La dernière oeuvre de Kiyoshi Kurosawa est une mini-série de 5 épisodes diffusée à la télé japonaise début 2012. Elle se nomme
Shokuzai (rédemption) et est adaptée d'un roman de Kanae Minato (
Confession, dont l'adaptation en film a connu un certain succès).
Synopsis (repris du site Nautiljon)
"Cinq petites filles jouent au ballon dans la cour de leur école. Il y a là Kikuchi Sae, Shinohara Maki, Takano Akiko, Ogawa Yuka et une nouvelle fraichement arrivée dans la région Adachi Emiri.
Soudain un homme mystérieux vient demander à Emiri de l'accompagner. Emiri accepte, mais une heure plus tard alors qu'elle n'est toujours pas revenue, ses amies inquiètes partent à sa recherche. Elles finiront par la retrouver, allongée sur le ventre immobile dans le gymnase...
Choquées, les quatre enfants ne peuvent témoigner et l'enquête sur l'assassinat n'avance pas. Asako, la mère d'Emiri, ne peut leur pardonner et essaie de les écraser de remords.
Quinze ans plus tard, les quatre jeunes femmes ont-elles expié leur faute comme leur a fait promettre Asako, et de quelle manière ?"
Chaque épisode nous montre le destin d'une de ces petites filles en les suivant 15 ans plus tard. Chacune a été profondément marquée par cet événement et aucune n'arrive à mener une vie normale. Si chaque histoire est liée par un passé commun et le personnage d'Asako, elles sont relativement autonomes ce qui donne à chaque épisode un style assez différent.
Le premier épisode est à mon avis le meilleur. Une histoire de perversion hitchcockienne mise en scène de façon très théâtrale, dans un décor épuré et angoissant. C'est millimétré, dérangeant, servi par des interprètes en retenue...bref, un bijou. Par contre, les trois épisodes suivants sont à mon avis assez moyens. L'ambiance est toujours réussie, la mise en scène bien-sûr talentueuse...mais les événements m'ont moins intéressés, et surtout le dénouement de chaque chapitre tend un peu trop vers le deus ex machina un peu trop facile. Est-ce à cause de l'oeuvre originale? Ou alors est-ce une habitude du cinéaste (déjà certains raccourcis de Kairo... et surtout la dernière partie de Tokyo Sonata avec Koji Yakusho)?
Quant au dernier épisode qui se recentre sur Asako, il tend carrément vers le mélo. Le contraste avec la retenue des premiers épisodes m'a quelque peu déconcerté et j'ai du mal à cerner si c'est volontaire.
Bien-sûr,
Shokuzai est bien au-dessus du tout venant de la fiction télévisuelle nipponne, ne serait-ce que par son ambition, sa mise en scène, et son interprétation excellente. Kyoko Koizumi, qui interprétait la mère dans Tokyo Sonata, crève ici l'écran dans son rôle de mère blessée et vengeresse. Mais ça n'a pas suffi à me convaincre totalement malgré tout. Néanmoins, je pense que les amateurs du cinéaste la verront avec intérêt.