Isabelle Adjani

[Demi-Lune]

Bon, il est quand même hautement improbable qu'Isabelle Adjani obtienne gain de cause aux Césars pour Carole Matthieu. Ça me fait énormément de mal de le dire, moi qui suis un admirateur éperdu, mais son interprétation de cette médecin du travail s'avère plus inexpressive qu'accablée, et n'augure rien de bon pour la suite de sa carrière, qui semble malheureusement n'évoluer que par retours en grâce. Je lui souhaite de tout cœur que ce projet médiatisé lui permettre de remettre les pieds durablement au cinéma, mais le visage figé qu'elle montre dans Carole Matthieu n'offre plus les nuances des registres intérieurs qu'elle maîtrisait sans nulle autre pareille. Peut-être a-t-elle un meilleur créneau à exploiter sur des registres plus exubérants... toujours est-il que cette immense comédienne n'a plus retrouvé, depuis La reine Margot, d'écrin à sa mesure, et que je finis par craindre qu'elle soit définitivement hors du circuit. Quel dommage de ne revenir sur le devant de la scène que par des téléfilms aux sujets certes engagés, mais qui s'effondrent rapidement à cause de leur facture. Quelques scènes émouvantes lorsque la pression du monde du travail fait craquer l'élément humain, pour beaucoup d'errements et de clichés embarrassants.
Enfin, il y aurait peut-être quelque chose à creuser (comme pour le nombre de morts d'Alain Delon au cinéma) dans cette récurrence de l'autodestruction chez Isabelle.

[Supfiction]

Bien d'accord sur le ratage de ce retour. Outre son physique auquel il faudra bien s'y faire, le film est raté et la mise en scène insupportable avec ses effets de style divers et ses métaphores. Adjani semble porter toute la misère du monde et n'a pas grand chose à jouer au final. C'est pas avec ça qu'elle va avoir une nomination aux Cesars..

[Amarcord]

L'impériale Huppert peut dormir tranquille : c'est pas avec ce pensum qu'Adjani (que j'ai jadis tant aimée aussi !) viendra lui faire de l'ombre...
Mon dieu, le cafard qu'il file, ce film ! Aucune empathie possible pour ces personnages totalement désincarnés (quand ils ne sont pas simplement caricaturaux), pas mal de chichis (voire de prétention) dans la mise en scène, une interprétation plus que moyenne (et qui vire au gênant dans le cas d'Adjani : on souffre pour elle, à la voir chouiner en permanence, entre deux écarquillements d'yeux, comme si, désormais, son jeu était inexorablement voué à n'osciller qu'entre ébahissement et sidération... et puis franchement : qui voudrait confier sa santé -- qui plus est "fragile" -- à un docteur pareil, sérieux ???)... Non, vraiment : il y avait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi déprimant... Quelle tristesse d'assister quasi en direct à ce naufrage de l'ex-reine Adjani.

[Amarcord]

Cruauté d'Arte qui, en l'espace de 3 jours, nous fait mesurer la chute de la reine Adjani : après le navrant Carole Matthieu, voici, en ce moment même, Possession, avec une Adjani monstrueusement géniale, réellement sidérante de folie sans filet. Quelle actrice grandiose elle fut, tout de même.

[Supfiction]

Actrice exceptionnelle mais film insupportable pour ma part.

Tiens, y a aussi "Lucas Steiner" qui joue dedans.

[Amarcord]

Je comprends l'irritation que peut provoquer le cinéma hystérique de Zulawski. Moi-même je n'en suis pas plus fan que ça, exception faite de ce Possession à l'atmosphère pesante délicieusement étouffante (et, dans un autre genre, de La Fidélité, et d'un ou deux autres)... Et force est de constater que la prestation que livre, ici, Adjani, est proprement hallucinante (indépendamment du film, juste contempler son travail d'actrice est un régal).

[Commissaire Juve]

... film insupportable pour ma part...

Tu m'étonnes.

Le very very very bad trip !

[Supfiction]

Une couverture de Match et une émission de radio cette semaine :

https://www.franceinter.fr/emissions/bo ... embre-2016

A ne pas rater dans l'interview le (court) passage savoureux durant lequel Trappenard essaye vainement de faire parler Adjani de la course aux Oscars d'Isabelle Huppert!

[Supfiction]

Interview dans Grazia :
"Je vais tourner le prochain film de Romain Gavras. On commence à la fin du mois de mai. Avec Vincent Cassel, Karim Leklou et Oulaya Amamra, César du meilleur espoir féminin pour Divines… Un projet assez déjanté, barré. Et au théâtre, des choses très bien se profilent, dont un futur projet, sans erreur. Mais comment je parle, tout à coup ? On croirait entendre Donald Trump ! Disons avec l’un des metteurs en scène que j’admire le plus au monde."

[1kult]

Interview dans Grazia :
"Je vais tourner le prochain film de Romain Gavras. On commence à la fin du mois de mai. Avec Vincent Cassel, Karim Leklou et Oulaya Amamra, César du meilleur espoir féminin pour Divines… Un projet assez déjanté, barré. Et au théâtre, des choses très bien se profilent, dont un futur projet, sans erreur. Mais comment je parle, tout à coup ? On croirait entendre Donald Trump ! Disons avec l’un des metteurs en scène que j’admire le plus au monde."

Et si...

https://twitter.com/Philippe_Clair_/sta ... 1919083520

[Supfiction]

Encore une fois Adjani vise juste :
http://next.liberation.fr/cinema/2017/1 ... ur_1610887

Sans le sadisme de Clouzot, aurait-on reconnu à Bardot un talent d’actrice ?

On retrouve cette injonction à entretenir la séduction dans les biographies d’actrices qu’on aime le plus au monde, de Marlene Dietrich à Isabella Rossellini, en passant par Louise Brooks. Ça fait partie de la mythologie du cinéma, à laquelle je suis évidemment très sensible. Mais sur ce fond-là, on va persuader la comédienne, pleine de gratitude, de ne pas dissiper l’ambiguïté.

Quiconque a eu un rôle dans un film important aux Etats Unis a croisé Weinstein. Je l’ai rencontré en 1989, lors de la campagne pour les oscars de Camille Claudel de Bruno Nuytten, j’étais nominée dans la catégorie «meilleure actrice», mais la distribution américaine était assurée par Sony Classic, pas par Miramax. Weinstein m’avait simplement dit : «Tu n’auras rien car ce n’est pas moi qui ai acheté le film. Si tu m’écoutes dans l’avenir, je t’aurai un oscar.» Son besoin de dominer s’exprimait constamment.

Que vous inspirent les manifestations contre la rétrospective de Polanski à la Cinémathèque ?

Léa Forestier : C’est confondre l’œuvre et la personne, et dénier aussi bien à l’accusé qu’à sa victime le droit à l’oubli pour une affaire qui date de quarante ans. J’adore l’œuvre de Céline mais l’homme me donne la nausée.

Isabelle Adjani : Je rejoins la démarche collective féministe, qui attend une reconnaissance du préjudice. Mais ces violences subies peuvent amener les victimes à être différentes dans leur façon de vivre «avec». Depuis des dizaines d’années, Samantha Geimer a expressément exigé l’arrêt des procédures aux Etats-Unis et répété que l’obsession d’un juge corrompu et la médiatisation du procès ont détruit sa vie. Cela a-t-il un sens de manifester contre cette rétrospective si ça ne procure aucune réparation, y compris symbolique, à la victime ? Cela ressemble à une double peine… Le droit à l’oubli doit exister pour l’accusé s’il a reconnu son délit et purgé sa peine (on oublie systématiquement de dire que Roman Polanski a fait de la prison aux Etats-Unis et en Suisse), parce que la victime, elle, même si elle pardonne, n’oublie pas.

[Demi-Lune]

Ces passages-là sont éclairants aussi et pas que dans le cadre du déballage ambiant. Adjani a eu une réputation d'actrice difficile (qui a sans doute nui à sa carrière) et cette notion apparaît bien moins simple à appréhender à la lumière de ces rapports de force de prédation. "Combien de fois les actrices qui ont été catégoriques sont estampillées difficiles, voire ingérables ?"

J’ai commencé très jeune à mal supporter cette injonction à séduire qui me plaçait en porte-à-faux et je me souviens de l’empressement d’un cinéaste, que par ailleurs j’admirais. Ce qui m’a aidée à ne pas succomber au charme de cet homme, qui incarnait tout de même ma fascination pour le cinéma, fut de savoir que d’autres comédiennes avaient fait une dépression après avoir été congédiées à la fin du tournage. En somme, elles n’avaient pas anticipé qu’elles ne seraient son fantasme que le temps d’un film, utile pour le grand œuvre, sans existence au-delà. Certes, il n’y a pas de harcèlement apparent, juste la manipulation classique d’un pur séducteur. Et pourtant, dans pareille situation, où une jeune actrice n’est pas libre d’opposer un refus frontal, le malaise existe car elle ne peut plus être elle-même. Une actrice au travail est à psyché ouverte, elle a besoin d’être préservée contre tous les petits crimes dont on dit que «ce n’est pas un crime».
[...]
La relation qu’on a à l’abus est étroitement liée à notre éducation, au droit qu’on nous donne ou pas, enfant, d’exister. Des tas de moments de gênes et d’intrusion se sont accumulés, qui ont fait écho aux interdits de se défendre pour une fille, selon les préceptes de mon père. Il m’est arrivé de refuser des projets qui m’intéressaient à cause de gestes qui m’ont pétrifiée, alors qu’ils peuvent être bénins pour d’autres. J’ai encore en mémoire un déjeuner où un metteur en scène russe a attrapé ma main en la serrant si fort que je ne pouvais plus la retirer. Il a mis mon index dans sa bouche, en se mettant à le sucer, longuement. Je lui ai écrit un mot longtemps après : «Andreï [Kontchalovski], je voulais vous dire que si je n’ai pas fait la Mouette avec vous, c’était à cause de ce déjeuner et parce que vous avez mis mon doigt dans votre bouche.» Lui écrire noir sur blanc était nécessaire pour me faire justice. Oui, j’ai pu refuser de tourner avec des cinéastes hors pair parce que j’avais peur d’eux. Un producteur, qui à l’époque rayonnait, se comportait avec moi en dominateur machiste sur un film qu’il produisait. Il fallait fuir ses avances. Je lui ai refusé l’entrée d’une fête que j’organisais. Il m’a dit : «Ma petite, tu le payeras.» Et effectivement… Hervé Guibert avait écrit un scénario autour de cette histoire*. Autre exemple : un cinéaste claquait des poppers sous mon nez après avoir dit moteur. Je ne pouvais pas ne pas respirer. C’était de l’ingestion de drogue contre mon gré, je sentais mon rythme cardiaque s’accélérer.

Dans toute autre profession, il est possible de porter plainte contre quelqu’un qui vous drogue. Que s’est-il passé ?

J’étais prise dans le tournage, je n’avais pas mon mot à dire. Il n’y a pas de recours dans des situations pareilles. Au théâtre, j’étais jeune, je me suis retrouvée face à un grand comédien devenu plus qu’harcelant pour tenir son rôle d’homme désiré et dont les agissements ont fini par me rendre malade pour de bon. Les représentations ont dû être arrêtées et je n’ai pas pu raconter pourquoi. J’ai laissé les rumeurs faire leurs basses besognes. Une actrice qui renonce et s’écroule, il n’y a rien de pire pour sa vie professionnelle.

* A mettre en relation avec cet extrait d'interview que je citais déjà en première page du topic :

Spoiler (cliquez pour afficher)

• « Il faut dire qu'à l'époque, le producteur Daniel Toscan du Plantier dirigeait la Gaumont et il voulait faire de sa maîtresse, Isabelle Huppert, la titulaire de tous les projets du cinéma français. Hervé [Guibert] assistait à mon incrédulité devant cette situation. Alors il a écrit sans me le dire un scénario sur une actrice, inspirée par moi, qui se trouvait blacklistée par des gens de pouvoir. Son projet décrivait aussi ma relation avec Bruno [Nuytten]. C'était l'histoire d'une carrière contrariée doublée d'un amour, qu'il avait à la fois romantisée et brutalisée. Le scénario s'est d'abord appelé "Gemina", puis "La liste noire". »

(Isabelle Adjani dans un article-hommage à Hervé Guibert paru dans Les Inrockuptibles en 2009)

[Commissaire Juve]

Très intéressant.

Au théâtre, j’étais jeune, je me suis retrouvée face à un grand comédien devenu plus qu’harcelant pour tenir son rôle d’homme désiré et dont les agissements ont fini par me rendre malade pour de bon...

Mm... j'essaie de deviner. Je crois avoir trouvé un "client".

[Major Tom]

Au théâtre, j’étais jeune, je me suis retrouvée face à un grand comédien devenu plus qu’harcelant pour tenir son rôle d’homme désiré et dont les agissements ont fini par me rendre malade pour de bon...

Mm... j'essaie de deviner. Je crois avoir trouvé un "client".

Cherche pas, c'est Niels Arestrup. Ma coiffeuse est formelle.

[Commissaire Juve]

Ah oué ? Mais là, on donnait plutôt dans l'amour "vache" alors !

Perso, j'avais pensé à un certain R*** H***.