Bande de filles (Celine Sciamma - 2014)

[Nicolas Mag]

L'histoire d'une fille de cité, qui en a marre de l'école (on choisit son avenir à sa place), qui en a marre de l'homme quand il te soumet (le frère tout d'abord) et qui va trouver des copines qui vont lui permettre (enfin) d'exister.

Le film aligne des scènes de leur escapade (dans la cité, Paris, etc...) entrecoupées de musique electro (+ la chanson Diamond) et de ralenti qui donnent un nouveau regard à ses moments de vie qui peuvent paraitre anodin.

Tout en abordant les mêmes thèmes que dans ses précédents films, Celine Sciamma arrive à ne pas se repeter comme si c'etait une trilogie en 3 histoires (Naissance des pieuves, Tomboy, Bande de filles)
Même si j'ai été plus captivé par le premier film, les images et propos du film continuent de me traverser l'esprit c'est preuve d'un très bon film. Il y a les bons films: c'est un film dont on a passé un bon moment, et les très grands films: c'est un film qu'on a envie de revoir et de rejuger.

Bande annonce
elle ne devoile pas grand chose finalement

[Nicolas Mag]

UP encore un mois à attendre mais encore pas mal d'avant premières du film (22 cette semaine)

Bande de filles: 9/10
Céline Sciamma fait très fort sur un sujet plutôt casse-gueule: la banlieue. Très bonne réalisation, très bon scénario et très bonne interprétation

[Nicolas Mag]

[Helena]

J'aime les films de Celine Sciamma, son premier film était bouleversant, enfin moi je le trouvais bouleversant et son nouveau film est intéressant, imparfait, mais intéressant. On retrouve les mêmes thématiques que ses précédents films sans que jamais on est l'impression qu'elle se répète comme tu le soulignes très bien Nicolas et c'est ce qui est plaisant. La chose plaisante c'est qu'on nous représente ce qu'est la banlieue, loin des clichés vomitifs des films de Besson, on nous montre ce qu'elle est et via le regard de ses filles, on en découvre le quotidien, en quelque sorte car bon je pense qu'aujourd'hui n'importe quels citoyens français sait ce qu'est la vie dans une citée de banlieue. Ici en tout cas la cinéaste s'approprie l'endroit pour nous présenter l'univers de ses héroïnes et on se laisse rapidement happer par cet univers, par ce quotidien qui est on peu le dire par moment sublimé par madame Sciamma. La scène de Diamonds est juste excellente, et puis j'aime ce titre donc cela fonctionne tout de suite avec moi. En tout cas tout dans la manière de mettre en scène ce passage jusqu'à l'interprétation des actrices que la réalisatrice a visiblement laissée en roue libre en quelque sorte pour donner un des passages les plus beaux, sincères et magiques de ce film. Les filles sont magnifiques dans ce passage en tout cas et on a le sourire du début à la fin. J'aime en tout cas la manière dont la réalisatrice décrit son univers, elle ne nous épargne rien et on a vraiment l'impression d'être à la place de l’héroïne principale et de vivre sa vie, on s'attache facilement à elles et pourtant on pourrait dire qu'elles n'ont rien de nouveau, rien qu'on ne connait déjà dans d'autres œuvres de ce type. Le charisme des actrices fait la différence à mes yeux et c'est pour cela que ça fonctionne bien. La réalisatrice sait capter les regards, la force de ses filles et à transmettre tout cela à l'écran, et cela sans artifices inutiles. Le personnage de Marieme est fascinant en tout cas, j'aime sa manière de s'adapter selon les conditions, c'est assez intéressant même si ça dénote de la peur qui règne dans une partie des citées, que l'on soit une femme ou un homme. Il y a la scène de travestissement par exemple, ou bien les scènes ou les filles sont ensembles et que rien ne peut les stopper. C'est de ce dont je parle quand je mentionne la force de ses filles. Le titre est parfait pour ce que présente l'oeuvre, c'est vraiment une bande de filles, toutes plus belles les unes que les autres dans une citée de banlieue ou existe encore des idées d'un autre âge et un sexisme omniprésent malheureusement. La réalisatrice en tout cas nous présente de nombreux moments de vie quotidienne qui montrent de nombreux éléments de la vie dans les banlieues, que ce soit la guerre des sexes donc ou bien par exemple le poids des communautés. La réalisatrice a l'intelligence comme souvent dans ses films de ne pas nous rabâcher les mêmes choses, au contraire, c'est présenté de manière intelligente, via des dialogues ou des petites scènes anodines. Son approche en tout cas est bonne et surtout intéressante. La réalisatrice valorise la beauté des corps des jeunes femmes du groupe sans en faire des objets, bien au contraire. C'est un portrait réaliste, sans jugement de valeur de la part de la réalisatrice et qui en fait un excellent portrait de la banlieue et des femmes qui y vivent. Bref c'est du tout bon et c'est à voir selon moi, en attendant je lui donne la note de 7.5/10. Si vous pouvez le voir il ne faut pas hésiter.

[AtCloseRange]

Sciamma a toujours un œil très sûr mais je suis un peu moins convaincu ici que par ses 2 précédentes réussites.
Elle me semble plus à l'aise dans la maîtrise que dans un certain naturalisme. J'avoue que pas mal de scènes de bandes m'ont un peu gavé d'autant que le mixage son y est assez catastrophique (j'imagine que c'est une concession supplémentaire à ce naturalisme et à ce côté en partie improvisé).
Par contre quand on est davantage dans le contemplatif ou qu'on se concentre sur l'excellente Karidja Touré, le film est souvent très réussi.
Et par la simple mise en scène, Sciamma arrive à faire passer pas mal de belles choses. Par exemple, la 1ère scène post-générique où la caméra suit les filles qui reviennent du sport. On entend comme une ruche aux dialogues indistincts et lorsqu'on se rapproche des immeubles du quartier (et des garçons), on sent le silence progressivement s'imposer à elles.
Ensuite, certains développements sont parfois plus hasardeux (la dernière partie - l'esclandre sur le toit) et Sciamma aurait sans doute pu couper un peu ici ou là (2h ou presque, c'est un peu étiré) mais au-delà de ces réserves, ses 3 premiers films confirment quand même qu'elle reste une des cinéastes françaises les plus intéressantes du moment.

[Gounou]

En y repensant, je crois bien que je suis pas loin d'avoir détesté. Un film-vignettes complètement factice, poseur et dénué de sens. Irritant.

[AtCloseRange]

Le film a d'ailleurs été accueilli très timidement ici par rapport à la presse (et notamment celui de Cannes).
J'ai le sentiment que c'est le côté "faisons du mini-golf" qui t'a déplu

[Gounou]

Le film a d'ailleurs été accueilli très timidement ici par rapport à la presse (et notamment celui de Cannes).
J'ai le sentiment que c'est le côté "faisons du mini-golf" qui t'a déplu

Je crois que je suis lassé de cette esthétique néon/synthé autosatisfaite, plaquée à n'importe quel univers comme un filtre Instagram. Confrontée à ces longues séquences de copinage cacophonique pseudo-naturaliste, ça donne un côté "Une hipster en banlieue" assez déplaisant. Je trouve le film faux et confus dans son projet comme dans sa finalité.
Bref, la fraîcheur de 2006 est devenu le rance de 2014.

[AtCloseRange]

Il me semble que c'est un peu un procès en légitimité (on en a un peu fait le reproche à Sciamma à la sortie).
Je n'ai pas l'impression que l'esthétique du film (ou son côté esthétisant) donne tant que ça un côté "Sofia Coppola de l'autre côté du périph'".
J'avais un peu peur de ça mais je trouve le film quand même suffisamment incarné pour éviter cet écueil.

[Gounou]

Il me semble que c'est un peu un procès en légitimité (on en a un peu fait le reproche à Sciamma à la sortie).
Je n'ai pas l'impression que l'esthétique du film (ou son côté esthétisant) donne tant que ça un côté "Sofia Coppola de l'autre côté du périph'".
J'avais un peu peur de ça mais je trouve le film quand même suffisamment incarné pour éviter cet écueil.

Je ne serais pas de ceux à faire ce genre de procès si l'aspect factice et programmatique du film ne m'avait sauté aux yeux à chaque séquence.
J'ai 'impression qu'elle ne retire rien de neuf, esthetiquement parlant, de son projet alors que le fond n'est lui qu'un prétexte. Elle est venue faire un énième clip suranné sur l'adolescence, point.
Les séquences de groupe plus ou moins improvisées jurent et crient alors la note d'intention d'une façon qui me déplaît car, justement, désincarnée, factice.

[Watkinssien]

J'avais trouvé cela habité par une énergie, une présence, une volonté de saisir les soubresauts d'une certaine génération qui croit maîtriser leurs enjeux pour s'apercevoir qu'elle est déjà perdue.

En ce sens, Bande de Filles me semble réussir ce que Sciamma a voulu entreprendre. De ces trois films, Tomboy reste supérieur à mes yeux, mais le dernier renvoie à une approche cohérente, cherchant un réalisme apparent pour se concentrer sur les moments intérieurs, plus convaincants car s'éloignant de l'artifice du naturalisme.

[Gounou]

cherchant un réalisme apparent

Apparent, oui. Mais alors vraiment.

pour se concentrer sur les moments intérieurs

Oui mais de la façon la plus facile, poseuse et éculée qui soit. C'est bien mon problème.

Contrairement à ce que que tu dis, je pense quelle ne cherche pas beaucoup et qu'elle trouve encore moins !

[Watkinssien]

Néanmoins, je peux comprendre le rejet. On peut reprocher au film un côté "mode" agaçant.

La sauce a pris, pour moi, même si rien n'est transcendant.

[Jeremy Fox]

Tomboy, c'était déjà pour ma part l'incompréhension totale. Cette fois, c'est pire ; c'est en plus l'agacement le plus profond. Je ne sauve rien de son film si ce ne sont quelques scènes entre les deux sœurs qui viennent réhausser un peu la vacuité de l'ensemble, aussi bien sur le fond que sur la forme. Céline Sciamma représente un grand mystère me concernant. L'anti-Kechiche.

[Thaddeus]

Céline Sciamma représente un grand mystère pour ma part.

En trois films, elle s'est imposée à mes yeux comme la plus prometteuse réalisatrice française de sa génération. Bande de Filles reste l'un de mes meilleurs souvenirs ciné de l'an dernier, comme l'avaient été Naissance des Pieuvres et Tomboy auparavant.