A aucun moment je ne crois avoir dit que telle ou telle manière de faire du cinéma était "supérieure". Elle est juste "différente". Et c'est la différence qui m'intéresse.Strum a écrit : Lynch représente une manière de faire du cinéma, qui n'est certes pas la plus répandue. Mais cette manière ne me parait pas supérieure à une autre, et surtout ne représente pas nécessairement la quintessence du cinéma plus qu'une autre.
De fait, je n'ai absolument pas non plus parlé d'une forme de cinéma qui représenterait "nécessairement la quintessence du cinéma plus qu'une autre"...
Le fait que le cinéma s'affranchisse des codes conventionnels n'empêche pas nécessairement :
1) lesdits codes de perdurer (et j'en serai le premier content) ;
2) l'apparition de nouvelles manières de raconter des histoires.
Ce doit être un goût certain pour la dispute (au sens noble, hein !) qui te pousse à surinterpréter, voire déformer ce qu'on dit...Strum a écrit : Je ne crois pas qu'il faille que "le cinéma parvienne à s'affranchir des codes conventionnels" de la narration. Déjà, le cinéma, qui n'est plus si jeune, ne pourra jamais s'affranchir d'une narration
Si si, le cinéma est "jeune", par comparaison avec les autres arts que je citais... Et, à nouveau, je n'ai jamais dit qu'il devait "s'affranchir d'une narration", mais bien de "codes conventionnels de la narration" : la nuance est de taille. On peut chercher à s'échapper du convenu (quitte à arriver nulle part, d'ailleurs ; ce n'est même pas le propos, ici) tout en continuant de narrer, ce n'est pas incompatible et c'est ce que certains cinéastes s'appliquent à faire, avec plus ou moins de bonheur. L'enjeu est juste de raconter "autrement". C'est l'évolution naturelle. Même les séries télé ne racontent plus vraiment les histoires (qui, elles, restent globalement toujours les mêmes) de la même manière qu'elles le faisaient dans les années 50, 60...
On est d'accord. Lynch, Godard, Tarkovski, oui... Je pense aussi à Fellini, par exemple. Cela dit, Warhol qui filme l'Empire State Building pendant 8 heures en plan fixe, ça pose la question de la durée, de l'histoire, de la forme... Est-ce encore du cinéma ? Est-ce de l'ordre de la peinture ? Quelle histoire raconte-t-il ?Strum a écrit : pour la bonne et simple raison qu'un film se déploie dans une durée (dans le plan, par le montage, et du point de vue de l'ensemble du film) et raconte donc toujours une histoire (on aime d'ailleurs souvent un film par le truchement de personnages, qui nous semblent faits de chair et de sang (magie de l'empathie) ; et qui dit personnages dit histoire). Même les films de Lynch racontent une histoire, qu'on la devine ou non, ou qu'on souhaite la deviner ou non. Après, chaque cinéaste peut travailler la narration de ses films selon ses désirs, en la destructurant, en travaillant sur les liaisons poétiques comme Tarkovski, en mêlangeant le rêve et la réalité comme d'autres, etc... Des cinéastes comme Lynch, Godard, Lynch, etc... sont bien sûrs des cinéastes importants, mais ils ne détiennent pas la vérité sur le cinéma plus que d'autres, en l'ont pas mieux "compris" que d'autres. Bref, j'aime le cinéma pour sa richesse et sa diversité, pour sa souplesse plastique et narrative, pour ces exigences et ce regard différents qu'apporte chaque cinéaste, et je ne souhaite pas que le cinéma rétrécisse son horizon en s'affranchissant de je ne sais quelles "conventions", ni ne souhaite changer mon regard multiple sur un cinéma que j'espère multiple pour toujours.
Moi aussi, j'en suis bien content. Il n'empêche que l'esprit de liberté qui a amené certains arts à évoluer dans certaines directions (qui ne sont ni plus ni moins importantes que celles déjà existantes, je me dois d'insister) est aussi le bienvenu dans le cinéma (à côté des formes plus convenues, et non pas dans le but de les supplanter).Strum a écrit :Cette nécessaire histoire qu'implique le temps d'un film, c'est ce qui différenciera toujours le cinéma de la peinture par exemple, qui elle, n'offre au regard qu'une image figée et unique, qui ne se déploie pas dans l'écoulement de sa propre durée (puisque la durée de regard d'un spectateur sur une peinture, c'est le spectateur qui la décide, et qui y soumet la peinture). Je suis d'ailleurs bien content que le cinéma ne ressemble pas à la peinture abstraite.