Autant LA NAISSANCE DES PIEUVRES m’a laissé un souvenir assez négatif, autant je suis sorti de ce TOMBOY extrêmement réjoui. Toujours dans l’observation de cette période où les êtres se découvrent, Céline Sciamma propose ici le portrait saisissant d’une jeune fille en quête d’identité. Là encore l’héroïne agit en fonction du groupe, milieu où l’on est accepté et où l’on s’épanouit, qu’elle intègre à cause d’une maladresse (un mensonge) qui apparaît finalement très logique et inévitable. J’ai de très vagues souvenirs de son premier film mais j’ai l’impression d’une nuance importante dans ce deuxième opus : l’innocence. La jeune héroïne ne calcule rien et suit un instinct, en quelque sorte. Ce que le monde extérieur (le groupe, les adultes) peut prendre comme une agression ou une transgression est la « simple » volonté inconsciente d’une jeune fille, plus enfant mais pas encore femme, qui sent les penchants de sa personnalité et qui n’évite pas les erreurs, aux yeux des autres. Le regard des adultes, des parents, est aussi très touchant, compréhensif.
Il n’y a aucun jugement dans ce film montré avec naturel, délicatesse, et surtout une grande justesse. La complexité de la problématique est contrebalancée par une simplicité désarmante : il n’y a aucune dramatisation forcée, des trucs de scénario, etc. Et la mise en scène parait elle aussi couler de source. Les différentes étapes de ce parcours intime sonnent vrai. Cette impression est accentuée par un très bon casting, en particulier les enfants, ultra crédibles. Outre un tact indispensable et une vision très attachante, Sciamma fait preuve d’un sens étonnant de la direction d’acteurs avec un résultat à la fois naturel et personnel.
Une très bonne surprise.
