AtCloseRange a écrit :Sa froideur clinique m'a complètement tenu à l'écart.
Une froideur hivernale, je dirais. Un peu mortifère (et pour cause) mais loin d'être désincarné ou même austère.
On n'est certes pas dans le mélodrame mais il y a une vraie douleur sourde qui émane de bout en bout du film, je trouve.
AtCloseRange a écrit :Sa froideur clinique m'a complètement tenu à l'écart.
Une froideur hivernale, je dirais. Un peu mortifère (et pour cause) mais loin d'être désincarné ou même austère.
On n'est certes pas dans le mélodrame mais il y a une vraie douleur sourde qui émane de bout en bout du film, je trouve.
Voilà, c'est exactement ça que j'ai tenté d'exprimer.
Gounou a écrit :
Une froideur hivernale, je dirais. Un peu mortifère (et pour cause) mais loin d'être désincarné ou même austère.
On n'est certes pas dans le mélodrame mais il y a une vraie douleur sourde qui émane de bout en bout du film, je trouve.
Voilà, c'est exactement ça que j'ai tenté d'exprimer.
Heureusement surtout que Mark Ruffalo est là pour apporter un peu de chaleur humaine au film qui aurait été excessivement glacial sans lui. Cet acteur longtemps transparent a atteint là un niveau d'intensité et de profondeur exceptionnel.
Le personnage de Ruffalo est effectivement superbe d'humanité mais les deux autres n'en sont pas dépourvus non plus. Ce n'est pas parce qu'ils ont de gros problèmes psychologiques (limite mégalo pour l'un, autiste pour l'autre) qu'ils n'en dégagent pas pour autant une douleur qui les rend eux aussi très attachants. Au contraire.
AtCloseRange a écrit :Une de mes grosses déceptions de l'année.
Sa froideur clinique m'a complètement tenu à l'écart.
J'ai trouvé le film triste et non froid. Ce qui est froid, c'est l'environnement qui entoure les deux personnages principaux (Tatum et Carrell), qui sont abimés au début du film. C'est un film qui décrit un monde froid, le monde qui vient après que le soleil de la notoriété s'est couché sur le destin d'un sportif. Le monde d'après, c'est aussi un monde de musée et de statues de cire (d'ailleurs, Carrell et Tatum ressemblent à des statues de cire dans le film). Le drame vient du fait que le personnage normal et chaleureux du frère, celui qui apporte la chaleur et le seul qui peut sauver les autres, est le personnage
Mon problème aussi, c'est que je ne comprends les motivations d'aucun des personnages. Je ne retire rien de ce fait divers. Je n'attends pas une morale édifiante ou qu'on me flèche ce que je dois comprendre mais la froideur du traitement va assez bien avec les personnages. Et comme le dit Shin, les acteurs sont comme momifiés par l'apparence qu'on leur force à adopter.
C'est un peu couche sur couche et tout me semble joué dès les premières scènes.
AtCloseRange a écrit :
tout me semble joué dès les premières scènes.
Tu veux dire avoir deviné ce qui allait se passer dès le départ ? Ne connaissant pas du tout le fait divers, j'ai été de surprises en surprises tout en trouvant le comportement de Carrell parfois pour le moins étrange.
AtCloseRange a écrit :Mon problème aussi, c'est que je ne comprends les motivations d'aucun des personnages. Je ne retire rien de ce fait divers. Je n'attends pas une morale édifiante ou qu'on me flèche ce que je dois comprendre mais la froideur du traitement va assez bien avec les personnages. Et comme le dit Shin, les acteurs sont comme momifiés par l'apparence qu'on leur force à adopter.
C'est un peu couche sur couche et tout me semble joué dès les premières scènes.
Quand on voit les premières scènes, on pense que cela va mal finir pour Tatum au contraire de son frère qui a l'air bien dans sa tête. Or, ce n'est pas vraiment ce qui arrive. Je ne connaissais pas le fait divers, et pendant le film j'étais loin de me douter de la chute. Quant aux motivations des personnages, elles m'ont paru claires, et reflétant la complexité des désirs et des frustrations dans la vie, le spectateur étant sollicité pour combler ce que le film ne dit pas explicitement. Quant à la momification des personnages, elle me parait cohérente avec le thème du film (voir mon rapprochement avec le musée de cire dans mon post précédent). Cette cohérence entre fond et forme est quelque chose que j'apprécie particulièrement au cinéma. Je n'en dis pas plus de craintes des spoilers. C'est un film sur la vie d'après les projecteurs, comme je l'ai écrit.
AtCloseRange a écrit :Mon problème aussi, c'est que je ne comprends les motivations d'aucun des personnages. Je ne retire rien de ce fait divers. Je n'attends pas une morale édifiante ou qu'on me flèche ce que je dois comprendre mais la froideur du traitement va assez bien avec les personnages. Et comme le dit Shin, les acteurs sont comme momifiés par l'apparence qu'on leur force à adopter.
C'est un peu couche sur couche et tout me semble joué dès les premières scènes.
Le film est assez mystérieux, je te le concède. On n'en fait pas le tour si facilement et les personnages restent, malgré tout, irréductibles à leurs apparences. C'est un des paradoxes fascinants du cinéma de Miller et un élément déjà présent dans Capote, où la métamorphose d'Hoffman en Truman entrainait la même opacité.
Après sur le versant déjà joué, là encore : c'est une caractéristique de son cinéma. On a beau deviner la tournure tragique et l'issue funeste du film, les événements semblent déjà, en un sens, et ce malgré la chronologie, accompli. D'où le paradoxe de voir un film qui ne joue pas sur une dramatisation présente mais plutôt sur celle d'un futur déjà écrit.
Dernière modification par G.T.O le 29 sept. 15, 15:00, modifié 1 fois.
Strum a écrit :
Quand on voit les premières scènes, on pense que cela va mal finir pour Tatum au contraire de son frère qui a l'air bien dans sa tête. Or, ce n'est pas vraiment ce qui arrive. Je ne connaissais pas le fait divers, et pendant le film j'étais loin de me douter de la chute. Quant aux motivations des personnages, elles m'ont paru claires, et reflétant la complexité des désirs et des frustrations dans la vie, le spectateur étant sollicité pour combler ce que le film ne dit pas explicitement.Quant à la momification des personnages, elle me parait cohérente avec le thème du film (voir mon rapprochement avec le musée de cire dans mon post précédent). Cette cohérence entre fond et forme est quelque chose que j'apprécie particulièrement au cinéma. Je n'en dis pas plus de craintes des spoilers. C'est un film sur la vie d'après les projecteurs, comme je l'ai écrit.
Ce monde froid, en déclin, ce rapprochement au musée et ses pantins, c'est un aspect qui, je pense, a du te plaire en tant que viscontien ? Je me trompe ?
G.T.O a écrit :Ce monde froid, en déclin, ce rapprochement au musée et ses pantins, c'est un aspect qui, je pense, a du te plaire en tant que viscontien ? Je me trompe ?
Je ne sais pas si je suis "viscontien" (c'est surtout Le Guépard que j'aime), et je n'avais pas fait le rapprochement que tu fais avec Foxcatcher d'ailleurs, mais manifestement les films sur le temps qui passe et sur l'ombre que le passé fait parfois peser sur le présent m'intéressent en effet. D'ailleurs, il y a une très belle scène dans Le Guépard où tous les personnages sont alignés, assis et immobiles, dans une église et la caméra les filme dans un long travelling latéral comme s'ils étaient en cire, déjà statufiés et prêts à être remisés dans le musée de l'Histoire.
Dernière modification par Strum le 29 sept. 15, 15:27, modifié 1 fois.
Quand je dis joué, je veux dire que ça clignote "attention tragédie" tout du long.
Pour prendre un autre film qui raconte un fait divers tragique, Star 80. Il y a une évolution: une histoire d'amour, le plaisir de la réussite et puis la mécanique s'enraye.
Ici, on peut dire que malgré les victoires, elle est enrayée d'entrée.
AtCloseRange a écrit :Quand je dis joué, je veux dire que ça clignote "attention tragédie" tout du long.
Pour prendre un autre film qui raconte un fait divers tragique, Star 80. Il y a une évolution: une histoire d'amour, le plaisir de la réussite et puis la mécanique s'enraye.
Ici, on peut dire que malgré les victoires, elle est enrayée d'entrée.
Certes mais pourquoi pas ?
C'est ce que disait Strum d'ailleurs
Autre caractéristique : c'est un film qui commence là où beaucoup de films hollywoodiens s'arrêtent.
AtCloseRange a écrit :Quand je dis joué, je veux dire que ça clignote "attention tragédie" tout du long.
Pour prendre un autre film qui raconte un fait divers tragique, Star 80. Il y a une évolution: une histoire d'amour, le plaisir de la réussite et puis la mécanique s'enraye.
Ici, on peut dire que malgré les victoires, erlle est enrayée d'entrée.
Certes mais pourquoi pas ?
C'est ce que disait Strum d'ailleurs
Autre caractéristique : c'est un film qui commence là où beaucoup de films hollywoodiens s'arrêtent.
Toute proportion gardée, la démarche du film rappelle celle de Barry Lyndon où le narrateur possède une longueur d'avance sur les événements racontés. La fait de connaitre ou d'anticiper l'issue tragique pour être plus exact, affecte le suspense en le modifiant. Le comment importe plus que le pourquoi. En un sens et comme le dis très bien Strum, Foxcatcher procède à l'identique : le film est raconté depuis le point de vue du déclin, de la fin. De l'après succès. Le prologue est d'ailleurs très clair là-dessus.
Je comprends ce que ressent ATC, même si j'ai bien aimé le film, il reste assez clinique, ne laissant que peu transparaître de l'émotion, pour au final nous laisser assez extérieur à ces destins tragiques. J'avais oublié que c'était Steve Carell qui faisait Du Pont et me suis demandé tout le film qui était ce comédien que je ne connaissais pas, même si à un moment je me suis dit que ça devait être qqun de grimé
On sent dès le début la fin tragique arrivé, mais le chemin pour y parvenir reste plaisant.
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky