John Hughes (1950-2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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monfilm
Machino
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par monfilm »

J'avais adoré ce film à sa sortie. Probablement parce vu mon âge et ma vie de l'époque l'identification était facile. Et puis pour les mêmes raisons évoquées par demi lune. Je l'associe, ne me demandez pas pourquoi, à Bright lights big city.
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Profondo Rosso
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Profondo Rosso »

La Vie à l'envers de Howard Deutch (1987)

Keith est un adolescent artiste qui est amoureux de la plus belle fille du lycée. Lorsque celle-ci rompt avec son petit ami, il tente sa chance grâce à l'aide de sa meilleure amie, Watts, qui est, quant à elle, amoureuse de Keith.

John Hughes avait en partie fait ses adieux à son genre de prédilection, le teen movie, en 1986 avec un ultime classique La Folle Journée de Ferris Bueller et une très attachante production, Rose Bonbon réalisé par Howard Deutch. C'est à nouveau à ce dernier qu'il confie ce Some kind of wonderful dont il signe le scénario. Si l'on retrouve nombre de thèmes fétiches de Hughes sur le mal-être adolescent et la récurrence de certaines situations (notamment la grande scène de confession finale) le film est loin d'être une redite. John Hughes avait sur scruter les troubles de l'adolescence en jouant sur les clichés lycéens, faisant de ses personnages des archétypes amené à se révéler et à vraiment exister quel que soit l'image où ils étaient enfermés. Il avait poussé cette idée jusqu'à l'épure parfaite dans le conceptuel Breakfast Club (1985) n'avait raté le coche qu'une seule fois avec Une Créature de rêve (1985).

Hughes adopte un nouvel angle ici en faisant reposer l'antagonisme lycéen sur le conflit social. Keith (Eric Stolz) est un jeune adolescent féru d'art et amoureux d'Amanda (Lea Thompson) plus belle fille de l'école qui fraye avec les lycéens les plus nantis. Elle est donc inaccessible pour Keith à la fois à cause de son caractère timide et introverti mais aussi de sa condition modeste ne lui permettant pas l'étalage de frime (belles voitures, cadeaux luxueux) qui peut encore épater une fille de cet âge. Keith se cherche ainsi à la fois sentimentalement mais aussi de façon plus large quant à son avenir avec son père le harcelant pour qu'il poursuive les études sérieuses auxquelles il n'a pas eu accès alors que lui rêve d'école d'art. Il est rejoint dans sa marginalité par sa meilleure amie Watts (Mary Stuart Masterson), secrètement amoureuse de lui mais tout aussi complexée. Lorsqu’Amanda va rompre avec son détestable petit ami Hardy (Craig Sheffer), Keith va tenter sa chance et se confronter aux clivages sociaux du lycée.

Même s'il parfois de sa subtilité habituelle (Hardy cliché du gosse de riche arrogant, les gros durs du lycée finalement des tendres au grand cœur), Hughes renouvelle pas mal son approche avec cet angle social. Le lycée reste ce lieu de faux-semblant où l'on se cache derrière un masque mais ceux-ci sont moins voyants. Keith n'est pas un nerd quelconque juste un adolescent rêveur qui a du mal à trouver sa place et c'est cette simple discrétion et son milieu modeste qui semble l'exclure du champ d'Amanda. Celle-ci est issue du même milieu mais voit dans sa beauté un moyen d'attirer les garçons riches, et par conséquent de nouer amitié avec les filles de cette même souche. La romance entre Keith et Amanda ne semble donc que reposer sur des faux-semblants, le film étant volontairement frustrant en limitant toute interaction et alchimie possible pour le couple. Et pour cause, toutes les rencontres ont lieu au lycée, à la vue de tous et il convient d'y conserver son masque. Keith amoureux et volontaire va peu à peu perdre ses illusions tandis qu'Amanda sera toujours fuyante, guettant le regard de désapprobation de ses "amies". Un certain cliché perdurera aussi dans la réaction des entourages, Keith devenant la fierté de tous les laissés pour compte du lycée pour avoir séduit Amanda tandis que ce rapprochement est insupportable pour les nantis. L'attachant personnage de la petite sœur (Maddie Corman) rééquilibre heureusement cela, fière et profitant de la nouvelle popularité de son frère mais prête compréhensive quand elle verra qu'il est manipulé.

Eric Stolz est parfait en héros candide et lunaire mais c'est véritablement Mary Stuart Masterton en amoureuse frustrée qui emporte le morceau. Visage poupin, allure androgyne et attitude gauche est touchante de bout en bout (la scène où elle entraîne Keith à embrasser), rendant poignante la dernière partie où elle doit servir de chauffeur à Keith et Amanda. Une nouvelle fois, l'isolation, l'absence de l'inquisition des camarades permet de se libérer et offrira une belle scène de confession dont Hughes a le secret. Les facilités qui ont précédés s'estompent en renvoyant les deux amoureux dos à dos, chacun ayant voulu profiter de l'autre (pour une vengeance amoureuse ou comme trophée à arborer) à sa manière. L'épilogue se fait ainsi plus intimiste dans une jolie scène de rendez-vous dont l'issue ne cèdera pas à la facilité dans le couple final formé. Le film corrige ainsi une des grandes injustices de Rose Bonbon où Molly Ringwald avait imposé un final différent du scénario initial (là aussi comportant un triangle amoureux) car elle trouvait un de ses partenaire plus beau. La conclusion n'en est que plus belle et offre un prolongement logique à la progression des personnages amenés à s'unir ou au contraire apprendre à être seuls. En dépit de quelques facilités, une jolie réussite même si elle n'égale pas les propres réalisations de John Hughes. 4,5/6
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Jeremy Fox
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Jeremy Fox »

Oncle Buck (Uncle Buck) - 1989

John Hughes est certes l'auteur de comédies désopilantes (Ferris Bueller) mais d'autres franchement mauvaises. Et malheureusement Oncle Buck en fait partie. Et c'est bien dommage car le réalisateur possède un sens certain du timing et du gag, quelques-uns (mais peu) s'avérant ici hilarants. Les dialogues mis dans la bouche des deux jeunes enfants sont également assez drôles (c'est en fin de compte Macaulay Culkin le plus amusant dans le film) et l'on peut sauver encore deux ou trois bonnes idées et situations. Mais l'ensemble reste un naufrage, même plus bon enfant une fois la première demi-heure passée, le film s'enfonçant de plus en plus dans la médiocrité avec notamment l'insupportable Jean Louisa Kelly qui phagocyte l'intrigue dans son dernier tiers. Ca ne m'empêche pas d'être toujours aussi impatient de découvrir un jour Breakfast Club que j'ai constamment loupé.
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Supfiction
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :c'est en fin de compte Macaulay Culkin le plus amusant dans le film
Oui. Je crois qu'il y a effectivement une scène amusante au début avec lui.
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Rockatansky »

La scène du petit déjeuner, seul bon moment du film
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Kevin95 »

SHE'S HAVING A BABY - John Hughes (1988) découverte

John Hughes aura suivi ses personnages jusqu'au bout de leur jeunesse. Après la mélancolie (Sixteen Candles, The Breakfast Club), l'euphorie (Weird Science, Ferris Bueller's Day Off), place à la dernière marche, la plus compliquée, celle qui mène au monde adulte. Kevin Bacon est un jeune con qui veut le rester, Elizabeth McGovern est une gonzesse donc forcément c'est compliqué. Les deux vont tenter de bâtir une vie ensemble, malgré les parents relous, malgré les rêves d'artiste qui se brisent, malgré le pote Alec Baldwin qui retient notre homme dans le monde ado. She's Having a Baby se marre, tremble et vise juste. Est-ce parce que je suis directement visé par le film que je ne lui trouve que des qualités ? Sans aucun doute. Kevin c'est moi, Bacon sur les bords, son dilemme est le mien et (c'est certain) celui de tous les gus dans la même tranche d'âge. Faut-il un môme tout de suite ? Faut-il foutre à la benne tous les espoirs de gosse ? Faut-il prendre le RER comme un cake tous les matins alors que le copain t'incite à tout foutre en l'air ? Lorsque le film vire au mélo, il trouve le moyen de ne pas perdre la face via une utilisation classe de Kate Bush. Très beau film.
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Roilo Pintu »

Une créature de rêve (John Hugues - 1985)

L’histoire de deux loosers du lycée qui, comme n’importe quel adolescent, ont la tête remplie d’idées lubriques. Un soir, inspirés par la Fiancée de Frankenstein, ils décident d’utiliser leur ordinateur pour créer une femme à la mesure de leurs désirs. Parcours initiatique en mode humouristique, de musique 80’s, une grosse blague idiote, avec parfois une dose de rire bien gras (des ados avec des soutifs sur la tête), la présence de Bill Paxton en frère sadique, mais également Robert Downey (pas encore Jr au générique). En guest, la visite surprise de Michael Berryman (la colline a des yeux) mais aussi Vernon Wells (Mad Max2)

Coincé entre les deux films majeurs de John Hugues (Breakfast Club et Ferris Bueller) le film n’est malheureusement pas aussi séduisant que son actrice principale.
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Shin Cyberlapinou
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Shin Cyberlapinou »

Après Un ticket pour deux (vraiment pas mal malgré une fin un peu balourde), Breakfast Club (assez surfait même si je comprends le culte) et Ferris Bueller (irritant malgré le charisme de Matthew Broderick) j'ai tenté Une créature de rêve et John Hughes ce n'est pas vraiment pour moi. A l'inverse de ses autres films voulus comme sensibles Hughes s'attaque à un sujet bien plus potache/rentre dedans (la touche Joel Silver?) et se retrouve un peu le cul entre deux chaises, n'osant pas le pur cartoon (ah, ce que Sam Raimi ou Joe Dante auraient pu faire d'un tel postulat) malgré une photo mieux trempée que d'habitude et ne pouvant pas aller vers quelque chose de plus sensible, je trouve Breakfast Club un peu balourd mais au moins il y a une volonté de dépasser les stéréotypes (c'est même le propos du film).

Les deux héros ont un arc très limité, n'ont pas une alchimie de folie (alors qu'un film aussi mineur que La nuit des sangsues marquait des points sur ce plan, à ma grande surprise et pour rester dans la même époque), idem pour Lisa (petit abattage pour Kelly LeBrock pourtant pas aidée par certains looks horriblement datés. Etonnant qu'elle n'ait pas plus percé), c'est toujours sympathique de voir Bill Paxton, Robert Downey Jr, Vernon Wells et Michael Berryman (l'apparition de ces deux derniers est fun mais on sent que Hughes n'est pas forcément à l'aise avec ce genre d'outrances), mais le côté madeleine de Proust doit forcément jouer dans l'appréciation du film, sachant que je garde ironiquement une petite affection pour la série spin off des années 90 qui a accompagné mes années boutonneuses.

Bref 5/10 et je garde mon baril de Heathers (justement conçu en réaction au cinéma de Hughes), tout en étant vaguement curieux pour 16 candles et surtout Une place à prendre, sans le moindre rapport avec Jennifer Connelly en marcel immaculé (un petit fétiche perso).
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Profondo Rosso
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Profondo Rosso »

Shin Cyberlapinou a écrit : 6 mai 21, 00:06sachant que je garde ironiquement une petite affection pour la série spin off des années 90 qui a accompagné mes années boutonneuses.
Je préfère largement aussi la série spin-off qui exploite largement plus les possibilités du concept. Le plus mauvais John Hughes de sa bonne période.
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Flol
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Flol »

Profondo Rosso a écrit : 6 mai 21, 13:57
Shin Cyberlapinou a écrit : 6 mai 21, 00:06sachant que je garde ironiquement une petite affection pour la série spin off des années 90 qui a accompagné mes années boutonneuses.
Je préfère largement aussi la série spin-off qui exploite largement plus les possibilités du concept.
Moi aussi.
Mais vous avez juste oublié de préciser pourquoi :
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Profondo Rosso
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Profondo Rosso »

Aaaah Vanessa Angel souvenir :oops: :mrgreen:
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Torrente »

Alors, pour le film oui.

Mais, pour "le reste", désolé mais non...
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Franchement... allez, allez, restons sérieux.
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Roilo Pintu
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Roilo Pintu »

Oui Torrente! A 200%!
Team Kelly, même si la série est effectivement supérieure.
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harry
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par harry »

Profondo Rosso a écrit : 6 mai 21, 15:17 Aaaah Vanessa Angel souvenir :oops: :mrgreen:
Ce triple combo du bonheur:
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Y'a besoin de quoi de plus?

Et oui, la série exploitait bien son concept a fond, souvenir de l'épisode en mode délire Twilight Zone ou encore le coup de la télécommande de VHS pour contrôler le temps.
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Mosin-Nagant
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Re: John Hughes (1950-2009)

Message par Mosin-Nagant »

Profondo Rosso a écrit : 6 mai 21, 13:57Le plus mauvais John Hughes de sa bonne période.
Qui reste donc d'un bon niveau, malgré tout. 8)
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