Le cinéma allemand contemporain

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Telmo
Décorateur
Messages : 3597
Inscription : 4 mars 15, 02:40
Localisation : Lutetia

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Telmo »

Lands of Murder (sic) 2020 (Freies Land en VO)

Sorti au ciné dans un nombre raisonnable de salles à Paris, ce n'était peut-être pas indispensable. Le film est bien interprété et réalisé, mais il s'agit juste d'une transposition de la Isla Mínima, d'où certains effets moins originaux qu'à l'époque. Le cadre est-allemand s'y prête bien, hormis une scène ou deux où les couleurs du décor font trop penser à l'Andalousie du premier film, mais mérite plus qu'une simple redite.
Si on a vu l'original, il ne laissera pas un grand souvenir.
Dernière modification par Telmo le 8 mai 21, 04:52, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

J’en profite pour signaler la diffusion lundi prochain sur ARTE de l’excellent Labyrinthe du silence (dont le dvd est d’ailleurs inabordable aujourd’hui).

Image
Avatar de l’utilisateur
Addis-Abeba
Mouais
Messages : 15900
Inscription : 12 nov. 04, 23:38
Localisation : Chocolatine

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Addis-Abeba »

Je tombe sur ce topic, surprenant que vous n'ayez pas cité le film Sauvage, qui certes ne plaira pas à tout le monde, moi j'avoue que j'aime ce genre de film un peu hors norme:

Image

Et un autre passé lui aussi sur Arte: Cœur de pierre

Image

Esthétiquement très beau, il lui manque juste un tantinet de fantaisie, sûrement du à un budget trop faible, mais tentative de conte allemand assez sympathique.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

Image

L'œuvre sans auteur (2018) de Florian Henckel von Donnersmarck

A Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l’exposition sur "l’art dégénéré" organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre mais sa tante est alors internée pour de légers troubles mentaux.
Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s'adapter aux diktats du "réalisme socialiste ». Tandis qu'il cherche sa voix et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d'Ellie. Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est impliqué dans l'envoi de sa tante dans les camps nazis..


Voici un nouveau grand film que nous propose le cinéma allemand et Florian Henckel von Donnersmarck qui signe son retour en grâce après son piteux passage hollywoodien. Encore un film sur les nazis ? Oui, et pourtant le spectateur ne sait jamais totalement vers quoi il va. Après une première partie pesante mais captivante durant laquelle le spectateur se situe en terrain connu (le destin tragique des faibles dans l'Allemagne nazie), la seconde partie s'avère plus flottante et ambiguë, les actions et les pensées des personnages plus obscures. C'est pourtant ce qui fait la force de ce film et qui le soustrait de tout conformisme. Comme dans La vie des autres, le réalisateur nous montre le destin de gens simples broyés par un système totalitaire dans lequel l’innovation artistique n'a pas sa place.
Sebastian Koch dans un rôle à contre-emploi (une enflure d'exception) est une nouvelle fois formidable et confirme qu'il est l'un des plus grands acteurs européens actuels. Dommage de ne pas le voir plus souvent. Le jeune Tom Schilling qui joue le jeune peintre parait bien palot en comparaison mais on mettra ça sur le compte de son rôle apathique. Et Paula Beer suscite toujours une grande sympathie.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

Avant que j’oublie : actuellement sur Mycanal et en exclusivité, Quand Hitler s'empara du lapin rose, film de 2020 réalisé par Caroline Link. Encore un drame traitant de l’époque nazi, à se demander si les allemands en sont toujours demandeurs ou si ce sont ceux qui sont les plus demandés à l’exportation (je parierai pour la seconde option).
On suit le parcours de la petite Anna Kemper dont la famille décide de fuir Berlin dès 1933. Dans cette fuite, Anna doit abandonner son lapin en peluche rose adoré. Direction Zürich, puis Paris. A chaque fois, la pauvreté augmente, l’antisémitisme aussi…
Même si le genre a été surexploité, le film parvient à apporter quelque-chose car finalement on a assez peu vu ce genre d’histoire d’exil avant guerre. Il y a eut La passante du sans-soucis mais dans un registre beaucoup plus tragique. Le récent et très réussi En Mai fait ce qu’il te plaît aussi. Mais ce sont des films français.
Ici, la menace est moins directe et brutale et l’on peut découvrir « paisiblement » la manière dont vécurent les allemands anti-nazi en exil, leur mal du pays, le déclassement social des élites et la façon dont ils furent accueillis en particulier en France à Paris (et ses fameuses concierges sympathiques à l’instar de Monsieur Klein).
Au casting dans le rôle de la mère, on retrouve la belle Carla Juri vue à la fin de Blade Runner 2049.
Je recommande.

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

Die Schaukel / La balançoire (1983)

Voici un film d’ambiance nostalgique qui mérite largement la découverte. Ça commence comme une glorification de l’anticonformisme et de la simplicité du bonheur familial à la manière de Vous ne l’emporterez pas avec vous et se termine avec l’impression que le ciel se couvre (comme dans La mélodie du bonheur) mais l’on pense beaucoup aux Quatre filles du Docteur March (et par moments même un peu à Fanny et Alexandre pour sa description truculente des réceptions bourgeoises).

Munich, au début du siècle. Les Lautenschlag habitent une petite maison en face du Glaspalast, le Palais de verre. Tous partagent un joyeux anticonformisme. La mère, concertiste, ne s'intéresse qu'à un seul élément de son foyer, le piano. Le père est entièrement absorbé par ses dessins de parcs et de jardins. Les quatre enfants jouissent en conséquence d'une liberté fort rare. Ils sont à l'âge où l'on découvre le monde, ses bons et ses mauvais côtés...


Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

Arte.tv propose une mini rétrospective des films de Martina Gedeck, l’actrice de La vie des autres.
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021266/bella-martina/

Image
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Phnom&Penh »

Supfiction a écrit : 15 déc. 20, 14:36 Image

L'œuvre sans auteur (2018) de Florian Henckel von Donnersmarck

A Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l’exposition sur "l’art dégénéré" organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre mais sa tante est alors internée pour de légers troubles mentaux.
Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s'adapter aux diktats du "réalisme socialiste ». Tandis qu'il cherche sa voix et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d'Ellie. Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est impliqué dans l'envoi de sa tante dans les camps nazis..


Voici un nouveau grand film que nous propose le cinéma allemand et Florian Henckel von Donnersmarck qui signe son retour en grâce après son piteux passage hollywoodien. Encore un film sur les nazis ? Oui, et pourtant le spectateur ne sait jamais totalement vers quoi il va. Après une première partie pesante mais captivante durant laquelle le spectateur se situe en terrain connu (le destin tragique des faibles dans l'Allemagne nazie), la seconde partie s'avère plus flottante et ambiguë, les actions et les pensées des personnages plus obscures. C'est pourtant ce qui fait la force de ce film et qui le soustrait de tout conformisme. Comme dans La vie des autres, le réalisateur nous montre le destin de gens simples broyés par un système totalitaire dans lequel l’innovation artistique n'a pas sa place.
Sebastian Koch dans un rôle à contre-emploi (une enflure d'exception) est une nouvelle fois formidable et confirme qu'il est l'un des plus grands acteurs européens actuels. Dommage de ne pas le voir plus souvent. Le jeune Tom Schilling qui joue le jeune peintre parait bien palot en comparaison mais on mettra ça sur le compte de son rôle apathique. Et Paula Beer suscite toujours une grande sympathie.
A l'époque de sa sortie, j'avais beaucoup aimé le film.
Il y a des films que je vois trois fois de suite - Annette pour en citer un récent, mais que je n'ai vu que deux fois, j'attends ma seconde piqûre pour avoir le pass et je je pense qu'il sera sorti de salle d'ici là :) -, la plupart, je ne les vois qu'une fois puis en DVD/VOD si j'ai vraiment aimé.
Et il y a rarement des films qui me restent dans la tête, et 2/3 ans après, je me dis "il faut absolument que je le revois ". Celui-ci en fait partie.

Il y a du hasard et de la beauté.
Le hasard, c'est que j'avais découvert Gerhard Richter un an avant à Pompidou pour une restropective. Et j'avais juste adoré.

Et là, le film est tombé - sur moi en tout cas :) - et j'ai été assommé.
Il y a des scènes formidables, parmi d'autres celles des klaxons de bus, et un état d'esprit art pas contemporain mais vivant, dans le sens art du moment qui est génial.
Quand je repense à ce film, pas vu depuis deux ans, je pense au 2e mouvement Agitato du 3e quatuor à cordes d'Alfred Schnittke. C'est juste du contemporain qui explose.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
halford66
Régisseur
Messages : 3115
Inscription : 20 juin 20, 11:53

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par halford66 »

L'oeuvre sans auteur est remarquable je confirme, le bluray est sorti il y a presque 2 ans et n'a jamais bougé de prix et je me suis décidé à le prendre l'an passé et je ne le regrette pas!seul bémol :l'absence de bonus.

Il y a aussi le film Ballon /le vent de la liberté tirée d'une histoire vraie (que je connaissais pas du tout)qui a carrément eu droit à un 4K en Allemagne alors qu'on a dû se contenter chez nous d'un pauvre DVD :cry:
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Flol »

Vous avez déjà remarqué que Paula Beer, en anglais ça fait :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Je trouve ça extrêmement drôle, pour ma part.
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7258
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par El Dadal »

8/10
Sinon, j'ai grâce à vous un peu envie de découvrir ce film sans auteur tant vanté.
Dernière modification par El Dadal le 23 août 21, 15:47, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par AtCloseRange »

J'en profite pour signaler que Toni Erdmann date de 2016 et donc que ça fait 5 ans que Maren Ade l'auteur d'un des meilleurs films des années 2010 n'a pas fait de film.
Monde de merde...
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

halford66 a écrit : 23 août 21, 14:40
Il y a aussi le film Ballon /le vent de la liberté tirée d'une histoire vraie (que je connaissais pas du tout)qui a carrément eu droit à un 4K en Allemagne alors qu'on a dû se contenter chez nous d'un pauvre DVD :cry:
Avec David Kross (le gamin de The reader) très bon récemment dans The keeper dont je parlais plus haut.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par Supfiction »

Supfiction a écrit : 22 août 21, 21:09 Arte.tv propose une mini rétrospective des films de Martina Gedeck, l’actrice de La vie des autres.
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021266/bella-martina/

Image

Un été à la mer. Miriam est une femme de 40 ans en vacances avec son mari, leur fils et une amie de ce dernier, Livia. L'adolescente de 12 ans fait la connaissance de Bill un quadragénaire qui semble attiré par la jeune fille. Inquiète, Miriam essaie d'empêcher une relation naissante entre les deux mais tombe elle-même amoureuse Bill..

Très bonne pioche que ce film aux accents chabroliens dans lequel Martina Gedeck s’avère une nouvelle fois affriolante, même en mère de famille apparemment très rangée et en vacances de famille au bord de la mer.
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7258
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Le cinéma allemand contemporain

Message par El Dadal »

Supfiction a écrit : 22 mai 16, 12:00 Phoenix par exemple a tout d'un presque grand film. On sent tout le potentiel de cette variation sur Vertigo. Et pourtant il manque quelque-chose, le film est malheureusement bien trop clinique et minimaliste.
Dès le début, on s'attend pourtant à voir un grand film compte tenu d'une très bonne idée de scénario (l'impossible retour d'entre les morts d'une rescapée des camps défigurée) sous influence hitchcockienne et bénéficiant d'une atmosphère quelque-peu onirique. Mais le temps passe et le film ne semble jamais vraiment décoller, le grand film espéré n'arrive finalement pas. Le casting ou la direction d'acteurs sont peut-être en cause. Un acteur comme Sebastien Koch aurait sans doute donné plus de jeu et de profondeur au personnage du mari, Johnny.
J'ai justement trouvé Ronald Zerhfeld excellent dans ce rôle difficile et ambivalent. Quant à Nina Hoss, pas besoin de s'étendre, elle est comme toujours exceptionnelle de justesse.
Je trouve que le film atteint justement son point d'orgue lors de la scène finale, double révélation, expression pure d'un être qui s'affranchit des barrières psychologiques imposées par une société dans le déni. Et la figure trouble du mari de vaciller en un seul plan, bouleversant (le film ne le juge pas, ses motivations pendant la guerre restent inconnues). J'ai entendu Petzold déclarer lors d'entretiens que, selon lui, le film passe ou casse entièrement avec cette scène. Dès lors, il est logique que si l'on n'est pas emporté à ce moment-là, un sentiment d'inachevé aura tendance à dominer. Le cas contraire...

Après le somptueux Barbara, il semble que Phoenix venait en conclusion d'une trilogie d'affirmation féminine portée par Nina Hoss. Petzold a réalisé deux films depuis, qui n'ont visiblement pas eu beaucoup d'impact. Des avis en ces lieux ?
Répondre