Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

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De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?


Voici donc le film qui a électrisé le dernier Festival de Cannes, porté aux nues par une presse unanime en état de sidération. Sorti des limbes après douze années de purgatoire (si ce n’est l’excellent moyen-métrage Merde ! en 2006), voici le retour du vrai prodige de la génération Besson/Beineix, auréolé depuis près de trente ans d’une réputation d’artiste génial et maudit. Qu’en est-il de ce nouveau film ?

Il commence très fort, par quelques images ensorcelantes qui d’emblée mettent dans une disposition très particulière. Quelques photogrammes des temps primitifs, une salle de spectateurs endormis, des sons marins de vagues, de sirènes, de mouettes, puis le réveil de Carax himself dans une chambre tapissée d’arbres de conte de fées. Notre homme allume une clope, explore lentement le lieu, tâtonne, découvre comme un passage, ouvre une porte secrète à l’aide d’une excroissance corporelle sortie de chez Cronenberg. Il débouche dans la salle de cinéma, la surplombant tandis qu’un molosse noir avance dans une allée, tel un Cerbère surgi d’on ne sait quel enfer… Entrée en matière particulièrement saisissante, qui augure d’une œuvre grandiose – on se dit que si tout le reste est à l’avenant, on tient le film de l’année.

Pour moi, malheureusement, c’est loin d’être le cas Je ne vais pas raconter ainsi tout le long-métrage, évidemment, même si son agencement hétéroclite, fait de changements de braquet et de bifurcations permanentes, appelle à l’inventaire. Carax invente une construction en rallonges successives, en séquences autonomes, reliées entre elle par ce motif de la limousine blanche qui parcourt Paris, et à travers laquelle est mis en relief le travail transformiste et forain qu’est celui du comédien. Ouvertement théorique, méta, et du coup assez limpide dans son propos, le film s’offre comme une succession de scènes jouant de tous les genres, de toutes les tonalités, et cherchant à offrir un bouquet flamboyant des différentes possibilités de la fiction. A l’écran, ça fonctionne de façon inégale, parce que toutes les séquences ne se valent pas, et parce que la comparaison de l’une à l’autre est tour à tour payante et frustrante. Chacun aura ses préférences. Personnellement, si je reste fasciné par le ballet de billes lumineuses, les vagues ondulantes et le numérique liquide du segment Motion Capture, jusque dans ce qu’il donne à percevoir de la création d’un nouvel univers doublant le réel, je le suis nettement moins par les déambulations un peu tiédasses de Lavant en amoureux brisé ou en petite frappe à balafre.

C’est, je pense, plus que jamais, un film qui fonctionne par immersion, par adhésion à son système. Si l’on capte cette respiration particulière, si l’on est sensible à la poésie néo-godardienne de Carax, à sa création d’un univers fait de citations cinéphiles appuyées, d’envolées romantiques, d’aphorismes mi-ricanants, mi-ronchons, le trip peut s’avérer affolant. Pour ma part, et bien qu’ayant bien saisi l’originalité du projet, la richesse de ses propositions, j’avoue être resté un peu en retrait, à mon grand regret. Le film ne m’a jamais ému – même certains passages supposés poignants (les retrouvailles chantées à la Samaritaine) ne m’ont pas ou peu touché. J’ai regardé ça avec un intérêt poli, distancié, en me disant que Carax pratiquait un cinéma sans doute bien à lui, mais que celui-ci n’était pas vraiment pour moi. En fait, je trouve que le film manque de liant, d’une unité qui lui ferait dépasser le stade du jeu et de l’exercice formel. C’est comme un bouquet de gerbes éparses, qui souffrerait d’une synergie inversée : son manque de cohésion fait qu’il vaut moins que la somme de ses parties.

Enfin quoi qu’il soit, c’est un film à voir. Juste un peu de mal à partager le délire de la critique, qui en fait rien moins que le plus grand chef-d’œuvre de ces dernières années, quand même…
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Gounou »

Stark a écrit :(si ce n’est l’excellent moyen-métrage Merde ! en 2006)
C'est le seul film que j'ai vu de Carax (et je n'en tire donc aucune conclusion) mais j'avais trouvé ça nul.
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

Ah ouais ? J'avais trouvé ça plein d'humour et d'inventivité, innervé par une énergie féroce d'un bout à l'autre, et supérieur aux deux autres segments du tryptique (réalisés par Gondry et Bong Joon-ho, quand même).
Après, le ton était clairement à la farce dévastatrice, et je conçois qu'on puisse trouver le film un peu stérile.
De Carax, j'ai vu Mauvais sang et Les Amants du Pont-Neuf, que j'ai tous deux beaucoup aimé. Je ne saurais dire si le rapport entretenu avec ses films des années 80/90 peut donner un indice sur la réception de ce dernier. Curieusement, je l'ai trouvé moins foisonnant, moins fou, d'une humeur plus rentrée, alors que les échos me faisait attendre un film débordant de partout. En fait, je n'ai pas grand chose à reprocher à Holy Motors ; je suis juste resté trop extérieur à l'expérience, bien malgré moi. Et lorsque tout le monde fait miroboler la chose comme la merveille des merveilles, un tel déficit d'implication est particulièrement frustrant.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Jeremy Fox »

Stark a écrit :De Carax, j'ai vu Mauvais sang et Les Amants du Pont-Neuf
Penses-tu que si ces deux films ne m'ont pas plu, j'ai une chance d'apprécier son dernier ?
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

Toujours difficile de donner un avis pour ce genre de chose, mais a priori je dirais... non.

Le film est clairement dans le sillage des précédents, même si depuis vingt ans quelque chose a changé, les choses ont évolué - davantage de nostalgie, sans doute.

Mais je décline toute responsabilité en cas de mauvaise appréciation quant à la réponse apportée à cette question. :mrgreen:
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Jeremy Fox »

Stark a écrit :Toujours difficile de donner un avis pour ce genre de chose, mais a priori je dirais... non.

Le film est clairement dans le sillage des précédents, même si depuis vingt ans quelque chose a changé, les choses ont évolué - davantage de nostalgie, sans doute.

Mais je décline toute responsabilité en cas de mauvaise appréciation quant à la réponse apportée à cette question. :mrgreen:
La pression hein :mrgreen:

Pas d'inquiétudes à avoir car non seulement si quelque chose a changé depuis 20 ans mais, probablement moi aussi ; pas revu les deux précédents depuis leurs sorties ; si ça se trouve, les revoir aujourd'hui me serait jubilatoire.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par 1kult »

Vu à Cannes, et pas convaincu. Il arrive qu'un film mette un peu de temps à murir. Là, c'est l'effet inverse. Mitigé lors de sa projection, mais petit à petit assez agacé par un cinéma un peu fermé sur lui-même, mais qui à mes yeux ne raconte rien. Chose amusante : une majorité du film se passe dans une limousine, et le monde extérieur représente le chaos, à l'instar d'un autre film cannois : Cosmopolis. Dans les deux cas, c'est, je trouve, très prétentieux et ampoulé pour une vacuité évidente...
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par locktal »

J'ai vu Holy motors hier au cinéma et j'en suis sorti totalement enthousiasmé. Le film me paraît très accessible, à condition d'accepter l'originalité de la narration que propose Carax et de rentrer dans son univers.

Le film m'a fasciné par l'étrangeté de son atmosphère, par les méandres déroutants et imprévisibles qu'il prend. J'y ai vu un hommage plein d'amour au 7ème art (Les yeux sans visage de Franju, A bout de souffle, Clouzot, mais aussi le cinéma de genre : la comédie musicale, le film d'arts martiaux, giallo, le film d'ado genre La boum... ) et aussi une confession d'un cinéaste maudit qui exprime ici toute la frustration de n'avoir pas pu tourner plus de films durant ces années et son plaisir de s'y remettre, en faisant aussi plein de clins d'oeil à son propre cinéma...

Surtout, j'y ai vu un grand film sur la fuite du temps, culminant dans la scène poignante de La Samaritaine où les retrouvailles des amants ne peuvent se faire que par hasard, et furtivement, concentrant tout le passé en un seul moment, sur les ruines d'un amour qui a été...

Denis Lavant passe son temps à déambuler de rôle en rôle, comme un spectre errant et dont la vie est un perpétuel recommencement. Le film, qui est souvent ludique et drôle, se teinte au fur et à mesure d'une mélancolie de plus en plus forte, finissant par remettre en cause l'existence-même de l'homme...

Bref, pour ma part, à la différence de Stark, je partage totalement l'engouement critique à propos de ce film (ce qui n'était pas le cas sur De rouille et d'os de Jacques Audiard, que j'ai très modérément apprécié alors que la critique était dithyrambique) profondément original, qui n'a pas fini à mon sens de faire parler de lui...
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par aurelien86 »

Vu à Cannes également, j'étais sorti complètement transcendé de la projo officielle, avec l'impression d'avoir vécu quelque chose (tout comme j'avais pu vivre quelque chose devant des films comme Le Cheval de Turin ou Tree of Life...).
Revision prévu demain, mais je ne me fais pas trop de doute sur mon avis à la sortie du film. :lol:
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Thaddeus
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Thaddeus »

locktal a écrit :Denis Lavant passe son temps à déambuler de rôle en rôle, comme un spectre errant et dont la vie est un perpétuel recommencement. Le film, qui est souvent ludique et drôle, se teinte au fur et à mesure d'une mélancolie de plus en plus forte, finissant par remettre en cause l'existence-même de l'homme...
D'une certaine manière, je me demande si ce n'est pas justement vers là que se situe mon problème. Je me rends compte que, peut-être plus qu'autrefois, j'ai besoin pour être emporté par un film de trouver un point d'ancrage affectif, de l'ordre de l'empathie ou de l'indentification. Or Holy Motors fonctionne précisément sur une logique d'atomisation permanente de ce système : dès que le curseur se fixe sur une intrigue, un morceau de fiction, il l'abandonne pour repartir ailleurs et recommencer à zéro. C'est le sujet même du film : la dimension protéiforme du métier de comédien, la façon dont on abandonne un rôle pour en reprendre un nouveau, les itérations infinies des masques et du jeu : faire semblant, rejouer, "revivre" comme le chante Manset vers la fin. A mon niveau, c'est là que le bât blesse, d'une certaine manière : je ne peux pas être ému par un personnage qui cesse d'exister dès que je commence à la connaître, qui s'évapore dès que je commence à m'intéresser à lui. En fait, jamais je ne connaîtrai Oscar dans ce film, jamais je n'aurai le temps d'être touché par lui, justement parce qu'il n'existe pas, qu'il n'est qu'une enveloppe corporelle dans laquelle les identités se succèdent, toutes plus volatiles les unes que les autres.

Et pour donner une indication à Gounou (qui lui mettras peut-être la puce à l'oreille), je dirais que, par bien des aspects, le film m'a fait penser à Inland Empire. Le sujet est proche (le cinéma, la nature du métier d'acteur/ice, la rencontre des mondes fictionnels, jusqu'à une scène introductive métaphorisant explicitement la "plongée" dans le monde de la pellicule), et la raison de mon manque d'implication émotionnel assez similaire.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par aurelien86 »

Stark a écrit :D'une certaine manière, je me demande si ce n'est pas justement vers là que se situe mon problème. Je me rends compte que, peut-être plus qu'autrefois, j'ai besoin pour être emporté par un film de trouver un point d'ancrage affectif, de l'ordre de l'empathie ou de l'indentification. Or Holy Motors fonctionne précisément sur une logique d'atomisation permanente de ce système : dès que le curseur se fixe sur une intrigue, un morceau de fiction, il l'abandonne pour repartir ailleurs et recommencer à zéro. C'est le sujet même du film : la dimension protéiforme du métier de comédien, la façon dont on abandonne un rôle pour en reprendre un nouveau, les itérations infinies des masques et du jeu : faire semblant, rejouer, "revivre" comme le chante Manset vers la fin.

...

Et pour donner une indication à Gounou (qui lui mettras peut-être la puce à l'oreille), je dirais que, par bien des aspects, le film m'a fait penser à Inland Empire. Le sujet est proche (le cinéma, la nature du métier d'acteur/ice, la rencontre des mondes fictionnels, jusqu'à une scène introductive métaphorisant explicitement la "plongée" dans le monde de la pellicule), et la raison de mon manque d'implication émotionnel assez similaire.
Personnellement, je ne vois pas le film par ce prisme là en premier lieu.

Les différentes facettes d'Oscar et les saynètes qu'il vit et "joue" s'apparentent pour moi à la vie de tout un chacun. Ce qui constitue finalement une vie: un assemblage de moments divers, heureux, triste, mélancolique, déroutant, agaçant, surprenant... et ce qui constitue un individu, un être protéiforme avec plusieurs moi en lui, devant s'adapter et donc "jouer" des personnages selon les situations et l'environnement qui l'entoure (professionnel, personnel, etc). C'est le lot de la société dans laquelle on vit, qui impose certains codes aux individus. Et de là, la difficulté à vivre et exister, être finalement soi-même.

Peut être est ce une vision naïve ou qui peut passer pour pompeuse, mais c'est plus comme cela que j'ai interprété le film à la sortie de la projection à Cannes, à chaud et avant de lire aucuns retours dessus. Une vision plus universelle donc, c'est d'ailleurs ce qui m'a touché profondément dans le film et m'a fait ressentir une réelle empathie pour le personnage de Lavant.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par locktal »

aurelien86 a écrit : Personnellement, je ne vois pas le film par ce prisme là en premier lieu.

Les différentes facettes d'Oscar et les saynètes qu'il vit et "joue" s'apparentent pour moi à la vie de tout un chacun. Ce qui constitue finalement une vie: un assemblage de moments divers, heureux, triste, mélancolique, déroutant, agaçant, surprenant... et ce qui constitue un individu, un être protéiforme avec plusieurs moi en lui, devant s'adapter et donc "jouer" des personnages selon les situations et l'environnement qui l'entoure (professionnel, personnel, etc). C'est le lot de la société dans laquelle on vit, qui impose certains codes aux individus. Et de là, la difficulté à vivre et exister, être finalement soi-même.

Peut être est ce une vision naïve ou qui peut passer pour pompeuse, mais c'est plus comme cela que j'ai interprété le film à la sortie de la projection à Cannes, à chaud et avant de lire aucuns retours dessus. Une vision plus universelle donc, c'est d'ailleurs ce qui m'a touché profondément dans le film et m'a fait ressentir une réelle empathie pour le personnage de Lavant.
Je suis assez d'accord avec cette vision des choses pour Holy motors, notamment avec ce que tu dis sur cet assemblage de moments qui représente finalement une vie et qui m'a profondément touché... La fin du film remet d'ailleurs en question le principe-même de l'existence.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Into the Deep »

aurelien86 a écrit :Vu à Cannes également, j'étais sorti complètement transcendé de la projo officielle, avec l'impression d'avoir vécu quelque chose (tout comme j'avais pu vivre quelque chose devant des films comme Le Cheval de Turin ou Tree of Life...).
Revision prévu demain, mais je ne me fais pas trop de doute sur mon avis à la sortie du film. :lol:
J'ai eu le même sentiment.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Jack Griffin »

locktal a écrit :
aurelien86 a écrit : Personnellement, je ne vois pas le film par ce prisme là en premier lieu.

Les différentes facettes d'Oscar et les saynètes qu'il vit et "joue" s'apparentent pour moi à la vie de tout un chacun. Ce qui constitue finalement une vie: un assemblage de moments divers, heureux, triste, mélancolique, déroutant, agaçant, surprenant... et ce qui constitue un individu, un être protéiforme avec plusieurs moi en lui, devant s'adapter et donc "jouer" des personnages selon les situations et l'environnement qui l'entoure (professionnel, personnel, etc). C'est le lot de la société dans laquelle on vit, qui impose certains codes aux individus. Et de là, la difficulté à vivre et exister, être finalement soi-même.

Peut être est ce une vision naïve ou qui peut passer pour pompeuse, mais c'est plus comme cela que j'ai interprété le film à la sortie de la projection à Cannes, à chaud et avant de lire aucuns retours dessus. Une vision plus universelle donc, c'est d'ailleurs ce qui m'a touché profondément dans le film et m'a fait ressentir une réelle empathie pour le personnage de Lavant.
Je suis assez d'accord avec cette vision des choses pour Holy motors, notamment avec ce que tu dis sur cet assemblage de moments qui représente finalement une vie et qui m'a profondément touché... La fin du film remet d'ailleurs en question le principe-même de l'existence.
Oui, c'est surtout un film sur la Persona.
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Re: Holy Motors (Leos Carax - 2012)

Message par Dunn »

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Franchement je suis sortie mitigé après la projection.Le film est vraiment un hommage au cinéma, bien mis en scène, extrêmement bien joué (Denis Lavant aura-t-il enfin une récompense?), certains "rôles" sont vraiment époustouflants dans le cinéma de genre Français tellement si rare, comme ce passage du mendiant au cimetière sous fond de musique "Godzilla",ou encore cette touchante relation avec cette adolescente qu'il ramène à la maison. Justement et comme le souligne si bien stark, le personnage nous offre des rôles tellement fort par moment qu'on les oublie déjà très vite pour passer au suivant que l'on a pas le temps de s'y attacher.Enfin pour moi, l'émotion n'est pas là, je n'ai pas été transporté ni touché par le film, ni ses personnages et surtout par défaut le premier rôle, même pendant cette scène romantique chantée à la Samaritaine.J'admire le tour de force et surtout cet ovni dans le paysage du cinéma Français, mais comme moi, bon nombre de spectateurs vont rester sur le carreau malgré ses indéniables qualités.Dommage c'est le genre de film que j'aurais aimé apprécier à sa juste valeur mais le fond ne m'a pas autant plu que la forme.
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