Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
mannhunter
Laspalès
Messages : 17402
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par mannhunter »

aurelien86 a écrit :Enfin, je trouve les visuels (des vaisseaux, des monstres) ratés, à quelques exceptions près.
Tout cela est TROP PROPRE !! C'est incroyable cette époque où tout doit être "clean"... Les monstres sont propres (la séquence d'ouverture m'a refroidi, on dirait un mauvais jeux vidéo son visage) ou simplement dégueulasse (la pieuvre finale, où ils auraient dû mettre encore plus de lumière pour qu'on la voit mieux, typiquement la volonté d'aller le plus loin possible dans le dégout), mais il n'y a aucunes fascination face à eux.
Ridley Scott ou Mr Propre!
Sur la couv de l'EF les acteurs ont un look de Playmobil après je ne sais pas comment ça passe dans le film.
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Strum »

J'ai l'impression que c'est le moment d'arrêter de lire ce topic pour qui veut éviter les spoilers. :mrgreen: Je reviendrai quand j'aurai vu le film - j'y vais un peu sceptique, donc si déception il y a, elle devrait être mesurée.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par hellrick »

julien a écrit : Hitchcock il disait que pour faire un bon film il fallait juste trois éléments. Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Au début j'étais pas d'accord avec ça, je me disais que la réalisation, l'aspect visuel ou les acteurs étaient aussi importants mais en fait il avait raison. L'histoire c'est la base de tout. Ça influe sur le reste. Si t'as un scénario en bois comme c'est le cas pour Avatar, avec des clichés au bulldozer, tu peux pas réaliser un film intéressant même avec les meilleurs acteurs et la meilleure technologie possible. Ça peut faire illusion un instant mais au final, ça ne sera qu'une coquille vide.
Yep, et comme le disait aussi Stephen King, "l'important c'est l'histoire, pas celui qui la raconte"
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
aurelien86
Electro
Messages : 779
Inscription : 2 mai 08, 16:26
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par aurelien86 »

mannhunter a écrit :
aurelien86 a écrit :Enfin, je trouve les visuels (des vaisseaux, des monstres) ratés, à quelques exceptions près.
Tout cela est TROP PROPRE !! C'est incroyable cette époque où tout doit être "clean"... Les monstres sont propres (la séquence d'ouverture m'a refroidi, on dirait un mauvais jeux vidéo son visage) ou simplement dégueulasse (la pieuvre finale, où ils auraient dû mettre encore plus de lumière pour qu'on la voit mieux, typiquement la volonté d'aller le plus loin possible dans le dégout), mais il n'y a aucunes fascination face à eux.
Ridley Scott ou Mr Propre!
Sur la couv de l'EF les acteurs ont un look de Playmobil après je ne sais pas comment ça passe dans le film.
Eux, ça va à peu près. Même si certains trucs participent du sentiment général (Charlize Theron et sa rigidité digne d'une Bree Van de Kamp dans Desperate Housewives). C'est plus une impression générale dû à divers éléments, comme je le faisais remarquer (sans trop donner de détails pour éviter les spoilers).
mannhunter
Laspalès
Messages : 17402
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par mannhunter »

hellrick a écrit :
julien a écrit : Hitchcock il disait que pour faire un bon film il fallait juste trois éléments. Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Au début j'étais pas d'accord avec ça, je me disais que la réalisation, l'aspect visuel ou les acteurs étaient aussi importants mais en fait il avait raison. L'histoire c'est la base de tout. Ça influe sur le reste. Si t'as un scénario en bois comme c'est le cas pour Avatar, avec des clichés au bulldozer, tu peux pas réaliser un film intéressant même avec les meilleurs acteurs et la meilleure technologie possible. Ça peut faire illusion un instant mais au final, ça ne sera qu'une coquille vide.
Yep, et comme le disait aussi Stephen King, "l'important c'est l'histoire, pas celui qui la raconte"
comme le disait un pote "c'est très difficile de tirer un bon film d'un script pas top, à moins de s'appeler Bava et de se foutre comme lui du scénario..."
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99637
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Jeremy Fox »

julien a écrit : Hitchcock il disait que pour faire un bon film il fallait juste trois éléments. Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Au début j'étais pas d'accord avec ça, je me disais que la réalisation, l'aspect visuel ou les acteurs étaient aussi importants mais en fait il avait raison. L'histoire c'est la base de tout.
Etonnant de lire ça de ta part qui à longueur de post casse un peu "le classicisme" des oeuvres que tu trouves "sans originalité" stylistiques. Explique moi alors comment tu fais pour trouver Manon des sources de Berri superbe alors qu'au contraire la version de Pagnol t'ennuie.

Je sens qu'on va encore dévier du sujet initial. Mais promis, pas trop longtemps ; je cherche juste à comprendre certaines immenses contradictions. :oops:

En même temps, on se demande si Hitchcock disait vraiment ce qu'il pensait car ce qui clocherait le plus souvent dans ses films, ce seraient justement des éléments de l'intrigue et non quelconques éléments de mise en scène.
mannhunter
Laspalès
Messages : 17402
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par mannhunter »

julien a écrit :Et sinon, est-ce que c'est aussi nul qu'Avatar ? Parce que Scott, ambitionnait quand même de faire mieux.
je suis sûr que tu préfères "Piranhas 2"... :wink:

Major Tom a écrit :Je vais faire mon mannhunter
Demi-Lune a écrit :Tu serais pas un cousin de mannhunter ? :lol:
bon, j'ai enfin eu la réponse à ce que je pressentais depuis 2/3 ans: Demi-Lune et Major Tom ne sont qu'une seule et même personne.
C'était ça en fait la génèse de "Prometheus", l'origine d'"Alien", le point de départ de ce scénario nébuleux... :uhuh:
Wicker
Assistant(e) machine à café
Messages : 131
Inscription : 1 nov. 11, 21:41
Localisation : Dans un peignoir féminin.

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Wicker »

julien a écrit :Hitchcock il disait que pour faire un bon film il fallait juste trois éléments. Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Au début j'étais pas d'accord avec ça, je me disais que la réalisation, l'aspect visuel ou les acteurs étaient aussi importants mais en fait il avait raison. L'histoire c'est la base de tout. Ça influe sur le reste. Si t'as un scénario en bois comme c'est le cas pour Avatar, avec des clichés au bulldozer, tu peux pas réaliser un film intéressant même avec les meilleurs acteurs et la meilleure technologie possible. Ça peut faire illusion un instant mais au final, ça ne sera qu'une coquille vide.

Marrant, je croyais que c'était Gabin qui avait dit ça. Enfin, peu importe. Le tout effectivement est d'avoir une bonne histoire pour qu'un projet cinématographique démarre bien, on est d'accord. Mais une bonne histoire veut-elle dire nécessairement une intrigue très complexe, hyper fouillée psychologiquement ? Je ne crois pas. Une histoire simple (comme c'est le cas d'Avatar), même si elle reprend une trame classique (mais y a-t-il tellement de trames différentes lorsqu'il s'agit d'un film d'aventure ? Idem pour un mélodrame ou une comédie), si elle est raconté avec suffisamment d'intelligence et d'ajouts annexes qui la rende intéressante (ce qui est aussi le cas d'Avatar) est pour moi une bonne histoire. Bien sûr il y a des clichés dans Avatar, mais Cameron arrive à les rendre acceptable à mes yeux et je me laisse prendre au jeu (ce qui n'est pas le cas de tous les films que j'ai vu, loin de là). Bon, mais évidemment tout ceci nous éloigne un peu du nouveau Ridley Scott que je compte bien aller voir en salle avant mon départ en vacances :D
Image
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17125
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit :
julien a écrit :Et sinon, est-ce que c'est aussi nul qu'Avatar ? Parce que Scott, ambitionnait quand même de faire mieux.
Même s'il a ses faiblesses (j'y viendrai en temps et en heure), je trouve ça largement meilleur, perso. Et je n'aime pas Avatar.
Je trouve le film de Cameron supérieur à tous les niveaux que ce décevant et (presque, j'y reviendrais) insignifiant Prometheus, notamment dans son traitement purement cinématographique, complètement moyen...

Mais j'y reviendrais également avec un peu plus d'arguments...
Image

Mother, I miss you :(
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par julien »

mannhunter a écrit :je suis sûr que tu préfères "Piranhas 2"... :wink:
Pas encore vu !
Jeremy Fox a écrit :
julien a écrit : Hitchcock il disait que pour faire un bon film il fallait juste trois éléments. Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Au début j'étais pas d'accord avec ça, je me disais que la réalisation, l'aspect visuel ou les acteurs étaient aussi importants mais en fait il avait raison. L'histoire c'est la base de tout.
Étonnant de lire ça de ta part qui à longueur de post casse un peu "le classicisme" des oeuvres que tu trouves "sans originalité" stylistiques. Explique moi alors comment tu fais pour trouver Manon des sources de Berri superbe alors qu'au contraire la version de Pagnol t'ennuie.
J'ai pas dit qu'elle m'ennuyait la version de Pagnol mais c'est vrai qu'elle est moins réussit que le film de Berri. A mon sens elle est trop littéraire. Berri justement a épuré beaucoup de dialogues superflus, ce qui donne à son film, un ton beaucoup plus dramatique et réaliste.
Watkinssien a écrit :j'y reviendrais également avec un peu plus d'arguments...
OK. Au plaisir de te lire.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
jacques 2
Régisseur
Messages : 3172
Inscription : 17 mai 10, 17:25
Localisation : Liège (en Wallonie)

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par jacques 2 »

Je constate que certains utilisent ce topic pour dire de grosses conneries à propos d'"Avatar" (scénario en bois ? Ben voyons ...)

Très pénible à la longue ces clichés à propos d'un film mal regardé ... :?
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Demi-Lune »

Menus SPOILERS, tout ça...

Comme beaucoup ici j'appréhendais Prometheus avec crainte. Les récents revival des classiques des 80's se sont tous soldés par des échecs cuisants et la volonté de donner à la saga Alien une genèse relevait a priori plus de l'hérésie que du high-concept bandant. Etait-il réellement souhaitable d'explorer les questions restées en suspense dans le premier Alien ? Etait-il pertinent d'attenter au mystère fascinant qui enveloppait le film ? Autant d'interrogations que tout fan biberonné aux Nostromo, USS Sulaco et autres « Ne la touche pas, sale pute ! » a dû se poser plus d'une fois et que les scénaristes ne pouvaient décemment pas éviter. L'association au projet de Ridley Scott, capable du pire comme du meilleur depuis longtemps, n'aidait d'ailleurs pas forcément à ce qu'il soit pleinement rassuré ; tout au plus pouvait-il espérer que le père du mythe ne défigurerait pas trop sa créature en revenant après plus de 30 ans sur les terres qui firent son succès. Verdict : Prometheus est un film de SF de qualité, je suis persuadé que globalement la majorité s'accordera dessus. Cela fait une petite dizaine d'années que le cinéma ne nous avait pas offert un tel film futuriste qui a de la gueule et qui aborde sérieusement ses enjeux, et le nier me semblerait personnellement très hardi. Mais c'est dans le même temps un film qui suscitera sans doute un certain sentiment de perplexité. En effet, pour dire très simplement les choses, le film me semble écartelé entre différentes exigences et ces écartèlements donnent à la fois de bonnes choses et d'autres, sinon moins bonnes (à vrai dire je n'ai pas encore de certitudes bien assises pour le film qui nous occupe) du moins plus sujettes à caution.

La première exigence, en tant que prequel, c'est celle de respecter l'univers Alien. Codes visuels, personnages, équipement, tout ça. C'est sur ce terrain-là que le retour de Scott était a priori le plus pertinent. La direction artistique, qui est l'un des points forts, s'emploie donc à raccorder esthétiquement et spirituellement les décors à ceux du premier Alien et quelques éléments plus marginaux du second (pour le matériel, les véhicules). Ridley Scott retrouve à ce titre son sens du formalisme un peu évaporé ces dernières années et réinvestit ces atmosphères visuelles qui faisaient d'Alien un film formellement bluffant, avec tout ce soin accordé aux détails, aux balais des lumières, au design qui devient un personnage à part entière. Dans le même temps il ne s'agit pas d'une photocopie. Pour reprendre ce que j'avais dit une fois, c'est un peu Alien sans Alien. Le fan est en terrain connu, le design convoque toute une palette de formes et de lignes « amicales »... mais un ami perdu de vue depuis des années et qu'il ne serait pas sûr de reconnaître. Curieuse impression, en effet, qui guide la découverte de Prometheus, d'un univers familier qui aurait cependant effectué sa mue. Cela donne un résultat tantôt fascinant (la manière dont les œufs, la civilisation extraterrestre au sens du décorum ont été repensés), tantôt incohérent (les technologies beaucoup plus perfectionnées que dans les films suivants).

On se retrouve ici au croisement de la seconde exigence, qui est celle de se démarquer de l'univers Alien. Ça peut paraître un peu contradictoire mais pas tellement en réalité. En effet, les ambitions de Scott ne sont manifestement pas celles d'un simple gardien du temple qui se replongerait avec bonheur dans son domaine de prédilection. Par conséquent il y a deux espérances à qui il faut à mon avis tordre le cou. Ceux qui attendent de Prometheus qu'il soit de l'étoffe visionnaire d'Alien peuvent, je crois, ranger leurs espérances au placard : le film de 1979 était trop parfait en son genre et lançait sa propre mythologie, à la différence de ce Prometheus qui explore, de manière fatalement moins innovante, certains fondements spirituels de la saga. De même, ceux qui espèrent de Prometheus qu'il soit un Alien pur et dur, bien étiqueté comme tel, à ranger bien au chaud dans le coffret à la suite du navet de Jeunet, seront surpris de constater que le film ne se laisse pas si facilement apprivoiser... Et ça, en soit, c'est déjà appréciable : le film étonne, décontenance, impressionne, propose. Scott veut tenter autre chose. Bien que le canevas narratif suive globalement les mêmes découpages du premier Alien (sortie d'hypersommeil, atterrissage, exploration, élément perturbateur, chienlit...), le film suit sa propre route dans une logique différente, puisque l'enjeu n'est plus d'échapper à un monstre tueur... de fait Prometheus s'apparente à un opus connecté, mais suffisamment singulier dans son approche pour rappeler les meilleures heures de la saga, lorsque Cameron et Fincher apportaient leurs pierres à l'édifice sans trahir l'esprit. On pourra, bien sûr, toujours gloser sur la nécessité de cette préquelle dont l'objet est de déflorer un des mystères les plus envoûtants du cinéma. Mais en ce qui me concerne, force est de reconnaître que d'une démarche bien casse-gueule, suicidaire, Scott parvient à tirer un film de SF à la fois respectueux de ses aïeuls (à moins que ce ne soit l'inverse, on finit par s'y paumer) et raisonnablement autonome pour offrir son propre spectacle, censé rassembler les purs et durs de la première heure et les néophytes. Il me semble donc important d'aller voir le film en étant ouvert, en faisant fi de la tentation d'évaluer Prometheus sous le prisme de son – pardonnez le néologisme - « alienité ». On pourra toujours trouver, légitimement, que l'ensemble est loin du niveau du chef-d’œuvre de 1979. Mais c'est appliquer une grille de lecture un peu réductrice en l'occurrence, car si Prometheus fait le maximum pour s'inscrire dans un héritage élargi, il dessine dans le même temps sa propre singularité. Ce qui ne le mettra certes pas à l'abri de faiblesses, j'y reviendrai.

Enfin, la troisième exigence, plus commerciale qu'autre chose j'ai l'impression, c'est de ne pas trop en dire. Scott n'est pas con. Il sait sans doute qu'un succès placerait la possibilité d'une suite sous des auspices favorables. Aussi ne faut-il pas tarir le filon. Du point de vue scénaristique, cela se traduit par une histoire qui en dit à la fois beaucoup et pas assez. De sorte que les fans inquiets peuvent se rassurer sur ce point : le mystère est loin d'être éclairci. Le film balance des pistes, se ménage une porte de sortie, est clair à certains endroits et beaucoup moins à d'autres, s'exposant de fait à des incohérences qui feront ici, j'en suis sûr, la joie de débats enflammés (et sur lesquelles je reviendrai dans un autre post :mrgreen: ). Ce qui fait qu'encore une fois, le film est coincé dans un paradoxe. Il appâte, souvent avec efficacité, satisfait à plusieurs reprises, et cependant frustre dans sa mécanique d'équilibriste qui souhaite en garder de côté pour la suite. Incidemment, le film pourra sans doute être critiqué pour attirer le chaland et ne pas avoir tellement fait avancer le schmilblick, si l'on se rapporte à son ambition de prequel-là-où-le-Mal-a-commencé.

Le film vit donc dans l'écartèlement permanent de ces trois exigences, et en essuie ponctuellement les plâtres. L'exigence commerciale ? Une 3D superflue, qui fait son effet à deux ou trois reprises, pas plus. L'exigence de fidélité ? Ben comme je disais, un canevas très attendu avec pratiquement les mêmes personnages d'Alien, à ceci près qu'ils sont, David excepté (vieille figure scottienne que l'androïde tourmenté et plus faillible que les humains), tous torchés. Pour certains (je pense à celui de Charlize Theron), on se dit que c'est pour mieux préparer la suite, mais non en fait. Chez Scott, comme chez Cameron, la simplicité des personnages n'excluait pas leur impact. Ici ce n'est pas le cas. On a envie qu'ils y passent le plus possible. Enfin, l'exigence d'affranchissement ? C'est là que la question est la plus délicate... les tentatives du scénario pour se singulariser cliveront. A cause de la fan-attitude. A cause du traitement, aussi. Ainsi, je ne suis pas fan de la nouvelle apparence des créatures, d'autant que les CGI ne rivaliseront jamais avec les animatronics. Et aurélien86 a raison lorsqu'il pointe la laideur du visage de l'Ingénieur, évoquant une cinématique mal finie de Voldemort. Pareillement, le plan final est mal branlé, ce qui fait un peu mal étant donné sa nature. Le problème c'est qu'on est tellement habitué à la mythique créature de la saga, qu'il faudra probablement un certain de temps de "digestion" avant que le film dépasse les étonnements, voire les déceptions, et soit "accepté". Dans le meilleur des cas...

On pourrait finir par croire que j'ai plus de réserves que d'enthousiasmes. Si je pointe ces faiblesses, c'est parce qu'on ne peut les évacuer. Mais elles ne m'ont pas empêché de prendre plaisir à l'ensemble qui, je le répète, est un excellent film de SF, de ceux qu'on aimerait voir plus souvent. Peut-être que ça relancera l'intérêt d'Hollywood pour la chose, qui sait. En tout cas je ne peux pas souscrire aux propos de Wat' quand il parle d'insignifiance (tu dois confondre avec Mission to Mars, là :mrgreen: ). L'insignifiance, ça aurait été un produit formaté emballé vite fait. Or, Scott n'est jamais meilleur que lorsqu'il met en scène le futur. Prometheus est un film très visuel comme on en voit plus des masses dans le ciné US. Un film qui se donne les moyens de son ambition formelle, ce qui a toujours été le credo artistique de Scott. C'est un film spectaculaire, rythmé et fantastique d'un point de vue esthétique. Reste à savoir comment il sera reçu et comment il fera son chemin aux côtés de la quadrilogie.
Dernière modification par Demi-Lune le 31 mars 13, 18:27, modifié 1 fois.
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par julien »

aurelien86 a écrit :Tout cela est TROP PROPRE !! C'est incroyable cette époque où tout doit être "clean"...
Syndrome Avatar sans doute ? Les grands producteurs ne sont plus assez aventureux de nos jours. Ils s'alignent tous sur les mêmes recettes, ce qui fait que tout les films finissent par se ressembler. J'ai pas vu le film de Scott, mais rien qu'à voir les photos, c'est vrai qu'il n'y a rien de très bandant au niveau de l'aspect visuel.
Dernière modification par julien le 30 mai 12, 17:26, modifié 1 fois.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Avatar de l’utilisateur
Major Tom
Petit ourson de Chine
Messages : 22225
Inscription : 24 août 05, 14:28
Contact :

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Major Tom »

jacques 2 a écrit :Je constate que certains utilisent ce topic pour dire de grosses conneries à propos d'"Avatar" (scénario en bois ? Ben voyons ...)

Très pénible à la longue ces clichés à propos d'un film mal regardé ... :?
Pénibles aussi les gens qui n'aiment pas qu'on n'aime pas. Et puis uniquement sur le scénario, objectivement ils ont raison. À ne regarder que l'histoire (quand on s'enlève la poudre des yeux), on ne peut que s'apercevoir que Cameron utilise un vieux schéma qu'on trouvait dans Terminator (1 et 2), et Aliens. Et Rambo 2 aussi. Franchement le film ne brille pas pour son scénario mais il est intéressant pour autre chose... ;)
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Prometheus (Ridley Scott - 2012)

Message par Demi-Lune »

aurelien86 a écrit :Tout cela est TROP PROPRE !! C'est incroyable cette époque où tout doit être "clean"...
Cette remarque est intéressante parce que je suppose qu'elle découle de notre appréciation de la saga. C'est vrai que la direction artistique du premier Alien impressionnait par sa patine organique, luisante, avec ses coulées de fluides. Mais à côté de ça, l'intérieur du Nostromo était aussi immaculé que celui du Prometheus, hein. Quant à la pyramide (qui aurait dû être exploitée dès le premier film), le fait qu'elle soit plus "clean", comme tu dis, participe de cette prise de distance voulant
Spoiler (cliquez pour afficher)
que la civilisation des Ingénieurs ne soit PAS celle des Aliens... c'est une hybridation, finalement, dans Alien. D'où l'impression de connaître et de découvrir en même temps, dans Prometheus.
Répondre