Spike Lee

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Gounou
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Re: Spike Lee

Message par Gounou »

7swans a écrit :Image

Petite notule sur le premier film de Spike Lee, "She’s Gotta Have it" (et son très sympathique titre français « Nola Darling n’en fait qu’à sa tête »)
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EDIT : J'ajouterai que j'aime beaucoup la B.O. composée par papa Lee et caractéristique de sa première période jusqu'à Mo' Better Blues.
On le voit même jouer le thème à la contrebasse si je ne m'abuse...

https://www.youtube.com/playlist?list=P ... 77179481A8
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7swans
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Gounou a écrit : EDIT : J'ajouterai que j'aime beaucoup la B.O. composée par papa Lee et caractéristique de sa première période jusqu'à Mo' Better Blues.
On le voit même jouer le thème à la contrebasse si je ne m'abuse...

https://www.youtube.com/playlist?list=P ... 77179481A8
Oui c'est un film presque "directement" musical. On y voit le papa Lee jouer de la contrebasse et du piano, et la soeur également à la contrebasse lors d'une très jolie scène. Dans un autre genre, la (trop) looooongue scène de danse dans Fort Greene Park à Brooklyn pour l'anniversaire de Nola.

Sinon :

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En voilà un film de guerre intrigant, empruntant au mélo teinté de mysticisme, ou au polar et se déroulant sur plusieurs continents; un film qui ne mérite en tout cas pas sa piètre réputation.
Miracle à Santa Anna est long, c’est une fresque, qui a l’ambition de raconter son histoire en épousant différents points de vus, différents combats. Si les 4 soldats noirs américains perdus dans un petit village pittoresque de la Toscane se définissent rapidement comme le coeur du film, Spike Lee se permet de longues digressions, suivant des partisans italiens au combat, un flash back aux USA, la fusillade de 500 personnes dans un petit village Toscan (l'Ouradour Italien) ou s’attardant sur un enfant égaré, mais in fine tout prend sens.

Le réalisateur met un point d’honneur à brouiller les pistes : être noir aux USA en 1940 c’est avoir encore du mal, moins de 80 ans après la fin de l’abolition de l’esclavage, à définir les motivations, bonnes ou mauvaises, de chacun. C’est partir au combat et représenter un pays qui ne veut pas de toi, et qui continue de te traiter en sous-homme.
Derek Luke (Stamps, le plus haut gradé de la patrouille), le formulera en mi-film : il se sent plus à l’aise en Italie, plus accepté, dans ce pays vendu au fascisme Mussolinien et qui lui est inconnu, que chez lui, aux USA, the land of freedom.

Alors on n’évite pas l’aller-retour temporel et la narration en grand flash back, presque propre à ce genre de fresque, et l’ensemble relativement hollywoodien de la manufacture (et une fin aux Bahamas, guimauve à souhait), Lee se retenant d’imposer trop profondément son style, mais livre quelque chose d’imposant et probablement passionné (aidé par une belle musique, très présente - comme souvent chez Spike Lee, trop présente - de Terence Blanchard, reprenant de ci de là les percussions très guerrières qu’on pouvait entendre dans la BO de La 25° Heure). Bref, y a moyen de se laisser emporter.

On note également une interprétation exemplaire de tout le casting, américain, allemand, italien, rare dans ce genre de production internationale, et les apparitions surprises (s’en est presque Malickien) de John Turturro, Joseph Gordon-Levitt, John Leguizamo, Kerry Washington, John Hawkes, D.B. Sweeney et la très jolie Alexandra Maria Lara (Control, Youth without Youth) que j’avais presque oubliée.
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Re: Spike Lee

Message par Gounou »

7swans a écrit :Dans un autre genre, la (trop) looooongue scène de danse dans Fort Greene Park à Brooklyn pour l'anniversaire de Nola.
Ah, moi je l'aime bien cette scène et la parenthèse (en couleur) qu'elle représente. Merci pour le retour sur Santa Anna que je croyais sans intérêt... j'ai manqué de curiosité pour le coup :wink:
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Re: Spike Lee

Message par Max Schreck »

7swans a écrit : Oui, She’s Gotta Have it est un film important, dans l’histoire du cinéma américain indé, dans l’histoire du cinéma afro américain, mais aussi (et surtout?) pour son féminisme avant gardiste, dans un contexte (les années 80) pas forcément le plus propice (la libération des années 70 est bien loin...)
Oui, je l'associe à cette période où arrivaient aussi les premiers films de Jarmush, qui semblaient effectivement redéfinir ce qu'on appelle le cinéma indépendant. Kassovitz n'a jamais caché tout ce qu'il devait à Nola Darling pour son Métisse (qui dans mon souvenir était très chouette, même si — précisément — pas encore dégrossi de ses influences).
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Max Schreck a écrit : Oui, je l'associe à cette période où arrivaient aussi les premiers films de Jarmush, qui semblaient effectivement redéfinir ce qu'on appelle le cinéma indépendant.
Je me faisais une réflexion du même ordre justement, Spike Lee, Jim Jarmusch, Steven Soderbergh, les frères Coen : les prémices d'un cinéma américain indé, heureusement mis en avant par le festival de Cannes.
Plus généralement, c'est pour moi une période cannoise dorée, ce type de films/réalisateurs n'a plus vraiment d'équivalent dans les sélections de ces dernières années. La jeunesse à Cannes, c'est du Dolan ou Refn, on se perd dans l'hystérie ou la violence graphique pubesque. Elle est passée ou la poésie urbaine? La révolte? Le genre revisité?

Sinon, pour faire court :

School Daze

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Spike Lee revisite le frat house movie et pond une fantaisie dansée, chantée, fatigante voire agaçante.
Heureusement, Ernest Dickerson se fait la main et certaines images annoncent les merveilles à venir et papa Lee + Branford Marsalis font du très bon boulot.
Plus généralement, Meh.
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Red Hook Summer :

En voilà une sacrée surprise.
Mauvaise réputation, ou pas de réputation du tout (le film de Lee le moins noté sur imdb avec Da Sweet Blood of Jesus) et un trailer abominable qui n’augurait rien de bon… il ne fallait peut être rien en attendre pour se retrouver cueilli à ce point par ce petit film fragile… Et quelle agréable sensation.
Spike Lee commence son film comme un coming of age story d’une grande douceur dans les projects de Brooklyn, comme une sucrerie colorée, se faisant moins corrosif que d’habitude, bienveillant, tout en traitant, en fond, la gentrification de Brooklyn, les écarts de classes sociales, et l’hypocrisie religieuse, pour prendre un tournant plus grave et inattendu dans son dernier tiers, avec un dolly shot typique de Spike d’une sacrée intensité, ici parfaitement utilisé.

Il y avait aussi un début de love story là dessous, d’une belle tendresse, accompagnée par les notes d’une simplicité confondantes d’un Bruce Hornsby inspiré.



Techniquement, et c’est le plus étonnant, le film regorge de très belles images pour un film tourné en XDCAM, proposant de belles teintes profondes sans saturation.

Seul regret (tout petit), vouloir à tout prix rattacher ce film à Do The Right Thing : Le passage cameo d’un Mookie vieillissant toujours livreur de pizza, un « and that’s the double truth, Ruth » lancé innocemment et la phrase « Do the right thing » revenant dans une chanson à plusieurs reprises. Plus étonnant encore, le rattachement à She’s Gotta Have It avec le retour de Nola Darling (« Mother Darling ») en... témoin de Jéhovah?!

Je m’emballe peut être un peu, mais pourquoi pas : une petite perle.

Edit : Et je compte 3 acteurs de The Wire. Qui dit plus?
Dernière modification par 7swans le 9 nov. 16, 15:18, modifié 1 fois.
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Re: Spike Lee

Message par Gounou »

7swans a écrit :Red Hook Summer :
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:?:
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Gounou a écrit :
7swans a écrit :Red Hook Summer :
Spoiler (cliquez pour afficher)
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:?:
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Yes.

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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

AtCloseRange a écrit :C'est quoi son truc avec Bruce Hornsby (aussi présent dans Da Sweet Blood of Jesus)?
Pour mémoire (et après un peu de recherche…) la collaboration Lee/Hornsby remonte à un moment.
En dehors du monde Hip/Hop - Urban Music, Spike Lee réalise les clips de Bruce Hornsby, notamment Talk of The Town en 1993.
Depuis on retrouve des chansons d’Hornsby dans plusieurs films de Lee (Clockers, The Very Black Show, Old Boy, Chi-Raq) et il compose effectivement pour Red Hook Summer et Da Sweet Blood of Jesus.
AtCloseRange a écrit :Vous n'avez pas dû beaucoup écouter Bruce Hornsby.
Peu importe la question de la couleur de peau, c'est autant à sa place que Céline Dion chez Wes Anderson.
Quant à cette affirmation, j’ai envie de te demander si toi même, tu as écouté beaucoup de Bruce Hornsby.
Au delà de son implication dans des jam bands (il est le pianiste des Grateful Dead pendant une dizaine d’années, il joue aussi souvent avec Béla Fleck and the Flecktones), le monsieur à beaucoup tourné autour de la scène jazz des années 80-90, collaborant avec Branford Marsalis (un autre lien avec Spike Lee), Pat Metheny, John d’Earth ou les légendes Keith Jarrett (dont il reprend plusieurs morceaux en live) ou Ornette Coleman (avec qui il a joué régulièrement).
D’ailleurs, il a un son typique Jazz-Soft Rock dans les années 90 (un petit côté Sting)… Et c’est une personnalité musicale difficile à définir tant il touche à des genres différents, et à eu différentes périodes.
Moi même, je ne connaissais que ses tubes des années 80/90 (Mandolin Rain, The Way it is… que j’aime bien) et son appartenance aux Grateful Dead… Et les films de Spike Lee me donne envie de me plonger plus en avant dans sa riche discographie, Fuck you ACR! :mrgreen:

Le gars est aussi un modèle pour Justin Vernon, ça aide à s’attacher. :mrgreen:

Pour les curieux, le clip de Talk of the Town d’Hornsby réalisé par Spike Lee en 1993 :
http://www.videodetective.com/music/tal ... town/93267
Dernière modification par 7swans le 7 déc. 16, 13:50, modifié 1 fois.
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Re: Spike Lee

Message par AtCloseRange »

Je ne parlais que du cas Da Sweet Blood of Jesus. Il suffit de voir le générique.
En tout cas, moi ça me suffit.
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Re: Spike Lee

Message par Gounou »

AtCloseRange a écrit :Je ne parlais que du cas Da Sweet Blood of Jesus. Il suffit de voir le générique.
En tout cas, moi ça me suffit.
On n'a toujours pas compris le problème. :mrgreen:
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Re: Spike Lee

Message par G.T.O »

Gounou a écrit :
AtCloseRange a écrit :Je ne parlais que du cas Da Sweet Blood of Jesus. Il suffit de voir le générique.
En tout cas, moi ça me suffit.
On n'a toujours pas compris le problème. :mrgreen:
Il régurgite sa nourriture de plus en plus tôt. Bientôt il suffira d'écrire une lettre pour qu'ACR soit contre... :mrgreen:
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Passage rapide, pour une petite MAJ de mon TOP Spike Lee :

1 – La 25° Heure
2 – Mo’ Better Blues
3 – Do The Right Thing


4 – Jungle Fever

5 - Red Hook Summer
6- Malcom X
7- She’s Gotta Have it
8- Miracle à Santa Anna
9- Chi-Raq

10 – Crooklyn
11 - Get on the Bus
12 – Clockers
13 – Inside Man
14 - Old Boy

15 - Summer of Sam
16 - He Got Game
17 - Da Sweet Blood of Jesus

18 - School Daze

19 - She Hate Me

A voir :
The Very Black Show (2000)
Girl 6 (1996)
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Re: Spike Lee

Message par Jeremy Fox »

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Re: Spike Lee

Message par ed »

Très beau travail, à l'enthousiasme communicatif.
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