7swans wrote:Un peu comme The Master, Phantom Thread est un petit chef d'oeuvre (plus délicat, moins rêche que l'autre) que j'ai aussi un peu peur de revoir.
Alors que je peux revoir en boucle Magnolia, Punch Drunk Love et Boogie Nights.
Il est vrai que découvrir le film en salle fut pour moi la dernière expérience au cinéma vraiment enivrante.
A ce jour, ce film est mon préféré de Paul Thomas Anderson, cinéaste que je peine, je l'avoue, à voir autrement qu'un réalisateur à la maîtrise aussi stimulante qu'infatuée. En d'autres termes, l'ambition chez lui me paraît souvent compter fleurette avec la prétention. Phantom Thread ne déroge pas à la sophistication formelle à laquelle le réalisateur nous a habitués mais en s'ouvrant au mystère et à une sensualité inédite. Rarement film ne m'aura laissé en tête pareille sentiment (et souvenir) d'une saveur : il est le plus grand film jamais fait sur l'omelette aux champignons. Qu'on se le dise
C'est qu'il va me faire sortir de ma retraite anticipée de forumeur celui-là
Alexandre Angel wrote:En d'autres termes, l'ambition chez lui me paraît souvent compter fleurette avec la prétention.
Ma définition de la prétention, ce serait de ne pas se donner ou de ne pas avoir les moyens de ses ambitions, tout en agissant comme si tel était le cas. Donc selon toi, PTA n'a jamais concrétisé avant Phantom Thread ?
Tu m'aurais dit arrogant, là aucun souci. Mais prétentieux...
En vrai, je t'aurai mis une petite pichenette pour cette pique gratuite
Mais non, ce n'est ni gratuit, ni une pique. Ce que je dis, je pourrais presque le faire en m'en excusant : ça correspond à ce que j'ai toujours ressenti devant ses films. Ce n'est aucunement une sentence définitive venant tomber sur un cinéaste que j'estime doué et important dans le paysage du cinéma américain contemporain. Mais je n'y peux rien si, à titre d'exemple, je ressort toujours de There will be blood pas totalement séduit ni surtout, conquis, alors qu'à priori, il y pourrait y avoir tout pour que je le sois.
Alexandre Angel wrote:. Mais je n'y peux rien si, à titre d'exemple, je ressort toujours de There will be blood pas totalement séduit ni surtout, conquis, alors qu'à priori, il y pourrait y avoir tout pour que je le sois.
Idem : mais c'est le seul film du cinéaste qui me laisse un peu froid alors qu'il a tout pour me plaire ; tous les autres en revanche me fascinent de bout en bout.
There Will Be Blood m'avait laissé de marbre. C'est mon point limite PTA. Inherent Vice m'a complètement énervé. J'aime les références, j'aime l'ambiance, les acteurs, mais je ne comprends rien du tout à ce qui se trame, même pas le minimum (cela dit, je n'avais déjà pas bien compris le livre de Pynchon non plus, que j'avais abandonné à mi-chemin). Mais comme une énigme qu'on aimerait bien résoudre, je garde l'envie de le revoir. Ce qui n'est pas le cas de There Will Be Blood.
There's no such thing as adventure. There's no such thing as romance. There's only trouble and desire.
Dans le paysage cinématographique des années 2000, There Will Be Blood faisait très fort. Et je continue de penser que les 20 premières minutes sont parmi ce que PTA a fait de mieux. Mais plus le film avance (de manière un peu programmatique) plus j'ai des réserves sur le jeu hénaurme de Day-Lewis. C'est également le film que j'aime le moins à ce jour de son auteur.
Inherent Vice, c'est le chef-d'œuvre de son auteur (pichenette pour 7swans).
El Dadal wrote:Ma définition de la prétention, ce serait de ne pas se donner ou de ne pas avoir les moyens de ses ambitions, tout en agissant comme si tel était le cas.
Je reviens juste là-dessus.
Quelqu'un de prétentieux n'a -t-il pas forcément les moyens de son ambition ? Je n'en suis pas sûr. Il me semble que la prétention, dans le sens qui nous intéresse tous les deux (on ne parle pas de "prétendre à un certain salaire"), c'est le sentiment, donné par quelqu'un de par ses propos ou sa manière d'être, qu'il a une très haute idée de lui-même et de ce qu'il peut faire ou dire. Il y a des tas de films que j'aime qui me paraissent lestés de prétention, à un moment ou à un autre. Tout est dans la manière et le "donné à ressentir". J'avoue que Paul Thomas Anderson a tendance à provoquer en moi ce ressenti et , du coup, à plomber la perception que je peux avoir de son oeuvre.
Last edited by Alexandre Angel on 10 Jul 20, 11:41, edited 1 time in total.
El Dadal wrote:Ma définition de la prétention, ce serait de ne pas se donner ou de ne pas avoir les moyens de ses ambitions, tout en agissant comme si tel était le cas.
Je reviens juste là-dessus.
Quelqu'un de prétentieux n'a -t-il pas forcément les moyens de son ambition ? Je n'en suis pas sûr. Il me semble que la prétention, dans le sens qui nous intéresse tous les deux (on ne parle pas de "prétendre à un certain salaire"), c'est le sentiment, donné par quelqu'un de par ses propos ou sa manière d'être, qu'il a une très haute idée de lui-même et de ce qu'il peut faire ou dire. Il y a des tas de films que j'aime qui me paraissent lestés de prétention, à un moment ou à un autre. Tout est dans la manière et le "donné à ressentir". J'avoue que Paul Thomas Anderson a tendance à provoquer en moi ce ressenti et , du coup, à plomber la perception que je peux avoir de son oeuvre.
C'est pour ça que je préfère parler d'arrogance, qui conviendrait définitivement au bonhomme et parfois, un peu, à ses films. Mais dans l'arrogance, il subsiste une prestance, une confiance, un aplomb qui hisse irrémédiablement vers le haut. Un côté "on largue les amarres".
5000 posts, 10 ans de forum actif, la victoire du Quiz 2020... c'était bien pour partir en beauté. Mais il a suffit qu'Alexandre mette "PTA" et "prétentieux" dans la même phrase et...