Claude Miller (1942-2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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AtCloseRange
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par AtCloseRange »

manuma a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je me souviens surtout avoir trouvé le film drôle et truculent. En deçà de ce qu'il avait fait avant mais peut-être aussi son dernier bon film.
Je n'ai rien vu de ce qu'il a fait suite à ce Sourire. Aucun titre ne me tente. Je porte pourtant en très haute estime ses premiers films, en particulier La Meilleure façon de marcher, Garde à vue et L'effrontée.
J'en ai vu un certain nombre et je crois bien que seul "Un Secret" m'est apparu comme correct.
Comme pour toi, je l'aimais beaucoup mais la chute a été rude. A partir de l'Accompagnatrice, c'est un "autre" réalisateur qui ne m'a plus intéressé. Quand je pense que quasiment tout était bon avant ça (je ne pourrais pas dire ça de beaucoup de réalisateurs en terme de régularité).
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ed
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par ed »

Je serais bien en peine pour en parler, mais j'ai souvenir d'avoir plutôt aimé La Chambre des magiciennes à sa sortie
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Jeremy Fox
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

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La Meilleure façon de marcher – 1975

Eté 1960 dans la campagne auvergnate. Marc (Patrick Dewaere) et Philippe (Patrick Bouchitey) sont tous deux moniteurs d’une colonie de vacances dans cette région du centre de la France. Marc est un homme viril et fort en gueule qui fait surtout pratiquer du sport et des épreuves d’endurance physique à ses préadolescents ; Philippe, introverti et rêveur, supporte difficilement les blagues humiliantes de ses ‘collègues’ et préfère se tourner avec les enfants qu’il a en charge vers des activités plus ‘intellectuelles’ comme le théâtre. Un soir Marc surprend Philippe grimé et habillé en femme. Déjà que Philippe était le souffre-douleur de l’équipe mais depuis ce jour il est constamment harcelé par Marc, leurs relations troubles et ambiguës -entre cruauté et respect- se transformant en violent affrontement d’autant plus que Marc est jaloux de la jeune fiancée de Philippe (Christine Pascal) qui est venu rejoindre son amoureux sur place…

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Un premier film qui se révèle être une réussite incontestable à tel point que Claude Miller n'arrivera malheureusement plus à l’égaler, même si au sein d’une filmographie au final très inégale quelques unes de ses œuvres suivantes seront presque tout aussi admirables. Sous grosse influence ‘truffaldienne’ sur la forme et malgré quelques idées de mise en scène un peu datées, ce troublant drame psychologique abordant des thèmes pour certains encore tabous à l’époque comme le harcèlement moral ou les incertitudes sexuelles, est fabuleusement bien interprété par Patrick Bouchitey, Michel Blanc, un hilarant Claude Piéplu, la trop rare et lumineuse Christine Pascal ainsi qu’un Patrick Dewaere tout simplement génial. L'ensemble est tout à la fois concis, tendu, troublant, drôle, grinçant et psychologiquement passionnant. La reconstitution d'époque et de la vie quotidienne dans une colonie de vacances est tout aussi parfaite, le scénario opérant ainsi un parallèle entre enfants et adultes quant à la cruauté dans leurs rapports aux autres, les seconds n'étant pas forcément plus matures que les premiers. Bref, un chef-d’œuvre du cinéma français ! Ce préambule aurait pu faire office de conclusion mais il n’est parfois pas plus mal de savoir d’emblée à quoi nous en tenir. Voilà donc qui est dit !

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Luc Béraud et Claude Miller ont dit avoir écrit ce film en pensant à Ingmar Bergman qui exprimait en substance lors d’un entretien que le fait qu’une personne ait un jour été victime d’humiliation lui faisait acquérir un peu plus de maturité pour le reste de sa vie. Ce qui n’est probablement pas faux sans néanmoins demander à ce que l’on soit obligé d’en passer par là pour devenir plus mûr ! Et ce pourrait effectivement être l’une des clés de l’épilogue -se déroulant plusieurs années après les faits relatés tout du long- qui en a étonné beaucoup ; il se situe pourtant dans la droite lignée de ce qui a précédé une fois que l’on a constaté que les auteurs font mine ni de juger les actes de leurs personnages ni de prendre partie pour l’un ou l’autre, qu’ils refusent de systématiquement tout expliquer et qu’ils se révèlent être des champions du non-dit. Pour ma part -et même si cette ‘analyse’ n’est pas partagée par la majorité- j’y vois un Happy-End nous montrant tout simplement qu’il est possible d’évoluer puis de se bonifier avec l’âge ainsi que d'oublier avec le temps d'anciennes rivalités et rancœurs aussi violentes fussent-elles. Peut-être un peu naïvement, je vois au final le film comme une sorte 'd'hymne' au droit à la différence et à la tolérance sans que ça ne passe par un quelconque moralisme.

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Le film raconte les relations troubles, ambiguës, perverses voire cruelles et teintées de sadomasochisme entre deux moniteurs de colonie totalement opposés, lors d’un été de l’année 1960, époque à laquelle nos deux auteurs ont pût expérimenter ce qu’ils ont décrit dans leur œuvre, Claude Miller avouant même sans honte se reconnaitre un peu dans le personnage de Marc, "ayant pût s'avérer aussi ‘con’ que lui sur certains points". C’est pour cette raison que le manichéisme n’est pas de rigueur, le protagoniste qu’interprète Patrick Dewaere ayant beau être haïssable qu’il n’en est pas moins également extrêmement touchant, à la fois monstrueux et fragile. D’un côté donc, l'oppresseur Marc-Dewaere, un homme tapageur qui éructe sans arrêt, affirmant ainsi une espèce de virilité et d’aisance en société qui le rendent charismatique pour la plupart des ses collègues moniteurs ; il avouera même à un moment que c’est parce qu’il a une grande gueule qu’on l’écoute et qu’on le suit. Les enfants qu’il a en charge, il leur fait évidemment pratiquer du sport à outrance puisqu’il semble n’y avoir que ça qui l’intéresse en plus des cartes et des filles ; la lecture "c’est de la branlette" et ne parlons pas de la mise en place d'un spectacle, activité dont "il n'a rien à foutre", ou encore des films d’art et essai : la séquence au cours de laquelle Michel Blanc et Patrick Bouchitey essaient tant bien que mal de suivre à la télévision Les Fraises sauvages de Bergman -probablement diffusé au ciné Club- alors que les autres ‘monos’ braillent à n’en plus finir lors d’une partie de poker est inénarrable et résume assez bien le film dans les conflits qui se mettent en place entre les ‘beaufs’ et les ‘intellos’ pour résumer basiquement et rapidement l'intrigue, ce qui n’est pas du tout le cas de cette œuvre bien plus subtile que l’on aurait pût penser au vu de cette description.

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En effet, derrière leur dimension faussement stéréotypée, Claude Miller parvient à faire ressentir la complexité de chacun de ses deux principaux protagonistes, les seconds rôles étant au contraire croqués expressément avec force clichés pour renforcer le côté comédie grinçante. Face donc à l'inquiétant Marc, l'opprimé Philippe-Bouchitey, jeune homme gracile, réservé et renfermé qui se tourne plutôt vers le théâtre quant aux animations proposées à son groupe. Le soir, au lieu de devoir supporter les fanfaronnades et discussions en dessous de la ceinture des autres, ne se sentant pas à sa place à leurs côtés, il préfère se retirer dans sa chambre. Mais le jour où Marc le surprend à se mirer dans son miroir, déguisé et maquillé en femme, tout bascule. Le macho n’accepte pas cette différence, l’homophobie étant encore un phénomène assez naturel et ‘normal’ en ce début des années 60. Ayant trouvé cette grosse faille -de son point de vue- chez son 'adversaire', il va s'engouffrer dedans et jouer sur ce secret qui, s'il venait à sortir au grand jour, mettrait à mal son 'adversaire'. A savoir néanmoins au vu des innombrables papiers écrits à propos du film que contrairement à la plupart des analyses, selon Patrick Dewaere et dans une moindre mesure Claude Miller, l’ambiguïté n'était pas de mise et qu'il n’était pas du tout question d’une quelconque attirance homosexuelle de Marc pour Philippe. Ceci dit, la volonté des auteurs de laisser beaucoup de questions en suspens voire sans réponses, ainsi que le fait de beaucoup pratiquer le non dit peuvent nous avoir logiquement mis sur cette piste.

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S’il était déjà la cible de certaines réflexions qui n’allaient néanmoins pas très loin, Philippe devient alors en quelque sorte le souffre-douleur de Marc qui semble avoir été déboussolé par ce qu’il a vu, aussi dégouté que curieux, aussi moqueur que fasciné. Un ‘suspense’ va alors se mettre en place consistant à se demander à quel moment Marc allait dévoiler aux autres les fantasmes de Philippe. Ce qui va accélérer les tensions et rendre les relations encore plus irritantes, c’est l’incompréhension grandissante de Marc lorsqu’il apprend l’existence d’une petite amie à Philippe, qui plus est d’une adorable beauté. Le machisme de Marc en est tout tourneboulé : comment un garçon qu’il pense 'pédé' peut-il avoir une ‘fiancée’ aussi jolie ? En son for intérieur ayant du mal à l’accepter, il va continuer à l’humilier de plus belle, mais désormais également devant la jeune femme, ayant probablement dans l’idée de les séparer. Tout cela ira assez loin dans la violence morale jusqu’à ce que Marc écrase la tête de son rival dans son vomi en le forçant à le manger. Puis, décidant enfin de s’accepter sans honte et d’assumer sa différence, Philippe va ressortir vainqueur et la tête haute de cette épuisante rivalité lors de la fameuse et déroutante séquence paroxystique du bal costumé, la 'bête' -l’homme-femme- terrassant le toréro, ce dernier finissant par flancher après s’être trop protégé derrière son outrageante virilité. Mais je vous laisse découvrir cette puissante séquence !

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Un film au sujet fort, totalement abouti, paradoxalement aussi délicat et subtil que culotté et impudique, osant prendre le spectateur à rebrousse poil en allant assez loin dans la violence morale et bravant le bon goût par son détonant mélange des tons, les séquences de comédie s’avérant pour certaines réellement hilarantes mais toujours sur la corde raide de la gêne ; il suffit de se remémorer de celle de l’histoire drôle "je ne parle pas aux enculés", de la partie de poker déjà évoquée plus haut, de la crise d’épilepsie de Michel Blanc au bord de la piscine alors qu’on le ‘banni’ de la colonie après que l’on ait trouvé des photos pornographiques dans sa table de nuit, ou encore celles qui mettent en scène un inénarrable Claude Piéplu, père de Philippe et directeur de la colonie, homme pédant, paternaliste et moralisateur qui attend beaucoup de sa boite à idées mais qui va vite déchanter lors du dépouillement des petits papiers. On se souviendra longtemps de sa manière de dire avec dégoût "concours de bites" et de ses mimiques d’incompréhension devant la bêtise de ses colons et celle de ses employés. Toutes ces scènes de pure comédie nous permettent de sortir la tête hors de l’eau, tout comme celles qui réunissent la sublime Christine Pascale –trop tôt disparue elle aussi- et Patrick Bouchitey. La sobre musique de chambre composée par Alain Jomy aide grandement à nous les rendre encore plus touchantes.

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Et puis bien évidemment, si La meilleure façon de marcher est aussi fort et aussi mémorable, c’est également et avant tout grâce à ses comédiens sur lesquels on ne peut écrire que le plus grand bien. A tout seigneur tout honneur, l'immense Patrick Dewaere dont la prestation cabotine est ici tout autant intense que magistrale ; l’acteur encore assez novice sait parfaitement bien faire ressortir la vulnérabilité derrière le tonitruant et frustre matamore au machisme exacerbé, aussi grand que Vittorio Gassman dans ce genre de rôle –Le Gaucho ou Le Fanfaron, tous deux signés par Dino Risi-, ce qui n’est pas peu dire et ce qui explique que Dewaere ait été par la suite demandé puis embauché par certains des plus grands réalisateurs italiens. Patrick Bouchitey n’est pas en reste puisqu’il réussit à pleinement exister aux côtés de son partenaire au fort charisme dans la peau d’un personnage pourtant peu volubile et, malgré son statut de victime, pas nécessairement toujours plus sympathique, voire même parfois tout aussi agaçant. C’était un rôle ‘casse-gueule’ dont il se sort avec les honneurs mais qui lui collera un peu trop longtemps à la peau, ne se voyant ensuite proposer pendant des années quasiment que des personnages d’homosexuels. On ne pourra pas non plus passer sous silence la gracile Christine Pascale, un tout jeune Michel Blanc ou encore un Claude Piéplu absolument désopilant en directeur démagogue, poseur et un peu démodé avec sa morale désuète.

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A tous ceux qui -souvent comme moi- se rendent immédiatement au dernier paragraphe pour savoir sans devoir tout lire ce qu’il doive attendre du film, je les invite à remonter jusqu’au premier au sein duquel était succinctement résumé ce qui a été rapidement développé dans les suivants. Tout ça pour arriver à en conclure qu’à mon humble avis ce film aussi fascinant que perturbant, ce premier essai remarquablement maitrisé de Claude Miller, peut sans rougir se compter parmi les sommets du cinéma français ! Patrick Dewaere le considérait même comme le meilleur film dans lequel il ait tourné avec le Série noire de Alain Corneau ; nous ne lui donnerons pas tort !


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L’effrontée - Claude Miller 1983



C’est la fin de l’année scolaire pour la farouche Charlotte (Charlotte Gainsbourg), une jeune adolescente de 13 ans qui semble avoir eu du mal à s’intégrer dans son collège, venant d’ailleurs de subir une humiliation collective en cours de sport. En sortant des vestiaires elle est attirée par un concerto de piano qu’une autre classe est en train de visionner sur un téléviseur. Invitée à venir les rejoindre, elle est hypnotisée par la soliste à la robe rouge, une jeune fille de son âge prénommée Clara. Comme par hasard, la pianiste prodige doit venir jouer d’ici quelques jours dans le théâtre de sa commune savoyarde. Durant cet été particulièrement chaud, Charlotte ne va avoir de cesse que d’essayer de la rencontrer, espérant ainsi échapper à son ennui entre un père qui n’a pas le temps de s’occuper d’elle (Raoul Billerey), une femme d'intérieur assez acerbe (Bernadette Lafont) et la petite Lulu (Julie Glenn), une voisine à la santé fragile qui lui pompe tout son air. Elle va néanmoins parvenir à pénétrer dans cet univers de rêve et de luxe qui va dans un premier temps la fasciner avant la prévisible désillusion ; elle va également vivre une expérience malheureuse avec Jean, un jeune marin (Jean-Philippe Ecoffey) qui aurait pu être son premier flirt si seulement…

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5ème film de Claude Miller après déjà quatre éclatantes réussites (dont son insurpassable premier essai qui reste selon moi son chef-d’œuvre, La Meilleure façon de marcher avec –pléonasme- un inoubliable Patrick Dewaere), L’Effrontée ne démérite pas et confirme même en cette année 1985 que Miller continue à être l’un des réalisateurs français les plus passionnants de cette décennie 80 qui revient désormais à la mode après avoir été conspuée -pas forcément à tort dans les grandes lignes- en ce qui concerne notre cinéma national. Les deux suivants (La Petite voleuse et L’accompagnatrice) se maintiendront encore au même niveau, le cinéaste ayant ainsi tenu 15 ans durant la dragée haute à la plupart de ses congénères avant malheureusement de complètement perdre pied jusqu’à la fin de sa carrière à la suite du très mal reçu mais pourtant encore réjouissant, corrosif et très drôle Le Sourire. Cet avis étant non seulement hautement subjectif et ne s’agissant pas nécessairement de l’endroit pour en discuter, je me retourne donc vers ces années que j’estime bénies pour le cinéaste et plus précisément vers ce film très modeste qu’est L’Effrontée ; Claude Miller avait expressément tenu à le tourner avec peu de moyens après le tournage beaucoup plus lourd que fut celui du vénéneux Mortelle randonnée, comme une sorte de pause et de retour aux sources.

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L’équipe technique et les comédiens furent unanimes : ces quelques semaines de tournage estival aux alentours d’Evian furent paradisiaques, tout le monde étant tombé sous le charme et subjugué par le talent précoce de la fille de Serge Gainsbourg et Jane Birkin qui avait été repérée dans Paroles et musique de Elie Chouraqui par Annie Miller, co-scénariste de L'Effrontée -en collaboration avec Luc Béraud et Bernard Stora- et épouse du cinéaste. Cette harmonie se ressent à l’écran au travers la fluidité de l’ensemble, la luminosité de la photographie, l’évidence qui semble se dégager de la construction et du montage nous donnant comme une impression de perfection de l’écriture qui ne s'encombre au passage ni de graisse inutile ni de moralisme et encore moins de mièvrerie. Tout le monde fut non seulement entièrement satisfait du tournage mais la fête allait se poursuivre puisque, sans que personne ne le pressente, le film eut un succès critique et public inespéré, le très estimable prix Louis Delluc venant couronner le tout avec en bonus deux Césars d’interprétation pour Bernadette Lafont et bien évidemment Charlotte Gainsbourg. Tout aurait été pour le mieux s’il n’y avait eu pour ternir ces éloges unanimes la polémique de plagiat du roman de Carson McCullers, Frankie Adams, Claude Miller s’étant effectivement fortement inspiré de ce livre qui avait été un immense coup de cœur au point qu’il décida même d’en reprendre quelques bribes de dialogues. Polémique qui ne fit heureusement pas long feu, l'accusation de plagiat étant bien évidemment exagérée, les termes adaptations, hommages ou sources d’inspiration ayant été plus proches de la réalité. Et d’ailleurs peu importe : le livre existe, le film aussi, avec la possibilité d’apprécier aussi bien l’un que l’autre sans chercher nécessairement à les comparer malgré leurs nombreux points communs.

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Plus que la fascination d’une jeune fille pour une autre, le thème principal de l’Effrontée est avant tout le portrait d’une adolescente au moment où elle se cherche et doute le plus, la peinture sensible mais sans fards de cette période malaisée et rarement facile à vivre qui fait la transition entre l’enfance et la puberté. Charlotte est mal dans sa peau aussi bien à l’école ou elle ne se reconnait aucun points communs avec ses camarades que dans son milieu familial qu’elle trouve étriqué et au sein duquel elle s'ennuie. Elle est aussi peu à l’aise dans sa tête qu'avec son corps un peu plus filiforme et dégingandé que la moyenne ; on le ressent d’emblée lors de la séquence à la piscine où elle semble non seulement maladroite avec ses membres mais montre également une peur maladive de sauter du plongeoir, ce qui la fera ensuite être victime des moqueries de ses petits camarades qui, comme c’est souvent le cas à cette période du collège, ne sont pas tendres les uns envers les autres. Lorsqu’elle se trouve subjuguée par une pianiste prodige de son âge qu’elle voit lors d’un concert enregistré sur VHS, elle n’a plus qu’une idée en tête, chercher à la rencontrer, ce qui s’avère tout à fait possible puisqu’elle doit justement se produire durant les vacances d’été au sein de sa petite ville. Tiraillée d’un côté par sa vie morne et ennuyeuse au sein de sa famille, de l’autre par ses rêves et désirs d’un ailleurs -aussi bien celui de la destination de vacances de son frère plus âgé qui a le droit de partir avec ses copains que celui encore à priori plus inaccessible que lui fait entrevoir sa visite à la villa de la pianiste- elle a beaucoup de mal à se situer, ses hésitations et ses doutes la rendant fortement irritable, faisant du mal à son entourage sans foncièrement le vouloir, se sentant encore moins en phase avec ses proches depuis qu’elle a l’espoir de pouvoir se rendre dans de plus hautes sphères aux côtés d'une camarade qui semble avoir tout ce qu'elle n'a pas, le talent, l'aisance, l'intelligence et la beauté, ce qui l'attire forcément.

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Séduite voire même hypnotisée par l’opulence de l’univers dans lequel vit la pianiste, elle a de plus en plus de mal à retourner dans sa modeste maison entre un père qui a trop de travail pour avoir le temps de s’occuper d’elle, une amie de la famille qui les aide en effectuant les tâches ménagères et qui ne perd pas une occasion de la railler sans méchanceté mais avec une ironie qui la blesse tout autant, un frère qui a plein d’amis et qui a le droit de batifoler à droite à gauche, et enfin une adorable fillette de six ans qu’on lui colle dans les pattes alors que son débit ininterrompu et sa demande d'attention constante l'agacent fortement. Par petites touches sensibles, les auteurs abordent avec une grande intelligence et un sens de l’observation affuté les rêves, les emballements et élans du cœur d’une jeune fille fragile, boudeuse et timide ainsi que ses premières espérances déçues et grandes désillusions ; ils décrivent les difficultés de l’adolescence avec une telle justesse que tout le monde se reconnaitra au travers quelques traits de caractère d'une Charlotte tour à tour (ou en même temps) effrontée, cinglante, frondeuse, pleine de certitudes pour cacher ses doutes, agacée par les adultes qui ne la comprennent pas mais également capable d'amour et de tendresse. Une écorchée vive formidablement interprétée par une Charlotte Gainsbourg qui crève l’écran, aidée en cela par la mise en scène toujours millimétrée et subtile d’un Claude Miller qui semble s’être régalé à la filmer, arrivant à presque tout faire passer par ses regards, expressions et attitudes (beaucoup de gros plans sur Charlotte procurent une puissante émotion). Il ne faudrait cependant pas oublier la délicieuse Julie Glenn qui est source de la plupart des répliques et séquences humoristiques, une petite fille qui n’a pas la langue dans sa poche, elle aussi subjuguée mais par Charlotte qu’elle considère à la fois comme une grande sœur, une confidente et une camarade de jeu ; elle est craquante du début à la fin et son "je ne veux pas que Charlotte parte avec la pianiste" fera venir des larmes aux yeux aux plus endurcis. D’après l’actrice elle-même, elle n’aurait pas joué cette scène puisqu’à ce moment là elle croyait dur comme fer que sa partenaire allait réellement s’en aller.

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Il ne faudrait pas non plus passer sous silence les remarquables prestations de Raoul Billerey en père bourru au cœur tendre (on n’oubliera pas de sitôt la séquence où, encore à moitié assoupi, il accueille ‘en tout bien tout honneur’ sa grande gigue de fille dans son lit à la demande de cette dernière pour se faire cocooner), celle de Simon De La Brosse d'un naturel confondant dans le rôle du grand frère et celle de Jean-Philippe Ecoffey dans la peau d’un personnage un peu ingrat, le jeune homme qui va tenter d’abuser de la naïve adolescente. Bernadette Lafont en femme d’intérieur et Jean-Claude Brialy en imprésario un peu arrogant sont impeccables même si leur registre n’est guère surprenant, reprenant des rôles qu’on leur a déjà vu jouer à maintes reprises. Dommage que les auteurs n’aient pas pris plus leur temps pour évoquer ce canuculaire été adolescent, ne se soient pas plus longuement appesantis sur les petits rien de la vie quotidienne et aient manqué d’un peu de subtilité dans la description d’un microcosme artistique assez cliché (le jeu efféminé et pédant de Brialy, le personnage du professeur rigide, la jeune fille un peu hautaine…) auquel cas nous nous serions trouvés devant une chronique encore plus mémorable et au charme prégnant du style Pleure pas la bouche pleine de Pascal Thomas auquel L’Effrontée peut faire penser. En l’état il s’agit néanmoins d’une remarquable réussite car quoi de plus difficile que de retranscrire d'une manière plausible les contradictions de cet âge ingrat et rendre justes les affres, hésitations, tourments et fièvres des débuts de l’adolescence voire même le désarroi des adultes face au mal-être de ces grands enfants à fleur de peau qui ne rêvent que d’être enfin pris au sérieux.

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Sans jamais se départir de légèreté, tour à tour drôle, désinvolte -pas dans sa mise en scène au contraire rigoureuse, trop peut-être-, délicat, tendre, délétère et profondément émouvant, sur l'air entrainant du tube interplanétaire ‘Sarà perchè ti amo’ de Ricchi e Poveri et celui plus serein du concerto pour piano N°11 de Mozart, une chronique de mœurs douce-amère, d'une belle simplicité et d’une confondante justesse sur la confusion des jeunes adolescents alors que se bousculent en eux à la fois l’envie et la peur de quitter l’enfance. Il fallait beaucoup de sensibilité et d’acuité du regard pour réussir un film aussi fragile. Pari gagné pour Claude Miller et ses scénaristes ; nous ne sommes pas prêts d'oublier les frimousses et les bouderies de Charlotte et Lulu !

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La Petite voleuse - Claude Miller 1985


1950 dans une petite bourgade du centre de la France. Janine Castang (Charlotte Gainsbourg) est une adolescente qui n’a jamais connu son père et qui a été abandonnée par sa mère après la Seconde Guerre mondiale (on soupçonne que cette dernière ait eu une relation avec un officier allemand et qu’elle ait dû fuir en Italie à la libération). Élevée par son oncle (Raoul Billerey) et sa tante (Chantal Banlier) dans un milieu plus que modeste, Janine étouffe aussi bien chez elle qu’à l’école et rêve de luxe, de plaisir, d’amour et de liberté, tout ce qu’elle retrouve sur les écrans de cinéma qu’elle fréquente assidument ; dans la réalité, avec en plus l’envie de devenir rapidement femme, elle vole tout ce qu’elle peut (bijoux, lingerie, cigarettes…), accumulant son butin derrière son lit. Jusqu’au jour où elle finit dans les locaux de la gendarmerie. Pour gagner sa vie, elle accepte un emploi de bonne chez de riches bourgeois. Dans le même temps elle tombe amoureuse de Michel (Didiez Bezace), un homme marié qui tente de l’aider en décidant de parfaire sa culture générale et de lui inculquer une honorable ligne de conduite tout en vivant avec elle une relation adultérine. Puis c’est la rencontre avec Raoul (Simon De La brosse) qui ne va pas l’attirer sur la bonne pente…

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Le tournage de L’Effrontée trois ans plus tôt s’étant déroulé dans la plus harmonieuse des ententes, le film ayant bénéficié d’un immense succès critique et public, quoi de plus logique pour le suivant que de penser à reformer quasiment la même équipe si ce n’est qu’elle sera enrichie par de nombreux techniciens, le budget de La Petite voleuse étant beaucoup plus conséquent, film d’époque oblige. C’est François Truffaut qui aurait dû tourner l’adaptation de son propre scénario qu’il écrivit en collaboration avec Claude De Givray et qui était une sorte de 400 coups au féminin. Directeur de production de Truffaut entre 1968 (Baisers volés) et 1975 (L’Histoire d’Adèle H), immense admirateur du grand cinéaste de la Nouvelle Vague, de son style, de sa fantaisie et de son univers, il semblait logique que ce soit Claude Miller qui se mette à l’ouvrage. L’ambiance sur les plateaux fut toute aussi apaisée et sereine que pour L’Effrontée et Charlotte Gainsbourg pouvait à cette occasion prouver que son inoubliable prestation sur le précédent n’était pas le fait du hasard, renouvelant l’exploit dans la peau de Janine Castang, admirable de bout en bout.

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Le personnage principal suit à peu près le même parcours que celui du jeune Doinel dans Les 400 coups ; il est issu d’un milieu modeste, pas grandement estimé ni aimé par la femme qui l’élève, il adore le cinéma au point de s’y rendre dès que possible et après quelques larcins sans grandes conséquences va être envoyé dans une maison de redressement avant de s’en échapper pour arriver au bord de la mer. Mais alors qu’Antoine Doinel était un tout jeune garçon, la Janine de Miller est une adolescente d’une quinzaine d’années qui ne rêve que de s’émanciper sans plus tarder, de devenir une femme à l’image de celles qu’elle voit régulièrement sur les écrans de sa salle de cinéma de quartier. Pour pouvoir se faire, n’ayant pas les moyens de se payer quoique ce soit, elle va se mettre à voler, aussi bien des vêtements que des bibelots, objets de luxe et même cigarettes, toute la panoplie de la femme qu’elle souhaite devenir au plus vite avec dans l’idée et l’espoir d’obtenir ainsi sa liberté et de pouvoir séduire. Dès qu’elle quitte ses cours au lycée, elle file aux toilettes pour changer immédiatement son austère tenue d’école pour des vêtements beaucoup plus féminins, bas, robes et hauts talons. Elle ne vit que dans ses rêves de luxe et d’émancipation et aimerait tant qu’à devenir une femme se faire dépuceler au plus vite même si c’est par le premier venu, "se fichant pas mal qu’on la respecte" (c'est elle-même qui le dit en ces termes), ne cherchant qu’à connaitre enfin le plaisir. Comme on peut le constater au vu de cette description, Janine est loin d'être 'une petite fille modèle' mais au contraire un personnage ambigu, complexe et plein de contradictions, pas du tout manichéen. C’est d’ailleurs la grande qualité de ce scénario que de rendre aussi attachante cette jeune anti-héroïne sans jamais être moralisateur ni chercher à la juger, sans jamais non plus mettre en avant un quelconque discours sur les dérives de cette société d’après guerre qui aurait probablement été un peu lourd et surtout déjà vu.

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Les auteurs s’érigent ainsi en observateurs objectifs, en témoins des frasques de cette jeune femme fantasque, jamais en juges ni en avocats. Ils ne l’acculent pas plus qu'ils ne lui trouvent des excuses d’autant plus que ses motivations restent expressément assez floues ; en effet, connait-elle elle-même le pourquoi de ses actions ? Se pose-t-elle vraiment des questions à ce sujet ? Est-elle devenue kleptomane par le fait d’avoir été abandonnée par ses parents, pour se libérer du carcan étouffant de sa famille adoptive, pour s’échapper de sa province étriquée, pour ne pas vivre aussi modestement que la plupart de ses camarades, pour entrer en révolte contre la société et le monde qui l’entoure ? Aucunes véritables explications psychologiques sur ses buts et intentions ne nous seront données et c’est tant mieux ! Le film, comme l’était déjà L’Effrontée, est avant tout un beau portrait de femme voulant rapidement voler de ses propres ailes, profiter des plaisirs de la vie, s’émanciper le plus vite possible au sein d’une époque encore un peu puritaine ; une fille à la fois naïve et précoce, maladroite et audacieuse, tendre et frondeuse, fragile et décidée, rêvant à la fois de liberté et de stabilité. Entre mensonges et larcins, elle croque la vie à pleine dents sans se soucier des conséquences et dangers que peuvent lui valoir ses actes par toujours légaux ni moraux. Avec une fraicheur, une candeur, un charme et un naturel exceptionnels, Charlotte Gainsbourg porte le film sur les épaules et permet d’en faire oublier les défauts.

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Des défauts que l’on ne voit pas d’emblée, portés que nous sommes par le charisme et le charme de l’actrice. La première partie est en effet formidable et fait effectivement grandement penser à Truffaut par le ton, la fantaisie, l’utilisation de la musique et des actualités, les effets de montage, les idées purement visuelles pour se passer d'explications dialoguées, le rythme insufflé, l’attention portée aux objets, aux affiches et devantures de cinéma… Et puis l’actrice trouve en Didier Bezace un partenaire idéal, leur histoire s’avérant très crédible, le personnage de Michel étant très touchant par ses tendres attentions et sa volonté sincère de sortir Janine de sa condition en la faisant se cultiver. La reconstitution de ces années d'après-guerre n’est au départ pas trop ostentatoire mais l’on se prend à remarquer un grand nombre d’expressions de l’époque qui, dans la bouche des comédiens d’aujourd’hui, débouchent sur le contraire de l’effet recherché, à savoir un sentiment assez prononcé de factice. A ce propos, Claude Miller et ses scénaristes auraient oublié la leçon de Truffaut qui, pour rendre Le Dernier Métro le plus ‘vrai’ possible, a fait jouer ses comédiens comme si le film se déroulait en 1980, les dialogues étant eux aussi contemporains du tournage. Alors que cette accumulation d’expressions aujourd’hui ‘cocasses’, cette volonté de faire ‘d’époque’ -que l’on ne ressentait pas forcément à ce point au début tellement notre attention était retenue ailleurs et notamment sur le jeu de l'actrice- ajouté au cabotinage éhonté d'un Simon de la Brosse arrivé à mi-parcours, vont au contraire nous faire perdre pied ; comme un bouton au milieu de la figure, on en arrive ensuite à ne plus voir que ça au cours du reste du film qui nous semble alors lentement se déliter. Les séquences peu captivantes sur la plage et assez déprimantes -et pas forcément intéressantes- pour celles qui se déroulent dans le centre de redressement ne permettront pas de nous raccrocher, le plan de la fourchette enfoncée dans le dos de la main – s’il a pu faire rire les acteurs sur le tournage- s’avérant même ici totalement incongru. Heureusement la très jolie dernière séquence rattrapera le coup, nous fera oublier la grisaille de ce qui a précédé et permettra de finir le film en beauté ; un épilogue ouvert et plein d’espoir.

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Pas aussi satisfaisant et beaucoup plus inégal que L’Effrontée faute surtout à une volonté trop grande de vouloir faire ‘d’époque’ qui rend le film un peu caricatural et factice ainsi qu'à une seconde partie bien moins entrainante et intéressante, trop empruntée. Ceci dit, cette chronique d’apprentissage d’une adolescente qui rêve de devenir femme reste alerte, dynamique et presque constamment plaisante, Claude Miller étant loin d’être un incompétent derrière une caméra, Alain Jomy nous délivrant une très jolie musique avec le hautbois en avant et le couple Gainsbourg/Bezace fonctionnant à merveille. Un film très soigné -trop peut-être- l’imagerie datée et ses poncifs prenant parfois le pas sur la véracité de l’ensemble. Peu importe, ce que l’on retiendra surtout de cette Petite voleuse est la fascination que nous aura procuré sa jeune actrice au talent indéniable, au charme inoubliable.
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Jeremy Fox
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

J'ai été revérifié sa filmo et c'est bien le sourire qui fut le dernier film de son réalisateur à me plaire. J'aime toujours beaucoup l'accompagnatrice et tout ce qui le précédait. Après, ce ne fut plus pour moi non plus le même réalisateur. Cependant, vague souvenir de la chambre des magiciennes qui ne m'avait pas déplu mais dont il ne me reste rien.
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Kevin95 »

Jeremy Fox a écrit :J'ai été revérifié sa filmo et c'est bien le sourire qui fut le dernier film de son réalisateur à me plaire.
Je ne l'ai pas trouvé extraordinaire celui-ci quand bien même on assiste à une excellente prestation de Jean-Pierre Marielle (pléonasme). Claude Miller n'arrive jamais (à mon sens) à nous faire rentrer dans son "délire" érotomane ni à faire passer les emprunts lourdingues aux films les plus baroques de Federico Fellini. J’exagère peut-être, mais j'ai trouvé sa mise en scène plus publicitaire (façon promo pour gel douche) que réellement onirique.

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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par manuma »

Effectivement, le côté fable, avec ses curieuses envolés oniriques, n'est clairement pas ce qui fonctionne le mieux dans le film. Mais je persiste : le film mérite le coup d'oeil pour Marielle (un peu comme les Grands ducs d'ailleurs, sorti l'année suivante).
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Bogus »

J'aime vraiment beaucoup L'Effrontée, au delà de l'histoire elle-même c'est un film qui me rappelle les étés passés chez ma grand mère à la campagne.
J'aime cette famille, cette maison, cette petite ville, cette époque et cette chanson qui parcours le film (mais aussi la BO d'Alain Jomy).
Et j'aime Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont.

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Jeremy Fox
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

Début d'un mini-cycle consacré à Claude Miller grâce à TF1 et ses Blu-ray : Antoine Royer nous parle de Garde à vue et de son Blu-ray.
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Jeremy Fox
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

L'effrontée vient de sortir lui aussi en Bluray chez Tf1 Video.
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

Fin de notre mini cycle consacré au cinéaste avec La Petite voleuse sorti lui aussi en Blu-ray chez Tf1 Video.
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

Garde à vue - 1981

Revu à partir du Blu-ray Tf1 dont le grand écart qualitatif avec le DVD tout pourri de chez René Chateau s'apparente au Grand Canyon. Dialogues toujours aussi brillants, comédiens toujours aussi géniaux -non seulement Ventura et Serrault mais également Guy Marchand qui aura interprété les beaufs les plus mémorables des années 80- et scénario captivant. En revanche je regrette une fois encore ces flash-back visuels qui sont non seulement redondants mais viennent casser l'atmosphère et la tension du huis-clos qui se serait suffit à lui-même. Enfin, pour vous prouver à quel point ma mémoire me joue des tours, après 4 ou 5 visions, j'avais encore oublié si Serrault était ou non coupable des meurtres dont il était accusé. Et finalement ça peut-être une bonne chose car je me fais avoir à chaque fois. :mrgreen:
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Rick Blaine »

Le DVD existant était TF1, ce bon René n'était pas dans le coup même si ça ne change rien à la conclusion !! :mrgreen:

Redécouvert il y a quelque semaine en BR également, j'ai trouvé ce film que j'aimais déjà beaucoup presque parfait, je ne vois rien à jeter. C'est un modèle d'écriture et de montage.
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Le DVD existant était TF1, ce bon René n'était pas dans le coup même si ça ne change rien à la conclusion !! :mrgreen:
Il a effectivement déjà assez de casseroles à tirer pour ne pas lui en rajouter une fictive ; mes excuses monsieur Chateau :lol:
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par AtCloseRange »

Jeremy Fox a écrit :Garde à vue - 1981

Revu à partir du Blu-ray Tf1 dont le grand écart qualitatif avec le DVD tout pourri de chez René Chateau s'apparente au Grand Canyon. Dialogues toujours aussi brillants, comédiens toujours aussi géniaux -non seulement Ventura et Serrault mais également Guy Marchand qui aura interprété les beaufs les plus mémorables des années 80- et scénario captivant. En revanche je regrette une fois encore ces flash-back visuels qui sont non seulement redondants mais viennent casser l'atmosphère et la tension du huis-clos qui se serait suffit à lui-même. Enfin, pour vous prouver à quel point ma mémoire me joue des tours, après 4 ou 5 visions, j'avais encore oublié si Serrault était ou non coupable des meurtres dont il était accusé. Et finalement ça peut-être une bonne chose car je me fais avoir à chaque fois. :mrgreen:
Je trouve au contraire que ces courts flashbacks permettent d'aérer un peu le film. Ils sont quand même très discrets et ajoutent de l'impact (le phare, le couloir, la scène avec Elsa).
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Jeremy Fox
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Re: Claude Miller (1942-2012)

Message par Jeremy Fox »

La Meilleure façon de marcher - 1975

Premier film, réussite incontestable que Miller n'arrivera malheureusement plus à égaler même si quelques un de ses œuvres suivantes seront presque tout aussi admirables. Sous grosse influence truffaldienne sur la forme et malgré quelques rares idées de mises en scène parfois un peu datées , cet ambigu drame psychologique sur le harcèlement moral et l'homosexualité refoulée est fabuleusement interprété par Patrick Bouchitey, Michel Blanc, Claude Piéplu -qui représente la partie comédie du film- la trop rare et lumineuse Christine Pascal et un Patrick Dewaere tout simplement génial. C'est tout à la fois concis, tendu, drôle et psychologiquement passionnant. La reconstitution d'époque et de la vie quotidienne dans une colonie de vacances est tout aussi parfaite. Un chef-d’œuvre du cinéma français sur lequel je m'étendrais peut-être un jour un peu plus.
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