Notez les films d'aujourd'hui

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bronski
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par bronski »

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A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014) De Chandor j'avais vu Margin Call, qui plaçait déjà la barre très haut, mais là le réalisateur pulvérise les records d'excellence. Comment ne pas penser au Parrain de Coppola, la même majesté dans le rythme et dans la construction filmique, la musique tout en retenue, la photographie en clair-obscur et en ombres cachées. Enfin les deux acteurs, Oscar Isaac et Jessica Chastain, sont éclatants et absolument maîtres de leur personnage. Tout est à la fois limpide et énigmatique, et on est toujours autant fasciné par cette qualité américaine appliquée dans tous les domaines et dans chaque détail. Épatant.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Rick Blaine
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par Rick Blaine »

Ah ! Content de voir ce film aimé à sa juste valeur :D
bronski
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par bronski »

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Ma femme est une actrice (Yvan Attal - 2001) Oh la belle surprise. Un film enlevé, drôle, tendre et acerbe, et plein d'autres bons adjectifs. Les acteurs font des étincelles (mention spéciale aux caméos divers assez tordants, à la Grosse Fatigue de Michel Blanc). Bon ce n'est pas inoubliable (quoique...), mais pour une comédie c'est du tout bon. Rafraîchissant.
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Fresh de Boaz Yakin (1994)

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Fresh raconte l'histoire de Michael (Sean Nelson), surnommé Fresh, un garçon de 12 ans faisant passer de la drogue pour le compte des gros dealers locaux (notamment Giancarlo Esposito). S'inspirant des leçons d'échecs de son père (joué par Samuel L. Jackson), un maître du blitz (forme d'échecs où les coups se jouent très rapidement), Fresh établit un plan pour sortir sa sœur droguée (N'Bushe Wright) et lui-même de leurs vies sans espoir.

A travers le succès des films de Spike Lee et des cultissimes Boyz'n the Hood de John Singleton (1991) et Menace II Society des frères Hughes (1993), le « film de ghetto » est un sous-genre en essor au début des années 90. Il s’imprègne de l’imagerie et des excès du gangsta rap triomphant dans les charts (tout comme la Blaxploitation s’inscrivait dans le sillage de la soul 70’s), témoigne d’une réalité sociale violente et définit une nouvelle forme de polar urbain. C’est l’occasion de casting témoignant de la diversité ethnique de ces ghettos à travers les communautés noires ou latino aux Etats-Unis, d’une découverte des nouveaux codes criminels avec la culture des gangs. Les avatars ne manqueront pas, plus ou moins bons et surtout s’étendront à d’autres pays pour de grandes réussites comme La Haine de Matthieu Kassovitz (1995) en France ou La Cité de Dieu de Fernando Mereilles (2002) au Brésil.

Dans ce courant, Fresh est un opus aussi méconnu qu’atypique. Il s’agit du premier film du scénariste Boaz Yakin, qui s’était fait connaître en donnant dans un versant plus tape à l’œil du polar urbain avec Punisher (1989) et La Relève de Clint Eastwood (1990). Avec Fresh, Yakin s’attèle à une œuvre plus intimiste et qui tout en respectant le réalisme attendu d’une vision des ghettos US dénote dans le genre par son ton, certains choix artistiques (on n’entend pas un seul morceau de rap du film, dominé par la bande-originale mélancolique de Stewart Copeland) et dramatique notamment le point de vue d’un jeune adolescent. Dès l’ouverture l’enchevêtrement inextricable entre le quotidien et la réalité criminelle du ghetto frappe lorsqu’on suit le jeune Michael « Fresh » (Sean Nelson) opérer comme coursier sur le chemin de l’école pour les dealers du quartier. Retardé par les différents intermédiaires (où le sens du détail inscrit destin partout telle cette mama latino joviale au bras criblés de piqûres), il finit même par arriver en retard en classe. La loi du ghetto oriente dès le plus jeune âge vers le chemin de la délinquance et rien ne semble pouvoir rien y changer. Yakin le développe subtilement dans le quotidien de de l’école et la camaraderie avec les attitudes des ados reprenant gestuelle et langage gangsta, à travers la réalité sociale aussi avec Michael vivant dans un appartement exigu avec sa tante et ses cousines. Le réalisateur ne donne pas dans le sordide mais plutôt sépare bien grâce à la photo de Adam Holender l’intime sinistre aux teintes sombres et les couleurs chaudes des scènes de rue supposées signifier l’exaltation et le panache de cette vie.

Une anomalie vient pourtant ce glisser avec la mélancolie que dégage le personnage de Fresh, interprété tout en retenue par Sean Nelson. Il suit cette voie contraint, emprisonné par un déterminisme social qui frappe tout son entourage notamment sa sœur (N'Bushe Wright) junkie sous la coupe du redoutable dealer Esteban (Giancarlo Esposito). Les longs plans sur le regard pensif de Fresh tout comme les nombreux fondus enchaînés installent une forme de spleen planant qui donne une certaine hauteur au récit, tandis que des éléments plus concrets révèleront les aptitudes qui permettront à Fresh de s’en sortir. Le culot et la gouaille de l’adolescent se conjuguent à une intelligence hors pair rôdée aux parties d’échecs menées avec son père (Samuel L. Jackson excellent en mentor abîmé par la vie). Ce dernier lui racontera ses hauts et ses bas face aux grands joueurs d’échecs qu’il a pu rencontrer, tout en lui expliquant que dans l’urgence d’une partie au parc du quartier il pourrait facilement battre n’importe quel cador mondial. La réalité du ghetto oblige à penser vite et bien si l’on veut survivre et ce sera l’apprentissage de Fresh avant de mettre en place un plan audacieux pour échapper à sa condition.

Le film donne dans le coming of age classique mais dont les passages obligés (les sorties avec les copains, les premières amours) sont zébrées par des éclairs de violence révoltants où la mort frappe au hasard, même les enfants ayant le tort de se trouver au mauvais endroit aux mauvais moments (insoutenable scène du terrain de basket). Boaz Yakin use de ce point de vue juvénile pour verser dans la tonalité de conte (voie qu’empruntera notamment l’excellent et méconnu polar La Peur au ventre de Wayne Kramer (2005) ou Boaz Yakin à nouveau dans le plus récent Safe (2012)) où Fresh est une sorte de Petit Poucet qui n’a que son astuce pour vaincre les multiples ogres qui l’entourent. Le réalisme cru et cette imagerie s’entremêlent constamment, notamment lors d’une scène nocturne où les jeux d’ombres engloutissent Fresh et un ami surpris par des hommes de mains brutaux. La caractérisation méticuleuse de tous les protagonistes (même les plus secondaires au premier abord), l’identification précise des lieux et des business illégaux qui s’y déroule (la nature des différentes drogues distribuées par chacun des dealers aura son importance) permettent de rendre crédible les manœuvres de Fresh tout en conservant un suspense haletant. Boaz Yakin ne donne jamais dans la facilité, son héros est à la fois stoïque et vulnérable, le contexte cru évitant les écarts à la Maman j’ai raté l’avion (1991) et son gamin jamais effrayé de faire face à des malfrats – même si bien sûr l’objectif des films diffère. Tout tient finalement à cette émotion contenue si longtemps et que Fresh laisse éclater lors d’une magnifique dernière scène où il peut enfin avoir son âge et laisser couler ses larmes. 5/6

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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par cinéfile »

Le Passé (A. Farhadi, 2013)

Vu dans le foulée du récent Everybody Knows, lequel ne m'avait pas emballé du tout. Je préférais plutôt garder en tête le brio d'A propos d'Elly ou d'Une séparation.

Ici, l'impression reste très (très) mitigée. Le cinéaste tente maladroitement de recréer la tension psychologique des deux films susnommés en adoptant une construction ultra-contrôlée, étouffante dans la mauvaise sens du terme, jusqu'à en oublier de laisser exister les personnages pour eux-mêmes et ainsi de créer un peu d'émotion. Le film est extrêment bavard, au comble du sur-explicatif même, surtout lorsqu'il s'agit d'aborder l'implication psychologique des personnages au gré des rebondissement du scénario. En outre, le mixage sonore et les dialogues souvent murmurés et peu articulés, nuisent grandement à la fluidité du visionnage.

En bref, je regrette d'y avoir si peu de mise en scène, exception faite du choix, comme cadre principal, de cette maison de banlieue parisienne passablement délabrée, à l'image d'une cellule familiale à (re)construire.
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par Jeremy Fox »

cinéfile a écrit :Le Passé (A. Farhadi, 2013)

...jusqu'à en oublier de laisser exister les personnages pour eux-mêmes et ainsi de créer un peu d'émotion...

...je regrette d'y avoir si peu de mise en scène...
:o

Tout le contraire pour ma part.
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Zelda Zonk
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par Zelda Zonk »

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? : 1,5/10

Un supplice : un scénario qui aligne les clichés ultra-prévisibles à la pelle, un jeu outré de tous les acteurs (Clavier essaye de faire du De Funes, peine perdue...), une réalisation de qualité téléfilm. Surtout, c'est censé être une comédie désopilante, or j'ai dû décrocher un ou deux légers sourires sur les 1h37 du film. Dire qu'une suite est prévue dans un mois. Au secours !!!...
Dernière modification par Zelda Zonk le 10 déc. 18, 11:38, modifié 2 fois.
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tenia
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par tenia »

Il me semble que le film est en Scope, en plus, alors que tout est filmé au centre du cadre comme si c'était prévu pour une TV cathodique 1.33. Ça m'avait fait halluciner.
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tenia
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par tenia »

En hommage à Major Tom

Dave Made a Maze :

Je n'en attendais pas forcément autant, mais c'est non seulement très inventif plastiquement (sans casser des briques niveau mise en scène, mais c'est fait efficacement), mais aussi très intéressant sur le fond. Au-delà de la réflexion sur les affres de la création parasitée par la procrastination, c'est régulièrement assez malin sur la façon de prendre ce point avec finesse et douceur, tout en étant totalement universel sur le fait de tout simplement grandir et accepter d'avancer dans la vie, dans une sorte d'Indiana Jones du quotidien (en carton).

L'ambiance est à la fois douce, berçante et bienveillante, mais aussi douce-amère passée la moitié du film. C'est parfois très con aussi, mais toujours avec une logique interne faisant sens et à laquelle il est facile de se rapporter.

Ne croyez pas cependant les (quelques) critiques parlant d'un film labyrinthique : il est clair comme de l'eau de roche.

7.5/10


The Lobster :

Dommage que la 2e moitié tourne à vide, car la première moitié est absolument formidable et hilarante. De l'humour bien noir comme il faut, mais surtout à la fois diégétiquement cohérent mais complètement loufoque, du grillage de mains à la chasse à l'homme en passant par la folledingue des gâteaux. Dès l'arrivée de Farrell au centre, où il explique que le chien "c'est son frère, transformé il y a peu, vous vous souvenez peut-être de lui", tu comprends où tu es tombé, et c'est comme ça à peu près jusqu'à l'échappée belle de David. Malheureusement, la deuxième moitié est autrement plus convenue, malgré un casting encore au diapason (sauf Seydoux, un peu comme d'habitude, tristement).

Mais tout le film est plastiquement superbe.

6/10
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Flol
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Message par Flol »

tenia a écrit :En hommage à Major Tom

Dave Made a Maze :

Je n'en attendais pas forcément autant, mais c'est non seulement très inventif plastiquement (sans casser des briques niveau mise en scène, mais c'est fait efficacement), mais aussi très intéressant sur le fond. Au-delà de la réflexion sur les affres de la création parasitée par la procrastination, c'est régulièrement assez malin sur la façon de prendre ce point avec finesse et douceur, tout en étant totalement universel sur le fait de tout simplement grandir et accepter d'avancer dans la vie, dans une sorte d'Indiana Jones du quotidien (en carton).

L'ambiance est à la fois douce, berçante et bienveillante, mais aussi douce-amère passée la moitié du film. C'est parfois très con aussi, mais toujours avec une logique interne faisant sens et à laquelle il est facile de se rapporter.

Ne croyez pas cependant les (quelques) critiques parlant d'un film labyrinthique : il est clair comme de l'eau de roche.

7.5/10
Okay donc achat probable lors des prochaines soldes Arrow.
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tenia
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par tenia »

Certains trouvent que le film fait mumblecore hipster, et c'est probablement très vrai, mais ça ne m'a pas dérangé du tout, car cela reste suffisamment universel et léger pour que ça passe.
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Message par Flol »

Mumblecore hipster ? J'imagine que les gens qui en disent ça n'ont jamais vu les premiers films de Joe Swanberg.
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par reuno »

Mumblecore, je sais pas, mais y'avait ce côté hipster qui m'avait un peu saoulé.
Mais bon c'est quand même pas mal du tout. C'est original (en même temps avec une histoire pareille), j'ai le souvenir de quelque chose de soigné visuellement (d'où mon doute sur la catégorie Mumblecore... si je m'en réfère à wikipedia).
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par Coxwell »

bronski a écrit :Image

La prochaine fois je viserai le cœur (Cédric Anger - 2014) Un film glauque, désespéré, lui aussi tiré d'une histoire vraie, une sorte de Texas Chainsaw Massacre à la française, une variation du Locataire de Polanski. Guillaume Canet livre une prestation habitée, la photographie poisseuse retranscrit bien ce trou paumé de 1978, l'ensemble se laisse voir avec une sorte de fascination dérangée. Percutant.
Dieu seul sait si Canet est à côté de la plaque sur ce rôle (pour avoir connu le vrai personnage qu’il est sensé représenté). Tout est artificiel, complètement appuyé et platement narré. Une très grande déception.
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