Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Tancrède
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Tancrède »

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AtCloseRange
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par AtCloseRange »

Demi-Lune a écrit :
AtCloseRange a écrit :Vous prenez combien, docteur Demi-Lune?
En tout cas, si Martin Scorsese va mieux, c'est cool.
Je prends pour pas cher. Ça te dit ? :mrgreen:
Blague à part, je maintiens que la "mentalité" de Scorsese est capitale pour comprendre son parcours. New-York New-York a été parasité par son état de santé et d'esprit, After Hours, prétendument éloigné de lui, réagissait à la dépression post La Valse des pantins, le mélodrame Le Temps de l'innocence s'est révélé être un de ses films les plus personnels et les plus beaux, etc... Je suis sûr que tu ne vas pas aimer Hugo, je le sens venir gros comme une maison. Mais ce que je voulais défendre, c'est que sa nature procède, à mon avis, complètement de cette espèce de tendance de Scorsese à réagir par rapport à son film précédent (et à étonner).
T'inquiète, je n'ai aucune envie de le voir.
Mais pour revenir à l'état d'esprit du réalisateur, même si je ne dis pas que ça ne joue pas du tout, les projets vont et viennent et se font pour raisons x ou y qui sont parfois tellement éloignées de vraies préoccupations du réalisateur (le post du Major sur le choix prochain de de Palma est symptomatique).
Donc en faire une lecture quasi psychanalytique (enfin, gentiment psychanalytique), c'est un peu de la poudre aux yeux et un moyen pour toujours trouver des "excuses", "justifications" (je te laisse choisir le bon terme) pour défendre quasiment systématique les choix d'un cinéaste qu'on aime.
La seule chose que je sais, c'est qu'à la vue de la bande annonce et de ce que j'en lis, je n'ai aucunement envie de voir Scorsese dans cet univers-là.
Déjà le voir évoluer dans l'univers du thriller mental avec dénouement au tableau noir dans Shutter Island, je trouve ça relativement indigne d'un réalisateur de son calibre.
Je sais, je suis réac et conservateur et je ne supporte pas que mes réalisateurs s'éloignent de leur pré carré sauf que certains sont des touche à tout capable d'évoluer dans de multiples styles et domaines alors que d'autres non.
Je ne vois pas Scorsese retrouver son brillant et sa sève à moins de faire comme son pote Coppola et de revenir à une économie toute autre que celle des "gros machins".
ballantrae
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Ton reproche s'adresse t-il, concernant Shutter island, autant à Lehane qu'à Scorsese?
Dans ce cas, je soupçonne une bonne partie du ciné américain d'avoir produit de la psychanalyse "à deux balles": de Lang et Hitchcock à Scorsese en passant par Fuller,Ray,De Palma, etc...
Pour ma part, n'étant pas un spécialiste (même si j'ai lu qqs textes pour voir) j'y ai trouvé mon compte ce qui ne m'empêche pas d'aduler Bergman (versant Freud) ou Fellini (versant Jung). Tiens, je parie que malgré les mauvais avis, je vais être séduit par A dangerous method!!!
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

At close range, tu appuies ton appréciation sur la bande annonce et des papiers ou réactions critiques ...Et après, on vient me tanner sur Polisse!!!
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AtCloseRange
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par AtCloseRange »

ballantrae a écrit :Ton reproche s'adresse t-il, concernant Shutter island, autant à Lehane qu'à Scorsese?
Dans ce cas, je soupçonne une bonne partie du ciné américain d'avoir produit de la psychanalyse "à deux balles": de Lang et Hitchcock à Scorsese en passant par Fuller,Ray,De Palma, etc...
Pour ma part, n'étant pas un spécialiste (même si j'ai lu qqs textes pour voir) j'y ai trouvé mon compte ce qui ne m'empêche pas d'aduler Bergman (versant Freud) ou Fellini (versant Jung). Tiens, je parie que malgré les mauvais avis, je vais être séduit par A dangerous method!!!
Ouais enfin quand Hitchcock et d'autres s'y attelaient, ce n'était pas devenu la norme comme aujourd'hui.
Et puis cette fin au tableau noir...
Mais le problème (comme pour Hugo) vient du point de départ. Scorsese sait (savait?) faire certaines choses. Lorsqu'il s'en éloigne, il devient quasiment un cinéaste lambda indépendamment du brio de la mise en scène (brio qui tourne à vide).
Même pour un film plutôt mal aimé de sa filmo comme La Couleur de l'Argent, dès la première scène, il y a un je ne sais quoi qui fait qu'on est chez Scorsese.
Quand je vois ce qu'il fait depuis 10 ans, son style est tellement dilué dans la machinerie que je ne reconnais quasiment plus rien.
Le point de rupture pour moi, c'est le personnage de Cameron Diaz dans GONY digne d'un Ron Howard, personnage (et histoire d'amour qui va avec) qui n'aurait jamais eu le droit d'exister dans un seul Scorsese qui le précède.
A partir de là, tout devient possible, Beckinsale qui joue Ava Gardner, Scorsese valide... en gros, tel un caméléon, il se moule avec délectation dans le cinéma hollywoodien actuel et là, il se fourvoie violemment.
Je ne suis pas sûr que Coppola soit totalement dans le vrai dans son "back to basics" mais au moins, je trouve ça respectable.
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Mais j'aime bien Color of money même s'il est difficile de nier que c'est un film de commande, bien habillé mais pas totalement personnel au sens de Taxi driver ou Raging bull.
Rien n'est simple avec un grand cinéaste: After hours,admirable remise en selle après l'échec cuisant n'était pas plus "personnel" mais un scénario porté par l'acteur/scénariste G Dunne à scorsese qui a su le voir comme un retour aux sources potentiel.
A ce compte, dans le domaine de l'impersonnel, les habituels admirateurs de spielberg devraient voir dans Arrête moi si tu peux, AI (et oui! reprie du projet d'un autre...et quel autre!) ou Munich des films qui jurent avec ce qu'ils aiment chez Spielberg.
PS: pourquoi ce jeu de mots Mémé Lenchon? Purement gratuit ou cryptogramme politique subtil?
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Quant à coppola, le réussite de Tetro me semble quand même synonyme d'un vrai retour aux affaires.L'homme sans âge était plus discutable mais il recélait qqs pépites pures!
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Demi-Lune
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Demi-Lune »

ballantrae a écrit :A ce compte, dans le domaine de l'impersonnel, les habituels admirateurs de spielberg devraient voir dans Arrête moi si tu peux, AI (et oui! reprie du projet d'un autre...et quel autre!) ou Munich des films qui jurent avec ce qu'ils aiment chez Spielberg.
Baaah... non, pourquoi ? Parce que ce sont des genres qu'il n'avait pas encore abordés ? Spielberg touche à tous les genres, ça ne signifie pas pour autant que ses différentes incursions ne sont pas liées entre elles par une profonde cohérence thématique et spirituelle. J'ai l'impression qu'on finit par un peu tout mélanger... Pour différentes raisons Spielberg a toujours eu beaucoup plus de latitude que Scorsese dans le choix de ses films et le cas A.I. fait un peu figure d'exception. Par ailleurs, Kubrick le lui a légué parce qu'il avait assez vite compris que c'était un film fait pour lui, pour sa sensibilité. Les trois films que tu cites me paraissent aussi furieusement personnels que la plupart des autres œuvres qu'il a réalisées. Ce ne sont pas des œuvres qui étaient destinées à d'autres et qui lui ont échues, ce qui pourrait les rendre relativement impersonnelles. Même A.I., Spielberg se l'est totalement approprié.
ballantrae a écrit :Quant à coppola, le réussite de Tetro me semble quand même synonyme d'un vrai retour aux affaires.L'homme sans âge était plus discutable mais il recélait qqs pépites pures!
Tiens moi c'est l'inverse.

Et si on revenait à Hugo Cabret ? :) :mrgreen:
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Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Mais j'aime Arrête-moi... et Munich ( un peu moins AI malgré qqs réelles fulgurances) , je me faisais simplement l'avocat du diable car on a reproché- à tort bien sûr- à Spielberg le tournant pris avec color purple. Coppola n'avait pas fait l'unanimité dans les 80': je me rappelle ces critiques un peu blasées face à la virtuosité sidérante de Cotton club,à l'emballant Tucker,au sobre Gardens of stone.
En gros, je voulais montrer que cette génération a pu souvent être victime de classifications toutes faites : on ne laisse pas nécessairement aux cinéastes la possibilité de se renouveller et s'ils font des variations on leur reproche de radoter (cf Woody)!!!
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par Strum »

Hugo Cabret est un conte de Noël. Comme tel, c'est un film consolateur, qui renoue des fils coupés, boucle de manière heureuse tous les fils de sa narration. Tout est bien qui finit bien, pour chaque personnage - et il y en a foison. L'utilisation que fait Scorsese de la 3D est souvent remarquable (de celle qui fait rentrer à l'intérieur de l'écran, plutôt que d'en faire sortir d'artificiels colifichets). J'ai beaucoup aimé toutes les scènes avec Méliès ou tournant autour de lui, que Ben Kingsely incarne avec beaucoup d'humanité. Mais comme tous les films aux vertus exclusivement consolatrices, je ne suis pas sûr que le plaisir réel que j'ai pris en regardant le film perdurera longtemps au-delà de sa vision. Les fins heureuses et successives du film le referment comme un couvercle, comme peuvent se verrouiller les mécanismes d'une machine dont l'intérieur ne pourrait même plus être imaginé. La gare du film aussi est un monde clos, qui nait des décors somptueux, presque trop somptueux, de Dante Ferretti. Lorsque l'on sort de cette gare, un Paris numérique et sans aspérité nous accueille.

La figure formelle récurrente du film, ce sont des rouages, des engrenages, tournant sans fin, imbriqués les uns dans les autres. Comme si Scorsese voulait donner une vision des coulisses du cinéma en tant que machine, ou voulait dire que le cinéma, cet art créateur de poésie, était d'abord pour ceux qui le font, un art mécanique, depuis ses débuts, depuis Méliès. Or, c'est toujours la même histoire : un magicien ne doit pas montrer ses trucs, car alors on ne croit plus à la magie. De même, il est périlleux pour un cinéaste de lever, même métaphoriquement, le voile sur les coulisses du rêve, surtout quand elles paraissent si bien astiquées et huilées comme ici.

Un conte de Noël très bien fait, donc, dont les parties narratives successives s'imbriquent parfaitement les unes dans les autres. C'est réussi. Mais on peut préfèrer le Scorsese qui laisse un goût amer dans la bouche et des souvenirs à l'ombre longue.

Reste, évidemment, la belle déclaration d'amour d'un cinéphile à Méliès.
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par riqueuniee »

Le Paris numérique (et totalement irréel - fait partie de l'aspect "conte de Noël". C'est un Paris totalement fantasmé, où tout semble d'ailleurs se passer aux alentours de la Gare Montparnasse (elle aussi, malgré la façade d'époque, certainement plus fantasmée que réelle -d'ailleurs, aucun élément ne (décor ou dialogues ne dit explicitement que c'est cette gare-là).
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par Nomorereasons »

Il va bien falloir un jour que les gens comprennent que le numérique au ciné c'est laid.
ballantrae
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Soit...mais à part l'expression de ton goût ("c'est laid"), que nous donnes-tu comme arguments pour ouvrir les yeux de ceux qui lui reconnaissent des vertus?
Nomorereasons
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par Nomorereasons »

ballantrae a écrit :Soit...mais à part l'expression de ton goût ("c'est laid"), que nous donnes-tu comme arguments pour ouvrir les yeux de ceux qui lui reconnaissent des vertus?
"Donner des arguments", moi?? Je crois pas que tu aies bien compris à qui tu avais affaire...
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Re: Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Message par Wagner »

yaplusdsaisons a écrit :
ballantrae a écrit :Soit...mais à part l'expression de ton goût ("c'est laid"), que nous donnes-tu comme arguments pour ouvrir les yeux de ceux qui lui reconnaissent des vertus?
"Donner des arguments", moi?? Je crois pas que tu aies bien compris à qui tu avais affaire...
Retourne vite dans le topic des beach boys hs: j'ai reçu Pet Sounds
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