Le Pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Demi-Lune »

Colqhoun a écrit :Bon sinon j'espère vraiment que Mark Rylance gagnera des prix pour son rôle de Rudolf Abel, parce qu'il bouffe complètement l'écran et s'impose sans soucis comme le meilleur acteur de tout le film.
Clairement. Je ne le connaissais pas et il impose direct sa présence avec une économie fascinante (des petits gestes de rien du tout, comme sa façon presque aristocratique de se moucher).
Grosse révélation.
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Watkinssien
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Watkinssien »

Colqhoun a écrit :Bon sinon j'espère vraiment que Mark Rylance gagnera des prix pour son rôle de Rudolf Abel, parce qu'il bouffe complètement l'écran et s'impose sans soucis comme le meilleur acteur de tout le film.
Il est superbe.

Un petit Oscar du meilleur second rôle, hop ! Ce ne serait pas du tout volé, et il est face à un très bon Tom Hanks pourtant !

Je connaissais cet acteur depuis le saisissant Intimité de Chéreau où il crevait déjà l'écran en 2000.
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Strum
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Strum »

Il sera d'ailleurs le Bon Gros Géant de Spielberg.
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Colqhoun
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Colqhoun »

Demi-Lune a écrit :Clairement. Je ne le connaissais pas et il impose direct sa présence avec une économie fascinante (des petits gestes de rien du tout, comme sa façon presque aristocratique de se moucher).
Grosse révélation.
Il semblerait qu'il ait déjà une grosse réputation comme acteur de théâtre.
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AtCloseRange
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par AtCloseRange »

Demi-Lune a écrit :
Colqhoun a écrit :Bon sinon j'espère vraiment que Mark Rylance gagnera des prix pour son rôle de Rudolf Abel, parce qu'il bouffe complètement l'écran et s'impose sans soucis comme le meilleur acteur de tout le film.
Clairement. Je ne le connaissais pas et il impose direct sa présence avec une économie fascinante (des petits gestes de rien du tout, comme sa façon presque aristocratique de se moucher).
Grosse révélation.
C'est fou, ça. J'ai sorti le nom l'autre jour à des gens bien informés du forum (je préfère ne pas donner leur nom...) et ils ne le connaissaient pas non plus.
Il est au moins formidable dans 2 films: Angels and Insects et Intimité.
Mais c'est vrai qu'il s'est fait très rare au ciné.
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Rockatansky »

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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Jack Griffin »

ça me dit toujours rien...Bon il joue le rôle principal du prochain Spielberg
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par ballantrae »

Mark Rylance jouait le rôle principal de Institut Benjamenta des frères Quay , d'après Robert Walser.Il était formidable et subtil pour un personnage qui n'est pas sans évoquer les héros de Kafka ( l'arpenteur K, Joseph K, Karl Rossman dans L'Amérique).
Article très favorable envers ce nouvel opus spielbergien sur le site Critikat et vraie envie de le découvrir.
Question pratique (désolé pour ceux que ce type de basses considérations exaspèrent):est-ce visible pour un spectateur de 9 ans ou mieux vaut -il attendre?
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Demi-Lune
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Demi-Lune »

ballantrae a écrit :Question pratique (désolé pour ceux que ce type de basses considérations exaspèrent):est-ce visible pour un spectateur de 9 ans ou mieux vaut -il attendre?
Il n'y a aucune image choquante dans le film. Par ailleurs, Spielberg étant un narrateur-né et un pédagogue, un enfant de 9 ans ne devrait pas se sentir pris de haut.
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Watkinssien
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Watkinssien »

S'il s'ennuie, c'est tout à fait normal !
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Le Ciné Joker
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Le Ciné Joker »

Je comprends ce que Demi-Lune veut dire, et j'adhère en partie ;) )

Mais dans le fond, je trouve que Spielberg s'en sort pas mal et utilise le classicisme du sujet très intelligemment. Il arrive à le mettre à sa main et prouve un savoir-faire qui s'exprime timidement mais qui en même temps fonctionne bien. Le pont des espions est une œuvre noble et élégante, oscillant entre simplicité et virtuosité. Sans en faire trop dans la grandiloquence, ni même dans la virtuosité technique, le dernier Spielberg mise sur un atout subtile pour séduire : ses capacités d’attraction et de fascination. Le Pont des Espions ne succombe pas à la mode des thrillers hollywoodiens hystériques déballant des scénarios complexes aux enjeux émotionnels et sémantiques inexistants, c’est un film lent au rythme soutenu dans sa linéarité (ce qui pourra d’ailleurs décevoir certains) se focalisant principalement sur ses enjeux. Steven Spielberg se propose ici de mettre son récit en sommeil en interpellant l’intelligence du spectateur autrement que par les mécanique du récit. Son but est de progressivement nous faire adhérer à l’immersion qu’il nous propose à travers la progressive mise au pas des thématiques de son histoire. Dans ce cadre, Steven Spielberg décide de se transformer en « filmeur d’histoire » brillant, déployant tout son talent pour emballer son récit et permettre à son savoir-faire technique de se mettre au service des enjeux suggérés par les idées du scénario.

Dans ce cadre, Spielberg déploie tout son talent de technicien de l’image. Sa mise en scène oscille ici entre le fonctionnel et l’artistique. Les parti-pris de réalisation du réalisateur reposent dans cette perspective sur une intermittence. Le cinéaste américain décide dans un premier temps de déployer ses talents d’esthète de l’image pour chercher à atteindre un sens de la valorisation visuelle d'une vraie classe, léchée, aiguë. N’hésitant d'ailleurs pas à verser dans le symbolisme, ce qui sied à merveille à la mise en valeur des enjeux du film. Chaque image du métrage est composée d’une main de maître, laissant des lumières d’atmosphère symboliques envelopper chaque séquence de dialogue. Sachant dans un second temps bouger sa caméra lorsqu’il le faut, Spielberg gère avec panache au moment des scènes sous tension des plan-séquence à la steady-cam. Offrant alors des choix de mise en valeur différentes servies par une caméra volatile aux mouvements assurés. Choisissant parfois la voie du découpage excessif (en témoigne la séquence d’ouverture, assurément l’une des meilleures du film) le cinéaste américain confirme ici à jamais son éternel savoir-faire quasi-instinctif.

Sans en faire trop dans la virtuosité technique, sachant s’effacer lorsqu’il le faut derrière les scènes de dialogue, mise en place verbeuse du récit oblige (les Coen au script, encore une fois), Steven Spielberg prouve ici son sens du dosage et du panache. Ses parti-pris de mise en scène révèlent un auteur sachant où il va, dosant avec nuance son travail sur la caméra, permettant pleinement aux enjeux de son film de s’exprimer clairement, en symbiose avec une esthétique classe mais dans le fond assez discrète.

Thématiques assez chères à Spielberg, la recherche de l'humanité dans une puissance en crise, en proie à la radicalisation pour protéger ses supposées "valeurs". Le pont des espions est une déclaration d'amour à ce que le droit met trop souvent de côté : l'humanité. Paradoxalement, Spielberg nous montre ici que c'est la denrée garante de l'équilibre de cette institution. Message très sincère (que certains pourront moquer en lui reprochant un patriotisme naïf voire hypocrite). Reste aussi la fascination exercée sur le spectateur du pouvoir tentaculaire de ce vaste théâtre géopolitique sur les protagonistes emberlificotés malgré eux dans ce merdier.

Un film assurant un certain classicisme dans son récit (en témoigne certaine séquences d’intimités assez balisées entre le protagoniste et sa famille). Un classicisme qui s’avère en réalité l’atout majeur du film, cherchant la mise en valeur subtile d’enjeux intéressants plutôt qu’un rythme scénaristique effréné. Potentiellement film mineur. Mais, s’ils existent, les film mineurs révèlent souvent beaucoup plus le talent de leurs auteurs que leurs films monstres dits « majeurs ». Ici, celui d’un cinéaste qui flirte lorsqu’il le souhaite avec la virtuosité. Pour notre plus grand plaisir. :D
"Mieux vaut partir du cliché plutôt que d'y arriver" Alfred Hitchcock

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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :(des petits gestes de rien du tout, comme sa façon presque aristocratique de se moucher).
C'est d'ailleurs rigolo de voir que plus tard dans le film, c'est le personnage de Tom Hanks qui se mouchera de la même façon pendant son périple berlinois. Encore une histoire de parallélisme ou c'est moi qui vais trop loin ? :D
Sinon comme vous tous, très fan de la prestation de Rylance. Ses 3 "Would it help ?" m'ont cueilli à chaque fois.
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Demi-Lune »

Ratatouille a écrit :
Demi-Lune a écrit :(des petits gestes de rien du tout, comme sa façon presque aristocratique de se moucher).
C'est d'ailleurs rigolo de voir que plus tard dans le film, c'est le personnage de Tom Hanks qui se mouchera de la même façon pendant son périple berlinois. Encore une histoire de parallélisme ou c'est moi qui vais trop loin ? :D
Non non, cela me semble recherché. Ce n'est pas aussi essentiel que la contamination psychologique d'Avner par les terroristes qu'il traque dans Munich (avec ces images mentales d'un drame auquel il n'a pas participé), mais on retrouve effectivement ici cette idée de la mise en parallèle, de la mise en miroir (tiens, le film s'ouvre là-dessus, justement) au-delà de l'affrontement idéologique. Ce truc du rhume et du mouchoir n'a l'air de rien mais il participe de ce mouvement d'équilibre qui guide le film (et qu'on peut voir comme un prolongement du contexte-même de Guerre froide, avec la balance of terror) : toute chose trouve un reflet, un écho, un vis-à-vis dans l'intrigue. La pièce de monnaie qu'ouvre Rudolf qui trouve écho avec la pièce-suicide de Powers, le portrait de Rudolf et le portrait de Donovan, le mur de l'opinion publique aux USA et le Mur concret de Berlin comme le soulignait Colqhoun, ce plan où le visage de Powers apparaît en fondu enchaîné à droite pour faire symboliquement face au visage de Rudolf sur la gauche, les silhouettes qui escaladent les grillages, l'allocution de Donovan devant la Haute Cour et le procès de Powers en URSS, etc. Spielberg tresse un nœud de correspondances grâce au cinéma pour donner corps à la logique de face-à-face de la Guerre froide.
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Re: Le pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :Non non, cela me semble recherché. Ce n'est pas aussi essentiel que la contamination psychologique d'Avner par les terroristes qu'il traque dans Munich (avec ces images mentales d'un drame auquel il n'a pas participé), mais on retrouve effectivement ici cette idée de la mise en parallèle, de la mise en miroir (tiens, le film s'ouvre là-dessus, justement) au-delà de l'affrontement idéologique. Ce truc du rhume et du mouchoir n'a l'air de rien mais il participe de ce mouvement d'équilibre qui guide le film (et qu'on peut voir comme un prolongement du contexte-même de Guerre froide, avec la balance of terror) : toute chose trouve un reflet, un écho, un vis-à-vis dans l'intrigue. La pièce de monnaie qu'ouvre Rudolf qui trouve écho avec la pièce-suicide de Powers, le portrait de Rudolf et le portrait de Donovan, le mur de l'opinion publique aux USA et le Mur concret de Berlin comme le soulignait Colqhoun, ce plan où le visage de Powers apparaît en fondu enchaîné à droite pour faire symboliquement face au visage de Rudolf sur la gauche, les silhouettes qui escaladent les grillages, l'allocution de Donovan devant la Haute Cour et le procès de Powers en URSS, etc. Spielberg tresse un nœud de correspondances grâce au cinéma pour donner corps à la logique de face-à-face de la Guerre froide.
Comme quoi, ce film est plus passionnant qu'il n'y paraît, non ? :)
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Re: Le Pont des espions (Steven Spielberg - 2015)

Message par AtCloseRange »

On remarquera que pour Spielberg, ce sont d'abord les vendus qui vont le voir alors que pour Malick, ce sont les carnassiers :mrgreen:
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