Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012 [CLOS]

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Thaddeus »

Colqhoun a écrit :Pourtant, à l'exception de Benjamin Button, j'ai toujours beaucoup aimé le cinéma de Fincher.
Là, c'est script pourrave + réal mollassonne + conclusion qui n'en finit plus + choix de casting pas spécialement intelligents, etc.. etc... gros ratage.
Encore un avis qui ne me rassure guère, compte tenu de mon passif avec Fincher (le seul que j'aime beaucoup de lui est Zodiac). Le voir a priori renouer avec la veine techno-glauquo-destroy de Fight Club m'est assez rhédibitoire, à tel point que je me demande si je ne vais pas faire l'impasse. :|
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zemat
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par zemat »

Stark a écrit :
Colqhoun a écrit :Pourtant, à l'exception de Benjamin Button, j'ai toujours beaucoup aimé le cinéma de Fincher.
Là, c'est script pourrave + réal mollassonne + conclusion qui n'en finit plus + choix de casting pas spécialement intelligents, etc.. etc... gros ratage.
Encore un avis qui ne me rassure guère, compte tenu de mon passif avec Fincher (le seul que j'aime beaucoup de lui est Zodiac). Le voir a priori renouer avec la veine techno-glauquo-destroy de Fight Club m'est assez rhédibitoire, à tel point que je me demande si je ne vais pas faire l'impasse. :|
Marrant, moi c'est Zodiac que j'aime le moins ! Et J'ADORE Benjamin Button... :wink:
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Colqhoun
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Colqhoun »

Stark a écrit :Le voir a priori renouer avec la veine techno-glauquo-destroy de Fight Club m'est assez rhédibitoire
C'est (très) loin d'être le cas.
Ici c'est plutôt du thriller pour papi, avec 2-3 scènes vaguement violentes.
En somme, le prototype même du film du dimanche soir sur TF1.
C'est dire le niveau.
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Thaddeus
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Thaddeus »

zemat a écrit :
Stark a écrit : Encore un avis qui ne me rassure guère, compte tenu de mon passif avec Fincher (le seul que j'aime beaucoup de lui est Zodiac). Le voir a priori renouer avec la veine techno-glauquo-destroy de Fight Club m'est assez rhédibitoire, à tel point que je me demande si je ne vais pas faire l'impasse. :|
Marrant, moi c'est Zodiac que j'aime le moins ! Et J'ADORE Benjamin Button... :wink:
Ah pour moi, Zodiac est le film le plus mûr, le plus ample, le plus riche de son auteur. Et Benjamin Button une grosse meringue boursouflée à Oscars. Comme quoi... :mrgreen:

J'avais fait mon top commenté Fincher il y a quelque temps, mais ne l'avais pas mis sur le forum en l'absence de topic lui étant spécialement consacré. C'est l'occasion :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image

(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


Alien 3
A bien y réfléchir, je crois que j’aime vraiment ce film, peut-être parce que (à l'instar des autres pères de la saga) Fincher se voit dans l’obligation de déplacer sa personnalité (encore tâtonnante) sur le terrain d’un univers préétabli. Je suis sans doute moins sensible à sa vision qu’aux deux précédentes (signées Scott et Cameron), met davantage néanmoins qu’à celle de Jeunet. Au-delà de quelques belles idées (dont cette espèce de mystique un peu inédite qui aborde l’alien comme dragon médiéval/monstre babylonien), il reste un huis-clos spatial diablement efficace, qui s’immisce entre réalisme esthético-glaçant et furia imagière, bien nourri par un sens inné du climat glauque et oppressant et par une noirceur franche du collier. 4/6

Seven
C’est l’un des films les plus réussis de Fincher, mais aussi l’un des plus agaçants - justement parce que se profile l’envergure d’une œuvre majeure compromise par certains travers très fâcheux : une propension pénible à la complaisance gourmande, une délectation à enluminer le meurtre, à mythifier l’abominable, et par-dessus tout une forme de moralisme très ricain qui revient comme ultime instance morale - tout le barnum sur cette Gomorre qui croule ses propres péchés (LE grand thème du film, quand même !). Tout cela me soûle et me déçoit car Fincher s’y livre à un thriller ésotérique bardé de fulgurances assez inouïes - ici une course-poursuite démentielle, là un visage d'un Mal quasi métaphysique se devinant dans une flaque d’eau... Il y a dans cette plongée au cœur des pulsions et des dépravations contemporaines une inspiration hallucinée franchement saisissante, dont la grande inspiration plastique est constamment au service du propos. 4/6

The game
Là je dois dire que j’en ai des souvenirs assez vagues... Ceux d’un truc de petit malin qui ne vaut que pour son architecture scénaristique, en plein dans la vague des films à twist imbriqués les uns dans les autres comme il en fleurissait à la pelle à l’époque. Le tout s’achevant sur une leçon de morale à deux sous. Bref je n’aime pas trop, j’avais trouvé ça vain. 2/6

Fight club
Dans la lignée du précédent pour ce qui est de la petite mécanique à twist... Je l’ai vu plusieurs fois, à chaque coup il se dégonfle un peu plus. J’en suis à me demander ce que j’ai un jour aimé dans ce film. Sans doute l’efficacité narrative de Fincher, son sens du rythme, certaines idées qui font plaisir - le film ne m’ennuie pas, je le trouve même distrayant. Mais voilà : je déteste ces personnages d’ados nombrilistes, cette mise en scène à la clinquance m’as-tu-vu, ce portrait complètement à la masse qu’il prétend m’offrir sur son époque (dans laquelle je ne me reconnais pas du tout), ce mélange horripilant de distanciation cynique et de complaisance satisfaite, son Pitt et sa Bonham Carter proprement insupportables de cabotinage. Aussi creux que bouffi d’arrogance. 3/6

Panic room
Fincher en mode démo graphique toc et horripilante. Plus de personnage, plus d’humanité, plus d’enjeu si ce n‘est celui de vouloir faire le plus d'acrobaties possibles à une caméra virtualisée. On pourra trouver le huis-clos plus ou moins efficace selon ses goûts (personnellement, c'est plutôt moins), mais ce genre de cinéma désaffecté au dernier degré me laisse de marbre. Après, reste le pignolage théorique sur l'omnipotence du dispositif cinéma sur le récit et les personnages : je laisse ça à d’autres. Rendu là, je pensais abandonner définitivement Fincher mais... 1/6

Zodiac
Arrive donc ce grand thriller architectural, posé, dont la virtuosité sereine s'affiche dans une admirable sobriété. C'est le pendant mûr et magistral de Seven : le cinéaste trouve une hauteur de vue absolument parfaite, cernant admirablement son sujet et lui conférant une forme inédite de tristesse désenchantée. Contre toute attente, le cinéma de Fincher acquiert une inquiétude quasi existentialiste, tandis que les personnages, mus par une commune ardeur du déchiffrement, de la compréhension du chaos de signes qui les entourent, cherchent la vérité jusqu’à s’y perdre. Au fil d’une narration ample, qui imbrique protagonistes et spectateur dans sa spirale d’hypothèses et de virtualités, se dessine le portrait mélancolique d’une époque glorieuse (les années 70), et de la façon dont elle se fait presque cannibaliser par le réseau d’angoisses souterraines qu’elle entretient malgré elle. 5/6

L'étrange histoire de Benjamin Button
Fincher a toujours été pour moi un réalisateur cérébral, froid, peu doué pour exprimer ce qui relève du sentiment. Du coup, le voir se confronter à un sujet a priori aussi affecté que celui-ci relevait pour lui du défi. Au final, le constat initial se confirme. Le film n’est pas sans qualités (telle sa narration longue, anti-spectaculaire au possible, comme aspirée par une langueur mortifère), mais que ce film est boursouflé, empesé, alignant les chromos illustratifs et les leçons de vie pontifiantes ! Il essaie de la fuir à chaque instant, mais il saute pieds joints dans la grosse fresque hollywoodienne à Oscars, à l’image d’un final métaphorique pachydermique. 3/6

The social network
Si le héros demeure seul tout au long du film, ce n’est pas parce que son génie et ses facultés intellectuelles l’excluent du monde mais, comme le dit explicitement sa copine au tout début, parce qu’il est un sale con. Voilà sans doute pourquoi je ne suis pas ému par ce film brillant et intelligent sur la complexité et les ambigüités des relations humaines et sociales dans notre monde actuel. Très réfléchi, très (trop) conscient de son brio (la mise en scène et sa rigueur ostensible, les dialogues millimétrés), le film me captive constamment par sa richesse, sans jamais m’emporter vraiment (peut-être aussi parce que suis totalement étranger à l’univers de Facebook et que son geekisme ne me parle pas). 4/6

Mon top :

1. Zodiac (2007)
2. The social network (2010)
3. Seven (1995)
4. Alien 3 (1992)
5. Fight club (1999)

Au final, David Fincher m’apparaît donc comme un cinéaste assez mineur. Je me sens très peu d'affinités avec son expression intellectualisée, distanciée, peu en phase à mes yeux avec l'humain, l'affect, le sentiment. La raison de mon désintérêt se situe essentiellement ici : rarement Fincher m'émeut, tout simplement. Je le mets dans la même catégorie que Nolan, dont il partage l’obsession du contrôle, la froideur latente, sans que jamais il ne parvienne à les transcender (n’est pas Kubrick qui veut). Lorsqu’il réussit à la canaliser, son indéniable virtuosité technique peut offrir de très belles choses ; dans le cas contraire, c’est de la démonstration d’esbroufe poseuse dans ce qu’elle a de plus irritante. Mais ses derniers films témoignent d’une inspiration nouvelle, plus en phase avec mes attentes.
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Thaddeus
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Thaddeus »

Colqhoun a écrit :Ici c'est plutôt du thriller pour papi, avec 2-3 scènes vaguement violentes.
En somme, le prototype même du film du dimanche soir sur TF1.
C'est dire le niveau.
La photographie clinquante à la noirceur mordorée de Jeff Cronenweth, les nappes sonores électro de Trent Reznor, le montage haché et clippeux... Ce sont des choses que j'ai vu revenir dans la plupart des critiques sur Millenium, et qui me renvoient évidemment au Fincher (pour moi horripilant) de la fin des années 90. (mais il y en avait encore des traces dans The Social Network, malgré la sobriété générale).

Au fond, je crois que je préférerais presque voir Fincher faire un film impersonnel mais efficace (un film du dimanche soir, comme tu dis) plutôt que de le voir lâcher la bride à son style ostentatoire.
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Jeremy Fox »

Stark a écrit : Ah pour moi, Zodiac est le film le plus mûr, le plus ample, le plus riche de son auteur. Et Benjamin Button une grosse meringue boursouflée
Pareil ; et du coup, je n'ai plus trop envie d'aller voir Millenium
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Demi-Lune
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Demi-Lune »

Stark a écrit :Ah pour moi, Zodiac est le film le plus mûr, le plus ample, le plus riche de son auteur. Et Benjamin Button une grosse meringue boursouflée à Oscars. Comme quoi... :mrgreen:

J'avais fait mon top commenté Fincher il y a quelque temps, mais ne l'avais pas mis sur le forum en l'absence de topic lui étant spécialement consacré. C'est l'occasion :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image


(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


Alien 3
A bien y réfléchir, je crois que j’aime vraiment ce film, peut-être parce que (à l'instar des autres pères de la saga) Fincher se voit dans l’obligation de déplacer sa personnalité (encore tâtonnante) sur le terrain d’un univers préétabli. Je suis sans doute moins sensible à sa vision qu’aux deux précédentes (signées Scott et Cameron), met davantage néanmoins qu’à celle de Jeunet. Au-delà de quelques belles idées (dont cette espèce de mystique un peu inédite qui aborde l’alien comme dragon médiéval/monstre babylonien), il reste un huis-clos spatial diablement efficace, qui s’immisce entre réalisme esthético-glaçant et furia imagière, bien nourri par un sens inné du climat glauque et oppressant et par une noirceur franche du collier. 4/6

Seven
C’est l’un des films les plus réussis de Fincher, mais aussi l’un des plus agaçants - justement parce que se profile l’envergure d’une œuvre majeure compromise par certains travers très fâcheux : une propension pénible à la complaisance gourmande, une délectation à enluminer le meurtre, à mythifier l’abominable, et par-dessus tout une forme de moralisme très ricain qui revient comme ultime instance morale - tout le barnum sur cette Gomorre qui croule ses propres péchés (LE grand thème du film, quand même !). Tout cela me soûle et me déçoit car Fincher s’y livre à un thriller ésotérique bardé de fulgurances assez inouïes - ici une course-poursuite démentielle, là un visage d'un Mal quasi métaphysique se devinant dans une flaque d’eau... Il y a dans cette plongée au cœur des pulsions et des dépravations contemporaines une inspiration hallucinée franchement saisissante, dont la grande inspiration plastique est constamment au service du propos. 4/6

The game
Là je dois dire que j’en ai des souvenirs assez vagues... Ceux d’un truc de petit malin qui ne vaut que pour son architecture scénaristique, en plein dans la vague des films à twist imbriqués les uns dans les autres comme il en fleurissait à la pelle à l’époque. Le tout s’achevant sur une leçon de morale à deux sous. Bref je n’aime pas trop, j’avais trouvé ça vain. 2/6

Fight club
Dans la lignée du précédent pour ce qui est de la petite mécanique à twist... Je l’ai vu plusieurs fois, à chaque coup il se dégonfle un peu plus. J’en suis à me demander ce que j’ai un jour aimé dans ce film. Sans doute l’efficacité narrative de Fincher, son sens du rythme, certaines idées qui font plaisir - le film ne m’ennuie pas, je le trouve même distrayant. Mais voilà : je déteste ces personnages d’ados nombrilistes, cette mise en scène à la clinquance m’as-tu-vu, ce portrait complètement à la masse qu’il prétend m’offrir sur son époque (dans laquelle je ne me reconnais pas du tout), ce mélange horripilant de distanciation cynique et de complaisance satisfaite, son Pitt et sa Bonham Carter proprement insupportables de cabotinage. Aussi creux que bouffi d’arrogance. 3/6

Panic room
Fincher en mode démo graphique toc et horripilante. Plus de personnage, plus d’humanité, plus d’enjeu si ce n‘est celui de vouloir faire le plus d'acrobaties possibles à une caméra virtualisée. On pourra trouver le huis-clos plus ou moins efficace selon ses goûts (personnellement, c'est plutôt moins), mais ce genre de cinéma désaffecté au dernier degré me laisse de marbre. Après, reste le pignolage théorique sur l'omnipotence du dispositif cinéma sur le récit et les personnages : je laisse ça à d’autres. Rendu là, je pensais abandonner définitivement Fincher mais... 1/6

Zodiac
Arrive donc ce grand thriller architectural, posé, dont la virtuosité sereine s'affiche dans une admirable sobriété. C'est le pendant mûr et magistral de Seven : le cinéaste trouve une hauteur de vue absolument parfaite, cernant admirablement son sujet et lui conférant une forme inédite de tristesse désenchantée. Contre toute attente, le cinéma de Fincher acquiert une inquiétude quasi existentialiste, tandis que les personnages, mus par une commune ardeur du déchiffrement, de la compréhension du chaos de signes qui les entourent, cherchent la vérité jusqu’à s’y perdre. Au fil d’une narration ample, qui imbrique protagonistes et spectateur dans sa spirale d’hypothèses et de virtualités, se dessine le portrait mélancolique d’une époque glorieuse (les années 70), et de la façon dont elle se fait presque cannibaliser par le réseau d’angoisses souterraines qu’elle entretient malgré elle. 5/6

L'étrange histoire de Benjamin Button
Fincher a toujours été pour moi un réalisateur cérébral, froid, peu doué pour exprimer ce qui relève du sentiment. Du coup, le voir se confronter à un sujet a priori aussi affecté que celui-ci relevait pour lui du défi. Au final, le constat initial se confirme. Le film n’est pas sans qualités (telle sa narration longue, anti-spectaculaire au possible, comme aspirée par une langueur mortifère), mais que ce film est boursouflé, empesé, alignant les chromos illustratifs et les leçons de vie pontifiantes ! Il essaie de la fuir à chaque instant, mais il saute pieds joints dans la grosse fresque hollywoodienne à Oscars, à l’image d’un final métaphorique pachydermique. 3/6

The social network
Si le héros demeure seul tout au long du film, ce n’est pas parce que son génie et ses facultés intellectuelles l’excluent du monde mais, comme le dit explicitement sa copine au tout début, parce qu’il est un sale con. Voilà sans doute pourquoi je ne suis pas ému par ce film brillant et intelligent sur la complexité et les ambigüités des relations humaines et sociales dans notre monde actuel. Très réfléchi, très (trop) conscient de son brio (la mise en scène et sa rigueur ostensible, les dialogues millimétrés), le film me captive constamment par sa richesse, sans jamais m’emporter vraiment (peut-être aussi parce que suis totalement étranger à l’univers de Facebook et que son geekisme ne me parle pas). 4/6

Mon top :

1. Zodiac (2007)
2. The social network (2010)
3. Seven (1995)
4. Alien 3 (1992)
5. Fight club (1999)

Au final, David Fincher m’apparaît donc comme un cinéaste assez mineur. Je me sens très peu d'affinités avec son expression intellectualisée, distanciée, peu en phase à mes yeux avec l'humain, l'affect, le sentiment. La raison de mon désintérêt se situe essentiellement ici : rarement Fincher m'émeut, tout simplement. Je le mets dans la même catégorie que Nolan, dont il partage l’obsession du contrôle, la froideur latente, sans que jamais il ne parvienne à les transcender (n’est pas Kubrick qui veut). Lorsqu’il réussit à la canaliser, son indéniable virtuosité technique peut offrir de très belles choses ; dans le cas contraire, c’est de la démonstration d’esbroufe poseuse dans ce qu’elle a de plus irritante. Mais ses derniers films témoignent d’une inspiration nouvelle, plus en phase avec mes attentes.
Même si j'apprécie le cinéma de Fincher, curieusement je me retrouve assez dans tes impressions et commentaires. Il est vrai que son expression intellectualisée et distanciée a souvent tendance à s'accompagner d'une complaisance dans la virtuosité technique (Panic Room représente à ce titre le summum de ce système) et dans la noirceur esthétique glauque finalement assez poseuse, la plupart du temps (hélas ayant connu une descendance quasi illimitée dans le cinéma américain : la forme des films contemporains semblent décliner à l'envi cette même esthétique sombre, crépusculaire, dépressive et orangée "c'est pas pour rigoler" mise en place par Fincher dès ses débuts et que le succès de ses thrillers a largement popularisé). Ainsi, je n'ai jamais réussi à déterminer si j'aimais ou si je détestais Fight Club, qui quelque part synthétise le bonhomme, dans ses fulgurances comme dans ses tics. Au mieux c'est un film qui me laisse indifférent et avec lequel je ne me sens aucune, mais alors aucune, affinité philosophique.
Malgré tout, j'ai beaucoup d'affection pour la plupart de ses films qui m'apparaissent toujours passionnants, y compris ces thrillers prétendument mineurs que sont The Game et Panic Room, que je défends régulièrement au-delà de leur mécanique de petit malin et de leur dimension de purs exercices de style ostentatoires. J'ai mis du temps à apprécier Alien 3 mais finalement je le tiens pour un épisode digne et remarquable, et même le lourd et glacé Benjamin Button, machine qui a souvent des allures de bonbon Werther's Original, m'apparaît fascinant, voire même troublant jusqu'au malaise, dans l'histoire qu'il raconte. Ses deux meilleurs films restant à mes yeux Se7en et Zodiac, que je considère comme deux chefs-d’œuvre du polar - Zodiac étant plus parfait mais Se7en plus remuant. Finalement, je me demande s'il n'est pas "facile" (note bien les guillemets) d'être irrité par ses films et l'attitude froide du cinéaste qui transparaît, parce que son cinéma s'échine constamment à évoquer le malaise profond d'une société contemporaine désagrégée (en cela The Social Network est son œuvre la plus définitive), livrée à elle-même dans une déshumanisation se traduisant souvent par une explosion de violence considérée comme cathartique, salvifique par ceux qui la brandissent (Se7en, Fight Club), une société où la sociopathie conduit les plus déséquilibrés aux meurtres en série. C'est une représentation totalement pessimiste, étouffante, extrêmement dérangeante (impressionnante cette fascination systématique pour le suicide dans tous ses films des 90's), moralement discutable, avec une large dose de complaisance destructrice. Mais le désespoir qui la sous-tend n'est-elle pas un certain reflet bien de notre époque ?

Il faudrait presque ouvrir un topic sur le cinéaste. :)
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Thaddeus
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit :Il faudrait presque ouvrir un topic sur le cinéaste. :)
Exact ; d'ailleuirs un modérateur va bientôt déplacer tout ça (n'est-ce pas ? :mrgreen: )

Globalement, je suis assez d'accord (peut-être moins clément) avec ton appréciation des films de Fincher. Je leur trouve des qualités, mais pas suffisamment pour m'en faire oublier les défauts. Pour le dire autrement : oui, The Game et Panic Room peuvent être appréciés pour leurs lectures théoriques... et après ? Oui, Benjamin Button déploie une étrangeté morbide un peu à contre-courant... mais c'est quand même sacrément patapouf.

Je rebondirai juste là-dessus :
Finalement, je me demande s'il n'est pas "facile" (note bien les guillemets) d'être irrité par ses films et l'attitude froide du cinéaste qui transparaît, parce que son cinéma s'échine constamment à évoquer le malaise profond d'une société contemporaine désagrégée (en cela The Social Network est son œuvre la plus définitive), livrée à elle-même dans une déshumanisation se traduisant souvent par une explosion de violence considérée comme cathartique, salvifique par ceux qui la brandissent (Se7en, Fight Club), une société où la sociopathie conduit les plus déséquilibrés aux meurtres en série. C'est une représentation totalement pessimiste, étouffante, extrêmement dérangeante (impressionnante cette fascination systématique pour le suicide dans tous ses films des 90's), moralement discutable, avec une large dose de complaisance destructrice. Mais le désespoir qui la sous-tend n'est-elle pas un certain reflet bien de notre époque ?
Personnellement, je ne trouve nullement le cinéma de Fincher dérangeant, pour la simple raison que sa vision du monde m'apparaît sinon à côté de la plaque, du moins très incomplète. La société contemporaine (c'est mon avis) n'est pas désagrégrée, déshumanisée, gangrenée au dernier degré par l'isolement des êtres et la violence rampante. Et je ne vois pas en quoi notre monde ne devrait générer qu'un désespoir sans appel. Il n'est pas question pour moi de nier les maux de notre époque, mais j'attends d'un cinéaste qu'il les mette en perspective, que le regard qu'il porte sur eux ne soit pas exclusivement celui du petit provocateur tout fier du choc qu'il espère provoquer et de la noirceur radicale qu'il affiche en bandoulière (voir Seven ou Fight Club). Bref, si Fincher m'agace, ce n'est moins par la pertinence (toute relative) de son propos que par ses vélléités très immatures et adolescentes de polémiste-prophète des temps modernes. Opinion à nuancer par ses derniers films, donc (Zodiac et, dans une moindre mesure, The Social Network) que je tiens pour de vrais bons films. Par contre, pour l'émotion il faudra repasser... (et je ne peux pas considérer un cinéaste qui ne m'émeut pas comme un "grand cinéaste").
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Karras »

Stark a écrit : Exact ; d'ailleuirs un modérateur va bientôt déplacer tout ça (n'est-ce pas ? :mrgreen: )
Suite de la discussion ici :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 2#p2144756
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Joe Wilson »

La colline aux coquelicots (Goro Miyazaki) 6,5/10
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Message par Frank N Furter »

Take Shelter : 7,5/10
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par nicofromtheblock »

- La colline aux coquelicots : 8/10
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Watkinssien
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par Watkinssien »

The Girl with the Dragon Tattoo = 5.5/10 !
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Message par Nestor Almendros »

MILLENIUM: 7,5/10
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2012

Message par G.T.O »

Millenium : 4/10
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