Jacques Fansten

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52249
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Jacques Fansten

Message par Boubakar »

Je recherche Roulez jeunesse qui n'a pas été édité sur aucun support vidéo.

Peut-être que j'aurais plus de chance si il est passé à la télé/câble, et qu'une âme charitable aurait une copie.
C'est sûr que ce n'est pas le chef d'oeuvre, mais je tiens beaucoup à le voir, car il fait partie des très rares films dont j'ai assisté au tournage.

Merci pour votre aide ! :)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jacques Fansten

Message par Jeremy Fox »

Image

Le Petit Marcel – 1976

Vivant dans des cités dortoirs de la banlieue parisienne, les jeunes sont au chômage et s'ennuient. Les adultes estimant que la police ne fait pas son travail s'organisent en milice pour faire peur à ‘la peste’ que représente cette ‘fainéante’ jeunesse. Dans ce cadre, Marcel (Jacques Spiesser), la vingtaine, arrive avec le vieux camion hérité de son père à la recherche d'un travail en tant que transporteur. Il fait la connaissance d’une bande de jeunes inactifs et s'y intègre, l'une d'entre eux devenant sa petite amie (Isabelle Huppert). Pas en règle avec ses papiers, il a vite affaire avec la police. Par sa bienveillance, le commissaire du quartier (Yves Robert) prend en main son ‘insertion’. Mais sans avoir vraiment conscience de ce qu’on lui fait faire, le naïf Marcel va devenir ‘indic’ en surveillant ses amis dont se plaignent les habitants du quartier...

Jacques Fansten, réalisateur, scénariste et producteur, président des auteurs et compositeurs dramatiques jusqu’en 2017, est toujours relativement peu connu de la sphère cinéphile ; il faut dire que sa filmographie n’est pas très conséquente concernant le cinéma, la télévision lui ayant offert bien plus de possibilités pour s’accomplir. Il fut pourtant au tout début assistant de Robert Enrico ou Claude Chabrol, ce dernier sur deux de ses films les plus célèbres, Que la bête meure et La Femme infidèle, mais également au milieu des années 70 à l’origine en tant qu’auteur complet de ce premier film très intéressant qu’est Le Petit Marcel avec Jacques Spiesser, Yves Robert ainsi que Isabelle Huppert dans l’un de ses premiers rôles d’importance. Après de nombreux refus pour différents scénarios, il s’agit du premier enfin accepté à l'avance sur recettes par le CNC ; et c’est surtout grâce à Yves Robert et sa société les Films de la Guéville que son projet aura pu définitivement se concrétiser, ayant eu auparavant assez de mal à réunir des fonds suffisants pour se lancer.

L’action du Petit Marcel se déroule au sein des grands ensembles de la banlieue parisienne avec comme protagonistes principaux des jeunes au chômage ainsi qu'entre autres, outre des policiers qui les surveillent de près au point de les harceler avec un peu trop de zèle et de provocations, des adultes estimant que les forces de l’ordre ne font pas correctement leur travail, s'organisent en milice pour faire peur à ‘la peste’ que représente pour eux cette jeunesse chevelue et désœuvrée, pourtant pas bien méchante, tout du moins celle présentée dans le film. L’idée était de brosser le tableau sociétal d’une certaine frange de la population du milieu des années 70 - assez bien saisie d’ailleurs - ainsi que d’essayer de faire comprendre ce qu’était "une société de surveillance" et l’engrenage qui pouvait conduire une personne lambda, proie facile, à devenir un ‘indic’ et ainsi trahir ses amis ; idée venue à Fansten en se souvenant scandalisé d’un de ses copains repéré dans les manifs gauchistes de l’époque et qui ayant ensuite trouvé un travail dans un ministère, on lui avait demandé de but en blanc "de choisir entre eux et nous". Le Petit Marcel va ainsi être conduit par un policier d’un abord très humain à surveiller les nouveaux amis qu’il s’est fait en arrivant à la capitale, lui faisant une sorte de chantage en lui facilitant l’obtention de papiers administratifs pour pouvoir travailler ainsi que l’acquisition d’un studio à condition qu’il donne des renseignements sur les agissements des jeunes qu’il fréquente, savoir s’ils ne seraient pas subversifs, c’est-à-dire encore à cette époque juste un peu ‘communistes sur les bords’.

"Une des réflexions que l'on se faisait en abordant le sujet avec Jean-Claude Grumberg, c'était de nous dire : on ne fait pas un film de dénonciation ; si c'est un film politique, ça ne peut être qu'au sens de se poser des questions ; donc une des règles absolues que l'on s'était donné : il faut que chaque personnage puisse être convaincu que ce qu'il fait il a raison de le faire […] On ne raconte que des braves gens ; ce sont des bonnes volontés qui vont se fourvoyer". Franchement, à le revoir aujourd’hui, même si l’on ne remettra pas en cause la sincérité des auteurs, il est difficile d’accorder beaucoup de crédits à ces intentions qui semblent entre temps un peu avoir volé en éclats ; car quoiqu’il en dise dans son entretien récent en bonus de ce Blu-ray, le ressenti que l’on a en découvrant le film est que le réalisateur prend clairement fait et cause pour la bande de jeunes alors que les adultes ne sont pas vraiment croqués avec indulgence, pas plus le commissaire de prime abord très sympathique superbement interprété par Yves Robert ; même si le chef de la police, très paternaliste, dit à Marcel lui faire surveiller ses amis pour leur propre bien, l’on se rend assez vite compte qu’il n’est pas entièrement de bonne foi et le manipule, à moitié complice du pouvoir par ses compromissions avec le maire qui n’est autre que son beau-père et n’étant pas très virulent face à son beau-frère à la tête d’un groupuscule d’extrême droite aux manières un peu expéditives. Jean-François Balmer est un directeur de supermarchés qui exerce le droit de cuissage sur toutes ses employées ; quant au personnage trouble d’une ‘bonhomie haïssable’ joué par Marcel Bénichou, c’est un méprisable opportuniste mangeant à tous les râteliers par pur égoïsme, usant abusivement de la naïveté de Marcel d’autant que ce dernier n’a aucune convictions politiques. Bref, des ‘braves gens’ de cette sorte, on préfèrerait ne jamais se frotter à eux.

Les virages scénaristiques que prend le film sont souvent assez inattendus, d'une chronique de mœurs façon Pialat de Passe ton bac d'abord, Le Petit Marcel bifurquant vers un cinéma politique et social se rapprochant de celui de Costa-Gavras ou Yves Boisset. Ca n'en fait pas un brûlot pour autant car l’ensemble manque un peu de mordant à l'image de son héros expressément assez transparent, mais ça s'en approche parfois, notamment à partir du moment où les divergences d'opinions politiques provoquent lors d’une fête organisée par des militants extrémistes de droite la mort d’un jeune banlieusard sans que ça ne soulève aucune indignation parmi la population. Malgré le fait que le jeune garçon ait été défenestré, cette tragédie ne conduira à aucune enquête, le suicide ayant été prononcé sans suites. Les jeunes acteurs sont tous assez naturels, les adultes tous très bons, que ce soit Yves Robert, Michel Aumont (le barman), Jean-François Balmer (le patron de supermarché) ou Anouk Ferjac (la femme du commissaire), etc, le film est fortement ancré dans son époque le cinéaste décrivant les cités presque comme un documentariste, et l'on constate à postériori que rien n'a vraiment changé depuis ces années 70, que les problématiques étaient déjà les mêmes et que le ‘racisme antijeune’ n'est absolument pas nouveau.

Alors que, au vu du titre, l’on pouvait aussi s’attendre à une chronique de mœurs à la Pascal Thomas (ce qui n’est aucunement un reproche surtout lorsque l’on parle de ses films des années 70), quelle surprise que de tomber sur un film militant clairement à gauche, parfois assez ambigu, essayant tant que possible d’éviter le manichéisme sans toutefois toujours y parvenir. Quant à la séquence finale, ouverte ou provocatrice selon, elle est vraiment assez imprévisible et fini de faire de cette œuvre parfois assez cynique bien plus qu'une modeste description des jeunes de banlieues (ce qui aurait déjà été très bien, l’étude du milieu étant assez juste), un essai sociologique et une réflexion assez captivante sur les mécanismes et engrenages qui conduisent à la manipulation de personnes faibles qui en arrivent ainsi à la délation. Un accueil critique généralement très bon (au point que les Cahiers du cinéma lui consacrèrent plus de 10 pages) mais un bide retentissant en salles. Un petit film méconnu qui manque parfois de finesse et d’âpreté mais qui mériterait néanmoins de sortir de l'oubli.



***************************************************************************************


États d’Âme - 1986

Le 10 mai 1981, soir de la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles, cinq copains de lycée (Maurice - Robin Renucci, Romain - Jean-Pierre Bacri, Pierrot - François Cluzet, Bertrand - Tcheky Karyo et Michel - Xavier Deluc) se retrouvent à la Bastille pour fêter ce mémorable évènement. A cette occasion ils rencontrent Marie (Sandrine Dumas), une jeune femme qui accouche ce même soir entourée des cinq hommes qui l’ont conduit en urgence à l’hôpital. Durant les quatre premières années du mandat socialiste, chacun d’entre eux aura une liaison avec Marie ; personne n’aura pu concrétiser la belle histoire d’amour qu’ils auront tous rêvé d’avoir avec elle alors même que la grande Histoire n’aura gère plus tenu ses promesses…

Jacques Fansten, réalisateur, scénariste et producteur, actuellement président des auteurs et compositeurs dramatiques, est resté malheureusement assez peu connu de la sphère cinéphile. Il fut pourtant assistant de Claude Chabrol sur deux de ses films les plus célèbres, Que la bête meure et La Femme infidèle, mais également à l’origine en tant que réalisateur et scénariste d’un excellent film dans les années 70, Le Petit Marcel avec Jacques Spiesser et Isabelle Huppert dans l’un de ses premiers rôles d’importance. Profitons de cette rare lucarne accordée à Fansten pour revenir rapidement sur ce dernier film qui se situait dans les cités dortoirs de la banlieue parisienne avec comme protagonistes principaux des jeunes au chômage ainsi qu'entre autres des adultes estimant que la police ne faisant pas son travail, s'organisant en milice pour faire peur à ‘la peste’ que représente pour eux cette jeunesse chevelue et désœuvrée. D'une chronique de mœurs façon Pialat de Passe ton bac d'abord, Le Petit Marcel bifurquait à mi-parcours vers un cinéma politique et social à la Costa Gavras. Ca n'en faisait pas un brûlot pour autant mais ça s'en rapprochait parfois assez, nous démontrant également à posteriori que le 'racisme anti-jeune' n'est absolument pas nouveau. Parfois assez ambigu et jamais manichéen même si clairement ‘de gauche’.

De gauche, Etats d’âme l’est évidemment aussi ; et tout aussi lucide car ces jeunes socialistes révoltés qui déliraient le soir du 10 mai 1981 déchantaient tous à peine 4 ans plus tard. Quoiqu’il en soit, malgré les défauts qu’il peut avoir, le thème abordé (l’arrivée de la gauche au pouvoir, la liesse et les enthousiasmes suscités par cet évènement historique) est assez rare pour que le film de Fansten soit en l’état un très intéressant document sociologique tout au moins sur le plan politique, économique et social avec entre autres quelques focus sur la naissance des radios libres, le monde du travail, de l’enseignement, de la politique, de la presse et de la télévision. Il est même assez cocasse en ces périodes d’élection de 2022 de constater que celui qui devait manger des petits enfants à l’époque n’était évidemment pas encore Mélenchon et sa clique mais Mitterrand et son parti socialiste, les plus virulents hommes politiques de l’opposition émettant les idiotes hypothèses que si jamais le parti de la rose gagnait les élections le tourisme ne pourrait plus avoir lieu qu’en URSS !! Ce qui nous fait grandement relativiser ce qui peut encore se dire de nos jours. Cette parenthèse étant refermée, revenons-en en cette année 1986 durant laquelle Jacques Fansten fit appel à six tout jeunes comédiens qui pour au moins la moitié allaient nous accompagner encore quelques décennies durant, les autres allant avoir leur heure de gloire assez éphémère durant cette seule décennie, tout du moins dans le domaine du cinéma. Parlons-en rapidement de cette jeune génération alors très prometteuse et que nous sommes ravis de retrouver ensemble le temps d’un film éminemment sympathique à défaut d’être mémorable.

Au sein de la catégorie ‘étoiles filantes’, Xavier Deluc dans le rôle du journaliste télévisé, probablement le père de cet enfant/symbole du 10 mai 1981 que met au monde la charmante Sandrine Dumas. Ce beau blond commence à tourner avec Max Pecas pour ensuite obtenir quelques rôles bien plus gratifiants chez Yannick Bellon (La Triche), Jacques Doillon (La tentation d’Isabelle), Pierre Granier-Deferre (Cours privé) ou encore Gérard Frot Coutaz (Beau temps mais orageux en fin de journée) ; Robin Renucci dans la peau du ministre de gauche antinucléaire faisait déjà partie des acteurs principaux dans deux autres films ‘de groupe’ de la même période, les très agréables Escalier C de Jean-Charles Tacchella (où il était déjà déjà aux côtés de Bacri) ainsi que Vive la sociale de Gérard Mordillat. Quant à Sandrine Dumas qui n'a jamais vraiment percé, ceux qui ont vu l’excellent La Légende du Saint Buveur de Ermano Olmi avec Rutger Hauer doivent encore s’en souvenir ; dans Etats d’âme, tout et tous tournent autour d’elle et on comprend pourquoi tellement elle est rayonnante. Parmi ceux qui au contraire perdurent encore et dont au moins le visage sera familier au plus grand nombre, Tcheky Karyo dans le rôle de Bertrand, le fondateur du centre culturel et de sa radio libre. Avant ça le comédien avait surtout été remarqué dans Les Nuits de la pleine lune de Rohmer ainsi que, déchaîné, dans le non moins forcené L’amour braque de Zulawski. Dans Etats d’âme il interprète un homme plutôt calme, très éloigné de la plupart de ses personnages passés et à venir. Concernant les deux restants, pas besoin de s’étendre longuement sur leurs rôles et leur carrière car tout le monde les connaît s’agissant de François Cluzet et du regretté Jean-Pierre Bacri, respectivement dans le film le membre du parti communiste et l’enseignant déprimé.

Ces jeunes gauchistes sont des copains inséparables depuis le lycée où ils manifestaient pour un oui et pour un non et qui déchanteront après avoir cru avec leurs convictions bien ancrées que le monde changerait avec l’arrivée des socialistes au pouvoir. "Tout va bouger dans l’enseignement !" clame le personnage de Bacri qui constatera avec amertume l’immobilisme d’une majorité de ses collègues et deviendra inspecteur d’académie ; "Le pouvoir a changé et croyez-moi, ça va se sentir" affirme le protagoniste interprété par Renucci qui finira par rentrer dans le rang des loyaux serviteurs qui doivent surtout avoir en tête de ne surtout pas faire de vagues et qui ne rechignera pas lorsqu’on lui proposera la légion d’honneur malgré n’avoir pas fait grand-chose pour le bien commun : "Le pouvoir, c’est comme l’argent : moins tu t’en sers, plus tu le gardes". Le journaliste télé constate que les socialistes pas plus que les giscardiens avant eux ne supportent la critique et Bertrand, le directeur de la radio libre, comprendra que rester intègre suppose accepter les humiliations et les échecs… A mi-premier mandat ils sont déjà désenchantés, constatent que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses et que pas grand-chose n’a changé. Si l’amour et la politique sur lesquelles ils avaient focalisé quelques-uns de leurs rêves n’ont pas tenu leurs promesses, heureusement leur amitié n’a pas été détruite ; et le ton du film en est imprégné car Etats d’âme se révèle être une chronique de mœurs constituée plus que d’un scénario très structuré d’une suite de vignettes plus ou moins légères, sans grande profondeur psychologique ni forte ambition sociologique mais néanmoins intéressante mais surtout enlevée, spontanée et sympathique qui vaut avant tout pour son casting et sa bonne humeur.

Un film de copains, une image de la France effervescente du début des années 80 qui a tout à inventer et à construire grâce à la "revanche des éternels vaincus", un témoignage sur les promesses trahies et les espérances déçues d’une époque euphorique qui semblait devoir bouleverser la vie des Français. Le film s’avère cependant éloigné de la grisaille et de l’amertume auxquelles on aurait pu s’attendre au vu du pitch mais se révèle au contraire frais et tendre ; dommage que l’écriture de l’ensemble manque de rigueur, que celle des personnages soit un peu schématique et que le symbolisme des situations ne soit pas de la plus grande finesse. Fansten sait néanmoins capter l’air du temps et possède assez de métier pour parvenir à ne pas nous ennuyer pas une seule seconde. Ce serait dommage de se priver de la découverte de son film d’autant qu’il était devenu extrêmement difficile à voir.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24538
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Jacques Fansten

Message par Commissaire Juve »

J'imagine que tu l'as vu en Gaumont à la demande. Question : le master est compatible 16.9e ? Merci.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jacques Fansten

Message par Jeremy Fox »

Oui c'est du 16/9. Et j'ai trouvé la copie très bonne.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24538
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Jacques Fansten

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit : Le Petit Marcel - 1974

... Ce n'en est pas un brûlot pour autant mais ça s'en rapproche parfois assez. Les jeunes acteurs sont tous remarquables y compris les adultes, que ce soit Yves Robert, Michel Aumont, Jean-François Balmer, Anouk Ferjac... le film est fortement ancré dans son époque le cinéaste décrivant les cités presque comme un documentariste, et l'on constate que rien a vraiment changé depuis, que les problématiques étaient déjà les mêmes et que le "racisme anti-jeune" n'est pas nouveau.

...Un petit film méconnu et qui mériterait vraiment de sortir de l'oubli.
La bonne surprise de la semaine. Côté djeunz, je craignais le pire, mais -- comme tu le dis -- ils sont très naturels. Certains comédiens ont même fait carrière ensuite : Jean-Michel Dupuis, Patrick Fierry... Quant à Isabelle Huppert, bien que toute jeune (22 ans), elle avait "déjà" de la bouteille.

J'oubliais Maurice Benichou (32 ans) à ses débuts. Ouarf ! :mrgreen:

Le seul truc "moyen" -- sur un plan formel -- ce sont les mecs du proto-FN. Le slogan et les affiches, c'est comme la veste à carreaux du leader... pas terrible ! Ou plutôt pas assez travaillé.

J'ai passé une bonne partie du temps à essayer d'identifier les lieux de tournage. Au début, je me suis dit que Fansten était allé au Mont-Mesly (Créteil) comme beaucoup de réals. Et puis, plus le film avançait, plus j'ai eu l'impression qu'il avait pioché un peu partout. De fait, on a des plaques d'immatriculation du 91, du 93, du 92... A un moment, on voit la "maison des jeunes des Agnettes" (ça, normalement, c'est à Gennevilliers... personnellement, j'y ai fait un concert de rock en 1982) sauf que, je n'ai pas reconnu le bâtiment ! Il m'a aussi semblé reconnaître l'avenue Lénine dans le quartier du Luth (toujours à Gennevilliers).

Perso, j'ai vécu dans une cité modèle jusqu'en 76... c'était un coin super sympa (c'est devenu le Bronx à partir des années 80 et surtout des années 90). Même si j'étais gamin, même si je n'avais pas les préoccupations des djeunz qu'on voit dans le film, je n'ai pas reconnu mes jeunes années dans ce que montre Fansten (qui est relativement soft par rapport à ce qui se passe de nos jours).

Côté "malaise social", j'ai l'impression que le réal a un peu forcé le trait. Mais sans en faire des caisses ; heureusement. On sent bien que l'idée est de nous expliquer que la France pompidolo-giscardienne a un parapluie dans le derrière, mais on est plus près de Jean-Louis Aubert et de son "Je rêvais d'un autre monde" que de Georges Marchais chantant l'Internationale.

Perso, la France de Giscard, j'en garde un bon souvenir. Mais j'étais jeune, insouciant, c'est papa et maman qui s'occupaient de tout.

Rien à voir : techniquement parlant, le transfert DVD se défend très bien en upscalé. La platine m'a quand même fait une frayeur -- au premier chargement -- en me disant "ceci n'est pas un DVD" ! :lol:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
sixtiesfan
Assistant(e) machine à café
Messages : 114
Inscription : 8 mai 18, 10:58

Re: Jacques Fansten

Message par sixtiesfan »

Petite déception pour ma part que ce "Petit Marcel"... Malgré l'immense plaisir ressenti à chaque apparition de Maurice Bénichou, Jean-François Balmer ou Michel Aumont, je me suis un peu ennuyé. Le film n'a pas l'âpreté, le mordant d'un Pialat, tout semble flotter un peu, peut-être la faute à un montage un peu étrange (des cuts intempestifs qui donnent un côté heurté), à un scénario étiré, aux dialogues un peu convenus. Pas très convaincu non plus par les décors, on semble passer d'une cité 70s à un café (celui tenu par Aumont) à la devanture très vintage, des scènes pourraient avoir été tournées à Paris, d'autres dans une ville de banlieue ayant conservé un côté plus rural, bref la topographie est un peu étrange... Spiesser est lunaire à souhait, Anouk Ferjac est très très belle... Quant à Huppert, j'avais oublié qu'elle avait ce côté rondelette étant toute jeune!
Avatar de l’utilisateur
hoplahop
Stagiaire
Messages : 54
Inscription : 2 févr. 21, 20:21

Re: Jacques Fansten

Message par hoplahop »

Visiblement c'est bien Jacques Fansten qui est derrière la caméra de ce reportage complètement délirant, diffusé en 1972 dans l'émission "Troisième Oeil". (Personnellement j'aurais plutôt parié sur Francis Lacassin). Tout ceci semble quand même très scénarisé et digne d'un 1er avril, malgré le style monacal de la réalisation et l'éloquence du principal intervenant.

Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3627
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Jacques Fansten

Message par manuma »

Le concernant, je me suis toujours demandé comment il s'était retrouvé producteur exécutif sur le Silent tongue de Sam Shepard...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jacques Fansten

Message par Jeremy Fox »

Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jacques Fansten

Message par Jeremy Fox »

Chronique de Le Petit Marcel
Répondre