Je vais parler à titre hypothétique parce que je n'ai pas encore vu le film. Je suis vos échanges et quelques choses m'interpellent.nobody smith a écrit :Au regard de ta conclusion, j’ai justement envi de dire “où est donc le paradoxe ?”. Une méthodologie, quelle soit industriel ou artisanal, ne conditionne pas la réussite du résultat. Au cinéma, si on prend par exemple le cinéma de James Cameron, ses productions sont de gigantesques usines où pointe quantité de personnes. Pourtant, ses films n’ont pas un gout de préfabriqué et chacun de ses composants sert à conter une histoire qui nourrira les sens de son spectateur. Le choix de la méthodologie n’a à mes yeux pas d’importance si tant est qu’on en maîtrise le moindre boulon. Les comic books sont conçu de manière industrielle mais tu admets toi même qu’il y a eu souvent de grandes réussites. Si ces bijoux existent, c’est peut-être parce qu’ils ont un goût justement différent du big mac de base ? Donc qu’au sein d’une mouvance dite industrielle, il y a eu une sorte de juste calibrage qui a transcendé ce qui est établit et a pu touché les sentiments du lecteur.
Le cinéma jouant sur une profusion moindre que la bande dessinée (Marvel ne sort pas un film à cent millions de dollars tous les mois), je ne crois pas qu’il soit exigeant d’attendre à ce que l’on retrouve des divertissements évoquant ces instants de « juste calibrage ». Après, comme le dit Colqhoun, Marvel a tellement habitué à rater son coup qu’on peut juste se contenter d’attendre un produit regardable et pas chiant. Mais c’est quand même un peu triste cette affaire.
Au sein d'une industrie (les comics comme le cinéma), on trouve des "incidents", des choses un peu au-dessus des autres, qui prouvent que l'on peut très bien concilier le produit et l'oeuvre. Au rayon Comics, dernièrement Marvel a livré Civil War, histoire ambitieuse, traitement adulte et réflexions intéressantes ou DC (enfin Morrisson) avec Final Crisis a prouvé que l'on pouvait raconter des events avec un traitement presque expérimentale dans sa gestion de l'ellipse.
Seulement ces cas particuliers ont été possible parce qu'ils s'inscrivent dans une chronologie riche de dizaines d'années. Il est plus facile d'expérimenter avec un univers déjà bien en place, des personnages bien caractérisés et qui ont déjà évolué, que de partir de zéro ou presque. Et c'est le cas de Avengers. Même si l'on a découvert les différents personnages dans des précédents films, le traitement en groupe n'a jamais été fait. Et pour créer ces bases, il faut, afin de conserver toute chance de lisibilité et compréhension, s'appuyer sur une forme ou sur un traitement "basique". Des choses assez simples, linéaires pour que ce groupe fonctionne en tant que tel et non comme un assemblage de pièces rapportées.
Je ne sais pas encore si Whedon ait parvenu à imposer de sentiment d'homogénéité mais s'il a réussi, en plus d'offrir un spectacle ludique qui en met plein les yeux, alors je dirai qu'il a pleinement réussi ce que l'on pouvait attendre. Je voue un culte à Whedon mais je crois qu'il est très improbable qu'il ait pu réaliser un grand film avec ce premier Avengers, un bon film, cela ne me surprendrait pas (bien au contraire), avec une vraie convergence des deux média mais un chef d'oeuvre me paraît hors de portée pour n'importe quel réalisateur (et je pense que Whedon est le choix quasi parfait).