Andreï Zviaguintsev
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Re: Andreï Zviaguintsev
Je replace ça ici aussi car je sens que le coffret Zviaguintsev sera une source de films du mois.
Le Retour - 2003
En fait, l'hallucinante maitrise formelle de Leviathan existait déjà dès ce splendide premier long métrage qui a obtenu à juste titre le Lion d'or à Venise. Car formellement c'était déjà remarquable, presque chaque plan pouvant quasiment s'apparenter à un tableau, que ce soit dans le cadrage des paysages ou l'expressivité des visages, la beauté de la photographie et de la lumière. Quant aux mouvements de caméra, beaucoup vous resteront en tête, et ce, dès le prologue !
L'histoire est celle du retour d'un père après 12 ans d'absence, sans qu'on ne sache où il était parti ni pourquoi il est revenu et qui va emmener en WE ses deux adolescents d'environ 12 et 15 ans. Rien de plus. Épuré certes mais cependant ce n'est ni un cinéma exigeant ni austère. Grâce à sa beauté plastique sidérante, à un scénario parfaitement écrit -qui fait que la durée de chaque plan semble parfaitement harmonieuse et que la conduite du récit confine à l'évidence- et à 4 acteurs remarquables (n'oublions pas la mère qui malgré son faible temps de présence marque les esprits par sa beauté), ce premier essai se suit sans la moindre seconde d'ennui, tour à tour fascinant (par le manque de repère, le mystère qui entoure ce père dont on ne sait jamais s'il est ou non un monstre), âpre, puissant et bouleversant.
Le Retour - 2003
En fait, l'hallucinante maitrise formelle de Leviathan existait déjà dès ce splendide premier long métrage qui a obtenu à juste titre le Lion d'or à Venise. Car formellement c'était déjà remarquable, presque chaque plan pouvant quasiment s'apparenter à un tableau, que ce soit dans le cadrage des paysages ou l'expressivité des visages, la beauté de la photographie et de la lumière. Quant aux mouvements de caméra, beaucoup vous resteront en tête, et ce, dès le prologue !
L'histoire est celle du retour d'un père après 12 ans d'absence, sans qu'on ne sache où il était parti ni pourquoi il est revenu et qui va emmener en WE ses deux adolescents d'environ 12 et 15 ans. Rien de plus. Épuré certes mais cependant ce n'est ni un cinéma exigeant ni austère. Grâce à sa beauté plastique sidérante, à un scénario parfaitement écrit -qui fait que la durée de chaque plan semble parfaitement harmonieuse et que la conduite du récit confine à l'évidence- et à 4 acteurs remarquables (n'oublions pas la mère qui malgré son faible temps de présence marque les esprits par sa beauté), ce premier essai se suit sans la moindre seconde d'ennui, tour à tour fascinant (par le manque de repère, le mystère qui entoure ce père dont on ne sait jamais s'il est ou non un monstre), âpre, puissant et bouleversant.
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Re: Andreï Zviaguintsev
Je replace mon avis ici aussi
Le Bannissement (Izgnanie) - 2007
Un homme apprend que sa femme est enceinte une troisième fois mais pas de lui. Les choix qu'il va faire pour résoudre cette 'crise' vont se révéler tragiques... Le résumé est très succinct mais il n'est pas évident d'en dire plus sans déflorer certains mystères. L'écriture est d'une grande clarté malgré des ellipses stupéfiantes et une construction pour le moins déroutante avec un changement radical de point de vue dans le dernier quart du film.
Moins bouleversant que le Retour, moins sidérant que Leviathan, le deuxième film de ce surdoué du cinéma qu'est Zviaguintsev s'avère néanmoins à nouveau une grande réussite. La splendide mise en scène, virtuose et pourtant jamais ostentatoire, est au contraire en parfaite adéquation avec le fond. Certains plans et travellings sont d'une beauté à couper le souffle, le travail sur la photographie est assez étonnant et le rythme assez lent ne rend pourtant jamais le film ni ennuyeux ni trop austère d'autant que les choix musicaux hypnotisant style grégorien moderne permettent une immersion presque totale. Les comédiens sont tous parfaits et finissent de faire de ce film un drame d'une puissance écrasante.
Un peu fatigué, j'ai du louper quelques éléments qui ont peut-être aussi été expressément laissés flous. Ca n'a pas nécessairement beaucoup d'importances mais par curiosité j'aimerais quand même avoir vos explications quant à
Le Bannissement (Izgnanie) - 2007
Un homme apprend que sa femme est enceinte une troisième fois mais pas de lui. Les choix qu'il va faire pour résoudre cette 'crise' vont se révéler tragiques... Le résumé est très succinct mais il n'est pas évident d'en dire plus sans déflorer certains mystères. L'écriture est d'une grande clarté malgré des ellipses stupéfiantes et une construction pour le moins déroutante avec un changement radical de point de vue dans le dernier quart du film.
Moins bouleversant que le Retour, moins sidérant que Leviathan, le deuxième film de ce surdoué du cinéma qu'est Zviaguintsev s'avère néanmoins à nouveau une grande réussite. La splendide mise en scène, virtuose et pourtant jamais ostentatoire, est au contraire en parfaite adéquation avec le fond. Certains plans et travellings sont d'une beauté à couper le souffle, le travail sur la photographie est assez étonnant et le rythme assez lent ne rend pourtant jamais le film ni ennuyeux ni trop austère d'autant que les choix musicaux hypnotisant style grégorien moderne permettent une immersion presque totale. Les comédiens sont tous parfaits et finissent de faire de ce film un drame d'une puissance écrasante.
Un peu fatigué, j'ai du louper quelques éléments qui ont peut-être aussi été expressément laissés flous. Ca n'a pas nécessairement beaucoup d'importances mais par curiosité j'aimerais quand même avoir vos explications quant à
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- Jeremy Fox
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Re: Andreï Zviaguintsev
Le cinéaste russe est un géant
1- Leviathan : 8.5/10
2- Le Retour : 8/10
3- Elena : 7.5/10
4- Le Bannissement : 7.5/10
Je reviens sur Elena plus tard. Si on l'a comparé à Tarkovski et Bergman pour ses deux précédents, Elena m'a fait penser à Kubrick sans que jamais ces références viennent ne l'écraser.
1- Leviathan : 8.5/10
2- Le Retour : 8/10
3- Elena : 7.5/10
4- Le Bannissement : 7.5/10
Je reviens sur Elena plus tard. Si on l'a comparé à Tarkovski et Bergman pour ses deux précédents, Elena m'a fait penser à Kubrick sans que jamais ces références viennent ne l'écraser.
- Jeremy Fox
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Re: Andreï Zviaguintsev
Elena - 2011
L'intrigue est simple, l'écriture est épurée au maximum, la ligne est claire, le constat est implacable : les auteurs tracent une radiographie glaciale et glaçante de la société russe. Grâce à un sens du cadre éblouissant et une mise en scène millimétrée, Zviaguintsev nous plonge au centre d'un drame familial et criminel sans concessions sans pour autant que les personnages nous apparaissent comme des monstres. On peut parfois penser à Bergman (la séquence père-fille à l’hôpital) mais sur la forme jouant sur une parfaite symétrie et une ambiance anxiogène renforcée par le thème de Philip Glass, c'est Kubrick qui remonte à la surface sans que le film ne soit écrasé sous ces intimidantes références, sans que son film soit ennuyeux une seule seconde. Après 4 films, on reconnait la patte Zviaguintsev aussi tétanisante que puissante, aussi épurée que virtuose. Du grand cinéma avec une fois encore une photographie et des éclairages absolument sublimes à commencer par ce premier plan qui se délecte au fur et à mesure de son avancée ; jamais le petit matin n'avait été filmé avec autant de 'poésie dépressive'' que durant les 5 premières minutes de ce film. Leviathan sera encore plus fort.Elena et Vladimir forment un couple d’un certain âge. Ils sont issus de milieux sociaux différents. Vladimir est un homme riche et froid, Elena une femme modeste et docile. Ils se sont rencontrés tard dans la vie et chacun a un enfant d’un précédent mariage. Le fils d’Elena, au chômage, ne parvient pas à subvenir aux besoins de sa propre famille et demande sans cesse de l’argent à sa mère. La fille de Vladimir est une jeune femme négligente, un peu bohème, qui maintient son père à distance. Suite à un malaise cardiaque, Vladimir est hospitalisé...
- Coxwell
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Re: Andreï Zviaguintsev
A tout hasard, si cela peut servir à Jeremy ou à d'autres cinéphiles qui apprécient particulièrement le travail de Zviaguintsev : il existe un Blu-ray néerlandais du Retour proposant des STFR. Image précise, belles textures, respect du grain d'origine... L'image apparaît très peu dénaturée par des process électroniques de mauvais goût (Pas d'EE notamment). La jaquette annonce une restauration. Je n'en sais pas davantage, mais le résultat est très positif en tout cas.
Rien de tel que ce joli écrin pour (re)découvrir ce bijou du cinéma russe des années 2000.
http://www.blu-ray.com/movies/The-Retur ... ay/141725/
Rien de tel que ce joli écrin pour (re)découvrir ce bijou du cinéma russe des années 2000.
http://www.blu-ray.com/movies/The-Retur ... ay/141725/
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Re: Andreï Zviaguintsev
Coxwell a écrit :A tout hasard, si cela peut servir à Jeremy ou à d'autres cinéphiles qui apprécient particulièrement le travail de Zviaguintsev : il existe un Blu-ray néerlandais du Retour proposant des STFR. Image précise, belles textures, respect du grain d'origine... L'image apparaît très peu dénaturée par des process électroniques de mauvais goût (Pas d'EE notamment). La jaquette annonce une restauration. Je n'en sais pas davantage, mais le résultat est très positif en tout cas.
Rien de tel que ce joli écrin pour (re)découvrir ce bijou du cinéma russe des années 2000.
http://www.blu-ray.com/movies/The-Retur ... ay/141725/
Merci pour cette bonne nouvelle. J'achète !
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Re: Andreï Zviaguintsev
Ses 5 films sont annoncés en Blu-Ray chez Pyramide, en fevrier 2018 (en coffret)
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Andreï Zviaguintsev
Je ne redirai jamais assez à quel point Faute d'amour est LE film de 2017.Jack Carter a écrit :Ses 5 films sont annoncés en Blu-Ray chez Pyramide, en fevrier 2018 (en coffret)
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Re: Andreï Zviaguintsev
Un peu de patience, encore quelques jours et on pourra nous aussi établir nos classements.Demi-Lune a écrit :Je ne redirai jamais assez à quel point Faute d'amour est LE film de 2017.
- Jeremy Fox
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Re: Andreï Zviaguintsev
Thaddeus a écrit :Un peu de patience, encore quelques jours et on pourra nous aussi établir nos classements.Demi-Lune a écrit :Je ne redirai jamais assez à quel point Faute d'amour est LE film de 2017.
Oui et je n'aurais pas pu voir le Zviaguintsev avant les listes
- G.T.O
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Re: Andreï Zviaguintsev
Guère convaincu par ce Leviathan, exercice de style jouant dans le tragique au titre pompeux abritant un tout petit drame convenu, véritable usine à grandeur un peu vaine. La forme séduisante ainsi que le choix du décor plutôt original de la ville portuaire ne suffisent pas à cacher la rigidité d'une écriture basique, qui s'écroule totalement au cours d'une 2ème partie dans une mécanique de la destruction si prévisible et lisible qu'elle se rêverait archétype et biblique (Job), ôtant toute vie à des personnages déjà schématiques, tout juste bons à jouer les rouages d'une tragédie déjà écrite. Ça ronronne donc dans une signalétique du tragique, d'un souffle jamais lancé, moralisme sur les puissants inoffensif, film standardisé de festival engoncé dans un pré-discours et une esthétique compassée, moins geste ou exploration que grandeur ostentatoire in fine assez creuse. Espérons que le reste de Zviaguintsev est mieux, moins calculateur, et surtout plus libre.
- Coxwell
- Le Révolté de l'An 2000
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Re: Andreï Zviaguintsev
Je ne savais pas où en parler, mais le réalisateur se bat contre une forme grave du Covid 19 (plus de 90% de ses poumons sont infectés). Il est entre la vie et la mort.
https://www.google.fr/amp/s/meduza.io/a ... duced-coma
https://www.google.fr/amp/s/then24.com/ ... -coma/amp/
Après la mort de Piotr Mamonov un peu plus tôt cette année, la maladie frappe de plein fouet deux de mes artistes russes contemporains préférés.
Triste.
https://www.google.fr/amp/s/meduza.io/a ... duced-coma
https://www.google.fr/amp/s/then24.com/ ... -coma/amp/
Après la mort de Piotr Mamonov un peu plus tôt cette année, la maladie frappe de plein fouet deux de mes artistes russes contemporains préférés.
Triste.
- -Kaonashi-
- Tata Yuyu
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Re: Andreï Zviaguintsev
Ouch, triste en effet. Qu'il tienne bon !
- Shinji
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