Isabelle Adjani

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Isabelle Adjani

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Isabelle Adjani

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Je répare une injustice, en 2014 toujours pas de topic sur la belle Isabelle.
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  • 1970 : Le Petit Bougnat de Bernard Toublanc-Michel - Rose
    1972 : Faustine et le Bel Été de Nina Companéez - Camille
    1974 : Espace zéro de Pierre-Jean de San Bartholomé - film inédit -
    1974 : La Gifle de Claude Pinoteau - Isabelle Doulean
    1975 : L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut - Adèle Hugo
    1976 : Barocco d’André Téchiné - Laure
    1976 : Le Locataire de Roman Polanski - Stella
    1977 : Violette et François de Jacques Rouffio - Violette Clot
    1978 : Driver de Walter Hill - La joueuse
    1979 : Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog - Lucy Harker
    1979 : Les Sœurs Brontë d’André Téchiné - Emily Brontë
    1981 : Clara et les Chics Types de Jacques Monnet - Clara
    1981 : Quartet de James Ivory - Marya Zelli
    1981 : Possession d’Andrzej Zulawski - Anna / Helen
    1981 : L'Année prochaine... si tout va bien de Jean-Loup Hubert - Isabelle Maréchal
    1982 : Tout feu, tout flamme de Jean-Paul Rappeneau - Pauline Valance
    1982 : Antonieta de Carlos Saura - Antonieta Rivas Mercado
    1982 : apparition non créditée dans Les Frénétiques (The Last Horror Film) de David Winters - elle-même
    1983 : Mortelle Randonnée de Claude Miller - Catherine Leiris / Lucie Brentano, « Marie »
    1983 : L'Été meurtrier de Jean Becker - Eliane Wieck
    1985 : Subway de Luc Besson - Helena
    1986 : T'as de beaux escaliers, tu sais d’Agnès Varda - court métrage
    1987 : Ishtar d’Elaine May - Shirra Assel
    1988 : Camille Claudel de Bruno Nuytten - Camille Claudel
    1989 : L'Après-Octobre de Merzak Allouache - documentaire
    1990 : Lung Ta : les Cavaliers du vent de Marie-Jaoul de Poncheville - narratrice
    1993 : Toxic Affair de Philomène Esposito - Pénélope
    1994 : La Reine Margot de Patrice Chéreau - Marguerite de Valois dite Margot
    1996 : Diabolique de Jeremiah S. Chechik - Mia Baran
    1998 : Paparazzi d’Alain Berbérian - dans son propre rôle
    2002 : La Repentie de Laetitia Masson - Charlotte
    2002 : Adolphe de Benoît Jacquot - Ellénore
    2003 : Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau - Viviane Denvers
    2003 : Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran de François Dupeyron - La star
    2009 : La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld - Sonia Bergerac
    2010 : Mammuth de Benoît Delépine et Gustave de Kervern - L'amour perdu
    2010 : Guibert cinéma d'Anthony Doncque - Narration - documentaire
    2010 : Raiponce de Nathan Greno et Byron Howard - voix française de Mère Gothel
    2011 : De force de Frank Henry - Clara Damico
    2012 : David et Madame Hansen d'Alexandre Astier - Madame Hansen Bergmann
    2013 : Ishkq in Paris de Prem Soni - La mère de l'héroïne
    2014 : Sous les jupes des filles d'Audrey Dana - Lili
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Je reprends pour l'occasion l'interview qui vient de paraitre dans Télérama :

Elle s'est fait prier pour témoigner mais, à l'évidence, il ne s'agit pas seulement de sa légendaire tendance à l'esquive. Lorsqu'elle raconte, cet automne, sa rencontre avec François Truffaut et le tournage de L'Histoire d'Adèle H., Isabelle Adjani semble parfois au bord des larmes. Moins par nostalgie qu'en raison d'un constat troublant : ce film et ce cinéaste lisaient dans son avenir d'actrice, dans son avenir tout court. Truffaut a posé devant elle « toutes les cartes », lui a jeté comme « un sort ». Elle n'a rien vu alors, bien sûr : elle avait 19 ans quand on l'a embarquée pour ce chef-d'œuvre ténébreux.

C'était en 1974, le cinéaste sortait du succès international de La Nuit américaine. Parmi plusieurs projets, il choisit de tourner l'adaptation d'un fragment du Journal d'Adèle Hugo. Ou comment la deuxième fille du grand écrivain s'est laissé submerger, en 1863, par une passion amoureuse, non réciproque, pour un officier anglais. Comment elle s'est retrouvée, sous un faux nom, à Halifax, en Nouvelle-Ecosse, afin de rester près de lui, qui la repoussait toujours plus. Comment elle a échoué aux Antilles, pour le suivre encore, et y a perdu la raison – elle passa ensuite près de trente ans à l'asile.
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Désir impérieux

François Truffaut découvre Isabelle Adjani dans une captation télé de L'Ecole des femmes, qu'elle vient de jouer à la Comédie-Française. Aussitôt, il décide de rajeunir le per­son­nage d'Adèle, qui avait la trentaine au moment des faits relatés. Fidèle à son habitude, il commence par envoyer une lettre à la jeune comédienne. Lui témoigne de son « désir impérieux » de fixer son visage sur pellicule « tout de suite, tou­tes affaires cessantes ». Lui écrit sa conviction qu'elle devrait être filmée « tous les jours, même le dimanche ». Et se présente à la première de La Gifle, sur les Champs-Elysées, en 1974.

« Il m'a dit que j'étais la première à l'avoir fait pleurer sur un écran de télé… Je trouvais sa ferveur exagérée. J'ai essayé, un temps, de le convaincre que je n'étais pas la bonne actrice pour le rôle. Je suis très forte pour ça ! Je lui soufflais même des noms, comme Glenda Jackson. Il me regardait, abasourdi. Pour lui, c'était sans appel. » Filmer au plus vite ce visage d'adolescente encore auréolé d'enfance, tourner de suite ce film conçu comme « un morceau de musique pour un seul instrument »… Dans son impatience, Truffaut missionne son avocat pour soustraire Isabelle Adjani à ses engagements à la Comédie-Française, au grand dam de l'administrateur, Pierre Dux. Une rupture définitive : « C'était le contraire d'aujourd'hui, où tous les aménagements sont possibles pour permettre aux acteurs du Français de devenir des stars de cinéma. »
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A partir du 3 janvier 1975, l'équipe de tournage s'installe pour deux mois (c'est beaucoup, car le film doit être joué en français et en anglais) sur l'île de Guernesey, dans un isolement propice à des liens intenses, tumultueux. Suzanne Schiffman, fidèle collaboratrice du réalisateur, raconte à la jeune actrice la liaison fiévreuse de Truffaut avec l'une de ses interprètes pendant le tournage, également coupé du monde, des Deux Anglaises et le Continent, quelques années auparavant. Et s'empresse d'attribuer à Isabelle Adjani la chambre d'hôtel voisine de celle du ciné­aste. « Il y avait là quelque chose d'inavoué et d'inavouable… Moi, j'étais une jeune fille frondeuse, mais pas délurée. » Il glisse souvent des mots sous sa porte. La réponse, même tacite, reste négative. « A mon retour, ma mère a fouillé dans mon sac et elle a trouvé ces lettres, dont elle a jeté les trois quarts car, pour elle, ça ne se faisait pas ! »

Une héroïne du muet

L'Histoire d'Adèle H. est le film de toutes les passions impossibles. Celle de l'héroïne pour son officier anglais. Celle du metteur en scène pour son actrice, qu'il parvient à sublimer en devenant pygmalion, professeur, mentor. Isabelle Adjani est la première destinataire du ciné-club que Truffaut improvise à l'hôtel, pour les soirées ou les week-ends, faisant livrer sur l'île les copies de La Splendeur des Amberson, d'Orson Welles, ou de ses Hitchcock préférés : « Ces auteurs étaient comme sa propriété privée. » La leçon de cinéphilie continue pendant les prises : sur telle scène, il demande – et apprend – à la jeune comédienne des battements de cils à la Bette Davis. Le plus souvent, il la veut en héroïne du muet, héritière de Lillian Gish dans Le Vent, de Victor Sjöström. Un an plus tard, comme dans un rêve, Adjani recevra, à New York, des mains de Lillian Gish, un des quatre prix du Film Critics Circle décernés au film : « Il en tira une fierté infinie. »

Truffaut apprend aussi le relatif à une Adjani en quête d'absolu. Venue du théâtre, éprise de Racine, elle se désespère chaque jour du peu qu'on lui demande. « Je ne voulais pas que ce soit facile, je voulais donner davantage, donner tout, me consumer, comme Adèle, pour justifier la confiance qu'on me faisait. J'ignorais qu'avec un grand cinéaste le travail est parfois simple, indolore, agréable. Il me l'apprit. » Un de leurs échanges sur ce thème est resté dans les écrits de François Truffaut. Lui, pour l'aider : « Notre vie est un mur, et chaque film est une brique. » Elle, concentrée sur l'obstacle : « Pour moi, chaque film est le mur. »
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Même s'il fait tout pour la rassurer, Truffaut est lui-même en proie au doute et à la mélancolie. « Il m'est arrivé de frapper à sa porte et de le trouver prostré, dans une angoisse indescriptible, se demandant pourquoi il faisait ce film. Contre ses migraines, il avalait de l'aspirine avec du champagne, comme Marlene Dietrich, disait-il. » L'obsession amoureuse d'Adèle renvoie le cinéaste aux impasses de son désir, mais surtout à une passion dévastatrice qu'il a vécue quelques années auparavant, et qui l'a conduit au bord du suicide. Certaines scènes, certains détails du film en sont directement inspirés, comme ces petits papiers qu'Adèle Hugo glisse à son insu dans les poches de l'officier anglais. Six ans plus tard, un autre film capital de Truffaut reprendra les termes de cette équation insoluble, La Femme d'à côté.
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Une prémonition

Pour Isabelle Adjani, le poison est plus lent. « Je n'avais rien vécu à l'époque de ce tournage, je vivais toujours chez mes parents. Paradoxalement, j'ai commencé à souffrir à la place d'Adèle, ou plutôt comme elle, quelques saisons après le film. Aujourd'hui, je le vois comme une prémonition, un avertissement. Il m'indiquait ce qui serait mon tropisme fatal, ma vocation malheureuse. » A l'écran, au bout de vingt minutes, il y a cette scène, brève et intense, où Adèle croit reconnaître le lieutenant qui l'obsède, et se retrouve, interdite, face à un militaire joué par… François Truffaut.

C'est lui qui se détourne, s'éloigne. L'image invite à bien des lectures, au-delà du récit : elle dit le malentendu, la méprise, l'aveuglement d'une fille, le renoncement d'un homme… « Sur ce tournage, lui et moi nous raccrochions à la solidité du scénario, mais il y avait, malgré nous, quelque chose de sans fond. Ses abîmes à lui, qu'il ne connaissait que trop. Et les miens, que j'ignorais encore, qu'il avait pressentis et qu'il me révélait dans un geste de cinéma sublime, un magnifique cadeau de consolation. »
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Commissaire Juve
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Re: Isabelle Adjani

Message par Commissaire Juve »

Petit coup de pouce pour ton beau topic qui commence à sombrer...

Pour ce qui me concerne, quand je pense à Isabelle Adjani, je pense à mon enfance et à mon adolescence ; elle fait partie du décor. Je pense que la génération suivante a dû se contenter de Sophie Marceau. :mrgreen:

Dans sa filmo, je retiens surtout :
1974 : La Gifle de Claude Pinoteau
1977 : Violette et François de Jacques Rouffio
1978 : Driver de Walter Hill
1981 : Clara et les Chics Types de Jacques Monnet
1981 : L'Année prochaine... si tout va bien de Jean-Loup Hubert
1988 : Camille Claudel de Bruno Nuytten
1994 : La Reine Margot de Patrice Chéreau
2003 : Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau
J'ai vu "L'Été meurtrier", comme tout le monde, mais... mouaif ! Je le perçois surtout comme un "coup" (attention, Isabelle enlève le haut, Isabelle enlève le bas !).

Si je devais faire un top 3, je dirais : Camille Claudel... La Gifle... Clara et les chics types (même si on la voit davantage dans "L'année prochaine... si tout va bien" que j'aime beaucoup).

Son rôle dans "Driver" est anecdotique, mais le film est sympa. Enfin, pour moi, tout s'arrête à "Bon voyage" (film injustement boudé par le public).

J'ai vu aussi les films suivants...
1975 : L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut
1982 : Tout feu, tout flamme de Jean-Paul Rappeneau
1982 : Antonieta de Carlos Saura
1983 : Mortelle Randonnée de Claude Miller
1985 : Subway de Luc Besson
1993 : Toxic Affair de Philomène Esposito
... mais -- en dehors de "Toxic Affair"... que j'ai trouvé vain, sidérant par moments -- j'en garde peu ou pas de souvenirs.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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odelay
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Re: Isabelle Adjani

Message par odelay »

J'ai revu "La Gifle" il y a peu et comme à chaque fois je suis étonné et totalement sous le charme par la modernité de son interprétation. Faut dire qu'elle est aidée par les dialogues de Dabadie.

Sinon pour moi, le sommet d'Adjani est sans aucun doute "L'Histoire d'Adèle H". Là, c'est la maturité de son interprétation que je trouve époustouflant. Je pourrais voir le film (que j'adore) encore et encore rien que pour elle. Viennent ensuite deux autres rôles en costume : "La Reine Margot" et "Camille Claudel", des projets qu'elle a portés avec leurs metteurs en scène respectifs et qu'elle n'a pas du tout loupé. "Bon Voyage" est aussi un excellent souvenir même si elle en faisait des tonnes. Mais ça lui allait bien. D'ailleurs Rappeneau l'avait aussi bien déridée dans "Tout feu, tout flamme".
Par contre je n'ai jamais été très fan de son interprétation dans "l'été meurtrier". J'ai toujours trouvé qu'elle était un peu trop âgée pour le personnage. Peut-être que ça aurait mieux passé si le film avait été fait comme prévu à la fin des années 70 avant qu'elle ne le refuse et que le projet soit mis en sommeil pendant 4 ans (et relancé avec Kapriski, qui elle avait l'âge parfait faute d'avoir le même talent).
Et puis il y a "Possession". Là, les mots sont difficiles à trouver pour parler de son interprétation hallucinante. En tout cas, tout ceux qui ont vu ce film ont été marqués par Adjani!
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Demi-Lune
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Re: Isabelle Adjani

Message par Demi-Lune »

odelay a écrit :Et puis il y a "Possession". Là, les mots sont difficiles à trouver pour parler de son interprétation hallucinante. En tout cas, tout ceux qui ont vu ce film ont été marqués par Adjani!
C'est l'une des performances d'actrice les plus dingues qui m'aient été données de voir. D'ailleurs j'ai beau chercher, je n'ai pas vraiment d'exemple encore plus fort qui me vienne. Je ne sais pas comment Zulawski l'a dirigée concrètement (elle dit qu'il l'insultait et parle de l'expérience du film comme d'un cauchemar, ce qu'il est de toute façon dans l'intention), mais parvenir à un tel niveau de folie et d'abandon de soi, c'est vraiment glaçant. Sa scène de transe dans le métro, putain.

Bon sinon, le peu de participation sur ce topic fait vraiment de la peine mais quelque part, ça ne m'étonne pas.

Isabelle Adjani pour moi c'est simple, c'est la plus grande actrice française de son époque (mettons les années 70-80). Tu m'étonnes que Truffaut soit devenu obsédé. Ce n'est pas que la vivacité de son esprit lorsqu'on l'écoute, sa beauté fascinante de jeunesse de femme fatale brune, ses traits parfaits et mystérieux, son regard azur dans lequel la caméra de Besson plongeait... c'est l'espèce d'aura immédiate qui émane d'elle lorsqu'elle apparaît sur l'écran. Quand elle apparaît dans Adèle H, elle n'a que 19 ans, mais on sait de suite de quelle étoffe elle est faite, sa maturité de jeu est hallucinante. La mâchoire se décroche. Elle est magnétique, cette femme. Sa façon de se tenir dans ses films, de se mouvoir, de moduler sa voix si particulière, ça en laisse peut-être certains froids mais moi, ça me subjugue. Elle évoque quelque chose de romantique au sens de l'état d'âme, avec cette espèce de mélancolie secrète qu'elle aura su si bien exploiter dans ses meilleurs rôles, en s'abandonnant à la passion jusqu'à l'aliénation. Et quand Adjani joue la malade, le malaise est toujours là.
Finalement assez peu de chefs-d’œuvre par rapport à son talent (Le locataire, Nosferatu fantôme de la nuit, Possession, La reine Margot en ce qui me concerne) mais un mélange peu commun d'insaisissabilité et d'expressivité intense qui en font pour moi une actrice proche de ce qu'on peut qualifier du mythe, au sens où elle reste une énigme, irréelle, même lorsqu'elle se confie sur elle-même.
Elle a eu le monde du Cinéma à ses pieds, Bunuel la voulait pour Cet obscur objet du désir, Pialat pour Loulou, Hollywood lui déroulait le tapis rouge... quelle tristesse.
J'ai l'impression qu'elle paye quelque chose aujourd'hui, sa surexposition dans les années 80 dont elle était devenue quasiment l'un des visages, ses choix de carrière après sa traversée du désert, le fait qu'on ne parvienne pas à la ranger dans une case bien précise, qu'elle paraisse constamment dans une autre dimension contrairement à une rivale peut-être plus terre-à-terre et accessible comme Isabelle Huppert.
A propos, saviez-vous que Marlon Brando l'avait demandée en mariage ?
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Demi-Lune
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Re: Isabelle Adjani

Message par Demi-Lune »

odelay a écrit :Par contre je n'ai jamais été très fan de son interprétation dans "l'été meurtrier". J'ai toujours trouvé qu'elle était un peu trop âgée pour le personnage.
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:mrgreen:

Elle est quand même sacrément sensuelle dans ce film. Ah, ses cheveux frisés moites et son regard de défi... :oops: Bon à la fin, c'est carrément moins sensuel (lorsqu'elle tête le sein de sa mère :shock: ).

Un entretien intéressant avec Télérama ici, sinon.
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Jeremy Fox
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Re: Isabelle Adjani

Message par Jeremy Fox »

Une comédienne que je redécouvre un peu ces temps-ci (excellente dans La Gifle et Violette et François) mais qui m'a plus souvent agacé qu'agréablement supris. Je ne l'apprécie que dans des rôles légers, Clara et les Chics types étant le film dans lequel elle joue qui a ma préférence.
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odelay
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Re: Isabelle Adjani

Message par odelay »

Le problème avec Adjani c'est que souvent la personne prend le pas sur l'actrice. Et cette personne peut être agaçante dans ses attitudes, dans son côté star maniérée (un peu comme Marceau); Et puis dans le métier, on sait qu'elle a la réputation d'être ... heu... très pointilleuse (euphémisme) sur tout. Dans le docu sur Mortelle Randonnée, Charles Gassot (je crois) notait qu'avec Adjani ce n'était jamais simple. Zulawski disait que lorsqu'il lui a proposé Possession personne ne voulait entendre parler d'elle dans le métier, qu'elle n'avait plus aucune proposition, qu'elle était limite dans le besoin car elle était trop chiante. J'ai du mal à croire que c'était à ce point là, mais c'est vrai qu'elle sortait des Soeurs Brontë où là aussi ça ne s'était pas bien passé avec les deux Isabelle. Et donc il est possible qu'elle était un peu grillée, d'autant plus que le peu de films qu'elle faisait n'étaient pas des succès. Malgré tout, durant ces années, elle a su cultiver ce côté actrice rare et elle a ramassé les fruits de cette gestion d'image durant les années 80, du moins jusqu'à La Reine Margot. En plus le succès de Pull Marine a renforcé tout cela. Le problème c'est que contrairement à Isabelle Huppert, elle n'a pas su attirer (ou accepter) les réalisateurs/auteurs talentueux du monde entier, que ce soit les anciens (comme Chabrol ou Haeneke) ou plus jeunes, et donc la suite jusqu'à aujourd'hui a été vraiment laborieuse, surtout qu'on sent qu'il y a tellement de conditions concernant son image qui dépendent de son acceptation d'un rôle qu'on a l'impression qu'elle passe à côté de belles choses.
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Flol
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Re: Isabelle Adjani

Message par Flol »

Cette actrice pour moi, c'est un mystère. J'adore la détester, et pourtant, à chaque fois que je la découvre dans un film (récemment dans La Reine Margot et L'année prochaine si tout va bien), je la trouve extraordinaire.
Comme le dit Odelay, je pense que certains (et moi le 1er) lui font payer son image actuelle, de "star" insaisissable, secrète, un peu supérieure, au-dessus de la mêlée...et aujourd'hui, elle est même tellement au-dessus de la mêlée qu'elle est carrément sortie du jeu.
On peut penser que c'est dommage et qu'elle est passée à côté d'une immense carrière ; mais quand on voit à quoi elle ressemble aujourd'hui (notamment par rapport à Baye ou Huppert, qui sont pourtant toutes 2 plus âgées qu'elle), je me dis qu'on n'est pas prêt de la revoir dans un rôle important.
Et en même temps...le veut-elle vraiment ?
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Supfiction
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Re: Isabelle Adjani

Message par Supfiction »

Elle n'est pas finie comme certains sous-entendent. Elle a quand même gagné son 3ème César de la meilleure actrice en 2010 ! Une belle réponse à ses détracteurs même s'il faut bien l'avouer sa carrière en dilettante n'a pas connu beaucoup de hauts depuis 20 ans et qu'elle a été la grande absente du 8 femmes de Ozon (à tel point qu'il est difficile de ne pas penser à elle en voyant ce film).

Elle reste capable sporadiquement de coups d'éclats comme cette Journée de la jupe en 2009 (une bombe dont la portée politique est encore énorme), ou de très bons films comme Bon voyage et Adolphe en 2002/2003. A regarder sa carrière, elle a en fait constamment enchaîné les grands, les petits films ou les grands ratages.
Son dernier film (Sous les jupes des filles) est davantage une récréation dans lequel elle a l'occasion de redescendre sur terre et s'amuser avec de jeunes actrices qui la vénèrent. On attend son prochain coup d'éclat donc. Dans cinq ans, dans dix ans, nul doute pour ma part qu'il viendra.
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Re: Isabelle Adjani

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit : Elle reste capable sporadiquement de coups d'éclats comme cette Journée de la jupe en 2009 (une bombe dont la portée politique est encore énorme)
Le film que j'ai probablement le plus détesté de ces dix dernières années ; ce qui n'a certes pas aidé à arranger mon ressenti envers l'actrice que j'avais trouvé en l’occurrence une fois encore plus qu'agaçante.
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Demi-Lune
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Re: Isabelle Adjani

Message par Demi-Lune »

A noter d'ailleurs que La journée de la jupe sera rediffusé demain après-midi sur Arte, à 15h.
S'ensuivra le documentaire Isabelle Adjani, deux ou trois choses qu'on ne sait pas d'elle.
Ça fait un an que j'ai les deux programmes dans mon disque dur mais que je ne trouve pas le temps de les regarder. :|
Supfiction a écrit :Elle a quand même gagné son 3ème César de la meilleure actrice en 2010 !
Non, son cinquième. Après Possession, L'été meurtrier, Camille Claudel et La reine Margot.
Elle aurait dû l'avoir dès Adèle H., de toute façon.
2 prix d'interprétation féminine à Cannes LA MÊME ANNÉE, aussi, pour Possession et Quartet.
Quelle autre actrice peut se vanter d'un tel record ?
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Re: Isabelle Adjani

Message par Demi-Lune »

Tiens parmi les occasions manquées, on pourrait encore citer la première version de Pirates que Polanski voulait tourner après Le locataire. Le film tel que rêvé par le cinéaste aurait réuni Jack Nicholson dans le rôle du Capitaine Red, Polanski lui-même dans le rôle de la Grenouille, et Adjani dans le rôle de Dolorès. Bon, là l'affiche a capoté notamment à cause des démêlés judiciaires de Polanski aux États-Unis.
Adjani avait également commencé à tourner Prénom Carmen de Godard, avant de claquer la porte au bout de quelques jours et d'être remplacée par Maruschka Detmers.
odelay a écrit :Zulawski disait que lorsqu'il lui a proposé Possession personne ne voulait entendre parler d'elle dans le métier, qu'elle n'avait plus aucune proposition, qu'elle était limite dans le besoin car elle était trop chiante. J'ai du mal à croire que c'était à ce point là, mais c'est vrai qu'elle sortait des Soeurs Brontë où là aussi ça ne s'était pas bien passé avec les deux Isabelle. Et donc il est possible qu'elle était un peu grillée, d'autant plus que le peu de films qu'elle faisait n'étaient pas des succès.
Adjani concède elle-même qu'à cette époque, outre ses inhibitions lié au milieu dans lequel elle a grandi, elle cogitait trop sur le moindre bout de détail du personnage. Ça finissait par rendre fou Truffaut. L'entretien à Télérama dont je donnais le lien plus haut a cette anecdote qui dit tout : Truffaut avait beau n'avoir d'yeux que pour elle, il avait fini par s'exciter « Vous voulez savoir pourquoi Adèle va à la banque ? Eh bien, elle a besoin d'argent ! » Elle explique d'ailleurs dans cet entretien à quel point elle comprend la souffrance de son ex Daniel Day-Lewis lorsqu'il s'abandonne dans chaque nouveau personnage, en pensant qu'il s'agit de la dernière fois tant l'amour de l'art à ce degré d'investissement se révèle épuisant. Donc cette obsession du perfectionnisme a peut-être fini par se retourner contre elle dans le métier. Encore récemment, je lisais dans une interview d'elle qu'elle était venue rendre visite à son vieux compagnon de route Depardieu sur le tournage de Sous le soleil de Satan, je crois, et qu'il l'avait emmenée de nuit dans un cimetière, lui libre et chaleureux comme à son habitude, elle pétrie de questionnements, sommée par Gégé de lâcher un peu prise.
Par contre, elle, elle a un son de cloche un peu différent sur cette période dans la mesure où elle estime que la raréfaction des propositions au début des années 80 est liée au piston de Daniel Toscan du Plantier pour Isabelle Huppert qui était alors sa compagne.
  • « Il faut dire qu'à l'époque, le producteur Daniel Toscan du Plantier dirigeait la Gaumont et il voulait faire de sa maîtresse, Isabelle Huppert, la titulaire de tous les projets du cinéma français. Hervé [Guibert] assistait à mon incrédulité devant cette situation. Alors il a écrit sans me le dire un scénario sur une actrice, inspirée par moi, qui se trouvait blacklistée par des gens de pouvoir. Son projet décrivait aussi ma relation avec Bruno [Nuytten]. C'était l'histoire d'une carrière contrariée doublée d'un amour, qu'il avait à la fois romantisée et brutalisée. Le scénario s'est d'abord appelé "Gemina", puis "La liste noire". »
(Isabelle Adjani dans un article-hommage à Hervé Guibert paru dans Les Inrockuptibles en 2009)

Apparemment les deux Isabelle, qui ont pourtant vécu ensemble en colocation avec Christine Pascal à leurs débuts, étaient un peu en froid sur le tournage des Sœurs Brontë (le sont-elles d'ailleurs encore ?) car elles auraient été en rivalité amoureuse pour le chef op' Bruno Nuytten.

Allez, encore un mot avec cette lettre de Depardieu écrite après Camille Claudel :
  • Ma chère Isabelle,

    J’ai rasé ma barbe ce matin. Maintenant, il faut que je maigrisse. Tu vois, Rodin s’éloigne… Au sens propre, je me désincarne. Je me sens vide, vidé. Dans cet état de désœuvrement, d’entre-deux rôles, je risque tout. Je m’accroche à l’idée de perdre du poids, d’être prêt pour le prochain film. Rodin s’est défendu pied à pied, pendant plusieurs jours, avant de vaciller sur son socle. Je vacille…

    Comme ces chevaliers du Moyen Âge roulant sous la table le soir d’un tournoi, j’ai besoin d’une ripaille flamboyante, d’une cuite salvatrice. Il me faut cette violence, cette déflagration. Je m’éclate, je m’émiette. Oui, c’est le mot, je m’émiette.

    Toi, Isabelle, tu es une guerrière, toujours en éveil, prête à recevoir l’ennemi. Tu as régné sur le tournage de Camille Claudel. Tu portais depuis longtemps ce film en toi. Je tournais encore Sous le soleil de Satan quand tu es venue m’en parler pour la première fois. Tu es entrée sans prévenir dans cette petite auberge d’un autre temps. Il émanait de toi quelque chose de surnaturel, d’impalpable, une sorte d’énergie spirituelle. On devinait en toi une énergie farouche, indomptable, presque anthropophage ! Tu étais venue derrière tes grandes lunettes noires me proposer d’être Rodin. À ce moment, le compteur de la ville de Montreuil a explosé ! Nous avons continué notre conversation à la bougie. C’était une rencontre magique. Notre deuxième rencontre.

    J’ai envie d’avoir ta force, Isabelle, de te ressembler, si forte malgré tes attaches fines. Tu es une femme préhistorique, riche de ses grands instincts quand l’homme amputé, coupé de son animalité est un bipède moribond, malade de l’humanité. Si Rodin a pu vivre, sculpter, c’est en s’alimentant des forces vives de Camille, ne lui laissant en partage de leur passion que la folie, un amour épuisé.

    Tu vois, Isabelle, j’ai rasé ma barbe ce matin, et j’ai du mal à m’en remettre.
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Supfiction
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Re: Isabelle Adjani

Message par Supfiction »

Pirates avec Adjani et Nicholson (et Polanski), mince j'aurai adoré voir ça. Quel dommage.

Je comprends que l'on puisse détester La journée de la jupe, c'est un film éprouvant qui ne peut laisser indifférent.

Dans un registre opposé, car Isabelle Adjani a joué presque autant dans les drames les plus noirs que dans des comédies grand public (de ses "débuts" avec les acteurs du Splendid jusqu'à l'ovni Mammuth et au dernier Sous les jupes des filles, sans oublier le célèbre Toxic affair), j'ai revu Tout feu tout flamme qui est un petit bijou, une merveille de fantaisie et de tendresse dans lequel le style frénétique de Rappeneau fait mouche comme dans ses films antérieurs (La Vie de château, Les Mariés de l'an II et Le Sauvage bien sûr tant les films semblent cousins par la prestation truculente Hé hé hé d'Yves Montand).

Le face à face Père-fille / Montand-Adjani est mémorable. Deux légendes pour le meilleur du rire avec toujours ses furtifs moments d'attendrissement et de bienveillance comme autant de respirations typiques du cinéaste (qui manqueront un peu dans Bon voyage, comédie réussie mais un cran en-dessous). Je pense à cette scène finale de poursuite où, alors que le film parait s’essouffler et devenir farfelu, Montand se retrouve à apprendre à sa fille Adjani à faire du vélo parce que "personne ne lui a jamais appris".

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Dernière modification par Supfiction le 18 oct. 14, 16:12, modifié 1 fois.
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Demi-Lune
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Re: Isabelle Adjani

Message par Demi-Lune »

Ah moi Tout feu tout flamme, j'ai trouvé ça nul de chez nul. Malgré Isabelle qui n'a rien à se reprocher.
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El Dadal
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Re: Isabelle Adjani

Message par El Dadal »

Demi-Lune a écrit :Ah moi Tout feu tout flamme, j'ai trouvé ça nul de chez nul. Malgré Isabelle qui n'a rien à se reprocher.
Tout pareil, nul de chez nul, on ne peut mieux dire. Mais je trouve qu'Adjani a sa part de responsabilité dans le résultat final. Rappeneau ne semble pas savoir où il veut aller, et quand il choisit un genre et une tonalité, il ne s'y tient jamais. La seule constante de ce film, c'est cette frénésie absurde. On peut choisir d'aimer.

Par contre, la lettre de Depardieu à Adjani quotée par Demi-Lune est magnifique.
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