Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Demi-Lune »

AtCloseRange a écrit :Un jour, on étudiera le cerveau de Demi-Lune.
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Duke Red
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Duke Red »

Demi-Lune a écrit :J'ai tout réécrit tant que ma mémoire était encore fraîche, ha ha.
T'es hypermnésique ? :shock:

(Tu peux réécrire mon avis ? :mrgreen: )
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Demi-Lune
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Demi-Lune »

Duke Red a écrit :(Tu peux réécrire mon avis ? :mrgreen: )
Si t'es solide sur tes arguments, ça devrait revenir tout seul. :mrgreen:
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Profondo Rosso
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Profondo Rosso »

Recollage d'avis aussi mais pas de tête :mrgreen:

Les meilleurs films de Richard Linklater reposent souvent sur la notion de temporalité. Celle-ci peut à la fois rallonger les apartés amoureux et espacer les retrouvailles du couple Julie Delpy/Ethan Hawke dans la magnifique trilogie Before Sunrise (1995), Before Sunset (2005) et Before Midnight (2013). A l’inverse le passage vers l’âge adulte de Boyhood (2014) capturera les instants de vie dans un ensemble plus vaste, intimiste et ambitieux. Linklater se plaît à jouer sur cette temporalité pour illustrer à la fois une évolution et/ou saisir une attente, le sentiment d’un moment bien définit. C’est précisément à cela qui s’attelait dans un de ses plus beaux films, Dazed and Confused (1993) où il observait les pérégrinations d’un groupe d'ado le dernier jour de lycée 1976. Everybody want some en constitue une sorte de prolongement tout aussi réussi. Linklater y renoue avec la dimension autobiographique et rétro (l’histoire se déroulant en 1980) ainsi que l’unité de temps et de lieu avant un moment décisif pour les personnages. Dazed and Confused questionnait la fin d'un âge et ses doutes, Everybody want some le début d'un autre et ses espérances dans le cadre d’un weekend de pré rentrée à la fac. Notre héros Jake (Blake Jenner) va intégrer l’équipe de base-ball universitaire découvrir la vie en communauté avec ses futurs coéquipiers.

Ce cadre sportif est propice aux différentes ruptures de ton d’un film constamment léger et dont la profondeur se déploie progressivement. Ces jeunes hommes en rut et toujours en recherche de la conquête d’un soir expriment donc la solidarité et l’avancée en meute qui devrait constituer leur union sportive à travers les techniques de dragues astucieuses, maladroites et pathétiques de chacun. On s’observe, se soutient, se moque et se bat ensemble dans une délicieuse ambiance vintage où la visite de boite de nuit disco, country, d’un concert punk ou d’une soirée arty témoigne aussi sous la futilité de l’hésitation à quoi s’identifier dans ces futures années de fac. Sous les forfanteries et la camaraderie virile permanente, les personnages et en particulier Jake voient leur statut de sportif comme un atout, un mal nécessaire ou un poids. La légèreté et les échanges potaches dissimulent un esprit de compétition permanent dont certains s’accommodent car vivant au jour le jour, certains ayant des espoirs de carrière professionnelles étant beaucoup plus impliqués tandis que d’autres comme Jake semblent chercher autre chose qu’ils ignorent encore. L’ensemble du casting débordent de charisme et d’énergie, Linklater caractérisant avec brio une dizaine de protagonistes de manières fluides et dans le mouvement perpétuel.

Chacun a donc droit à son moment, les aspirations se révélant dans l’hédonisme et la futilité de passage. L’hésitant Jake est rendu volontairement plus terne par le réalisateur pour exprimer ses doutes et mieux faire exister ses camarades haut en couleur et reflétant les thématiques du film. La peur de grandir s’incarnera avec l’amateur d’herbe détendu Willoughby (Wyatt Russell) – sorte de jumeau immature du Matthew McConaughey de Dazed and Confused -, l’insouciance maline avec Finn (excellent Glen Powell), l'esprit de compétition dans son versant positif à travers McReynolds (Tyler Hoechlin imposant une belle présence) ou plus problématique avec le très agité Jay (Juston Street). Tout cela s’exprime en filigrane sans être appuyé si ce n’est dans la seule séquence sportive du film, une scène d’entraînement superbement filmée où se concentrent de façon exacerbée toutes les attentes contradictoires des personnages. Linklater laisse la magie se déployer lorsqu’il donne un tour indistinct à cette attente de quelque chose. Ce sera notamment par le sentiment amoureux naissant entre Jake et Beverly (Zoey Deutch), le scénario orchestrant la rencontre par d’heureux hasards et de charmante tentative de séduction – le sportif supposé lourdaud allant en toute timidité coller une lettre sur la porte de sa dulcinée. Pas d’aparté amoureux cassant l’ambiance pourtant, le mouvement et le dialogue guidant le rapprochement (la logorrhée étant décidément l’idéal pour nouer les liens chez Linklater comme dans Before Sunrise et Before Sunset) et créant la complicité notamment par un premier échange au téléphone. Dès lors quand les moments partagés se font plus silencieux, on devine qu’un même sentiment les lie et rend l’éloquence inutile.

Linklater escamote le côté charnel trop prononcé (alors que le reste du film est sexy à souhait avec ces look 70’s/80’s tapageurs des jeunes filles, les moustaches et torses velus des garçons) dès lors que l’amour entre dans la danse, un baiser et une coucherie qu’on suppose plus que l’on ne voit – là aussi renouant avec la construction de Before Sunrise – suffisant à tout faire comprendre par la seule image et les attitudes. Le récit s’arrête pile au moment du premier cours sur le sourire béat de Jake. Il ne sait pas de quoi l’avenir sera fait mais ne sera pas balisé par les seuls cours, matchs de base-ball et les fêtes. Cette dernière nuit avant le saut dans le vide aura rendu le futur plus charmant et incertain. C’est aussi cela l’entrée dans l’âge adulte semble nous dire Linklater, des possibilités encore infinies. 5/6
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Zeldoune »

AtCloseRange a écrit :Je fais une version courte de mon post:
Les 80s reconstituées, pourquoi c'est bien?
Développez :mrgreen:
On s'en fout un peu des années 80 en fait. Personnellement je ne les ai pas connues, tout comme les campus américains.

En fait le film doit essentiellement à cette décennie un vernis très attachant : musique, insouciance pré-Reagan/SIDA (aucun lien, fils unique), tenues, etc. Pour ma part, j'y ajouterai évidemment les jolies filles (Zoey, je t'aime).

Le vrai charme du film tient à la manière dont il croque rapidement toute une troupe de personnages un peu benêts, qui nous sont d'autant plus sympathiques que l'on se rend bien compte à quel point leur solidarité est fragile et que ces trois premiers jours ne sont au fond qu'une bulle douillette.

Une bulle où tout est possible, rien n'est acquis, et tout est remis en cause du jour au lendemain. Et ce n'est même pas grave que cela ne dure que trois jours.
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Demi-Lune
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Demi-Lune »

TheGentlemanBat a écrit :Everybody wants some !! : 7/10

À l'image de sa bande de joyeux fêtards aux hormones en ébullition (mention spéciale à l'acteur qui joue Finn' ainsi qu'au double sous stéroïde un tantinet psychopathe du Howard Wolowitz de The Big Bang Theory, assez savoureux), le film est un petit condensé de fun qui retranscrit parfaitement l'esprit d'insouciance qui soufflait encore au début des années 80. Petit conseil : ne surtout pas rater le générique de fin et son rap collectif qui achève de faire de cette chronique adolescente à la bande-son de fous furieux (rock, disco, country, punk, hip-hop, tout y passe !) l'un des feel-good movies les plus cool sortis dernièrement.
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Supfiction
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Supfiction »

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Voilà un film que j'aurai voulu aimé, surtout en cette période de disette coincée entre DC et Marvel. D'autant plus que le film est peu distribué et qu'il faut se bouger pour se rendre dans une petite salle diffusant le film.
Le film propose un voyage dans le temps à l'aube des 80's et de ce point de vue il est très réussi, l'immersion est totale et si la B.O. n'était pas un best of, on pourrait croire à un film de 1980. La nostalgie fonctionne à plein et ces jeunes insouciants, sûrs d'avoir le monde à leurs pieds, font penser aux premiers Tom Cruise. Mais à défaut d'intrigue (il ne se passe pratiquement rien, mais bon ça je m'y attendais), on aurait du avoir davantage d'émotion (à l'image de The Myth of the American Sleepover ou de certaines séquences de Presque célèbre) ou au moins des dialogues et des situations un peu percutantes et amusantes (comme dans Dazed and confused).
On a cité la trilogie Before pour souligner la capacité de Linklater à créer de longues scènes de dialogue plein de charme, d'intelligence et de rythme. Dans ces films, il y avait à défaut d'enjeu des échanges profonds ou pétillants sur la vie, l'amour, le temps qui passe, etc.
Ce n'est que très sporadiquement le cas ici ou tout est futilité tel-que le découpage de balles de baseball à la hache. En dépit de l'énorme potentiel et du capital sympathie de départ, on tourne rapidement en rond et il faut attendre les scènes à l'extérieur de l'appartement et dans lesquels apparait le casting féminin pour que le film laisse entrevoir ce qu'il aurait pu être. Malheureusement, mis à part l'éblouissante Zoey Deutch (LA révélation du film, malheureusement sous-exploitée), aucun personnage féminin n'a véritablement l'occasion et le temps de présence suffisant pour exister (on aperçoit le temps d'une danse la mignonne Val jouée par Dora Madison issue de Friday Night lights dans une séquence de discothèque et puis elle disparait aussi vite).
Non, ce sera bien un film de mecs au ras des paquerettes. Soit. Et dans le genre il y a des réussites (comme chez Kevin Smith), mais ici les discussions sont la plupart du temps stériles, peu drôles et absolument sans intérêt (entre blagues potaches pré-Stiffler, fumette ennuyeuse et fanfaronades sportives). Les acteurs sont en majorité trop vieux (plutôt la trentaine que la vingtaine) mais ce défaut est compensé par une belle énergie collective d'où se détachent quelque-peu le brun moustachu Tyler Hoechlin et le blond moustachu Glen Powell.
Que garde t-on en mémoire quelques jours après avoir vu le film ? Plus grand chose. Des souvenirs de moustaches et surtout des instants de grâce avec Zoey Deutch rappelant Before Sunrise en mieux (la scène à l'aube dans la rivière, le "réveil", le plan final). Le film capte avant tout l'air du temps. C'est beaucoup et c'est bien peu. Suffisant en tous cas pour redonner envie de le revoir dans quelques mois avec l'espoir de le redécouvrir.

En fait, j'ai déjà envie de le revoir.
Dernière modification par Supfiction le 4 mai 16, 16:18, modifié 1 fois.
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Duke Red »

Supfiction a écrit :
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:lol:
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Duke Red »

Supfiction a écrit : Ce n'est que très sporadiquement le cas ici ou tout est futilité tel-que le découpage de balles de baseball à la hache. En dépit de l'énorme potentiel et du capital sympathie de départ, on tourne rapidement en rond et il faut attendre les scènes à l'extérieur de l'appartement et dans lesquels apparait le casting féminin pour que le film laisse entrevoir ce qu'il aurait pu être. Malheureusement, mis à part l'éblouissante Zoey Deutch (LA révélation du film, malheureusement sous-exploitée), aucun personnage féminin n'a véritablement l'occasion et le temps de présence suffisant pour exister (on aperçoit le temps d'une danse la mignonne Val jouée par Dora Madison issue de Friday Night lights dans une séquence de discothèque et puis elle disparait aussi vite).
Non, ce sera bien un film de mecs au ras des paquerettes. Soit. Et dans le genre il y a des réussites (comme chez Kevin Smith), mais ici les discussions sont la plupart du temps stériles, peu drôles et absolument sans intérêt (entre blagues potaches pré-Stiffler, fumette ennuyeuse et fanfaronades sportives). Les acteurs sont en majorité trop vieux (plutôt la trentaine que la vingtaine) mais ce défaut est compensé par une belle énergie collective d'où se détachent quelque-peu le brun moustachu Tyler Hoechlin et le blond moustachu Glen Powell.
Que garde t-on en mémoire quelques jours après avoir vu le film ? Plus grand chose. Des souvenirs de moustaches et surtout des instants de grâce avec Zoey Deutch rappelant Before Sunrise en mieux (la scène à l'aube dans la rivière, le "réveil", le plan final). Le film capte avant tout l'air du temps. C'est beaucoup et c'est bien peu. Suffisant en tous cas pour redonner envie de le revoir dans quelques mois avec l'espoir de le redécouvrir.

En fait, j'ai déjà envie de le revoir.
Il s'est passé quoi entre les éléments en gras et ta conclusion où tu dis que t'as déjà envie de le revoir ? Demi-Lune t'a menacé ? :fiou:
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Supfiction »

Duke Red a écrit :
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Supfiction a écrit : Ce n'est que très sporadiquement le cas ici ou tout est futilité tel-que le découpage de balles de baseball à la hache. En dépit de l'énorme potentiel et du capital sympathie de départ, on tourne rapidement en rond et il faut attendre les scènes à l'extérieur de l'appartement et dans lesquels apparait le casting féminin pour que le film laisse entrevoir ce qu'il aurait pu être. Malheureusement, mis à part l'éblouissante Zoey Deutch (LA révélation du film, malheureusement sous-exploitée), aucun personnage féminin n'a véritablement l'occasion et le temps de présence suffisant pour exister (on aperçoit le temps d'une danse la mignonne Val jouée par Dora Madison issue de Friday Night lights dans une séquence de discothèque et puis elle disparait aussi vite).
Non, ce sera bien un film de mecs au ras des paquerettes. Soit. Et dans le genre il y a des réussites (comme chez Kevin Smith), mais ici les discussions sont la plupart du temps stériles, peu drôles et absolument sans intérêt (entre blagues potaches pré-Stiffler, fumette ennuyeuse et fanfaronades sportives). Les acteurs sont en majorité trop vieux (plutôt la trentaine que la vingtaine) mais ce défaut est compensé par une belle énergie collective d'où se détachent quelque-peu le brun moustachu Tyler Hoechlin et le blond moustachu Glen Powell.
Que garde t-on en mémoire quelques jours après avoir vu le film ? Plus grand chose. Des souvenirs de moustaches et surtout des instants de grâce avec Zoey Deutch rappelant Before Sunrise en mieux (la scène à l'aube dans la rivière, le "réveil", le plan final). Le film capte avant tout l'air du temps. C'est beaucoup et c'est bien peu. Suffisant en tous cas pour redonner envie de le revoir dans quelques mois avec l'espoir de le redécouvrir.

En fait, j'ai déjà envie de le revoir.
Il s'est passé quoi entre les éléments en gras et ta conclusion où tu dis que t'as déjà envie de le revoir ? Demi-Lune t'a menacé ? :fiou:
C'est vrai que ma dernière ligne contraste avec le reste plutôt mitigé. Cela arrive de temps en temps, au moment où l'on écrit un avis globalement négatif, on se rappelle qu'on a beaucoup aimé certains passages et qu'on est finalement déçu de ne pas avoir autant apprécié le reste. Plus on écrit et plus on on se replonge dans le film avec le secret espoir d'être éventuellement passé à côté et que tout simplement on était pas suffisement "in the mood" lors de la vision du film. Et puis, on ne peut pas ne pas avoir un doute après une seule vision devant l'enthousiasme général.
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Duke Red »

Supfiction a écrit : Et puis, on ne peut pas ne pas avoir un doute après une seule vision devant l'enthousiasme général.
Ils ont tort. Tous :evil:
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Strum »

On peut me compter parmi les conquis de ce film vif et joyeux, porté par des personnages fous furieux et une bande-son formidable, où un week-end précédant la rentrée à la fac devient une parenthèse enchantée (fantasmée par ses excès, notamment le premier soir où tout réussit aux personnages, les plus belles filles leur tombant dans les bras) avant le commencement des cours - commencement que Jack refuse d'accepter en s'endormant en cours pour ne pas voir la leçon de vie que son professeur vient d'écrire au tableau. Les films de Richard Linklater semblent toujours parler de personnages refusant de grandir. Ici, il montre le rite du passage à l'âge adulte comme un immense et joyeux enterrement de vies de garçons. Et quel talent pour filmer un groupe et parvenir à caractériser chacun des personnages. Moi qui aime le baseball, j'ai trouvé la scène où ils s'entrainent particulièrement réussie.
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Duke Red »

(Same player, shoot again)

Assez grosse déception pour ma part, alors que l'idée d'un film de potes par Linklater dans l'insouciance des eighties me bottait bien.

Premier problème, qui se présente très tôt et ne disparaîtra que par intermittences : ces personnages sont, au mieux, superficiels et égocentriques, au pire, carrément antipathiques. On a là une belle brochette de jocks de compétition, le genre de types qui prennent plaisir à humilier les plus faibles au lycée. À l'exception de Jake (qui apparait plus lisse volontairement), Finn (qui dévoile par petites touches une réelle profondeur) et Willoughby (dont la décontraction et la bonhomie contrastent avec l'agressivité ambiante), je ne souhaiterais être pote avec ces types pour rien au monde. OK le film insiste bien sur le fait qu'ils sont en compétition entre eux et que les nouveaux venus, qui avaient pu être les stars de leur lycée, doivent faire leurs preuves à la fac, mais jamais je ne me suis dit que ces mecs étaient ou allaient être vraiment amis. Se foutre sur la gueule et s'envoyer des Scuds à longueur de journée, c'est pas trop ma définition de l'amitié. Rien que la scène où Jake se voit dépouillé de sa chemise et de son disque contredit cette ambiance de "camaraderie". Demi-Lune dit qu'il y a beaucoup de poudre aux yeux, derrière l'arrogance de ces grands benêts - c'est évident, mais ça ne les rend pas plus sympathiques ou touchants. C'est pas plus profond que de regarder un wesh faire la cour comme un lourdingue à une demoiselle. Même si ces gars ne sont qu'au début de leur relation, que tout ça est en devenir, pour moi le film échoue à me faire sentir les bases de cette amitié. Et le fait que les 3/4 du cast paraissent approcher la trentaine (OK la moustache, ça vieillit, mais quand même…) n'aide pas - si on avait eu en face de vrais jeunots, j'aurais peut-être été plus indulgent, mais là regarder une tribu d'adultes faire les gogols pendant 2h, j'ai vite saturé.

Du coup, comme le charme du film repose beaucoup sur l'appréciation des personnages, il n'a marché sur moi que par bribes : il y a bien cette première sortie en boîte (le plan où les nanas les rejoignent au ralenti 8) ), l'entraînement au rythme du Whip it de Devo, la conversation téléphonique en split-screen (Zoey Deutch :oops: ) et ce dernier quart d'heure où, enfin, le réal essaie d'élever un peu le truc - une étrange fête costumée, une discussion sur un lac endormi à l'orée du jour, un plan final parfait, ouf, Linklater réussit au moins la dernière ligne droite.
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par G.T.O »

Plus que les personnages et leurs fêtes continuelles, c'est l'académisme de la mise en scène de Linklater qui frappe et finit d'entrainer le film par le fond. Conçue comme un écrin aux acteurs ( d'ailleurs, pour la plupart, plutôt pas mal), la mise en scène de Linklater ne sert qu'à servir la soupe à une verbosité aussi inutile qu'assommante, à colorier les cases d'un scénario programmatique d'où émerge le thème d'un fastidieux coming of age . Doté d'une BO éminemment sympathique, Everybody wants some n'est ni interrogation d'une époque ni fin psychologue, ni même puissamment cinématographique ou émouvant d'ailleurs. C'est le film de la moyenne. Et, comme le prédécesseur Boydhood, ce que cherche à faire Linklater, c'est de créer de l'épique, du macro, à partir de micro-événements. Saisir la vie elle-même, par accumulation de moments de vie, anecdotes, discussions, moments comiques, ensemble d'éléments ruinés par une mise en scène sans avis, déficitaire, fonctionnelle, véritable rouleau à pâtisserie aplatissant tout. Pas un film enlevé, une aire d'autoroute parmi d'autres. Déception.
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Re: Everybody Wants Some (Richard Linklater - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Un groupe de jeunes étudiants à la fin de l'été 1980 durant les trois jours qui précèdent la reprise des cours. Ils sont tous réunis dans une maison puisqu'ils formeront l'équipe de Base-ball de leur université. A quoi pensent-ils principalement : à la défonce et au cul.

Aucune intrigue, une simple chronique mais on en redemande tellement le cinéaste est un directeur d'acteurs exceptionnel et qu'il arrive à nous rendre tous ses personnages attachants y compris les plus couillons, y compris les plus débiles. C'est un exploit d'arriver à nous laisser le sourire aux lèvres durant deux heures à partir de si peu. C'est juste et drôle, la bande originale est une véritable madeleine de Proust (on a même droit à du Foreigner) ; les américains ont désormais leur 'péril jeune'. Malgré leurs styles différents voire opposés, j'adore autant les deux films.

Et puis Zoey Deutch !!! :oops:
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