Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

Ratatouille a écrit :Voilà. Rien qu'avec cette phrase, Carax peut désamorcer n'importe quelle velléité critique. Le petit chenapan...
Hé hé... Pendant treize ans, il a eu le temps de réfléchir Leos, et notamment à la façon de s'y prendre pour se mettre un maximum de gens dans la poche.
AtCloseRange a écrit :On ne parle pas assez sinon de cette formidable scène en hommage à la Boum.
Mais pourquoi sa fille est-elle donc restée enfermée dans les toilettes alors qu'elle aurait pu danser avec tous ces garçons?
Que d'occasions manquées... Quelle sourde mélancolie derrière ce désespoir adolescent...
Je vois que t'es en mode tir à boulets rouges. :mrgreen:
C'est pas une critique, hein, le film t'a manifestement bien énervé, et le ton bien sarcastique peut du coup se comprendre.
Je laisse les vrais défenseurs réagir là-dessus. Pour ma part, c'est l'une de mes scènes préférées, peut-être la seule qui me touche un peu, parce que Carax laisse vivre ses personnages, qu'il se met totalement, et de manière très sobre, au service de ce qui se passe entre eux, à travers un échange à la fois simple et beau. Le spleen de l'ado, la manière dont la tendresse complice du père se change en une cruauté larvée, le sentiment d'un lien très fort en passe de se défaire à ce moment-là... Non vraiment, pour moi c'est une des scènes qui "marchent" le mieux.

Je crois que c'est la propre fille de Carax qui joue le rôle, non ? A confirmer.
Dernière modification par Thaddeus le 12 juil. 12, 15:26, modifié 3 fois.
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AtCloseRange
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par AtCloseRange »

Stark a écrit :Je laisse les vrais défenseurs réagir là-dessus. Pour ma part, c'est l'une de mes scènes préférées, peut-être la seule qui me touche un peu, parce que Carax laisse vivre ses personnages, qu'il se met totalement, et de manière très sobre, au service de ce qui se passe entre eux, à travers un échange à la fois simple et beau. Le spleen de l'ado, la manière dont la tendresse complice du père se change en une cruauté larvée, le sentiment d'un lien très fort en passe de se défaire à ce moment-là... Non vraiment, pour moi c'est une des scènes qui "marchent" le mieux.
Ah mais dans la Boum ou Lol, ça aurait été une bonne scène...
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par 1kult »

Il y a un côté "Bienvenue Monsieur Chance" dans le cinoche de carax qui m'exaspère un peu... Il y a ce foutraque, ce fil(m) dont on colle des perles qui ne correspondent pas à la suivant ou à la précédente... un peu fourre tout et sous l'attitude d'artiste on a le sentiment que le spectateur se démerde avec le tout... Attention, je ne dis pas que c'est le cas, mais c'est ce que je ressens... Surtout que vos arguments se tiennent.. C'est juste que pour moi il ne suffit pas d'être post-moderne en foutant une référence à Franju pour me faire rêver... Il paraît que le titre est un anagramme de Holy Morts, si on enlève le o qui clignote à la fin, et que ça parle de la mort... C'ets ce côté un peu trop tiré par les cheveux qui m'agace... Pourtant l'intro dans le cinoche était franchement excitante !

Mais au final, je sens le délire arty un peu trop abscons pour moi...
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Flol »

Stark a écrit :Je crois que c'est la propre fille de Carax qui joue le rôle, non ? A confirmer.
Non, il s'agit de la jeune fille qui jouait déjà dans Tomboy (la copine de "Michael").
La fille de Carax (Nastya Golubeva Carax) est créditée en tant que "petite fille" (celle que l'on voit au début derrière la fenêtre ?).
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Harkento »

Stark a écrit :
Harkento a écrit :on pense clairement à Mulholland Drive
Pitié, non. :?

C'est moi où ce forum rame à mort ? (le lag est interminable)
Je ne le compare pas au niveau de la qualité mais au niveau de la démarche artistique. Considérant Mulholland Drive comme l'un des plus grand film de l'histoire du cinéma, je te concède aisément que Holy Mototrs est à mille lieu du chef d'oeuvre de Lynch ! 8)
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

Ratatouille a écrit :Non, il s'agit de la jeune fille qui jouait déjà dans Tomboy (la copine de "Michael").
Ah oui, c'est vrai ! Il me semblait bien l'avoir déjà vue quelque part.
Harkento a écrit :Je ne le compare pas au niveau de la qualité mais au niveau de la démarche artistique. Considérant Mulholland Drive comme l'un des plus grand film de l'histoire du cinéma, je te concède aisément que Holy Mototrs est à mille lieu du chef d'oeuvre de Lynch ! 8)
Ce n'est certainement pas moi qui dirai le contraire, mais sans même parler de qualité ou d'accomplissement, je trouve que les deux films n'ont rien à voir. Comme je le disais plus haut, s'il fallait vraiment comparer Holy Motors à Lynch, ce sera plutôt du côté d'Inland Empire qu'il faudrait chercher, à mon avis. Il me semble que les deux se rejoignent sur certaines lignes thématiques, et sur une construction en aggrégat de séquences et d'expériences hétéroclites unifiées par une réflexion assez proche sur le jeu d'acteur et la nature protéiforme de ses "vies vécues/rêvées". Même si, évidemment, les résultats sont très éloignés l'un de l'autre.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par AtCloseRange »

Je trouve que les plans de la limousine sillonant les routes vu de dérrière renvoie distinctement à des plans similaires de Mullholand Drive. La scène d'ouverture renvoie par bien des aspects à Lynch: la clé, la porte cachée, les premiers mouvements de Carax dans sa chambre aux coins obscurs qui renvoient à Lost Highway.
Sans parler de la devanture de Holy Motors qui là encore, je trouve, nous ramène à l'esprit le Club Silencio.
Mais bon, une fois qu'on a dit ça...
L'amour immodéré de la critique pour le cinéma postmoderne est vraiment un des pires trucs qui soit.
Aujourd'hui les rappels au passé et les citations sont devenus le nec plus ultra de la création artistique. Quelle tristesse...
Quand l'art ne se vit plus au présent, on peut quand même dire qu'il est un peu mort.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par cinephage »

AtCloseRange a écrit :Quand l'art ne se vit plus au présent, on peut quand même dire qu'il est un peu mort.
Un peu comme quand, par exemple, au XVIII siècle, l'avènement du néoclassicisme, qui se définissait en référence à l'art gréco-romain, démontrait que l'architecture était un art mort qui n'avait vraiment plus rien à inventer... :fiou:
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

AtCloseRange a écrit :Je trouve que les plans de la limousine sillonant les routes vu de dérrière renvoie distinctement à des plans similaires de Mullholand Drive. La scène d'ouverture renvoie par bien des aspects à Lynch: la clé, la porte cachée, les premiers mouvements de Carax dans sa chambre aux coins obscurs qui renvoient à Lost Highway.
Sans parler de la devanture de Holy Motors qui là encore, je trouve, nous ramène à l'esprit le Club Silencio.
Evidemment, on peut toujours trouver des similitudes.
Spoiler (cliquez pour afficher)
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L'histoire du cinéma est aujourd'hui suffisamment remplie pour que chaque nouveau film renvoie d'une manière ou d'une autre, et de façon consciente ou non, à d'autres images, aux souvenirs d'autres films.
L'amour immodéré de la critique pour le cinéma postmoderne est vraiment un des pires trucs qui soit.
Aujourd'hui les rappels au passé et les citations sont devenus le nec plus ultra de la création artistique. Quelle tristesse...
Je suis assez d'accord avec ça. Le fétichisme citationnel, le jeu avec les références, le dialogue post-moderne avec les oeuvres passées, au dépend du premier degré, de la création de personnages forts et originaux, et surtout d'un regard artistique neuf, original, qui ne soit tributaire d'aucun héritage ni d'aucune connivence avec la cinéphilie du public... Tout çà, c'est un peu la plaie depuis quelque temps.

Mais bon, je pense qu'Holy Motors, malgré ses références lourdement apuyées (par exemple, le masque d'Edith Scob est totalement gratos, en effet), propose vraiment quelque chose d'assez inédit.
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AtCloseRange
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :
AtCloseRange a écrit :Quand l'art ne se vit plus au présent, on peut quand même dire qu'il est un peu mort.
Un peu comme quand, par exemple, au XVIII siècle, l'avènement du néoclassicisme, qui se définissait en référence à l'art gréco-romain, démontrait que l'architecture était un art mort qui n'avait vraiment plus rien à inventer... :fiou:
Un art un peu mort peut revivre.
Pour l'instant, il ne bouge plus beaucoup cependant et la tendance mortifère des critiques (et pas qu'eux d'ailleurs :fiou: ) ne fait qu'encourager à insister dans cette tendance à l'embaumement.
Le cinéma ne finit plus que de parler de lui-même, de son histoire. Au bout d'un moment, ça va.
Stark a écrit :Mais bon, je pense qu'Holy Motors, malgré ses références lourdement apuyées (par exemple, le masque d'Edith Scob est totalement gratos, en effet), propose vraiment quelque chose d'assez inédit.
ça, au moins, je suis prêt à le reconnaître. C'est ce qui fait que la séance n'a pas été un calvaire (comme avait pu l'être celle du totalement inutile True Grit).
Mais ça s'apparentait plus à regarder un carambolage (du style "quelle sera la prochaine sortie de route?") qu'à autre chose. Et puis je comptais les "rendez-vous"...
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par locktal »

En tout cas, je suis bien content que Holy motors fasse autant réagir 8)
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par 7swans »

J'aurais bien voulu réagir, mais j'me suis endormi... Je me suis reveillé en sursaut pour le passage Titanic dans la Samaritaine.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par lowtek »

Je suis sur que Carax a été le premier surpris par les critiques délirantes, qui voient dans son film "beaucoup d'humour" (?), beaucoup d'invention (??).
Au contraire aucun film de Carax n'a jamais été habité d'aussi peu d'énergie, de vitalité. Lavant est un acteur physique et pourtant il se traine à deux à l'heure de scène en scène. L'effet de décélération imprimé au film (les scènes les plus énergiques sont au début) finit par laisser le spectateur dépité et déprimé. Si on comprend rapidement l'idée qui se cache derrière tout ça, on peut rester perplexe devant certaines scènes (la mendiante au début, ou effectivement ce père qui vient chercher sa fille à la sortie d'une boum: whatthefuck???)
Le film dure parait-il moins de deux heures: j'ai l'impression qu'il avait duré deux ans, et que j'avais pris un sacré coup de vieux en sortant.
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

lowtek a écrit :'effet de décélération imprimé au film (les scènes les plus énergiques sont au début) finit par laisser le spectateur dépité et déprimé.
Certains te répondront que c'est justement dans cet épuisement progressif qui le contamine que le film trouve sa beauté, et que sa mélancolie le recouvre progressivement. Les vies et les rôles s'enchaînent, leur accumulation produit une impression de dissolution, où l'énergie disparaît dans quelque chose de l'ordre du souvenir, de la lassitude, de la nostalgie. Je pense que c'est plus ou moins ça l'idée.
effectivement ce père qui vient chercher sa fille à la sortie d'une boum: whatthefuck???)
Plus que l'échange lui-même entre le père et la fille, que j'aime bien, c'est plutôt le raccrochage avec le reste du récit qui peut sonner bizarrement, lorsque Lavant revient tranquillos dans sa caisse pourrie, la laissant pour regagner la limousine. *Bon ça s'est fait, après y'a quoi ?*
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par lowtek »

Stark a écrit : Certains te répondront que c'est justement dans cet épuisement progressif qui le contamine que le film trouve sa beauté, et que sa mélancolie le recouvre progressivement. Les vies et les rôles s'enchaînent, leur accumulation produit une impression de dissolution, où l'énergie disparaît dans quelque chose de l'ordre du souvenir, de la lassitude, de la nostalgie. Je pense que c'est plus ou moins ça l'idée.
Il parait d'ailleurs que la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde.
Oui "épuisement", c'est ce que fait ressentir le film, à mille lieux d'une soit-disant "réinvention du cinéma" dont parle certains critiques. On comprend très bien l'idée! Elle est suffisamment martelée! Les avatars se substituent aux acteurs, des scènes de vie poignantes n'ont plus aucun témoin, la disparition des caméras, ou leur omniprésence miniaturisée marque la fin de la mise en scène. Le constat est mortifère. D'où mon étonnement devant l'emballement critique, qui n'a pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent que la soit disant résurrection de Carax cinéaste.
Moi je vois un petit film lugubre, déprimé. Carax n'est même pas capable de filmer bien Paris: la lumière est moche. Kylie Minogue est un pale reflet de Jean Seberg. Lavant est lui-même un pale reflet de lui-même, dédoublé jusqu'au possible. Deux pieds dans la tombe!
Je ne crois pas que ce film soit une résurrection. D'ailleurs une résurrection de quoi? Rétroactivement, Mauvais Sanga mal vielli: il bénéficiait de gueules pas possibles: les belles gueules de Lavant, Delpy et Binoche (au sommet de leurs beautés), Piccoli, Hans Meyer et Hugo Pratt. Pour le reste le film a mal vieilli quant à sa forme.
La naiveté vieillit mal: cette naiveté, fraiche, dans Mauvais sang, parait datée aujourd'hui. Carax est peut-être resté un enfant, mais un enfant des années 80.
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