Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Excellente nouvelle ! Je vais attendre les spécifications avant d'acheter une des éditions étrangères.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Si si c'est complètement le sentiment de Lonergan. La bataille autour de ce film a commencé avec le montage. Pour avoir vu les deux versions c'est clairement une décision absurde et préjudiciable d'avoir enlevé cette demi-heure.AtCloseRange a écrit :Je ne crois pas qu'il faille considérer la version de 2h30 comme une version "amoindrie" et je ne pense pas que ce soit le sentiment de Lonergan. Ce sont juste 2 versions différentes. Par contre, c'est sûr que tant qu'à faire une édition DVD autant proposer les 2 versions mais c'est douteux que le futur Z2 les propose...cinephage a écrit :Il faudra aussi voir quelle est la version du film disponible en dvd : après tout, le Z1 propose la version du réalisateur, et dans le cas précis de ce film, il semble y avoir des différences importantes entre sa version et celle des producteurs.
Tout le reste est dérisoire.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Maybe.monfilm a écrit :Si si c'est complètement le sentiment de Lonergan. La bataille autour de ce film a commencé avec le montage. Pour avoir vu les deux versions c'est clairement une décision absurde et préjudiciable d'avoir enlevé cette demi-heure.AtCloseRange a écrit : Je ne crois pas qu'il faille considérer la version de 2h30 comme une version "amoindrie" et je ne pense pas que ce soit le sentiment de Lonergan. Ce sont juste 2 versions différentes. Par contre, c'est sûr que tant qu'à faire une édition DVD autant proposer les 2 versions mais c'est douteux que le futur Z2 les propose...
Je ne vois en tout cas pas dans cette version de 2h30 une version amoindrie et je doute que la version de 3 heures corrige les "défauts" du film.
Et de toute façon, je ne crois pas que le réalisateur ait généralement raison dans ce type d'histoire. On voit autant (si ce n'est plus) de director's cut inférieurs aux versions initiales que l'inverse. Ce que j'ai pu lire jusqu'ici, c'est que ce sont des versions différentes sans que l'une ou l'autre soit considérée comme meilleure.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Voilà. Le topic du classement attend vos notes.AtCloseRange a écrit :Comme il ne reste que quelques jours, je viens de remarquer que je suis le seul à avoir donné une note à Margaret alors que je crois bien qu'il y a au moins 4 ou 5 autres forumeurs à avoir vraiment aimé le film (GTO, Tom Peeping notamment). C'est donc encore possible de le faire apparaître (et en très bonne position) dans le classement.
De mon côté, il va terminer sur le podium.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
J'ai été assez captivé par ce film pour le moins casse-gueule. D'abord par l'idée de nous faire suivre de bout en bout une ado au comportement et aux motivations discutables voire difficilement compréhensibles par moments... et de la confronter à personnages et situations, amitiés et antagonismes, sans qu'un "état de fait" clair ne soit jamais pointé du doigt par le scénariste/réalisateur. C'est bel et bien un film d'apprentissage mais jusqu'aux toutes dernières minutes, il est permis de se demander ce qui a été appris... et paradoxalement, je vois en cela une grande qualité qui n'aurait pas tenu une demi-heure sans l'appui d'une écriture solide, ce qui est bien le cas ici. J'ai trouvé l'écriture remarquable. Il y a effectivement quelque chose de Todd Field mais plus délicat encore, qui sait se montrer plus fragile et opaque par instants sans sacrifier la maîtrise.
La deuxième grande qualité fondamentale, c'est l'interprétation complètement habitée d'Anna Paquin qui la rendra tour à tour désirable/touchante/irritante/à baffer. Elle fait complètement corps avec un personnage visiblement très intime (et dont nous, spectateurs, partageons totalement l'intimité)... personnage dont on avait curieusement pu voir des esquisses dans The 25th Hour et The Squid and the Whale... elle est pratiquement de tous les plans et même si le film jongle par instants avec une vision polyphonique des évènements (notamment via le personnage déphasé de la mère, excellemment interprétée elle aussi), la tonalité du film entre chocs frontaux et passages éthérés, mélancoliques, colle totalement à l'adolescente qui boue de se trouver un rôle à jouer.
Par ailleurs, je n'avais pas vu New York aussi bien filmée depuis longtemps... peut-être sa plus belle évocation pour moi depuis les images de Sven Nykvist et Carlo di Palma dans les Woody des années 80. La mise en scène d'une manière générale est assez en décalage avec son temps... classique, très ample, cadres aérés... on est quelque part entre le Lumet des grands films et une pincée d'Altman dans la fluidité du mouvement et les errements.
Belle musique originale de Nico Muhly, discrète et pas du tout illustrative. Et Kenneth Lonergan est un réalisateur à suivre de près, en espérant qu'il arrive à monter à nouveau un projet personnel et abouti.
La deuxième grande qualité fondamentale, c'est l'interprétation complètement habitée d'Anna Paquin qui la rendra tour à tour désirable/touchante/irritante/à baffer. Elle fait complètement corps avec un personnage visiblement très intime (et dont nous, spectateurs, partageons totalement l'intimité)... personnage dont on avait curieusement pu voir des esquisses dans The 25th Hour et The Squid and the Whale... elle est pratiquement de tous les plans et même si le film jongle par instants avec une vision polyphonique des évènements (notamment via le personnage déphasé de la mère, excellemment interprétée elle aussi), la tonalité du film entre chocs frontaux et passages éthérés, mélancoliques, colle totalement à l'adolescente qui boue de se trouver un rôle à jouer.
Par ailleurs, je n'avais pas vu New York aussi bien filmée depuis longtemps... peut-être sa plus belle évocation pour moi depuis les images de Sven Nykvist et Carlo di Palma dans les Woody des années 80. La mise en scène d'une manière générale est assez en décalage avec son temps... classique, très ample, cadres aérés... on est quelque part entre le Lumet des grands films et une pincée d'Altman dans la fluidité du mouvement et les errements.
Belle musique originale de Nico Muhly, discrète et pas du tout illustrative. Et Kenneth Lonergan est un réalisateur à suivre de près, en espérant qu'il arrive à monter à nouveau un projet personnel et abouti.
Dernière modification par Gounou le 22 janv. 13, 11:27, modifié 3 fois.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Ok, je viens de l'acheter.Gounou a écrit :le Lumet des grands films
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Tu as vu quelle version?Gounou a écrit :J'ai été assez captivé par ce film pour le moins casse-gueule. D'abord par l'idée de nous faire suivre de bout en bout une ado au comportement et aux motivations discutables voire difficilement compréhensibles par moments... et de la confronter à personnages et situations, amitiés et antagonismes, sans qu'un "état de fait" clair ne soit jamais pointé du doigt par le scénariste/réalisateur. C'est bel et bien un film d'apprentissage mais jusqu'aux toutes dernières minutes, il est permis de se demander ce qui a été appris... et paradoxalement, je vois en cela une grande qualité qui n'aurait pas tenu une demi-heure sans l'appui d'une écriture solide, ce qui est bien le cas ici. J'ai trouvé l'écriture remarquable. Il y a effectivement quelque chose de Todd Field mais plus délicat encore, qui sait se montrer plus fragile et opaque par instants sans sacrifier la maîtrise.
La deuxième grande qualité fondamentale, c'est l'interprétation complètement habitée d'Anna Paquin qui la rendra tour à tour désirable/touchante/irritante/à baffer. Elle fait complètement corps avec un personnage visiblement très intime (et dont nous, spectateurs, partageons totalement l'intimité)... personnage dont on avait curieusement pu voir des esquisses dans The 25th Hour et The Squid and the Whale... elle est pratiquement de tous les plans et même si le film jongle par instants avec une vision polyphonique des évènements (notamment via le personnage déphasé de la mère, excellemment interprétée elle aussi), la tonalité du film entre chocs frontaux et passages éthérés, mélancoliques, colle totalement à l'adolescente qui boue de se trouver un rôle à jouer.
Par ailleurs, je n'avais pas vu New York aussi bien filmée depuis longtemps... peut-être sa plus belle évocation pour moi depuis les images de Sven Nykvist et Carlo di Palma dans les Woody des années 80. La mise en scène d'une manière générale est assez en décalage avec son temps... classique, très ample, cadres aérés... on est quelque part entre le Lumet des grands films et une pincée d'Altman dans la fluidité du mouvement et les errements.
Belle musique originale de Nico Muhly, discrète et pas du tout illustrative. Et Kenneth Lonergan est un réalisateur à suivre de près, en espérant qu'il arrive à monter à nouveau un projet personnel et abouti.
C'est vraiment un des rares films de l'an dernier qui m'ait laissé des traces. Je suis vraiment curieux de découvrir la version longue.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
J'aimerais également découvrir la version longue de ce superbe film.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Version ciné, la seule proposée par le DVD zone 2... DVD aussi torché que l'exploitation salle : zéro bonus (même pas une bande annonce), absence de la version longue qui existe pourtant sur le zone 1, coquilles dans le sous-titrage.AtCloseRange a écrit :Tu as vu quelle version?
Bref : un beau sabotage.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Houuuulala c'est bon à savoir ! Je pensais le prendre justement, me disant qu'il y avait forcément le VL
Dommage que la version US n'est pas de STF
Dommage que la version US n'est pas de STF
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
La VL est dispo sur le DVD anglais, avec sous titres anglais.monk a écrit :Houuuulala c'est bon à savoir ! Je pensais le prendre justement, me disant qu'il y avait forcément le VL
Dommage que la version US n'est pas de STF
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Un drôle de film. Pas forcément aimable au 1er abord, totalement casse-gueule, mais ça faisait en tout cas longtemps que je n'avais pas vu un film à l'ambition et à la puissance mélo-dramatique aussi fortes.
C'est 140mn d'émotions brutes, parfois contradictoires (le personnage joué par une incroyable Anna Paquin est à la fois irritant et bouleversant), de séquences dont la structure abrupte peut décontenancer, à la narration flottante...
Bref, un film complexe et étrange, qui ne peut clairement pas laisser indifférent. Oui je sais, ça fait un peu con de dire ça, mais j'ai vraiment eu le sentiment pendant plus de 2h d'être devant un film "différent", quelque chose que l'on ne voit plus, ou pas assez aujourd'hui.
Je n'ai pas vu les principaux films de Cassavetes (je n'ai vu que Gloria), mais j'imagine bien ses films comparables à celui-là : des sortes de rouleau-compresseurs émotionnels, où la tension est palpable et les acteurs à fleur de peau (il y a beaucoup de coups de gueule dans le film de Lonergan, et plusieurs fois je me suis surpris à les ressentir physiquement, comme un coup de poing dans le bide).
Alors évidemment, tout n'est pas parfait, le film se perdant parfois dans des sous-intrigues n'apportant pas grand-chose (les discussions sur le conflit israëlo-palestinien, la mère et son latin lover aka Jean Reno ).
Mais c'est vraiment cette dimension quasi opératique (pas étonnant d'ailleurs que la conclusion se fasse sur une séquence à l'opéra) et ultra-ambitieuse, qui confèrent au film ce côté si particulier, et qui fait que l'on peut soit l'adorer soit le détester ; personnellement, vous pouvez donc me ranger dans la 1ère catégorie.
Ah oui, et excellent score de Nico Muhly.
PS : je précise que j'ai vu la version d'environ 150mn (143 générique compris, pour être exact). Mais je serais curieux de savoir ce qu'il y a de plus dans la version longue (hormis 30mn).
C'est 140mn d'émotions brutes, parfois contradictoires (le personnage joué par une incroyable Anna Paquin est à la fois irritant et bouleversant), de séquences dont la structure abrupte peut décontenancer, à la narration flottante...
Bref, un film complexe et étrange, qui ne peut clairement pas laisser indifférent. Oui je sais, ça fait un peu con de dire ça, mais j'ai vraiment eu le sentiment pendant plus de 2h d'être devant un film "différent", quelque chose que l'on ne voit plus, ou pas assez aujourd'hui.
Je n'ai pas vu les principaux films de Cassavetes (je n'ai vu que Gloria), mais j'imagine bien ses films comparables à celui-là : des sortes de rouleau-compresseurs émotionnels, où la tension est palpable et les acteurs à fleur de peau (il y a beaucoup de coups de gueule dans le film de Lonergan, et plusieurs fois je me suis surpris à les ressentir physiquement, comme un coup de poing dans le bide).
Alors évidemment, tout n'est pas parfait, le film se perdant parfois dans des sous-intrigues n'apportant pas grand-chose (les discussions sur le conflit israëlo-palestinien, la mère et son latin lover aka Jean Reno ).
Mais c'est vraiment cette dimension quasi opératique (pas étonnant d'ailleurs que la conclusion se fasse sur une séquence à l'opéra) et ultra-ambitieuse, qui confèrent au film ce côté si particulier, et qui fait que l'on peut soit l'adorer soit le détester ; personnellement, vous pouvez donc me ranger dans la 1ère catégorie.
Ah oui, et excellent score de Nico Muhly.
PS : je précise que j'ai vu la version d'environ 150mn (143 générique compris, pour être exact). Mais je serais curieux de savoir ce qu'il y a de plus dans la version longue (hormis 30mn).
- G.T.O
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
Revu avec beaucoup de plaisir.
Ce qui étonne en premier lieu dans ce film hors-norme c'est son ambition. Margaret est un film ample, aristotélicien ( final cathartique splendide ), presque transgenre (chronique, portrait, deuil, ville de New-York), au sens où il embrasse et se joue des catégories. Mais c'est aussi, et c'est peut être là le plus fort, une œuvre où l'amplitude du geste n'écrase pas la délicatesse des détails, la précision des notes, la subtilité des rapports, l'indétermination des personnages et de leurs existences. Le film reste précis sans être sursignifiant ou schématique. Sans doute parce que le film n'est pas uniquement contenu dans son scénario. Il possède des interstices (beaucoup de fondu au noir), une scansion propre ( ces nombreux plans architecturaux splendides ) qui lui confère une dimension existentielle, ressemblant à une errance, comme si le portrait de cette adolescente juive ( Anna Paquin impressionnante dans un rôle pas évident) avec son économie interne tumultueux, se doublait d'une radiographie des habitus et de la psyche new-yorkais post 9/11. Vivement le prochain film du trop rare et talentueux Kenneth Lonergan Manchester by the Sea pour confirmer qui l'est des meilleurs réalisateurs américains actuels.
Ce qui étonne en premier lieu dans ce film hors-norme c'est son ambition. Margaret est un film ample, aristotélicien ( final cathartique splendide ), presque transgenre (chronique, portrait, deuil, ville de New-York), au sens où il embrasse et se joue des catégories. Mais c'est aussi, et c'est peut être là le plus fort, une œuvre où l'amplitude du geste n'écrase pas la délicatesse des détails, la précision des notes, la subtilité des rapports, l'indétermination des personnages et de leurs existences. Le film reste précis sans être sursignifiant ou schématique. Sans doute parce que le film n'est pas uniquement contenu dans son scénario. Il possède des interstices (beaucoup de fondu au noir), une scansion propre ( ces nombreux plans architecturaux splendides ) qui lui confère une dimension existentielle, ressemblant à une errance, comme si le portrait de cette adolescente juive ( Anna Paquin impressionnante dans un rôle pas évident) avec son économie interne tumultueux, se doublait d'une radiographie des habitus et de la psyche new-yorkais post 9/11. Vivement le prochain film du trop rare et talentueux Kenneth Lonergan Manchester by the Sea pour confirmer qui l'est des meilleurs réalisateurs américains actuels.
Dernière modification par G.T.O le 8 oct. 16, 11:15, modifié 2 fois.
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Re: Margaret (Kenneth Lonergan - 2011)
J'espère que ça va te plaire...j'appréhende. Après le rasoir d'Ockam, le rasoir de Fox.