Non mais cette nomination pour la meilleure photo, c'est juste une mauvaise blague, hein.
1kult a écrit :Et dans le fond ? la salle riait, car j'imagine que c'était voulu. Quand le personnage principal annonce son viol à ses amis au restaurant -séquence dans la bande annonce de mémoire - arrive le champagne qu'apporte le serveur. Ca aurait pu être limite, mais il faut qu'un des personnages se réjouisse en accueillant le serveur, et se rendant compte de sa boulette, se ressaisit et le renvoie d'un "heuuuuuu... on va le prendre plus tard". Ca dénonce peut-être quelque chose, mais c'est surtout d'un mauvais goût qui m'a décroché la mâchoire. Et ce genre de séquences d'une maladresse totale digne d'un premier film (franchement le coup du cerf qui regarde impassible après un accident, c'est vraiment devenu un cliché) est aussi désservi par des personnages creux - mais c'est présent dans toutes les oeuvres de Djian, littéraires ou adaptations que j'ai pu lire-voir, excepté 37'2 le matin en film.
Je ne vais pas non plus cautionner tous les défenseurs d'une Sacro sainte Morale qui ont hurlé à l'apologie du viol, parce que ce genre de "combat" était presque attendu - surtout à notre époque. par contre, je pense que le film est d'une maladresse insupportable à mes yeux et je ne comprends pas comment la presse a pu à ce point porter le film au pinacle.
Bah, le mauvais goût, c'est quand même une marque de fabrique de Verhoeven et aussi ce qui fait souvent la qualité de son cinéma (et je dis ça tout en n'aimant guère
Elle).
Une des grandes interrogations thématiques de la carrière de Verhoeven a toujours été la (re)conquête du pouvoir de la femme par l'instrumentalisation qu'elle apprend à faire de son corps en tant qu'objet sexuel (aux yeux des hommes). C'est le fil rouge qui va de
Katie Tippel à
Showgirls en passant par
Basic instinct ou
La chair et le sang, entre autres.
La chair et le sang est d'ailleurs un film aussi maladroit qu'
Elle dans ses convictions féministes (que l'on ne peut pas enlever à Verhoeven, n'en déplaisent aux ligues de vertu). La flétrissure du viol est psychologiquement refusée par le personnage qui en est victime, pour renverser les rôles et faire du violeur le dominé. On comprend facilement qu'une telle idée fasse des remous, puisqu'elle tend à réhabiliter la dignité de la femme/victime tout en faisant peser sur elle une forme de choix moral et psychologique en plus de l'humiliation subie.
Pour moi,
Elle a un problème d'approche d'entrée de jeu : Verhoeven renonce à son style habituellement outrancier dans la satire, qui l'aurait pourtant (paradoxalement) protégé dans une certaine mesure, parce que ses provocations exacerbées y acquièrent une sorte de panache se moquant bien des qu'en dira-t-on. Là, il s'essaye à une forme d'épure et d'ironie froides (MJ parlait à juste titre de Bunuel), qui obscurcissent du coup son propos, qui ne choisit déjà pas la facilité en parlant de viol et de rapport dominant/dominé. C'est parce que le ton est exceptionnellement fuyant qu'il y a un terreau pour les critiques sur l'irresponsabilité ou sur l'apologie du viol. Je ne trouve pas Verhoeven du tout à l'aise et incisif dans ce registre de la tragicomédie de mœurs, déjà parce qu'il n'arrive pas à s'approprier cet univers français et parce que le cinéma hexagonal se caricature involontairement mieux lui-même, et aussi parce que le volet moral ne peut pas tenir longtemps sur l'ambivalence créée par cette tonalité clinique.
nominations aux césars dont...
