La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Zelig
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Zelig »

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Jeremy Fox
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Jeremy Fox »

La pornographie ; les bobos... Mouais... Ca fait combien de fois qu'à travers mes goûts je me fais traiter de bobo ? M'enfin, il suffit juste de s'y habituer.

Une bien belle mort du cinéma pour moi que la révélation du cinéma de Kechiche en tout cas ; me concernant l'un des auteurs dont le cinéma me semble le plus vivant de ces dernières années et qui n'a presque rien à envier avec l'aussi génial Pialat.
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tenia
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par tenia »

Idem. Mais évidemment, il est plus facile de taper sur les gens qui aiment que de manière factuelle sur le film en lui même.
Mais non, La vie d'Adèle, c'est un porno sur fond de clash des classes sociales, voyons !
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G.T.O
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par G.T.O »

La vie d’Adèle est moins une banale histoire d’amour comme beaucoup l’ont chanté, qu’un film écrasant celle-ci sous le poids d’une thèse caricaturale sur les rapports de classes. D’ailleurs, ladite histoire existe tellement peu en dehors de cela, que l’on vient à se demander si elle n’existe que pour mettre en oeuvre, dans l'enceinte d'une relation, ces oppositions. Tenant lieu de constat, le film de Kechiche fait le plus souvent preuve d’un véritable acharnement à nous prouver l’inertie et permanence de ces frontières invisibles qui la traverse. Bienvenue dans le règne de la subtilité ! :| Visiblement troublé à l’idée de dire quelque chose de plus profond et complexe, la modeste peinture des sentiments de ces deux êtres n'intéresse pas le cinéaste de la Graine et du mulet. Kechiche ou l’art du surégime émotionnel; réalisateur décidément plus proche de la méthode prétentieuse et obscène d’un Michael Haeneke que de Pialat. De l’émotion au forceps, une écriture démonstrative où chaque situation dépeinte est un problème posé, discours social à tous les étages, impossible de faire de Kechiche un sensualiste, entièrement dévoué aux vibrations du corps. Mais, plutôt un type visiblement traumatisé par l’éducation qu’il a reçu, souffrant d’une espèce de complexe de classe s’exprimant par une ambivalence à l’égard de la culture et du discours dont il est le véhicule. Kechiche a découvert Bourdieu et Foucault, et il veut nous faire partager sa découverte. Il a appris par ses lectures peut-même déjà ressenti, que le discours s’oppose au corps. Qu’il veut assujettir, qu'il éloigne, discrimine; là où le corps libère, rapproche et tolère. Bref, le petit père a découvert que le discours est coercitif et qu'il reconduit les rapports de classes. Mais, ni Bourdieu ni Foucault n’ont jamais osé être aussi binaires et simplistes qu'il ne l'est La pensée binaire est le propre de Kechiche; convaincu qu’un bon drame est composé, avant tout, de fortes oppositions.

On a fait grand cas des actrices, de la prestation « so outstanding» dAdèle Exarchopoulos, de claironner jusqu'à devenir sourd qu’elle était géniale, irradiait de sa seule présence le film. La lumière émise de la chandelle devait être sacrément ténue pour être pleinement observé mais je n’ai pas été, mais alors pas du tout, impressionné par la « performance » de la demoiselle. Son jeu manque cruellement de variété et de subtilité : expression monotone d’hébétude, bouche en permanence entrouverte, yeux hagards. On est très loin de la révélation de Sandrine Bonnaire dans A nos amours. Quant à Léa Seydoux, c’est simple : elle est carrément embarrassante. La pauvre n’est pas aidée par les dialogues pourris qui, la plupart du temps, sonnent affreusement faux. L’écriture n’est visiblement pas le fort de Kechiche. Privilégiant le sens à tout prix, le dialogue se fait le plus souvent discours : discours parentales, discours amoureux, discours des profs, discours sur l’homosexualité, discours sur l’art; discours, discours, discours….L’écriture Kechichienne est une écriture au chalumeau, qui a besoin de chauffer à blanc son matériau pour extraire son précieux mélange. Sursignifiante, elle est, néanmoins, cohérente avec l’approche d’extorsion du cinéaste et de son irrépressible besoin de tout voir. Un besoin cannibale, laissant peu de place, pour ne pas dire aucune, à la vie des personnages, où les actes comptent moins que leurs sens. Le cinéma de Kechiche est un cinéma étouffant, qui n’accorde aucun droit à l’imagination, à la suggestion, au hors-champ. Le moindre geste, comme une claque au cul effectué amicalement après l’amour, doit être filmé : pourtant focalisée sur les visages réjouis d’Emma et d’Adèle d'après l’amour, la caméra se décale rapidement pour que l’on voit intégralement le geste. Gloutonne et bourrinne, la mise en scène de Kechiche ne veut rien perdre. La moindre goutte du précieux jus est récupérée avec une avidité frisant l’exploitation. ( ex : les nombreux gros plans). La vie d’Adèle est un film qui se rêverait de représenter la vie, de saisir son côté inattendu, sa liberté, y compris dans sa direction d’acteurs et scéniques. Mais, la mise en scène est si intrusive, présente, proche des visages, qu’elle lui ôte, par cette absence de distance, cette possibilité. Cette course à l’affect provoque l’effet inverse : traquant la vie, elle en tue le moindre possibilité d’apparition. Aussi, est-ce pourquoi la vie d’Adèle est un film aussi froid, dépourvu de vie, d'émotion. Il est moins le récit d’une vie qu’un itinéraire de vie dont on devine rapidement les contours et l’issue forcément fataliste. La lutte des classes annulant toute possibilité de changement et d'avenir radieux. Omniprésent, le découpage social s’exprime particulièrement dans le discours, lequel est, tantôt moyen de séduction, tantôt outil d’enfermement social. Soucieux du sens, les personnages kechichiens sont moins des êtres vivants que des signes, porteurs d’un sens. Ce sont des représentants de leur classes. Ce sera la bouche d’Adèle, représentant l’image de l’avidité du prolétariat. Comme tous les prolos, Adèle a soif. Elle n’aime pas discourir, préfère agir. Elle regarde, témoigne par son regard du malaise qui, souvent, l’étreint, face à des situations fortement connotées, où l’essence discriminante du discours se révèle; soit homophobe soit élitiste. Emma, la bourgeoise, nous est présenté comme étant à l’aise à l’oral. Elle aime la philosophie et en particulier l’existentialisme de Sartre, connu pour son discours sur la liberté de l’agir. Adèle aime Bob Marley. Elle a beau avouer ne rien comprendre à la philosophie sartrienne, Adèle est libre, du fait même de sa méfiance au discours, ce dangereux outil d’oppression du corps. Kechiche s’identifie à Adèle, à son refus. Par son appétit même, son désir charnel, Adèle échappe à la catégorisation sociale. Pas étonnant que l’amour soit réduit ici à un simple mouvement corporel, à l’expression d’un désir charnel se passant de mots et de sensualité, dans des scènes froidement exécutées. Ces scènes sont l’expression d’une idée et de rien d’autre. Kechiche fait mine d’encenser le corps mais ne se résout pas en célébrer le vertige ou la joie. Car Kechiche reste un être de discours. Sa caméra ne cesse de parler, d’expliquer les choses, de dire quelque chose. Double discours que celui de Kechiche : à la fois, dénonciation du caractère discriminatoire du discours et élaboration d’un film-discours.

Le discours est très important chez Kechiche car chez lui, il vient s’opposer au corps. Comme les personnages, corps et discours luttent ensemble. Le discours catégorise, détermine, juge, marginalise, tandis que le corps enjoint, accepte… Mais, le discours est aussi, pour le réalisateur Kechiche, un outil mise à sa disposition dont il use pour composer sa mise en scène et créer ses nombreux effets de miroirs réfléchissants. Antigone pour la question de la liberté ou bien encore Marivaux pour la rencontre et illustration du thème de la prédestination. Tout est discours et effet de discours chez Kechiche : discours des prolos, discours des copines, discours des profs, discours parentales, discours estudiantins en beaux-arts, tout renvoie à l’ordre d’un discours qui n’est autre que celui d’un film obsédé par le sens, appuyant lourdement une démonstration sur le déterminisme social aussi sclérosée que sclérosante. Un modèle paradoxal de film-discours condamnant le discours au nom de la liberté mais n’agissant pas librement. Illusion d’un film à fleur de peau, chauffé à blanc par des sentiments exacerbés, mais curieusement conceptuel, vide et froid. Haeneke a trouvé son pendant français. Au secours !
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Strum »

G.T.O a écrit :Le discours est très important chez Kechiche car chez lui, il vient s’opposer au corps. Comme les personnages, corps et discours luttent ensemble. Le discours catégorise, détermine, juge, marginalise, tandis que le corps enjoint, accepte… Mais, le discours est aussi, pour le réalisateur Kechiche, un outil mise à sa disposition dont il use pour composer sa mise en scène et créer ses nombreux effets de miroirs réfléchissants. Antigone pour la question de la liberté ou bien encore Marivaux pour la rencontre et illustration du thème de la prédestination. Tout est discours et effet de discours chez Kechiche : discours des prolos, discours des copines, discours des profs, discours parentales, discours estudiantins en beaux-arts, tout renvoie à l’ordre d’un discours qui n’est autre que celui d’un film obsédé par le sens, appuyant lourdement une démonstration sur le déterminisme social aussi sclérosée que sclérosante. Un modèle paradoxal de film-discours condamnant le discours au nom de la liberté mais n’agissant pas librement. Illusion d’un film à fleur de peau, chauffé à blanc par des sentiments exacerbés, mais curieusement conceptuel, vide et froid. Haeneke a trouvé son pendant français. Au secours !
Moi aussi, j'ai eu l'impression de voir un film-discours, avec une mise en scène intrusive qui m'ôtait la liberté de penser. Tiens, toi pour qui tout film semble être un discours qui représente une vision du monde, sur laquelle tu portes alors un jugement, tu es un candidat tout trouvé pour contribuer au fuseau "cinéma et vision du monde".
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Jeremy Fox
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Jeremy Fox »

J'ai beau avoir lu attentivement tes arguments et repenser à ce film que je considère pour ma part comme un chef d’œuvre : je n'ai absolument rien vu de tout ce que tu décris et j'en pense quasiment tout le contraire. Quant à la comparaison avec Haneke, elle me semble tout aussi étonnante tellement je trouve leurs cinémas en totale opposition ; quand l'un me touche profondément (Kechiche), l'autre me laisse désespérément froid.
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G.T.O
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par G.T.O »

Strum a écrit :
G.T.O a écrit :Le discours est très important chez Kechiche car chez lui, il vient s’opposer au corps. Comme les personnages, corps et discours luttent ensemble. Le discours catégorise, détermine, juge, marginalise, tandis que le corps enjoint, accepte… Mais, le discours est aussi, pour le réalisateur Kechiche, un outil mise à sa disposition dont il use pour composer sa mise en scène et créer ses nombreux effets de miroirs réfléchissants. Antigone pour la question de la liberté ou bien encore Marivaux pour la rencontre et illustration du thème de la prédestination. Tout est discours et effet de discours chez Kechiche : discours des prolos, discours des copines, discours des profs, discours parentales, discours estudiantins en beaux-arts, tout renvoie à l’ordre d’un discours qui n’est autre que celui d’un film obsédé par le sens, appuyant lourdement une démonstration sur le déterminisme social aussi sclérosée que sclérosante. Un modèle paradoxal de film-discours condamnant le discours au nom de la liberté mais n’agissant pas librement. Illusion d’un film à fleur de peau, chauffé à blanc par des sentiments exacerbés, mais curieusement conceptuel, vide et froid. Haeneke a trouvé son pendant français. Au secours !
Moi aussi, j'ai eu l'impression de voir un film-discours, avec une mise en scène intrusive qui m'ôtait la liberté de penser. Tiens, toi pour qui tout film semble être un discours qui représente une vision du monde, sur laquelle tu portes alors un jugement, tu es un candidat tout trouvé pour contribuer au fuseau "cinéma et vision du monde".
Quel racolage ! :mrgreen:
Justement, j'y pensais à ton sujet. Je le trouve très intéressant. Promis, je m'y met rapidement. :wink:

@ Jeremy Fox : la filiation d'Haeneke-Kechiche porte moins sur les thématiques abordées ou esthétique que l'approche maximaliste, extrême. Sous ses dehors de chronique amoureuse sensible, j'ai vraiment eu l'impression de voir un film à thèse...
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Jeremy Fox
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Jeremy Fox »

G.T.O a écrit : @ Jeremy Fox : la filiation d'Haeneke-Kechiche porte moins sur les thématiques abordées ou esthétique que l'approche maximaliste, extrême. Sous ses dehors de chronique amoureuse sensible, j'ai vraiment eu l'impression de voir un film à thèse...
Alors que moi je n'y ai justement vu qu'une "chronique amoureuse sensible"
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Jack Griffin
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Jack Griffin »

Texte un peu trop étouffé sur le poids de son discours justement :P . (Pas compris le lien avec Haneke)

Kechiche est un déclassé j'ai l'impression, Adèle en est une représentation. Le film est intéressant, entre autre, pour ce qu'il fait transparaître de la pensée du déclassé.
A lire:
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Maintenant, si je reprend un extrait publié par les Spectres du cinema / Criterion, je me dis que y'en a peu qui savent faire ça

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G.T.O
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par G.T.O »

Jack Griffin a écrit :Texte un peu trop étouffé sur le poids de son discours justement :P . (Pas compris le lien avec Haneke)

Kechiche est un déclassé j'ai l'impression, Adèle en est une représentation. Le film est intéressant, entre autre, pour ce qu'il fait transparaître de la pensée du déclassé.

Maintenant, si je reprend un extrait publié par les Spectres du cinema / Criterion, je me dis que y'en a peu qui savent faire ça
Merci pour les références. :wink:

Mouais, mouais, je suis pas client de ces trucs de mise en scène. En plus, faut savoir d'où tu pars pour dire "qu'il y'en a peu qui savent faire ça" ?
J'ai une dizaine d'exemple en tête à te donner qui font beaucoup mieux... Peut-être pas en France, cela dit... :mrgreen:
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tenia
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par tenia »

Jeremy Fox a écrit :Alors que moi je n'y ai justement vu qu'une "chronique amoureuse sensible"
Idem. J'ai toujours eu, et continue d'avoir, l'impression que beaucoup des sous-textes qu'on trouve dans le film sont avant tout de la sur-analyse.

Pour moi, le coeur du film est complètement ailleurs, dans la chronique amoureuse dont tu parles, cette description du rapprochement amoureux puis de la solitude de la déception, de la trahison vécue comme une erreur personnelle.

Le reste, pour moi, est complètement accessoire, et je trouverai toujours dommage qu'on y attache autant d'importance. Mais après, chacun voit midi à sa porte. Tous les exemples de GTO sont bien dans le film. C'est juste une question de voir s'ils sont bels et bien importants, voire même primordiaux, pour le film. Je pense que non. Je pense qu'ils ne seraient pas là que ce serait strictement pareil, tout comme le soi-disant choc des classes du dîner avec les parents d'Emma.
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Roy Neary
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Roy Neary »

Les deux aspects y sont pourtant bien présents, cohabitent en permanence et "discutent" même entre eux. Évidemment que La Vie d'Adèle est un film où le discours socio-politique est mis en avant, même fréquemment mis en relief de façon systématique, asséné au marteau-piqueur et proche souvent de la caricature. Cela dit, la force de Kechciche c'est également de faire coexister parallèlement une sensibilité et une intensité dans la relation amoureuse qui se construit (des élans libératoires aux coups d'arrêt douloureux). "La liberté de penser" (comme l'évoque Strum) du spectateur, elle est là, dans le parcours intime d'Adèle, dans son récit d'initiation. En revanche, elle est bien quasi absente de l'approche politique. Mais à on touche aussi à la réception subjective du spectateur car on ne va pas reprocher à un cinéaste d'exprimer d'abord son point de vue ; même si, ici, il le fait sans aucune subtilité, ni remise en question.
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G.T.O
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par G.T.O »

Tenia, Kechiche, n'en reste pas seulement à cet état de fait. Il va plus loin. C'est aussi le sujet de L'esquive et de la Graine et le mulet. Il montre comment les classes sociales et leurs valeurs conditionnent le langage, le traverse de part en part, indique ton appartenance, sépare les individus...etc L'échec de la relation entre Adèle et Emma est directement liée au fait qu'elles appartiennent, dans leur langues, aspirations, valeurs, à des classes sociales différentes. Ce n'est pas le fait qu'Adèle ait une relation adultérine qui précipite la chute du couple mais bien leur éloignement progressif du à ces différences. Et celles-ci s'expriment en particulier, dans le langage. Dans l'usage que tu en fais. Les mots enferment car ils affirment des valeurs qui te sont propres. Or, cette affirmation suppose la négation de celle d'autrui, nous dit Kechiche. Le discours pour Kechiche est de nature discriminatoire. À la différence du corps qui transgresse les barrières des mots, valeurs, représentations. Il est clair que Kechiche possède un discours social tout aussi discutable que la condamnation qu'il en fait dans ses films.
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par Blue »

G.T.O a écrit :
Jack Griffin a écrit : Maintenant, si je reprend un extrait publié par les Spectres du cinema / Criterion, je me dis que y'en a peu qui savent faire ça
Merci pour les références. :wink:

Mouais, mouais, je suis pas client de ces trucs de mise en scène. En plus, faut savoir d'où tu pars pour dire "qu'il y'en a peu qui savent faire ça" ?
J'ai une dizaine d'exemple en tête à te donner qui font beaucoup mieux... Peut-être pas en France, cela dit... :mrgreen:
Ozon avec "Jeune Et Jolie", l'an passé, lorsque Marine Vacth danse sur "Midnight City" ?
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Re: La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche - 2013)

Message par ballantrae »

Belle contribution de GTO qui a mis au clair certains des arguments qui m'amènent à demeurer très réservéé à l'endroit du film de Kechiche qui, n'en doutons pas un instant, va triompher aux Césars.
Avec le recul de trois mois, peu de changement dans ma perception du film donc tout le contraire de la manière dont avait vieilli A nos amours qd je le vis à 15 ans et des poussières: un film obsédant, qui me semblait dire des choses que je devinais à peine sur l'adolescence et la difficulté de grandir.
Mais Kechiche a fait bien pire donc je maintiens aussi qu'il est plutôt en progrès même si surcôté, buzzé à mort et omniprésent.Je ne sais s'il plaisantait en projetant un chp 3 et 4 mais il pourrait peut-être passer à autre chose ou attendre que ce film se décante, non?
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