De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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riqueuniee
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par riqueuniee »

Il n'y a pas que quand leurs auteurs écrivent depuis Cannes que les critiques ciné de l'Obs sont nulles.
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Flol
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Flol »

Oui mais le reste du temps, je suis un peu moins attentif à ce que ces gens-là écrivent (je préfère rigoler en écoutant Le Masque & la Plume).
riqueuniee
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par riqueuniee »

Je suis abonnée à l'Obs , mais ce n'est pas pour la rubrique cinéma...
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AtCloseRange
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par AtCloseRange »

Ratatouille a écrit :J'avoue avoir écrit cette phrase en pensant beaucoup à toi. 8)
Punaise, Bon Iver et Marion Cotillard... Tu voulais vraiment que je fasse l'impasse.
J'attends toujours qu'elle joue dans un bon film.
Ah si, elle a presque débuté dans Comment je me suis disputé... de Desplechin.
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Flol
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Flol »

AtCloseRange a écrit :J'attends toujours qu'elle joue dans un bon film.
Ah ça tombe bien, elle joue justement dans le dernier film de Jacques Audiard. De rouille et d'os, que ça s'appelle. Je te le conseille.
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Dunn
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Dunn »

Bon je ne partage pas du tout votre enthousiasme sur ce nouveau film d'Audiard.Pourtant j'adore cet auteur et tous ses films (même si je n'ai toujours pas vu son premier métrage), en partie parce qu'il a l'art de prendre n'importe quel sujet et d'en faire un film noir!
Sauf que là, rien, nada, j'espérai un revirement dans cette histoire de couple qui pour moi ne fonctionne pas voir jamais, lorsque que le personnage de Matthias Shoenaerts (excellente interprétation au demeurant tout comme la Marion que je n'aime pas, mais qui, comme dans "Inception" est très bien dirigé) fait des combats de rue ou lorsqu'il est surveillant la nuit...ce qui fait la marque pour moi d'Audiard n'est donc pas là, tout comme il avait si bien amené un côté thriller "noir" à Sur mes lèvres ou encore De battre mon coeur s'est arrêté.Le personnage de Bouli Lanners aurait pu apporter une intrigue sombre (son rôle aurait eu une toute autre vision) voir tragique dans ces fameux combats de rue.
Les personnages sont pourtant bien écrit, bien interprété, mais j'ai eu beaucoup de mal à leur relation tout simplement parce que je n'ai jamais cru ou très peu à l'histoire d'amour qui se tisse entre eux.Bien sûr, la poésie et la suggestion est là: elle, est "cassé" par son accident et lui par sa "vie", ensemble ils vont se ressouder.Mais je trouve la relation bizarre (elle parle de délicatesse à un moment mais je la cherche encore à part peut être la scène sur la plage lorsqu'il la porte), déconvenue (ses scènes de sexe qui se répètent ...), et jamais passionnel alors que tout était réuni pour offrir des scènes d'une rare justesse.Peu aidé par la musique de Desplat (quasi inexistante au profit de musiques additionnels insupportables pour ma part), le film m'a souvent ennuyé, même si quelques beaux moments existent comme l'accident de Stéphanie ou encore celui (pour moi pas si inattendu que ça) à la fin du film.
Les effets numériques sont cependant incroyables (les jambes inexistantes de Cotillard) et l'accident apporte pourtant une vraie empathie à ce personnage blessé et aidé par ce videur en père solitaire.Reste donc quelques beaux moments mais pour moi c'est la déception (la première fois chez Audiard) surtout parce que je n'ai pas cru aux sentiments des personnages malgré cette fin sublime et cette dernière phrase qui arrive plutôt comme un cheveux sur la soupe.
5/10
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magobei
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par magobei »

Je me joins aux enthousiastes: très beau film, dense par le fond, splendide par la forme. Top notch.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Joe Gillis
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Joe Gillis »

Dunn a écrit : mais j'ai eu beaucoup de mal à leur relation tout simplement parce que je n'ai jamais cru ou très peu à l'histoire d'amour qui se tisse entre eux.Bien sûr, la poésie et la suggestion est là: elle, est "cassé" par son accident et lui par sa "vie", ensemble ils vont se ressouder.Mais je trouve la relation bizarre (elle parle de délicatesse à un moment mais je la cherche encore à part peut être la scène sur la plage lorsqu'il la porte), déconvenue (ses scènes de sexe qui se répètent ...), et jamais passionnel alors que tout était réuni pour offrir des scènes d'une rare justesse.
Justement, tu ne crois pas que tout le film se joue là dessus: la relation d'une femme amputée dans son corps et d'un homme brut de décoffrage amputé des sens et de l'émotion. Il ne peut pas y avoir de passion, Ali est incapable d'éprouver quoi que ce soit. Même pas la peur, d'ailleurs: "peur de quoi?" , l'entend-on répondre à Stéphanie qui s'interroge sur la violence de ces effroyables combats de boxe "no limits"! La relation des deux personnages est surtout physique (le film parle des corps: blessés, maltraités, frustrés, qu'on tente de réparer) et malgré quelques jolis moments de délicatesse, comme la scène de la plage que tu cites, et qui troublent autant Stéphanie, il n'y a jamais d'affection, d'amour et encore moins de passion. Quand ils couchent ensemble, ils "baisent" parce qu'il est "opé", et pour voir si tout fonctionne encore bien chez elle. D'où sans doute une certaine impression de froideur des personnages et de la mise en scène.
Il n'y a pas d'histoire d'amour, elle est à venir. L'émotion ne nait vraiment que dans les toutes dernières minutes (cf la fin, enfin boulversante, où enfin la glace est brisée... quelle mise en scène!). C'est ce qui est magnifique.

Vu à la séance de midi, et je commence tout juste à m'en remettre... Pour moi, le film de l'année (pour le moment!)
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Dunn
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Dunn »

Oui j'ai bien compris cela mais pour moi ça ne marche pas.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Il dit qu'il a peur de rien alors pourquoi il a peur d'aimer? pourquoi il quitte tout lorsqu'il se fait remonter par sa soeur? Trop facile je trouve et la scène finale avec sa longue ellipse (il se passe quoi une année maxi vu l'âge du gosse) aussi.Il se retrouve à faire de la boxe en pro et oublie Stéphanie, prend son gosse uniquement parce qu'on lui amène ...aucune compassion ce type malgré ce qu'il a vécu avec elle.Il lui faut l'accident de son fils pour se réveiller.Et encore c'est elle qui l'appelle....pas lui !
Pour moi ça marche pas.2 heures pour voir un animal devenir un homme et qui se rend compte qu'il a des sentiments pour une fille et son fils sans qu'on est des moments (à part encore une fois la scène de la plage) pour nous le suggérer , bah j'ai pas trouvé ça bien fait.On a jamais peur pour lui aussi lors de ses combats de rue sous le regard de Stéphanie à part ce plan où il est KO et qu'il la voit.Bof c'est peu pour quelqu'un qui semble costaud de l'extérieur comme de l'intérieur.On aimerait justement une scène qui nous montre qu'il a ses faiblesses.Et puis je trouve aussi la rédemption de Stéphanie un peu trop rapide.Le réveil est terrible effectivement lorsqu'elle se retrouve sans jambes, la Cotillard joue bien! En revanche, sa "renaissance" est bien trop rapide dans le film à mon goût.Elle se remet très vite psychologiquement parlant et physiquement aussi (les prothèses arrivent vite aussi) et Ali ne l'aide pas tant que ça ou alors peu de scènes le montrent.
Joe Gillis a écrit :La relation des deux personnages est surtout physique (le film parle des corps: blessés, maltraités, frustrés, qu'on tente de réparer) et malgré quelques jolis moments de délicatesse, comme la scène de la plage que tu cites, et qui troublent autant Stéphanie, il n'y a jamais d'affection, d'amour et encore moins de passion.
Justement c'est là que ça coince pour moi, comment elle peut tomber amoureuse (elle l'est ou a envie de l'être lorsqu'elle parle de "délicatesse") de lui? Ou alors elle le teste, elle joue avec lui (d'où la réponse à sa proposition pour "baiser" , elle espérait le coincer comme ça!) mais non puisqu'il la rejette aussi tôt.J'aurais aimé plus de scène comme la plage qui nous montrent que quelque chose peu se tisser entre eux...
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Joe Gillis
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Joe Gillis »

Dunn a écrit : Justement c'est là que ça coince pour moi, comment elle peut tomber amoureuse (elle l'est ou a envie de l'être lorsqu'elle parle de "délicatesse") de lui? Ou alors elle le teste, elle joue avec lui (d'où la réponse à sa proposition pour "baiser" , elle espérait le coincer comme ça!) mais non puisqu'il la rejette aussi tôt.J'aurais aimé plus de scène comme la plage qui nous montrent que quelque chose peu se tisser entre eux...
Je ne pense pas qu'elle tombe amoureuse. Je pense surtout qu'il la rassure, avec son côté indesctructible physiquement (la boxe...) et psychologiquement (aucun affect). Elle n'a plus de jambes, et il la porte et supporte dans quasiment chaque plan. Après avoir commencer à se reconstruire, avec ses jambes artificielles, elle réapprend à vivre, à s'aimer et à aimer et attend logiquement plus de lui: mais Ali n'a pas grand chose à offrir d'autre que son corps.
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Dunn
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Dunn »

Oui je suis d'accord avec toi mais pour moi le revirement d'Ali envers elle arrive trop tard...
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Joe Gillis
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par Joe Gillis »

Il arrive à la fin. Il lui faut l'électrochoc de la toute dernière scène pour devenir quelqu'un d'autre. Comme une renaissance.
7swans
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par 7swans »

Bon Iver et Colin Stetson... Belle B.O!
Bon il en faudra plus pour que je me déplace, hein...
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
bronski
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par bronski »

Rien que la bande-annonce me fait pleurer. Alors je sais maintenant pourquoi j'ai perdu le plaisir des films :(
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locktal
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Re: De rouille et d'os (Jacques Audiard - 2012)

Message par locktal »

Dunn a écrit :Bon je ne partage pas du tout votre enthousiasme sur ce nouveau film d'Audiard.Pourtant j'adore cet auteur et tous ses films (même si je n'ai toujours pas vu son premier métrage), en partie parce qu'il a l'art de prendre n'importe quel sujet et d'en faire un film noir!
Sauf que là, rien, nada, j'espérai un revirement dans cette histoire de couple qui pour moi ne fonctionne pas voir jamais, lorsque que le personnage de Matthias Shoenaerts (excellente interprétation au demeurant tout comme la Marion que je n'aime pas, mais qui, comme dans "Inception" est très bien dirigé) fait des combats de rue ou lorsqu'il est surveillant la nuit...ce qui fait la marque pour moi d'Audiard n'est donc pas là, tout comme il avait si bien amené un côté thriller "noir" à Sur mes lèvres ou encore De battre mon coeur s'est arrêté.Le personnage de Bouli Lanners aurait pu apporter une intrigue sombre (son rôle aurait eu une toute autre vision) voir tragique dans ces fameux combats de rue.
Les personnages sont pourtant bien écrit, bien interprété, mais j'ai eu beaucoup de mal à leur relation tout simplement parce que je n'ai jamais cru ou très peu à l'histoire d'amour qui se tisse entre eux.Bien sûr, la poésie et la suggestion est là: elle, est "cassé" par son accident et lui par sa "vie", ensemble ils vont se ressouder.Mais je trouve la relation bizarre (elle parle de délicatesse à un moment mais je la cherche encore à part peut être la scène sur la plage lorsqu'il la porte), déconvenue (ses scènes de sexe qui se répètent ...), et jamais passionnel alors que tout était réuni pour offrir des scènes d'une rare justesse.Peu aidé par la musique de Desplat (quasi inexistante au profit de musiques additionnels insupportables pour ma part), le film m'a souvent ennuyé, même si quelques beaux moments existent comme l'accident de Stéphanie ou encore celui (pour moi pas si inattendu que ça) à la fin du film.
Les effets numériques sont cependant incroyables (les jambes inexistantes de Cotillard) et l'accident apporte pourtant une vraie empathie à ce personnage blessé et aidé par ce videur en père solitaire.Reste donc quelques beaux moments mais pour moi c'est la déception (la première fois chez Audiard) surtout parce que je n'ai pas cru aux sentiments des personnages malgré cette fin sublime et cette dernière phrase qui arrive plutôt comme un cheveux sur la soupe.
5/10
Assez d'accord avec Dunn sur De rouille et d'os, à la différence que les autres films d'Audiard, à l'exception de Sur mes lèvres, m'ont également donné cette impression d' inachevé...

Je trouve effectivement que le cinéaste ne développe pas assez certains points importants dans De rouille et d'os, comme la relation qui unit Ali à son fils (
Spoiler (cliquez pour afficher)
sauf dans la très beau climax final
), la découverte par Stéphanie de son infirmité (expédiée très rapidement), la relation entre Ali et sa soeur, la mise au chômage par le supermarché de la soeur d'Ali qui aurait pu donner lieu à des considérations sociales mais qui semble là juste pour la progression de l'intrigue, ou encore le personnage ambigu de Bouli Lanners, jamais développé par Audiard...

Le film est superbement interprété par des acteurs très impliqués, et je n'ai pas trouvé le film ennuyeux, mais plutôt sans surprise et assez dénué d'émotion... C'est dommage car il y avait matière à réussir un mélodrame poignant...

Et comme tu le dis, lors des combats de rue, à aucun moment on ne ressent de la peur pour Ali, il y a un manque certain de tension...

Bref, De rouille et d'os est pour ma part un film assez solide, mais qui ne surprend jamais... Assez classique, finalement... Agréable et plaisant, mais pas transcendant...
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
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