Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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xave44
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par xave44 »

7swans a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Oui j'aime assez la musique mais je la connaissais déjà.
J'ai grandi avec le double live Alchemy de Dire Straits, le thème de Local Hero vient clore le concert, et j'ai toujours trouvé ça superbe
Peut-être le disque que j'ai le plus écouté dans la décennie.
Pour revenir au film, il s'agit d'une de ces réalisations inclassables dont il n'existe pas vraiment d'équivalent aujourd'hui.
Il n'a pas révolutionné pas le cinéma mais ce n'était pas son ambition. Il faut le prendre pour ce qu'il est : un petit bijou d'humour, de sensibilité et de délicatesse.
Chaudement recommandé.
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Flol
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Flol »

Je remonte ce topic pour vous demander : y en a-t-il parmi vous qui ont vu ces autres films de Bill Forsyth que sont Gregory's Girl et Comfort and Joy ?
Et si oui : c'est bien ou pas ?
aelita
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par aelita »

j'ai vu le premier, mais il y a des lustres. Un film sympa, mais pas inoubliable (mon souvenir est assez flou). il avait connu une sortie salles (discrète) sans doute dans la foulée du succès de Local hero.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Jack Carter
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Jack Carter »

Flol a écrit :Je remonte ce topic pour vous demander : y en a-t-il parmi vous qui ont vu ces autres films de Bill Forsyth que sont Gregory's Girl et Comfort and Joy ?
Et si oui : c'est bien ou pas ?
Pour le premier si tu aimes les films d’ados et le foot, tu peux y aller les yeux fermés, c’est très sympa :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Profondo Rosso »

Je remets mon avis du topic anglais sur Gregory's Girls

Gregory's Girl de Bill Forsyth (1981)

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Une petite ville d'Ecosse. Le timide et boutonneux Gregory ne pense qu'aux filles mais n'ose les aborder. Dorothy jolie et sexy, réussit grâce à son adresse à obtenir un poste dans l'équipe de football du collège. Eperdument amoureux d'elle. Gregory réussit à vaincre sa peur et lui propose un rendez-vous. Mais celle qui viendra n'est pas celle qu'il attend.

Gregory's Girl est une charmante chronique adolescente qui reste le grand classique du réalisateur écossais Bill Forsyth dont c'est le second film. Son premier essai That Sinking Feeling (1981) avait connu un succès d'estime avec ce récit d'un casse rocambolesque par une bande d'adolescent fauché. Pour ce faire, Forsyth avait recruté son jeune casting au sein du Glasgow Youth Theatre et l'on retrouve une grande partie de la distribution dans Gregory's Girl dont Robert Buchanan, Billy Greenlees, et bien sûr John Gordon Sinclair. Le budget très modeste du film oblige à un tournage austère où les costumes des acteurs seront leurs propres vêtements, y compris la jolie Dee Hepburn obligée d'emprunter son très seyant petit short blanc à sa sœur tandis que le mystérieux personnage déguisé en pingouin qui traverse sans but le récit n'est autre que le fils d'un des producteurs. Cette économie, ce naturel et spontanéité marque le film pour le meilleur du début à la fin.

Dans une petite bourgade d'Ecosse, Gregory est un adolescent timide et emprunté qui comme tous les garçons de son âge est déjà obnubilé par les filles. Cet intérêt se traduira d'abord de la façon la plus "hormonale" lors de la scène d'ouverture où il reluque avec ses camarades une infirmière en train de se changer. C'est ensuite au cœur qu'il sera foudroyé lorsque la jolie Dorothy (Dee Hepburn) cherchera à intégrer la défaillante équipe de foot du lycée. Très douée avec le ballon (Dee Hepburn très convaincante s'étant entraînée près de six semaines pour être crédible) Dorothy en vraie jeune fille moderne allie charme et allure sportive, Bill Forsyth érotisant joliment son élégante silhouette (ce premier entraînement où elle enlève son survêtement) en endossant le regard de Gregory émerveillé par son assurance et ses jambes nues. Dès lors Dorothy devient la coqueluche de l'école et suscite le désir d'autres garçons (et entraînant des moments cocasse comme quand elle sera embrassée y compris par les adversaires après avoir marquée un but en match) au grand dam de Gregory trop timide pour tenter sa chance.

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John Gordon Sinclair est absolument irrésistible e très attachant en grand dadais ahuri, dégageant une candeur charmante dans son obsession amoureuse et la maladresse dans laquelle il se vautre en présence de Dorothy. Muet d'amour ou enchaînant les banalités tout en ne tenant pas en place (cette inconstance se reportant sur le terrain où il est un piètre gardien de but), l'acteur est confondant de naturel et l'empathie immédiate pour tous les grands timides. Bill Forsyth avait débuté sa carrière en produisant de court documentaires et cela se ressent dans son approche. A part son enjeu amoureux, le film est dénué de vraie intrigue et se constitue plutôt de moments épars mettant en scène Gregory ou encore ses camarades tout aussi empoté que lui quant à la séduction. Hormis une brève rencontre avec le père de Gregory, les parents sont quasiment absents du récit l'immaturité étant systématiquement rattaché à nos jeunes garçons en rut. Les filles semblent déjà beaucoup plus à leur aise dans leurs aspirations mais également la séduction (voir la longue scène finale où Gregory est désarçonné), même au plus jeune âge avec Madeline (Allison Forster) jeune sœur de Gregory et conseillère de cœur. Une idée originale (reprise des lustres plus tard dans 500 jours ensemble (2010)) qui contredit d'ailleurs le cliché des rapports fraternels conflictuels avec des charmantes scènes pleine d'esprit entre Gregory e Madeline, sans ajouter un caractère adulte forcée à cette dernière qui reste une fillette de dix ans certes très intelligente.

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Le film captive ainsi dans sa chronique adolescente et son traitement naturaliste, réussissant à surprendre jusqu'au bout. L'adolescence est plus ponctué de moment anodins et d'ennui qui marquent par la suite par nostalgie que de vrais pics émotionnel tel que décrits dans les trames des teen movie habituels. Dès lors Forsyth désamorce la réunion amoureuse attendue lors du final pour aller dans une autre direction. La versatilité adolescente est ainsi parfaitement saisie dans l'épilogue où l'objet de tous les désirs s'estompe pour laisser place à un autre que l’on n’a pas vu venir. Les regards énamourés et le bégaiements pour celle si inaccessible laissant place à une complicité, un naturel et un plaisir commun qui amène une autre forme de romance plus significative de cette période de la vie. Un petit bijou qui deviendra un classique du cinéma anglais des 80's, remportant un grand succès y compris aux USA (où il est redoublé à cause des impayables accents écossais). Bill Forsyth lui donnera une suite tardive en 1999, Gregory's Two Girls. 5/6

Et son tout premier That sinking feeling est excellent aussi

That Sinking Feeling de Bill Forsyth (1979)

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Ronnie, Wal, Andy et Vic sont quatre adolescents qui s'ennuient, chômeurs de la ville triste et pluvieuse de Glasgow. Ronnie a l'idée de réaliser le casse d'éviers en acier inoxydable qui pourrait rapporter gros.

Local Hero (1983) sera le film de la reconnaissance internationale pour le cinéaste écossais Bill Forsyth, précédé par le succès critique de la charmante chronique adolescente Gregory's Girl (1981). Ce second film constituait l'aboutissement du brouillon que constitue That Sinking Feeling réalisé deux ans plus tôt. Les deux films partagent un casting quasiment identique puisque Bill Forsyth repris les jeunes acteurs recrutés au sein de du Glasgow Youth Theatre. Après une formation à la National Film and Television School et une expérience de monteur au sein de la BBC, Bill Forsyth retourne à son Ecosse natale pour fonder sa compagnie de production Tree Film. Il s'y spécialise dans le documentaire (genre où il fit ses premières armes en 1964 après avoir été recruté sur petite annonce) mais aspire à passer à la fiction. Ce sera chose faite avec That Sinking Feeling qui aura l'insigne honneur d'être le premier film à être entièrement produit et financé (pour le minuscule budget de 5000 livres) en Ecosse, tous les tournages précédents au sein du pays ayant toujours été des coproductions anglaises ou hollywoodiennes.

L'expérience documentaire du réalisateur et une filiation évidente avec Ken Loach se ressent dès l'ouverture du film. Dans Kes (1969), l'environnement du jeune héros le condamnait à un certain déterminisme social où l'amour pour son faucon constituait une respiration dans un futur le poussant vers la délinquance ou le maintien dans ce milieu modeste et ouvrier. On pourrait penser que le constat de That Sinking Feeling, la délinquance constituant désormais la seule voie pour ces post adolescent au chômage. Tout pousse à la sinistrose avec ce Glasgow tout en désolation urbaine grisâtre ou déambule les protagonistes déprimés par leur poches vides et inactivités. Bill Forsyth va pourtant aller à rebours de ce spleen ambiant avec un récit sacrément ludique. La scène d'ouverture donne le ton en évoquant par l'humour cette misère sociale lorsqu'un des héros (John Hughes) passe devant un stand de sandwich et s'éloigne l'air ahuri et gêné quand il verra qu'il n'a pas les 45 pences demandés. Tous les personnages sont introduit selon ces deux niveaux de lectures amusés et pathétiques, que ce soit Ronnie (Robert Buchanan) se plaignant devant la statue d'un héros national de ne pas trouver de job, sans parler de cet autre protagoniste testant en magasin des chaînes hi-fi qu'il n'a bien évidemment pas de quoi se payer.

Lassé de ce marasme Ronnie a une idée de génie pour renflouer le groupe, organiser le cambriolage de ce qui constitue la gloire industrielle locale, des éviers en aciers inoxydable. On est ainsi parti pour une sorte de variante écossaise du Pigeon de Mario Monicelli : les préparatifs, l'exécution en passant par l'écoulement du butin constitue un ensemble sacrément loufoque. Parmi les moments les plus tordants on verra le travestissement grossier en vue de séduire le gardien de nuit, le running gag du patron endormi et ronflant victime de la mixture de l'étudiant en médecine du groupe (afin d'emprunter son camion à son insu) ou la vente en forme de moquerie de l'art contemporain. Malgré les problèmes de rythmes et le côté un peu inégal d l'ensemble, c'est vraiment le capital sympathie qui domine d'autant que Forsyth fait preuve d'un vrai brio formel. Cette art de la rupture de ton, du rebondissement inattendu et de cette équilibre entre l'anodin et l'humour potache fonctionne pourtant bien et trouvera un aboutissement avec le plus maîtrisé Gregory's Girl. 4/6 Un petit film culte qui constitue d'ailleurs la plus grosse vente de cette belle collection BFI Flipside.
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Flol
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Flol »

Aaaahhh Profondo, je savais que je pouvais compter sur toi là-dessus. :D
Merci messieurs-dame !
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Jack Carter »

à voir gratuitement pendant une semaine sur mk2curiosity

https://www.mk2curiosity.com/film/local-hero
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Arn »

Jack Carter a écrit : 11 nov. 21, 18:44 à voir gratuitement pendant une semaine sur mk2curiosity

https://www.mk2curiosity.com/film/local-hero
Vu hier soir et à mes yeux ni ennui ni chef d'oeuvre, mais un joli petit film étrange dont j'ai aimé l'ambiance et me laissé porter par son humour et sa poésie. J'ai quand même l'impression qu'il lui manque juste un petit quelque chose pour me faire rejoindre le camp des plus conquis, mais difficile de dire quoi. Je pourrais dire un peu plus d'ampleur dans ce que cela raconte, mais en fait il y en a déjà pas mal et c'est très bien qu'il le traite comme il le fait, par des petites choses, sans grandiloquence.
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par MJ »

Tentez Housekeeping.
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Arn »

MJ a écrit : 18 nov. 21, 10:33 Tentez Housekeeping.
Je note :)
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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Local Hero (Bill Forsyth - 1983)

Message par Profondo Rosso »

Comfort and Joy (1984)

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Un animateur de radio locale à Glasgow se retrouve mêlé à une rivalité entre deux marchands de glaces.

Après les deux attachantes chroniques adolescentes That sinking feeling (1980) et Gregory’s girl (1981), Bill Forsyth avait brillamment fait passer ses intrigues à l’âge adulte avec le succès de Local Hero (1983). Comfort and Joy poursuit cette voie, retrouvant l’univers et les personnages décalés chers au réalisateur écossais. Alan « Dicky » Bird (Bill Patterson) est un animateur radio à succès coulant de jours heureux avec son excentrique petite amie Maddy (Eleanor David), jusqu’à la brutale rupture de cette dernière le soir de noël. La scène est aussi cruelle qu’hilarante, Alan constatant la rupture avec l’arrivée des déménageurs venu chercher les meubles de Maddy qui a « oublié » de l’avertir. Le moral au plus bas dans un appartement vide, Alan semble prêt à céder à la première jeune femme venue daignant lui accorder un sourire durant ses errances où, en rachetant le nécessaire pour son logis, il doit aussi se reconstruire, se réinventer – élément renforcé par la monotonie de son métier de radio.

C’est ainsi qu’il va suivre le camion d’une vendeuse de glace qui lui a semblé amicale, et être témoin de l’agression d’hommes cagoulés sur le commerce. Ce postulat s’inspire d’une vraie affaire criminelle qui défraya la chronique quand deux entreprises de marchands de glace de Glagow se livrèrent une guerre sans merci. Dans la réalité, il s’agissait d’une véritable guerre des gangs mafieux qui dissimulaient sous la vente de glace un trafic de drogue et se disputaient ainsi les espaces de vente en disséminant leur camion. Bill Forsyth se déleste de tout cet arrière-plan (qui mériteraient presque une version « sérieuse ») de polar pour quelque chose de plus léger. Alan se trouve malgré lui à devenir l’intermédiaire entre les deux concurrents afin d’arriver à une coexistence plus apaisée. Il y a une dimension amusante dans la caractérisation pittoresque des mafieux locaux qui n’évite cependant pas le cliché, mais l’environnement austère écossais amène un certain décalage original. L’abattage de Bill Paterson passant de la loque dépressive au « consigliere » des glaciers fait mouche et Bill Forsyth est très bon pour façonner des situations décalées, notamment lorsque Alan fixe des rendez-secrets dans des messages cryptés durant son émission de radio.

On passe donc un moment relativement agréable, mais il manque le soupçon de charme, d’originalité et d’invention formelle des précédents films de Forsyth. L’intrigue tire en longueur (les vas et vient de négociations d’une famille à l’autre finissent par lasser) et l’écriture semble moins affutée, notamment la conclusion résolvant artificiellement le conflit et oubliant en route la romance. Petite déception donc, mais en tout cas on rêve un peu d’un polar premier degré sur la guerre des glaciers de Glasgow ! 3,5/6
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