sur elle-même qui chasse dans la campagne brumeuse et marécageuse, qui viole et qui tue, celle d'une impunité coupable du pire par réputation, tout cela le film nous le sert avec poigne. La démonstration de Leroy, où les petites lâchetés et autres arrangements font le lit des crimes, et pourquoi pas de la guerre elle-même, pour reprendre la définition de Michael Herr, cette institutionnalisation des petites lâchetés, sonnent comme un véritable coup de poing à l'adresse de cette France giscardienne, complice, congénitalement meurtrière. Sans fioriture, âpre, révoltant, à dessein. Doté de beaux morceaux de chasse, et d'un casting incroyable, reconnaissons-le, la Traque est une course quasiment ininterrompue, à travers bois, colline, bosquets, tunnel, départementale isolée, étang. Mais aussi plus curieusement, un film de siège, à ciel ouvert. Un "home-invader" en sous bois (El dadal très juste sur Chiens de paille) qui se termine en un tableau de chasse : l'agonie du "cerf" dans l'étang, face aux bourreaux devenus spectateurs. C'est donc à une scène dans la scène, une image devenue peinture, mise en abime, comme le tableau d'Ophélie de Millais dans la Dernière maison sur la gauche, que vient se conclure la démonstration. Le couvercle de l'impunité refermé où vient se sceller un secret abominable. Là encore, c'est très fort. Mais ce volontarisme à tout craindre, tarit quelque peu l'espace entre les différentes étapes de ce récit-piège. Et conforte le film indûment dans son idée de sacrifier toutes veilleités des personnages, la moindre hésitation susceptible de nous écarter des rails de la thèse ou du discours, d'où aussi le sentiment plus que d'une traque mais d'une marche forcée vers une destination connue. Les ambiguïtés disparaissant, le film ne fait que rabattre une à une toutes les cartes dont il dispose. Dommage que cette puissance là se fasse au prix d'une exclusion, d'un réel qui aurait pu être plus nuancé encore, (sur le sujet Outrages de De Palma, cet autre film d'horreur, consacré au sujet de la complicité et impunité du spectateur entres autres, est plus perturbant) qui loin, de la complaisance d'une idée que l'on sait forte, le "tous coupable", aurait gagné à être moins déterministe et réductrice.
Très grand film vu à l'instant. Tes mots sont extrêmement justes. Un léger bémol effectivement sur le manque de compréhension de la barbarie des personnages dans les prodromes du récit. Une faible tentative d'explication, d'un vide affectif majeur chez le chasseur lambda dans les contrées provinciales recluses de France, arrive dans la scène où le personnage de Léotard revient voir sa victime, pétri de remords mais dont l'excitation ne faiblit pourtant pas à l'idée de toucher une femme. Ce versant là aurait gagné à être plus poussé, d'autant plus que l'agonie du même personnage ne sert plus à grand chose dans la suite du film. Saluons les partitions de Mimsy Farmer, parfaite dans la fragilité, la détresse et la douleur et de Lonsdale, toujours, sensationnel dans la crasse, la corruption et la lâcheté.
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