Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par bruce randylan »

J'y ai vraiment cru pendant 20-30 minutes. La poésie, l'invention, la concept brillant et intelligent, l'émotion mise en avant etc...

Puis, une fois que Joie et tristesse sont séparées de la salle de commande, j'ai trouvé ça vraiment moyen. Le script est vraiment décevant entre un scénario linéaire (et donc prévisible "oh non, l'île où on voulait aller vient de tomber, allons à la suivante"), des situations répétitives, une overdose de séquences intégrées dans le seul but de montrer l'envers des coulisses mémorielles (parfois vraiment gratuites comme le tunnel des abstractions, scènes plutôt amusantes mais qui ne sert vraiment à rien au final), le chantage affectif avec l'ami imaginaire (vous connaissez quelqu'un qui en a déjà eu au fait ? Moi personne), Et comme à chaque fois avec Pixar, le recours artificiel aux morceaux de bravoures/suspens a fini par me lasser, d'autant qu'il repose sur un argument vraiment idiot ("oh non, si elle prend le bus, elle va perdre ses émotions A JAMAIS !" :roll: )

Et de manière générale, je trouve que le scénario est en fait assez limité, réduit à ce qui arrange le déroulement de l'histoire (le choix des émotions internes me parait vraiment arbitraire). De plus la "psychologie" du personnage principal est quand même stéréotypée à mort (la nouvelle école, sa meilleure amie qui se fait une nouvelle copine, la crise avec les parents, la décision de fugue) et beaucoup trop propre et lisse dans sa jeunesse.
Bref, au bout d'un moment, j'ai vraiment abdiqué à me prendre au jeu.

Les 15-20 dernières minutes possèdent tout de même de très beaux moments qui viennent redorer le blason du film, notamment la découverte de la mélancolie ou la compassion. Mais bon, je me disais qu'il fallait 1 ou 2 séquences au voyage de Chihiro pour faire ce que Vice versa fait en 90 minutes (et avec beaucoup plus de finesse).

Par contre, je me disais que ce concept pourrait surtout donné une excellente série télé : un épisode pour expliquer aux enfants des sentiments contradictoires, à gérer des émotions complexes ou à expliquer le fonctionnement des rêves, de l'assimilation, de l'apprentissage, de la mémoire, du besoin de tester des parents etc....

Bref, un nouveau Pixar qui me laisse une nouvelle fois ma faim, avec même un sentiment de gâchis plus prononcé que d'habitude car j'avais vraiment adoré le premier quart.
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Watkinssien
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Watkinssien »

bruce randylan a écrit : (vous connaissez quelqu'un qui en a déjà eu au fait ? Moi personne), .
Oui. :wink:
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ed
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par ed »

Watkinssien a écrit :
bruce randylan a écrit : (vous connaissez quelqu'un qui en a déjà eu au fait ? Moi personne), .
Oui. :wink:
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Carlito Brigante
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Carlito Brigante »

ed a écrit :
Watkinssien a écrit : Oui. :wink:
Egalement. Dont un proche qui l'a gardé très longtemps.

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ça compte ?
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Dale Cooper
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Dale Cooper »

bruce randylan a écrit :le chantage affectif avec l'ami imaginaire (vous connaissez quelqu'un qui en a déjà eu au fait ? Moi personne),
Non. Et ce n'est pas Diane qui dira le contraire. Hein, Diane ?
Mais c'est un sujet tellement courant, surtout dans le cinéma US (et disons "accepté"), que s'en prendre à ça sur ce film et pas sur un autre, ce n'est pas un argument valable, monsieur.
bruce randylan a écrit :Par contre, je me disais que ce concept pourrait surtout donné une excellente série télé : un épisode pour expliquer aux enfants des sentiments contradictoires, à gérer des émotions complexes ou à expliquer le fonctionnement des rêves, de l'assimilation, de l'apprentissage, de la mémoire.
Un peu Il était une fois... la Vie, mais qui se passerait uniquement dans le cerveau, quoi...
Je marche. Toi tu écris, moi je réalise.
On appellera ça Il était une fois... les Fonctions cognitives supérieures. Je vois bien NoMoreReasons faire le narrateur. "Les petits hommes verts et roses que vous voyez là font fonctionner le super-ordinateur du raisonnement logique..."
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Dale Cooper
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Dale Cooper »

Sinon, j'ai bien aimé aussi. Malgré quelques réserves. Je rejoins Brousse Rendilent sur le milieu du film. Les vingt premières minutes étaient haletantes, et puis ça ralentit un peu (Joie et Tristesse vont passer par l'île de... ah non, elle s'enfonce... Alors elles vont passer par l'île de... ah non, elle disparaît aussi... Alors par... ah... non). Mais je serais moins sévère que lui. Y compris à ce moment du film, on trouve des moments assez rigolos et créatifs, parfois un peu brazilesques (en moins sombre que chez Gilliam naturellement) ce qui ne pouvait que me plaire. On trouve ainsi des petits personnages s'affairant à leur besogne comme des ouvriers, à l'instar de ceux chargés de faire de la place dans la mémoire, ou à reconstruire des châteaux de cartes. Finalement, ce que j'ai le moins apprécié est davantage lié à une raison personnelle (un déménagement à San Francisco est un vieux rêve de voyage brisé, c'est difficile de faire en sorte que le Golden Gate ne me pique pas les yeux) que pour une raison objective, donc à ne pas prendre en compte. ;) Autrement, tout ce qu'on attend d'un Pixar est là : beaucoup de bonne humeur, d'idées géniales, et d'émotion. Pas le meilleur, mais c'est un bon cru.
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Thaddeus
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Thaddeus »

Puisque y'a Demi-Lune qui gueule... :mrgreen:
Dunn a écrit :Vice Versa: 9/10
Un Pixar extraordinaire porté par une musique de Giacchino au sommet de son art, d'une mélancolie et d'une joie cumulée en même temps (je pleurais de joie et de tristesse en même temps...sentiment extrêmement rare devant un film), d'une inventivité à toute épreuve (bon sang toutes ces idées pour nous faire comprendre comment réagissent nos émotions face à notre conscience) et d'une beauté artistique sublime dans chaque plan.Il me tarde déjà de le revoir et j'ai d'ores et déjà commander la B.O.
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G.T.O
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par G.T.O »

Pour ma part, totalement séduit par le dernier-né de Pixar, petite merveille d’intelligence et d’émotions digne d’un film de Billy Wilder, à mi chemin entre film réflexif et mélodrame, sachant traiter de choses complexes avec simplicité, humour et pédagogie. Rares sont les films grand public actuels faisant preuve d’autant d’intelligence et de doigté dans l’explication de phénomènes complexes ( mémoire, rêves, pensées fixes, abstraction, subconscient, nostalgie...), sachant être pédagogiques sans être confus ou démagogiques, légers et gais sans céder pour autant à la dérision facile. L’équilibre est délicat et Pixar, une fois encore, réussit l’exploit de faire une oeuvre universelle sans concession sur la nostalgie, belle et poétique.

Jusqu’au boutiste également. Aussi excitante sur le plan des idées qu’émouvante. Et, il y a quelque chose de vraiment poignant qui ne tient pas aux nombreuses idées que le film met en scène. Un je-ne-sais-quoi d’existentiel. L’ordre d’un sentiment qui vous serre la poitrine, que quelque chose de précieux et de constitutif à la personnalité qui se joue là et ne reviendra jamais : l’enfance et son corollaire la nostalgie.
Y a de quoi être sur le cul lorsqu’on voit un film familial montrer frontalement la perte que constitue le passage d’un âge à un autre. Et à ne pas avoir peur d’assumer le fait d’être triste. De bien des manières, le film se présente comme un éloge de la tristesse. A montrer son importance dans le fait de grandir. C’est aussi la leçon qu’apprend la joie elle-même. Il y a eu la mort de la mère de Bambi. On peut ajouter ce film, au même titre que Toy Story 3 et Up, au rang des films acceptant l’irrévocable ( la mort, la perte) comme élément constitutif de la vie et personnalité. Très fort. :shock:

Adolescence. Moment de troubles extrêmes. De chaos. Rébellion. C’est un thème avec lequel Pixar flirte déjà depuis un certain temps. Montrer la destruction pour mieux insister sur son caractère nécessaire et créateur dans l’accès à un autre stade. Traduit par la chute effrayante dans le vide, véritables visions cauchemardesques à la Akira, des îlots de personnalité. Ou bien encore par la disparition de l'ami imaginaire à la Lewis Carroll, Bing Bong, dans les limbes de l'oubli. Chez Pixar, les changements prennent souvent la forme d’un événement extérieur. C’est ici le fait d’un déménagement. D’un changement radical de lieu de vie. Or qui dit changement dit bouleversement. Riley est Inside out. Bouleversement intime rimant ici avec redistribution des rôles, notamment de la joie et de la tristesse. Fini le temps du monopole de la joie qui prévalait durant toute l’enfance, place à la tristesse, à la colère, au dégout. Bref, à toutes ces passions négatives qui, durant l’adolescence, sont aussi nécessaires que la joie, car de leurs conjugaisons naissent la mixité, la complexité. Une complexité émotionnelle auquel correspond une complexité sentimentale telle que la nostalgie, combinaison de joie et de tristesse. Mais aussi de la colère, de la peur, du dégout. Petit détail amusant : lorsqu’on entre dans la tête des parents de Riley, on s’aperçoit que la mère est commandée par la tristesse tandis que le père est piloté par la colère. Façon élégante de dire qu’en grandissant, on perd cette capacité à être gai. Pixar, talent de moraliste. Oui, oui, il cumule les talents.

Je terminerai en revenant à nouveau vers Billy Wilder en soulignant la parenté des dernières répliques terminant Inside out et Certains l’aiment chaud. Wilder vantait, à la fin de son film, les mérites de l’acceptation d'autrui. On en est pas loin chez Pixar : estimant en avoir fini, joie s’auto-persuade que l’épreuve du changement est définitivement derrière elle. Bien qu'elle y croit, nous sommes conscient et amusée à l'idée que la vie réserve beaucoup d'autres surprises qui vont mettre à mal cette croyance. L’enfance n'est pas tout à fait terminé...
Superbe.
Nicolas Mag
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Nicolas Mag »

Vice Versa arrive à relancer une idée de depart qui aurait pu tenir dans un court metrage (comme Lava, le court metrage d'avant film qui est magnifique mais que je vois mal tenir sur 1h30). Ce rallongement passe très bien grace à un très bon scenario (comme toujours chez Pixar c'est ce qui fait leur marque de fabrique) des idées qui fourmillent (parfois etrange comme le passage dans le composteur -?-) et une émotion nostalgique (l'abandon de l'ami imaginaire :cry: ).
8/10

PS: la reussite du film est bien mieux dite par d'autres (voir au dessus :wink: )
Jericho
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Jericho »

Même si je n'ai pas totalement adhéré, ça fait du bien de redécouvrir enfin un bon Pixar...
J'y croyais moyennement, mais finalement, la représentation imagée du cerveau marche assez bien. C'est montré de manière astucieuse et inventive. Et c'est assez simple pour que les enfants comprennent de quoi il est question.
Et puis la composition musicale de Michael Giacchino est tout bonnement excellente, il s'éloigne de ce qu'il propose d'habitude tout en gardant son style.

Sinon, j'ai définitivement du mal avec l'humour Pixar, c'est vraiment très lourdingue. Dommage car niveau émotion, ils gèrent !

Ah et la scène durant le générique de fin est sympa: le passage dans la tête du chat, c'est tellement vrai ! :mrgreen:
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gnome
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par gnome »

J'en sors. Un film d'une rare intelligence qui arrive à brillamment à illustrer le fonctionnement d'un cerveau d'enfant et notamment les différentes interactions entre les émotions et leur importance. Superbe film sur le passage lent vers l'adolescence où les émotions deviennent plus complexes, plus tout à fait blanches ou noires, mais plutôt grises ou multicolores devrais-je dire. Belle illustration aussi du pourquoi un souvenir à priori heureux, peut par le prisme de la nostalgie se transformer en souvenir triste. Le film n'oublie pas d'être amusant ou émouvant en plus. Certainement film du mois.
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hansolo
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par hansolo »

gnome a écrit :Belle illustration aussi du pourquoi un souvenir à priori heureux, peut par le prisme de la nostalgie se transformer en souvenir triste.
J'avais plutôt pensé a la mélancolie en sortant du film, mais la notion de nostalgie est sans doute plus juste effectivement
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Ouf Je Respire »

Salut les kids.

Selon vous, un tel film est-il adapté à une enfant un poil hypersensible de 6,5 ans?

Merci pour votre retour! :D
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par gnome »

Peut-être pas. Mais ça ne veut pas dire qu'elle n'appréciera pas.
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Duke Red
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Re: Vice Versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen - 2015)

Message par Duke Red »

bruce randylan a écrit :J'y ai vraiment cru pendant 20-30 minutes. La poésie, l'invention, la concept brillant et intelligent, l'émotion mise en avant etc...

Puis, une fois que Joie et tristesse sont séparées de la salle de commande, j'ai trouvé ça vraiment moyen. Le script est vraiment décevant entre un scénario linéaire (et donc prévisible "oh non, l'île où on voulait aller vient de tomber, allons à la suivante"), des situations répétitives, une overdose de séquences intégrées dans le seul but de montrer l'envers des coulisses mémorielles (parfois vraiment gratuites comme le tunnel des abstractions, scènes plutôt amusantes mais qui ne sert vraiment à rien au final), le chantage affectif avec l'ami imaginaire (vous connaissez quelqu'un qui en a déjà eu au fait ? Moi personne), Et comme à chaque fois avec Pixar, le recours artificiel aux morceaux de bravoures/suspens a fini par me lasser, d'autant qu'il repose sur un argument vraiment idiot ("oh non, si elle prend le bus, elle va perdre ses émotions A JAMAIS !" :roll: )

Et de manière générale, je trouve que le scénario est en fait assez limité, réduit à ce qui arrange le déroulement de l'histoire (le choix des émotions internes me parait vraiment arbitraire). De plus la "psychologie" du personnage principal est quand même stéréotypée à mort (la nouvelle école, sa meilleure amie qui se fait une nouvelle copine, la crise avec les parents, la décision de fugue) et beaucoup trop propre et lisse dans sa jeunesse.
Bref, au bout d'un moment, j'ai vraiment abdiqué à me prendre au jeu.

Les 15-20 dernières minutes possèdent tout de même de très beaux moments qui viennent redorer le blason du film, notamment la découverte de la mélancolie ou la compassion. Mais bon, je me disais qu'il fallait 1 ou 2 séquences au voyage de Chihiro pour faire ce que Vice versa fait en 90 minutes (et avec beaucoup plus de finesse).

Par contre, je me disais que ce concept pourrait surtout donné une excellente série télé : un épisode pour expliquer aux enfants des sentiments contradictoires, à gérer des émotions complexes ou à expliquer le fonctionnement des rêves, de l'assimilation, de l'apprentissage, de la mémoire, du besoin de tester des parents etc....

Bref, un nouveau Pixar qui me laisse une nouvelle fois ma faim, avec même un sentiment de gâchis plus prononcé que d'habitude car j'avais vraiment adoré le premier quart.
Pareil que Bruce.

On retrouve le même schéma que Wall-E et Là-haut, à savoir une introduction scotchante et riche de promesses, qui seront malheureusement abandonnées pour laisser place à un récit nettement plus classique. Aucun de ces trois films n'est mauvais, très très loin de là, mais il est frustrant de constater que Pixar préférera toujours la jouer safe. Quand Joie et Tristesse se font éjecter du poste de commandes et que j'ai compris que tout le film allait se focaliser sur leur retour, j'ai ressenti la même chose que lorsque Carl rencontre le piou-piou et le chasseur dans Là-haut - le sentiment qu'on revenait sur un sentier plus balisé et attendu.

Vice-Versa se heurte à un écueil de taille : Riley n'existe pas. Pas plus que ses parents ou les autres humains. Faute de passer du temps avec eux dans le monde "réel", de leur donner une identité propre, ils apparaissent comme des coquilles vides qui seraient manipulées de l'intérieur par des petits bonshommes. On a l'impression que le libre arbitre n'existe pas dans cet univers-là. Surtout que le film s'enferme de lui-même à trop "concrétiser" ce petit monde imaginaire et à se contenter de 5 émotions (où est l'amour, ou même seulement le désir ?). C'est le même problème qui plombait Tron 2, où on avait de plus en plus de mal à faire le lien entre ce qu'on voyait (des mecs en armure fluorescente qui se battent et vont en discothèque) et ce que ça devait traduire concrètement à notre échelle. Lorsque Joie multiplie ainsi à la fin les boyfriends fantasmés, qu'est-ce que ça implique pour Riley, en vrai ? Je rejoins Bruce sur l'arbitraire du récit : le film insiste sur l'aspect très codifié et "usine" de cet inconscient, mais les règles qui régissent ce monde intérieur paraissent flottantes et les réalisateurs les manipulent pour étirer artificiellement l'histoire. Pourquoi Joie et Tristesse n'empruntent-elles pas plus tôt un des nuages pour rentrer ? Pourquoi Peur ne peut-il pas se faire éjecter comme les deux autres ? Comment Riley peut-elle oublier Bing Bong subitement, alors qu'il vient de lui apparaître en rêve ? Et si les 5 persos sont censés traduire des émotions pures, comment se fait-il que Joie puisse ressentir de la tristesse ? Ou de la peur ? Ça m'a rappelé les films de Nolan, qui aiment bien théoriser ses univers mais qui finissent toujours par se péter la gueule quand on y regarde bien.

Tout ça pour des péripéties très répétitives (on tente de rentrer par l'île 1, puis par l'île 2 etc.) et un enjeu réel - surmonter un déménagement, on a connu pire, pourquoi pas ajouter le divorce des parents ? - qui m'a laissé sur ma faim. Avec un tel pitch, je m'attendais à un récit ambitieux où on aurait suivi Riley à travers son existence (je n'ose imaginer ce que Satoshi Kon aurait tiré d'un postulat pareil) ; du coup, comme le relève Bruce, le climax dans le bus sonne comme une tentative foireuse pour créer du suspens (la meuf vire neurasthénique en l'espace de 3 jours, quand même :roll: )

Sinon, sur le plan purement technique, j'ai trouvé l'univers graphique trop sage et le character design un peu paresseux - les plus beaux plans selon moi tournent autour du gouffre noir qui menace les héros.

Je peux donner l'impression d'avoir détesté mais non :mrgreen: Ça reste sympa à regarder mais on est vraiment loin du chef-d'oeuvre annoncé partout. Faudrait quand même que les Amerloques se sortent un peu les doigts du cul quand ils écrivent leurs films d'animation - mêmes leurs réussites les plus éclatantes (et je parle pas seulement de Pixar) paraissent engoncées dans des schémas narratifs vus et revus, des messages qu'on connaît par coeur.
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
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