Agnès Jaoui

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Re: Agnès Jaoui

Message par Supfiction »

Duke Red a écrit :Comme le monsieur du dessus.

La BA faisait peur, mais j'ai passé un bon moment. Les Jabac ne réinventent pas l'eau chaude - le meilleur de leurs carrières est derrière eux - et ils n'évitent pas la caricature (le Youtubeur teubé et sa cour, le paysan colérique, l'assistant joué par l'ex-Deschiens) mais le cadre festif et léger rend le spectacle de leurs coups de gueule bien plus amusant à regarder, là où leurs précédents films viraient de plus en plus à l'enfonçage de portes ouvertes et à une soupe aigre sur les lâchetés humaines et la résignation. Bacri assure toujours dans son rôle d'éternel grincheux looké ici comme Ardisson, en revanche Jaoui est nettement en-deça - son personnage est plus expansif et humoristique que ce qu'elle joue d'habitude et la réalisatrice en fait trop, il y a un truc qui coince. Par contre, on peut d'ores et déjà filer le César du meilleur second rôle féminin à Léa Drucker.

Plutôt superficiel au fond, mais au moins on rigole.
Bien vu pour Lea Drucker qui est très sobre mais tape dans le mille pour son personnage très vrai, qui ne tombe ni dans la caricature antipathique ni dans une totale sympathie. En plus pour une fois, je la trouve assez jolie. Entre Jusqu’à la garde et celui-ci, c’est son année.
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Supfiction
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Re: Agnès Jaoui

Message par Supfiction »

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Re: Agnès Jaoui

Message par Supfiction »

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Avant La Vie de ma mère, de Julien Carpentier, en mars, et le dernier film de la regrettée Sophie Fillières, Ma vie, ma gueule, la voilà, aujourd’hui, en mère juive malade et très inquiète de l’avenir de la banlieue où elle vit dans le remarquable premier long métrage de Noé Debré, Le Dernier des Juifs.


Lors de l’avant-première à Sarcelles du Dernier des Juifs, certaines personnes, dans la salle, vous connaissaient depuis votre enfance dans cette ville…
L’une d’elles m’a d’ailleurs appelée ensuite pour me dire que, hélas, la réalité n’est pas aussi rose que le laissaient penser les échanges durant le débat après le film. Mais l’ensemble du public était très heureux de son aspect positif et de pouvoir croire encore à la possibilité d’un « vivre ensemble » dans cette ville du Val-d’Oise aux quatre-vingts nationalités.

Saviez-vous, avant de tourner ce film, que des Juifs quittent certaines villes d’Île-de-France pour échapper à un climat d’antisémitisme ?
Je le savais, mais j’étais dans le déni. C’est toujours pareil : on craint de l’admettre et d’en parler, de peur de faire le lit de l’extrême droite, de nuire à la majorité des musulmans qui n’ont rien contre les Juifs et ne font pas la confusion entre le gouvernement Netanyahou – qui ne représente pas Israël dans son ensemble ! – et le contexte français. L’autre soir, dans un taxi, le chauffeur me dit : « Les Juifs n’auraient pas dû quitter l’Algérie ! Vous savez quelle est la tombe la plus fleurie du pays ? Celle de Navarro ! » Et j’ai mis deux secondes à comprendre qu’il parlait de Roger Hanin [enterré au cimetière Saint-Eugène, dans la banlieue nord d’Alger, ndlr]. C’est de ce genre de paradoxe que traite le film.

Qu’est-ce qui vous a convaincue d’y jouer cette mère juive ?
Justement, cette complexité et ces paradoxes. Ce n’est pas d’un côté les méchants Arabes et de l’autre les gentils Juifs – ni l’inverse. Le film résume bien toutes ces couches de l’histoire qu’ils ont partagée, le racisme subi par chacun mais aussi celui que nous avons fait subir les uns aux autres. Mon père me racontait qu’en Tunisie, où il était né, un Juif devait descendre du trottoir pour laisser passer un Arabe. Puis les Juifs furent favorisés par la France. La dynamique dominants-dominés n’a cessé de s’inverser, soumise, de plus, à l’ignorance, aux préjugés. Heureusement, il y a aussi la vie et le mélange qu’elle crée : les amitiés, les amours, le sexe qui existent au quotidien, dans l’intimité, hors de la violence surmédiatisée. Noé Debré réussit l’exploit de s’emparer d’un sujet difficile et douloureux en nous rendant plus humains, mais pas angéliques pour autant.

Au cinéma, vous n’aviez pas beaucoup mis, jusqu’à ce nouveau film, votre judéité en avant…
Je n’ai jamais eu à le faire. Jean-Pierre [Bacri, ndlr] n’avait pas envie qu’on écrive là-dessus, et moi non plus, pas spécialement. Matisse a dit, quand il est allé aux îles Marquises : « Je ne vois que du Gauguin, il faut que je reparte. » Pour nous, c’était un peu ça avec le cinéma : Woody Allen a tellement tourné autour de la figure du Juif intellectuel, et Alexandre Arcady a raconté à sa façon les Juifs d’Afrique du Nord. Nous voulions parler de la société française d’une façon plus générale et ne pas être prisonniers d’une étiquette.
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nunu
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Re: Agnès Jaoui

Message par nunu »

« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
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