Hugo Cabret (Martin Scorsese - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Tancrède
J'suis un rebelle, moi !
Messages : 1602
Inscription : 18 janv. 07, 11:12

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Tancrède »

ballantrae a écrit :On pourrait" estimer ainsi que le propre de Scorsese est de s'immiscer dans le point de vue d'un personnage et de nous immerger par les moyens expressifs propres au cinéma dans cette intériorité: c'est un cinéaste immersif qu'il veuille nous faire partager perceptions ( depuis le brouillage des sons pour T bickle jusqu'aux rêves du policier de Shutter island ou aux rêves d'Hugo), émotions, participation à un monde qui nous est inconnu.
La belle affaire.
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Nomorereasons »

Tancrède a écrit :
ballantrae a écrit :On pourrait" estimer ainsi que le propre de Scorsese est de s'immiscer dans le point de vue d'un personnage et de nous immerger par les moyens expressifs propres au cinéma dans cette intériorité: c'est un cinéaste immersif qu'il veuille nous faire partager perceptions ( depuis le brouillage des sons pour T bickle jusqu'aux rêves du policier de Shutter island ou aux rêves d'Hugo), émotions, participation à un monde qui nous est inconnu.
La belle affaire.
fais péter le biopic de Gilbert Montagner, Martin !!
Tancrède
J'suis un rebelle, moi !
Messages : 1602
Inscription : 18 janv. 07, 11:12

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Tancrède »

yaplusdsaisons a écrit :
Tancrède a écrit : La belle affaire.
fais péter le biopic de Gilbert Montagner, Martin !!
ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImage
ballantrae
Accessoiriste
Messages : 1995
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Un peu courts, les gars!Je ne parle bien sûr que de vos messages...
Je sais, je suis un fan de scorsese et comme tout cinéphile je peux être aveuglé par mon admiration et réussis à trouver des vertus à des films moins excitants de la filmo ( y compris dans ce cas Cape fear et Les infiltrés, à mon sens ses moins bons films malgré des moments brillants).
Je suis sûr que le Dédé et le Rebelle ont aussi de ces indulgences peut-être coupables face à leurs chouchous (je n'ai pas en tête les noms, n'ayant pas encore pleinement identifié leurs goûts respectifs, en dehors des provocs usuelles!!!).
O'Malley
Monteur
Messages : 4579
Inscription : 20 mai 03, 16:41

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par O'Malley »

Demi-Lune a écrit :
ballantrae a écrit :Non? Non, c'est une réussite? Non, il n'y a rien à y sauver même pas ces essais de fondus au rouge et ces décors de bayous aux lumières bigger than life?
En ce qui me concerne, c'est un des meilleurs thrillers des années 1990 dont seule la résolution sur le bateau me déçoit. Scorsese se lâche, suivi par De Niro, et livre, peut-être plus qu'un tribut à Hitchcock, un tribut à son ami/rival De Palma (la flamboyance plastique des éléments que tu pointes me paraissent être dans cette droite lignée) : le baroque excessif de la mise en scène est d'une virtuosité à couper le souffle et compense certaines faiblesses d'écriture. C'est un film qui se savoure avec pas mal de recul et qui, au-delà de l'exercice de style, recèle une ambiance et des moments assez troublants.
Décidemment, du moins pour le cinéma américain post 60's, je dirais que Demi-Lune a toujours raison...même lorsqu'il a tort (cf Hannibal :wink: ) :mrgreen:
O'Malley
Monteur
Messages : 4579
Inscription : 20 mai 03, 16:41

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par O'Malley »

Tancrède a écrit :
ballantrae a écrit :On pourrait" estimer ainsi que le propre de Scorsese est de s'immiscer dans le point de vue d'un personnage et de nous immerger par les moyens expressifs propres au cinéma dans cette intériorité: c'est un cinéaste immersif qu'il veuille nous faire partager perceptions ( depuis le brouillage des sons pour T bickle jusqu'aux rêves du policier de Shutter island ou aux rêves d'Hugo), émotions, participation à un monde qui nous est inconnu.
La belle affaire.
Pourtant, c'est loin d'être faux...
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par AtCloseRange »

O'Malley a écrit :
Demi-Lune a écrit : En ce qui me concerne, c'est un des meilleurs thrillers des années 1990 dont seule la résolution sur le bateau me déçoit. Scorsese se lâche, suivi par De Niro, et livre, peut-être plus qu'un tribut à Hitchcock, un tribut à son ami/rival De Palma (la flamboyance plastique des éléments que tu pointes me paraissent être dans cette droite lignée) : le baroque excessif de la mise en scène est d'une virtuosité à couper le souffle et compense certaines faiblesses d'écriture. C'est un film qui se savoure avec pas mal de recul et qui, au-delà de l'exercice de style, recèle une ambiance et des moments assez troublants.
Décidemment, du moins pour le cinéma américain post 60's, je dirais que Demi-Lune a toujours raison...même lorsqu'il a tort (cf Hannibal :wink: ) :mrgreen:
Cape fear n'est pas dénué de qualités (une ambiguïté que ne possède par le film original, la scène du théâtre avec Juliette Lewis) mais que de complaisance, des scènes de ménages hystériques pénibles, sans parler du final.
Même si je ne les aime guère, les films de la dernière décennie sont globalement plus dignes que ça.
ballantrae
Accessoiriste
Messages : 1995
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

M'ouais..."La belle affaire" c'est que je comprends intimement, sans discours préconçu, ce que cherche à atteindre Scorsese et je trouve que son plaisir de filmer est le plus souvent communicatif.Scorsese n'est quand même pas en train de se vautrer comme des otaries de l'acabit de R Howard ou Schumacher, faut pas exagérer!
En revanche, je sens l'ennui palpable d'un B de Palma face à Black Dalhia par exemple, celui encore plus gênant d'un Ferrara dans New rose hotel (l'une de mes pires expériences ciné des 20 dernières années, rien que ça!).
O'Malley
Monteur
Messages : 4579
Inscription : 20 mai 03, 16:41

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par O'Malley »

Le final m'a toujours gêné aussi mais pour ma part, je préfère Cape Fear avec ses fulgurances, son ambiguité, sa superbe photo, son atmosphère sudiste poisseuse à certains de ses films plus formatés, proprets de ces dernières années...
Et puis une scène de ménage, c'est pénible en soi non? :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Demi-Lune »

Au fait, hier on n'était que 3 dans une salle de plus de 400 places. Un mec est parti avant la fin.
Bon, les plus jeunes et leurs parents ne sont peut-être pas encore allés le voir, l'effet "vacances de Noël" risque de commencer seulement ce week-end... mais ça sent un peu le four pour Marty.
Avatar de l’utilisateur
Thaddeus
Ewok on the wild side
Messages : 6143
Inscription : 16 févr. 07, 22:49
Localisation : 1612 Havenhurst

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Thaddeus »

ballantrae a écrit :En revanche, je sens l'ennui palpable d'un B de Palma face à Black Dalhia par exemple, celui encore plus gênant d'un Ferrara dans New rose hotel (l'une de mes pires expériences ciné des 20 dernières années, rien que ça!).
Autant je suis d'accord sur Le Dahlia Noir, autant ce film magnifique de Farrara demeure pour moi l'un des plus beaux et stimulants des années 90, comme quoi.

Concernant Hugo Cabret, je vais être extrêmement bref : pour moi c'est encore moins bon que Shutter Island, que je ne trouvais déjà pas bien folichon. C'est simple, je ne suis pas sûr d'avoir jamais vu un Scorsese aussi peu enthouasiasmant. La sincérité du réalisateur ne fait pas de doute, mais son expression me semble terriblement rouillée, le long d'un spectacle-pâtisserie la plupart du temps laborieux, à peine relevé par quelques charmantes séquences poétiques dans la deuxième partie. Je ne retrouve plus la vitalité, la fièvre, l'énergie créatrice incondescente du réalisateur que j'ai tant aimé. Je suis le premier à défendre l'idée de l'évolution et de la prise de risque d'un artiste, mais je trouve que ce film est dénué de toute personnalité, à peine plus singulier et intéressant que n'importe quel gros conte de Noël comme il en fleurit par dizaines. J'ai trouvé le temps long, et, hormis les quelques moments (un peu) magiques qui m'ont sorti de ma léthargie lors de l'évocation du passé de Méliès, je ne retiendrai que la sensibilité fragile du petit Asa Butterfield, juste et touchant.
ballantrae
Accessoiriste
Messages : 1995
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par ballantrae »

Si on peut en parler sur un forum Ferrara que tu exhumerais, je veux bien discuter de New rose hotel car j'avais- ce n'est pas métaphorique- ressenti violemment cette séance or j'avais admiré King of NY, Bad lieutenant, The funeral, The addiction (même si mal aimé, je trouve le film culotté, inventif, terrifiant, novateur et profond) et dans une moindre mesure NY 2h du matin , Snake eyes ou China girl.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Demi-Lune »

Stark a écrit :La sincérité du réalisateur ne fait pas de doute, mais son expression me semble terriblement rouillée, le long d'un spectacle-pâtisserie la plupart du temps laborieux, à peine relevé par quelques charmantes séquences poétiques dans la deuxième partie. Je ne retrouve plus la vitalité, la fièvre, l'énergie créatrice incondescente du réalisateur que j'ai tant aimé. Je suis le premier à défendre l'idée de l'évolution et de la prise de rique d'un artiste, mais je trouve que ce film est dénué de toute personnalité
Mince alors. :(
A mes yeux, Hugo Cabret incarne, dans une certaine mesure, ce que Kundun fut en son temps pour Scorsese : un film qui exorcise ses angoisses. Un film qui, par son sujet, permet au réalisateur d'évacuer momentanément ses vieux démons destructeurs. J'ai été étonné de lire, dans ses derniers entretiens, à quel point Shutter Island avait été pour lui une expérience stressante. Ça se ressentait dans le film, mais je ne m'imaginais pas que ça l'ait autant atteint personnellement. Hugo Cabret représente en ce sens la réponse la plus radicalement dissemblable à ce que son précédent film pouvait être : rien de tourmenté, rien de désespéré, rien de poisseux, rien de religieux... au contraire, c'est charmant, lumineux, chaleureux, plein d'honnêtes sentiments et de merveilleux. Je comprends que ce contrepied total, se traduisant par une jolie petite fable de Noël, ait de quoi rendre perplexe les admirateurs de la première heure, mais je crois que ça a été salutaire pour Scorsese, ce conte. Qui est aussi inattendu, mais finalement logique si on le recontextualise au sein de la vie de l'artiste, que des œuvres comme After Hours ou Le Temps de l'innocence.
Tu auras donc compris que je défends la "scorsésianité" de Hugo Cabret. :mrgreen: Pour moi, la personnalité de Scorsese ne s'exprime pas dans l'apposition d'une fièvre dont tu regrettes l'absence, ou dans le détournement atypique du registre (comme avait pu par exemple le faire Burton avec Batman le défi), mais dans le regard tendre porté sur la mise en abyme cinématographique. Le conte, genre merveilleux et familial par excellence, est le prisme idéal par lequel se filtre cette évocation de la puissance d'un autre vecteur universel d'émerveillement et de magie : le cinéma, qu'il soit primitif (les trucages artisanaux de Méliès) ou contemporain (les effets 3D du film). Là se situe le cœur et le meilleur de Hugo Cabret. En outre, le travail sur les couleurs, sur la lumière, sur la composition des plans, sur les travellings en plan-séquence, portent distinctement sa marque. Le montage de Thelma Schoonmaker ménage aussi quelques découpages bien furieux. Marginaux, certes, mais ce film était-il un champ propice à l'expérimentation ? L'intégration de la 3D à l’œil de Scorsese est le plus gros travail technique du film, rien que pour cet agencement tridimensionnel, je ne peux te suivre quand tu dis que c'est un film à l'expression rouillée.

Je doute de pouvoir te rallier sur les autres aspects, après tout Hugo est un conte dans tout ce qu'il peut avoir de superbe comme d'agaçant (les personnages stéréotypés, le spectacle-pâtisserie, comme tu dis :mrgreen: ) ; mais je voulais vraiment défendre le film au moins pour ce qui est de la vitalité de son créateur (j'ai personnellement senti une euphorie de Scorsese à filmer tout ça, parce que la simplicité et la magie de l'histoire désinhibaient son bouillonnement, comme pour After Hours où il ne posait plus de questions auto-flagellantes et respirait à nouveau la joie de mettre en scène), et du caractère personnel de ce film : des émois provoqués par une première expérience en salles au plaisir archivistique éprouvé par les collectionneurs cinéphiles, en passant par la recréation amoureuse de tout un pan du cinéma muet, j'y vois pour ma part un émouvant aveu qui se love dans ce conte avec beaucoup de classe.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par AtCloseRange »

Vous prenez combien, docteur Demi-Lune?
En tout cas, si Martin Scorsese va mieux, c'est cool.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Hugo (Martin Scorsese - 2011)

Message par Demi-Lune »

AtCloseRange a écrit :Vous prenez combien, docteur Demi-Lune?
En tout cas, si Martin Scorsese va mieux, c'est cool.
Je prends pour pas cher. Ça te dit ? :mrgreen:
Blague à part, je maintiens que la "mentalité" de Scorsese est capitale pour comprendre son parcours. New-York New-York a été parasité par son état de santé et d'esprit, After Hours, prétendument éloigné de lui, réagissait à la dépression post La Valse des pantins, le mélodrame Le Temps de l'innocence s'est révélé être un de ses films les plus personnels et les plus beaux, etc... Je suis sûr que tu ne vas pas aimer Hugo, je le sens venir gros comme une maison. Mais ce que je voulais défendre, c'est que sa nature procède, à mon avis, complètement de cette espèce de tendance de Scorsese à réagir par rapport à son film précédent (et à étonner).
Répondre