Foxcatcher (Bennett Miller - 2014)

[Chapichapo]

Concernant les bonus , notamment les 3 scènes coupées, j'aurai vraiment aimé savoir le pourquoi de leur éviction du montage final, tant elles me semblent importantes. Ralentissaient elles le rythme?, versaient elles trop dans l'explicatif ou le démonstratif superflu?. C'est d'ailleurs une critique que je porte en général à la fourniture de scènes coupées constituant un bonus type. Elles sont souvent d'un intérêt limité lorsqu'elles ne sont pas accompagnées due commentaire du réalisateur.

[Jihl]

Film réalisé avec soin, mais malheureusement je n'ai pas beaucoup aimé le scénario. Les personnages m'ont paru caricaturaux (le sportif, le coach, le père de substitution), et pour tout dire j'ai du mal à voir les enjeux du film, où plutôt ils sont trop soulignés/symbolisés par des personnages sans nuance : la famille détruite par l'argent corrupteur, Du Pont comme parabole de l’isolationnisme et de la paranoïa de l'Amérique américain, l’absence de tout sexualité (ou d'une homosexualité refoulée ?).
Je n'avais pas spécialement vu venir la fin, mais je ne vois pas vraiment ce qu'elle apporte si ce n'est de justifier a posteriori l'existence du film... 3.5/10

[Rockatansky]

Tu sais que c'est une histoire vraie ?

[Jihl]

Tu sais que c'est une histoire vraie ?

Oui, j'avais bien compris, mais ça me fait toujours penser à la citation de Mankiewicz.... “The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.”
Et en l’occurrence le scénario pour moi, comme les personnage, est figé et ne va nulle part.

[batfunk]

Hasard des visionnages, je croise pour la deuxième fois en une semaine le chemin de la famille Du Pont, après l'excellent Dark Waters de Todd Haynes(2019).Tiré d'une histoire vraie, ce film est pour moi avant tout le portrait d'un homme, John du Pont, formidablement interprété par un Steve Carell totalement flippant.
Sortie de Citizen Kane à rebours , peu considéré par sa mère, qui lui préfère ses chevaux , fils à papa frustré de n'avoir rien accompli, il jette son dévolu sur un jeune lutteur émérite mais paumé, Mark Schultz(excellent Channing Tatum, en mode Rocky Balboa) et en fait le fer de lance d'une nouvelle structure sportive, appelée Foxcatcher.
Cette soif de reconnaissance de Du Pont va aboutir à des relations totalement faussées avec son équipe, que ce soit dans son désir de passer pour le coach(il est médiocre lutteur) , sous les regards gênés des lutteurs silencieux car dépendants financièrement. Ou dans sa relation avec Mark Schultz, dont Du Pont devient le mentor et le père d'adoption.
Bennett met clairement ici en avant cette capacité de l'argent à corrompre, que ce soit notre humanité(ici, une relation mère/fils et l'innocence d'un jeune homme) ou des idéaux(ici, le sport amateur, avec une fin remarquable qui fait écho au début du film.)
Cette organisation qu'est Foxcatcher et l'emprise de son mentor évoquent immanquablement une secte et celà m'a fait penser à un autre film au sujet similaire, à savoir The Master de Paul Thomas Anderson.
Mais là oû The Master est d'une froideur implacable selon moi, Foxcatcher brille par son humanité, incarné ici notamment par Dave Schultz, le frangin, immense de bienveillance et de chaleur humaine, formidablement interprété par Mark Ruffalo et miroir inversé de John Du Pont
La conclusion du film, brutale, est en total accord avec l'évolution des rapport de force dans ce trio amoureux d'un nouveau genre. Une nouvelle réussite pour Miller, après l'excellent Le Stratège.