"Melinda et Melinda", dans mon souvenir (lointain), m'avait parût assez faiblard (bien que tout à fait regardable), et "Scoop" était à mon goût, un film sympathique mais anodin. Autant dire que je place ce "Whatever Works" bien au dessus de ces deux derniers. Il ne s'agit pas d'un monument dans la carrière du réalisateur, mais d'une véritable reconquête de son univers cynique et drôlissime. En ce qui me concerne, ça m'a fait un bien fou de retrouver Woody Allen tel que je l'aime, après son virage européen.Ben Castellano a écrit :Je trouve perso que "Melinda et Melinda" et "Scoop" sont supérieurs.
Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Miss Nobody
- heureuse d'être contente
- Messages : 9561
- Inscription : 23 oct. 05, 16:37
- Localisation : Quelque part ailleurs
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Décidément, tu n'as pas fini de me surprendre. J'aime moyennement Scoop mais il a bon nombre de défauts, et surtout on commence à se lasser de son actrice fétiche. Mais Melinda Melinda est absolument mauvais. Jamais je n'ai vu un mélange tragi-comique aussi insipide et raté... Dans ce genre, mieux vaut se repencher direct sur Crime et Délit.Ben Castellano a écrit :Je trouve perso que "Melinda et Melinda" et "Scoop" sont supérieurs.
- Profondo Rosso
- Howard Hughes
- Messages : 18527
- Inscription : 13 avr. 06, 14:56
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
A croire que le retour à New York a complètement atrophié l'inspiration de Woddy Allen (et pourtant j'ai pratique tout même le Melinda et Melinda qui se fait descendre plus haut). Gros raccourcis, petites transgressions qui se veulent drôle et fantaisiste mais qui sont surtout très poussives (surtout comparé au précédent) et un récit assez laborieux au final. Un Allen ne pouvant pas être totalement mauvais, on se réjouira d'avoir les dialogues du maître prononcé par un autre névrosé drolatique notoire en la personne de Larry David (faut vraiment que je vois "Curb you enthousiasm) créateur de George Costanza. Malgré la rencontre improbable, le début avec le couple mal assorti Larry David/Evan Rachel Wood fonctionne très bien, lui partant dans des envolées d'aigreur et de cynismes hilarant, et elle charmante en blonde du sud un peu simplette rapidement influencé par l'humeur massacrante de son bienfaiteur. Par contre dès que la mère, puis le père et plein d'autres personnage s'en mêlent c'est hystérie et clichés à tout les étages et on décroche totalement. Un cru assez moyen donc le prochain sera meilleur ! 3/6
-
- Décorateur
- Messages : 3689
- Inscription : 23 janv. 05, 12:07
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Je trouve perso Johansson bien meilleure dans "Scoop" que dans "Vicky", elle a un abattage comique qui tiens plutôt bien la route et a été peu exploité à part là dedans. C'est un dérivé de "Meurtres mystérieux...", pas beaucoup d'originalité mais j'aime le charme de ses scènes de magie/cabaret et sa légèreté. J'étais content aussi de revoir Allen que j'y trouve meilleur que dans "Anything else" ou "Hollywood ending". C'est pas un chefs d'oeuvre mais dans ses dix dernieres années c'est l'un des plus sympas!Major Tom a écrit :Décidément, tu n'as pas fini de me surprendre. J'aime moyennement Scoop mais il a bon nombre de défauts, et surtout on commence à se lasser de son actrice fétiche. Mais Melinda Melinda est absolument mauvais. Jamais je n'ai vu un mélange tragi-comique aussi insipide et raté... Dans ce genre, mieux vaut se repencher direct sur Crime et Délit.Ben Castellano a écrit :Je trouve perso que "Melinda et Melinda" et "Scoop" sont supérieurs.
Quand à "Melinda et Melinda" j'ai trouvé ce film vraiment très sous-estimé, surtout quand on fait l'éloge inconditionnel du facile "Match Point" à côté... C'est déséquilibré et pas abouti sans doute mais c'est un film qui tente des choses et ne s'enferme pas dans la routine où les petites constructions fermées de certains de ses récents, il sait parfois être vraiment touchant aussi. Et j'avais été assez ému par la partie "tragique", les comédiens sont en prime tous excellents et originaux chez lui.
Mais je ne comparerais pas à "Crimes et Délits", c'est peut-être son dernier grand film (faut que je revois "Harry dans tous ses états")
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17112
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Whatever works confirme l'avancée de Woody Allen vers la grande inconnue qui l'a toujours combattue avec humour et désenchantement.
Car cette comédie dramatique situe un retour aux sources qui n'est pas anodin. Il me paraît évident que New York, à travers le personnage principal, ne suffit plus à se "ressourcer".
Une étrange et bienvenue amertume se dégage de cette oeuvre sarcastique dont le cynisme se fera battre petit à petit par la naïveté et l'innocence.
Pour finir finalement sur un éloge du bonheur à prendre dès qu'il se présente.
Excellent, pour ma part !
Car cette comédie dramatique situe un retour aux sources qui n'est pas anodin. Il me paraît évident que New York, à travers le personnage principal, ne suffit plus à se "ressourcer".
Une étrange et bienvenue amertume se dégage de cette oeuvre sarcastique dont le cynisme se fera battre petit à petit par la naïveté et l'innocence.
Pour finir finalement sur un éloge du bonheur à prendre dès qu'il se présente.
Excellent, pour ma part !
Mother, I miss you
- AtCloseRange
- Mémé Lenchon
- Messages : 25415
- Inscription : 21 nov. 05, 00:41
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
C'ets effectivement le Woody Allen ancien qui revient et je ne vais pas m'en plaindre. C'est son film le plus drôle depuis pas mal de temps. Le film n’apporte pas forcément grand chose à l'univers Allenien puisque Larry David se substitue finalement à l'auteur et que ces réflexions sur la mort et le monde qui nous entoure, on peut dire qu'il les a largement labouré. Mais voilà, il a déjà un don pour découvrir les acteurs (et notamment les actrices) et c'est encore le cas ici avec la révélation Evan Rachel Wood. Je l'appréciais déjà beaucoup mais elle illumine le film. J'ai d'abord pensé qu'il l'avait choisi en "remplacement" d'une Scarlett Johannson indisponible mais non, il avait vraiment besoin d'actrice plus jeune et son choix s'est une fois de plus révélé parfait.
Plus qu'à Harry dans Tous Ses Etats auquel je pensais au vu du pitch, c'est plutôt à des films comme Maudite Aphrodite (qui lui aussi dépendant beaucoup de sa révélation féminine Mira Sorvino) ou Antything Else aurait tendance à renvoyer.
Un bon cru et qui devrait être un beau succès public.
Plus qu'à Harry dans Tous Ses Etats auquel je pensais au vu du pitch, c'est plutôt à des films comme Maudite Aphrodite (qui lui aussi dépendant beaucoup de sa révélation féminine Mira Sorvino) ou Antything Else aurait tendance à renvoyer.
Un bon cru et qui devrait être un beau succès public.
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
-
- Mytho Boy sans spoiler
- Messages : 5016
- Inscription : 23 févr. 07, 11:54
- Localisation : alif-lam-mim
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
J'ai franchement apprécié cette heure et demie.
Un woody allen qui revient aux sources tout en restant moderne.
On y retrouve cet esprit de ses premiers longs, avec cet univers New-Yorkais et cette magnifique BO jazzy/classique comme il en a l'habitude. Larry David, sosie parfait de notre "hypocondriaque beg' intellectuel gerbant toutes les cinq minutes sur l'humanité à grands coups de tirades déjà cultes" préféré, et de très bons seconds rôles auront suffit à me faire passer un excellent moment.
Bravo!
Un woody allen qui revient aux sources tout en restant moderne.
On y retrouve cet esprit de ses premiers longs, avec cet univers New-Yorkais et cette magnifique BO jazzy/classique comme il en a l'habitude. Larry David, sosie parfait de notre "hypocondriaque beg' intellectuel gerbant toutes les cinq minutes sur l'humanité à grands coups de tirades déjà cultes" préféré, et de très bons seconds rôles auront suffit à me faire passer un excellent moment.
Bravo!
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54805
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Un Woody mineur, mais plaisant.
En fait, je regrette "juste" une certaine cassure dans le rythme à partir du moment où Patricia Clarkson débarque. Avant cela, quel bonheur que d'assister aux joutes verbales entre le misanthrope/aigri/hypocondriaque Larry David (étonnant de le voir si bien se fondre dans l'univers du réalisateur new-yorkais, pour nous camper un personnage autant "Allenien" que "Davidien") et la naïve/innocente/gentille Evan Rachel Wood (qui, malgré son look et son accent de redneck, est totalement craquante).
Je regrette donc que le récit s'éparpille un peu trop, pour nous parler des amours de la mère, du retour du père (et son changement de bord), j'aurais vraiment préféré que le scénario reste centré sur les 2 personnages principaux.
Mais à part ça, ça se suit sans déplaisir, et voir Woody réinvestir son lieu et ses obsessions de prédilection, ça fait plaisir aussi.
6.5/10
En fait, je regrette "juste" une certaine cassure dans le rythme à partir du moment où Patricia Clarkson débarque. Avant cela, quel bonheur que d'assister aux joutes verbales entre le misanthrope/aigri/hypocondriaque Larry David (étonnant de le voir si bien se fondre dans l'univers du réalisateur new-yorkais, pour nous camper un personnage autant "Allenien" que "Davidien") et la naïve/innocente/gentille Evan Rachel Wood (qui, malgré son look et son accent de redneck, est totalement craquante).
Je regrette donc que le récit s'éparpille un peu trop, pour nous parler des amours de la mère, du retour du père (et son changement de bord), j'aurais vraiment préféré que le scénario reste centré sur les 2 personnages principaux.
Mais à part ça, ça se suit sans déplaisir, et voir Woody réinvestir son lieu et ses obsessions de prédilection, ça fait plaisir aussi.
6.5/10
-
- Nuits de Sheen...
- Messages : 7694
- Inscription : 17 févr. 06, 18:50
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
J'ai finalement exactement les même réserves que toi. Le film est bien plus faible quand le personnage de Clarkson vient diviser le récit (et finit par se réorienter vers ce que Woody "produit" plus récemment).Ratatouille a écrit :Un Woody mineur, mais plaisant.
En fait, je regrette "juste" une certaine cassure dans le rythme à partir du moment où Patricia Clarkson débarque. Avant cela, quel bonheur que d'assister aux joutes verbales entre le misanthrope/aigri/hypocondriaque Larry David (étonnant de le voir si bien se fondre dans l'univers du réalisateur new-yorkais, pour nous camper un personnage autant "Allenien" que "Davidien") et la naïve/innocente/gentille Evan Rachel Wood (qui, malgré son look et son accent de redneck, est totalement craquante).
Je regrette donc que le récit s'éparpille un peu trop, pour nous parler des amours de la mère, du retour du père (et son changement de bord), j'aurais vraiment préféré que le scénario reste centré sur les 2 personnages principaux.
Mais à part ça, ça se suit sans déplaisir, et voir Woody réinvestir son lieu et ses obsessions de prédilection, ça fait plaisir aussi.
6.5/10
Mais pour beaucoup de raison, ça reste mon Allen préféré depuis Anything Else.
Pour rapprocher de ce que j'envoyais par mail à AtCloseRange concernant le film :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 221
- Inscription : 31 janv. 09, 15:21
- Localisation : Mandrake Falls - Vermont
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Tout d'abord, il faut avouer que l'on ne s'ennuie pas une minute durant Whatever works : c'est rythmé, souvent très drôle, bien joué... mais au bout du compte assez anodin. Si le film n'était pas porté par les dialogues toujours aussi brillants du grand Woody, on ne crierait pas au génie.
On aurait pu se réjouir du retour à New-York mais finalement, cela n'apporte pas grand chose car j'ai eu l'impression d'assister à une répétition d'Annie Hall (qui est juste sublime) ou de Anything Else (qui n'était déjà pas transcendant...). Bien sûr, l'image est jolie mais je trouve que la mise en scène est quasi inexistante, ce qui pour un génie tel que Woody Allen, n'est pas vraiment excusable. Le film comporte même quelques facilités : le dialogue avec les spectateurs m'est apparu comme une fausse bonne idée, la transformation des parents est un peu rapide, la morale finale un peu simpliste...
Enfin, je voudrais m'opposer à une tendance de ce topic à dénigrer les derniers films de Woody Allen. J'ai vu beaucoup de ses films (j'ai arrêté de compter à 20...) et je trouve que certains de ces dernières années font partie des sommets de sa carrière ( au hasard : Le sortilège du scorpion de Jade, Célébrity, Match Point, Vicky Christina Barcelona...). Vous l'aurez compris, je suis un ardent défenseur des films de Woody avec Scarlett Johanson et pas seulement parce que je trouve que c'est une des stars hollywoodiennes les plus intéressantes des années 2000 (cf. mon avatar). Les personnages joués par la divine Scarlett apporte une sensualité et surtout une profonde mélancolie au cinéma allénien. Dans le fabuleux Match Point, elle irradiait chaque plan où elle apparaissait et, au milieu du film, son personnage se chargeait d'une violence hystérique impressionnante, jusqu'à faire basculer le film dans la tragédie. Dans Vicky Christina Barcelona, les plans où elle réfléchit devant la mer sont magnifiques et je trouve que la façon dont elle joue "la femme qui se dit libérée mais qui est submergée par trop de sensualité" est très délicate. Ce film dans son ensemble est injustement décrié car on s'est arrêté aux clichés de l'Espagne (alors que Woody Allen s'amuse justement de ces clichés car tout le fim repose sur la façon dont les deux personnages fantasment leurs relations amoureuses au lieu de les vivre). A mon avis, seule la revue Positif a bien parlé de ce film.
Alors oui, Evan Rachel Wood est craquante mais non, contrairement à ce que je lis partout, elle n'est pas aussi géniale que S. Johanson. Je pense même que Woody Allen a cherché en Evan Rachel Wood une copie de sa précédente muse (qui paraît-il devenait trop capricieuse à son goût) jusque dans la façon de la coiffer. Mais au fond, le personnage féminin de Whatever Works se limite à une ravissante idiote ; le film veut montrer qu'elle est peut-être autre chose mais n'y parvient pas vraiment.
On aurait pu se réjouir du retour à New-York mais finalement, cela n'apporte pas grand chose car j'ai eu l'impression d'assister à une répétition d'Annie Hall (qui est juste sublime) ou de Anything Else (qui n'était déjà pas transcendant...). Bien sûr, l'image est jolie mais je trouve que la mise en scène est quasi inexistante, ce qui pour un génie tel que Woody Allen, n'est pas vraiment excusable. Le film comporte même quelques facilités : le dialogue avec les spectateurs m'est apparu comme une fausse bonne idée, la transformation des parents est un peu rapide, la morale finale un peu simpliste...
Enfin, je voudrais m'opposer à une tendance de ce topic à dénigrer les derniers films de Woody Allen. J'ai vu beaucoup de ses films (j'ai arrêté de compter à 20...) et je trouve que certains de ces dernières années font partie des sommets de sa carrière ( au hasard : Le sortilège du scorpion de Jade, Célébrity, Match Point, Vicky Christina Barcelona...). Vous l'aurez compris, je suis un ardent défenseur des films de Woody avec Scarlett Johanson et pas seulement parce que je trouve que c'est une des stars hollywoodiennes les plus intéressantes des années 2000 (cf. mon avatar). Les personnages joués par la divine Scarlett apporte une sensualité et surtout une profonde mélancolie au cinéma allénien. Dans le fabuleux Match Point, elle irradiait chaque plan où elle apparaissait et, au milieu du film, son personnage se chargeait d'une violence hystérique impressionnante, jusqu'à faire basculer le film dans la tragédie. Dans Vicky Christina Barcelona, les plans où elle réfléchit devant la mer sont magnifiques et je trouve que la façon dont elle joue "la femme qui se dit libérée mais qui est submergée par trop de sensualité" est très délicate. Ce film dans son ensemble est injustement décrié car on s'est arrêté aux clichés de l'Espagne (alors que Woody Allen s'amuse justement de ces clichés car tout le fim repose sur la façon dont les deux personnages fantasment leurs relations amoureuses au lieu de les vivre). A mon avis, seule la revue Positif a bien parlé de ce film.
Alors oui, Evan Rachel Wood est craquante mais non, contrairement à ce que je lis partout, elle n'est pas aussi géniale que S. Johanson. Je pense même que Woody Allen a cherché en Evan Rachel Wood une copie de sa précédente muse (qui paraît-il devenait trop capricieuse à son goût) jusque dans la façon de la coiffer. Mais au fond, le personnage féminin de Whatever Works se limite à une ravissante idiote ; le film veut montrer qu'elle est peut-être autre chose mais n'y parvient pas vraiment.
"I scream, you scream, we all scream for ice cream..."
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Comme le dit Watkinssien, il y a beaucoup d'amertume dans ce film mais si celle-ci agit de façon plutôt souterraine. Certes, Whatever Works est très souvent jubilatoire avec des dialogues percutants et vachards énoncés par Larry David en grande forme (son personnage est la synthèse parfaite entre le maître Allen et l'élève David). Mais après les éclats de rire et le bonheur rempli de nostalgie du spectateur de voir le cinéaste revenir sur ses terres et tenter un "commentaire" sur ses œuvres anciennes (surtout Manhattan, Annie Hall, et un peu Harry dans tous ses états mais en moins ambitieux sur le plan formel), je vois aussi le Voltaire de Candide ("Il faut cultiver son jardin") et surtout le Charlie Chaplin d'après-guerre.
Autant qu'à Manhattan, c'est aux Feux de la rampe que le scénario de Whatever Works fait penser : un homme seul, cynique et épuisé moralement va recueillir une jeune femme perdue qui va égayer (ou plutôt tenter d'égayer) son existence par sa fraîcheur et son optimisme (enfin surtout dans le film de Woody). Woody Allen adore Chaplin, ce n'est pas surprenant. La vision du monde de Chaplin a changé après la Guerre 39-45 ; Monsieur Verdoux, Les Feux de la rampe et Un roi à New York se caractérisent, au-delà de leur humour, par une aigreur et un grand fatalisme (plus ou moins prononcé selon les films). Dans Whatever Works, Woody Allen nous balance des dialogues méchants et des idées noires qu'il a l'intelligence de ne pas sacraliser en tournant constamment en dérision le personnage qui les débite avec talent. Mais ce travail de sape fait son œuvre, et ce faux "feel good movie" donne autant de plaisir qu'il déconcerte par le discours que tient le cinéaste : l'absurdité de sa vision du monde a toujours été tragi-comique mais elle ne donnait pas autant l'impression d'un tel fatalisme. Enfin, c'est comme ça que je l'ai perçu dans ce film, certes un peu paresseux, mais plutôt roboratif.
Autant qu'à Manhattan, c'est aux Feux de la rampe que le scénario de Whatever Works fait penser : un homme seul, cynique et épuisé moralement va recueillir une jeune femme perdue qui va égayer (ou plutôt tenter d'égayer) son existence par sa fraîcheur et son optimisme (enfin surtout dans le film de Woody). Woody Allen adore Chaplin, ce n'est pas surprenant. La vision du monde de Chaplin a changé après la Guerre 39-45 ; Monsieur Verdoux, Les Feux de la rampe et Un roi à New York se caractérisent, au-delà de leur humour, par une aigreur et un grand fatalisme (plus ou moins prononcé selon les films). Dans Whatever Works, Woody Allen nous balance des dialogues méchants et des idées noires qu'il a l'intelligence de ne pas sacraliser en tournant constamment en dérision le personnage qui les débite avec talent. Mais ce travail de sape fait son œuvre, et ce faux "feel good movie" donne autant de plaisir qu'il déconcerte par le discours que tient le cinéaste : l'absurdité de sa vision du monde a toujours été tragi-comique mais elle ne donnait pas autant l'impression d'un tel fatalisme. Enfin, c'est comme ça que je l'ai perçu dans ce film, certes un peu paresseux, mais plutôt roboratif.
-
- Entier manceau
- Messages : 5463
- Inscription : 7 sept. 05, 13:49
- Localisation : Entre Seine et Oise
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Une déception, Whatever works se révélant pour moi le plus dispensable des récents Woody Allen.
Pourtant, le potentiel était bien là, entre l'abattage de Larry David et la candeur déguisée d'Evan Rachel Wood, mais j'ai eu l'impression que le film ne parvenait pas à décoller par rapport à sa situation de départ...une trame sans rythme et sans vie.
Le regard misanthrope me semble extrêmement forcé, et si Allen prend toujours de la distance face à ces élucubrations, ce décalage justement ne m'a pas paru convaincant. La démonstration est inutilement bavarde et surtout caricaturale. En enfermant ses protagonistes, Woody ne parvient pas à trouver sa légèreté et son aisance habituelles.
La deuxième partie, avec ses rebondissements plus ou moins prévisibles, s'avère d'ailleurs particulièrement faible, jusqu'à un final gratuit et bien consciencieux. Où la photo de famille ne représente qu'une énième pirouette paresseuse.
Peu d'inspiration, donc...et c'est dommage tant Allen, sur quelques scènes, parvient à faire illusion et exprimer une lucidité fatiguée avec tact. Mais la fraîcheur et la dérision sont malheureusement bien rares, face à un discours d'une trop grande lourdeur.
Pourtant, le potentiel était bien là, entre l'abattage de Larry David et la candeur déguisée d'Evan Rachel Wood, mais j'ai eu l'impression que le film ne parvenait pas à décoller par rapport à sa situation de départ...une trame sans rythme et sans vie.
Le regard misanthrope me semble extrêmement forcé, et si Allen prend toujours de la distance face à ces élucubrations, ce décalage justement ne m'a pas paru convaincant. La démonstration est inutilement bavarde et surtout caricaturale. En enfermant ses protagonistes, Woody ne parvient pas à trouver sa légèreté et son aisance habituelles.
La deuxième partie, avec ses rebondissements plus ou moins prévisibles, s'avère d'ailleurs particulièrement faible, jusqu'à un final gratuit et bien consciencieux. Où la photo de famille ne représente qu'une énième pirouette paresseuse.
Peu d'inspiration, donc...et c'est dommage tant Allen, sur quelques scènes, parvient à faire illusion et exprimer une lucidité fatiguée avec tact. Mais la fraîcheur et la dérision sont malheureusement bien rares, face à un discours d'une trop grande lourdeur.
-
- n'est pas Flaubert
- Messages : 8464
- Inscription : 19 nov. 05, 15:35
- Contact :
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Globalement, et à l'inverse de Joe, il s'agit de mon Woody Allen préféré des années 2000, celui qui m'est apparu comme le plus naturel dans sa construction et ses développements. Tout cinéaste cherche la fréquence qui lui conviendra le mieux, celle sur laquelle ses images et ses artifices donneront l'impression du naturel. Les grands cinéastes sont ceux qui l'ont trouvée.
Allen a toujours été misanthrope et son humour a toujours été celui du désespoir. Longtemps son humour a pris la forme d'un autodénigrement, par peur de la réaction des autres s'il s'en prenait à eux, car il est petit et malingre, avec un visage flasque dévoré par de grandes lunettes. Cette moquerie perpétuelle à l'égard de lui-même nous faisait parfois oublier qu'il pensait également du mal des autres, qu'il ne se faisait aucune illusion sur le monde.
En engageant Larry David pour jouer à sa place dans Whatever Works, Allen peut donner libre court à sa misanthropie naturelle. David a un visage beaucoup plus agressif qu'Allen, il est plus jeune, plus méchant, plus assuré dans ses mouvements, et peut jouer les misanthropes avec une aisance qui n'est jamais forcée. Il est hypocondriaque comme Allen, mais ne donne jamais l'impression d'être trouillard vis-à-vis des autres au contraire d'Allen. Alors, David peut dire tout haut les pires choses sur l'humanité, et lancer autant d'anathèmes qu'Allen en tant que personnage pensait sans doute tout bas mais sans jamais oser les dire à l'écran, par crainte de représailles ou parce que cela n'aurait pas été crédible.
Cette misanthropie s'exerce dans Whatever Works par l'intermédiaire des mots, du dialogue, l'élément naturel de l'art de Woody Allen, celui dans lequel il est roi en son domaine. Dans certains de ses films plus récents, cette misanthropie s'exerçait au travers de l'intrigue et de sa résolution cynique, bref au travers des actes de ses personnages. Mais ce n'est pas dans l'action, je crois, qu'Allen est un grand cinéaste (ce qui n'empêche pas la très grande inventivité narrative de ses chefs-d'oeuvre des années 77-97). En revenant aux mots dans Whatever Works, Allen signe un film sincère et naturel, profondément pessimiste, parfois inégal (la découverte tardive par le père de son homosexualité est un peu ridicule), dont la chute en forme de "happy end" est trompeuse : il faut essayer "ce qui marche", certes, mais tout est éphémère, surtout le bonheur, et celui-ci ne peut arriver que si quelqu'un tire les ficelles dans l'ombre (la mère pour la jeune fille, le recours au fantastique pour Larry David (cf, la medium qui passe sous sa fenêtre à dessein lorsqu'il tente de se suicider)). S'il fallait tirer une morale du film, ce serait : "essayons ce qui marche, mais comme c'est une solution de repli, un simple calfeutrage instable, comme il n'y a ni Dieu, ni transcendance, cela ne marche jamais longtemps".
Comme d'habitude, seule New York échappe au pessimisme d'Allen. Chez lui, elle est radieuse et ensoleillée, peuplée d'âmes souriantes, et l'on y passe de cafés en expositions. Il semble que personne n'y travaille jamais. Malgré ses escapades européennes, elle demeure à l'évidence le coeur battant de Woody, elle est le lieu où il a besoin de se ressourcer, le rêve vers lequel il se tourne quand il n'en peut plus de sa misanthropie et de son désespoir.
Allen a toujours été misanthrope et son humour a toujours été celui du désespoir. Longtemps son humour a pris la forme d'un autodénigrement, par peur de la réaction des autres s'il s'en prenait à eux, car il est petit et malingre, avec un visage flasque dévoré par de grandes lunettes. Cette moquerie perpétuelle à l'égard de lui-même nous faisait parfois oublier qu'il pensait également du mal des autres, qu'il ne se faisait aucune illusion sur le monde.
En engageant Larry David pour jouer à sa place dans Whatever Works, Allen peut donner libre court à sa misanthropie naturelle. David a un visage beaucoup plus agressif qu'Allen, il est plus jeune, plus méchant, plus assuré dans ses mouvements, et peut jouer les misanthropes avec une aisance qui n'est jamais forcée. Il est hypocondriaque comme Allen, mais ne donne jamais l'impression d'être trouillard vis-à-vis des autres au contraire d'Allen. Alors, David peut dire tout haut les pires choses sur l'humanité, et lancer autant d'anathèmes qu'Allen en tant que personnage pensait sans doute tout bas mais sans jamais oser les dire à l'écran, par crainte de représailles ou parce que cela n'aurait pas été crédible.
Cette misanthropie s'exerce dans Whatever Works par l'intermédiaire des mots, du dialogue, l'élément naturel de l'art de Woody Allen, celui dans lequel il est roi en son domaine. Dans certains de ses films plus récents, cette misanthropie s'exerçait au travers de l'intrigue et de sa résolution cynique, bref au travers des actes de ses personnages. Mais ce n'est pas dans l'action, je crois, qu'Allen est un grand cinéaste (ce qui n'empêche pas la très grande inventivité narrative de ses chefs-d'oeuvre des années 77-97). En revenant aux mots dans Whatever Works, Allen signe un film sincère et naturel, profondément pessimiste, parfois inégal (la découverte tardive par le père de son homosexualité est un peu ridicule), dont la chute en forme de "happy end" est trompeuse : il faut essayer "ce qui marche", certes, mais tout est éphémère, surtout le bonheur, et celui-ci ne peut arriver que si quelqu'un tire les ficelles dans l'ombre (la mère pour la jeune fille, le recours au fantastique pour Larry David (cf, la medium qui passe sous sa fenêtre à dessein lorsqu'il tente de se suicider)). S'il fallait tirer une morale du film, ce serait : "essayons ce qui marche, mais comme c'est une solution de repli, un simple calfeutrage instable, comme il n'y a ni Dieu, ni transcendance, cela ne marche jamais longtemps".
Comme d'habitude, seule New York échappe au pessimisme d'Allen. Chez lui, elle est radieuse et ensoleillée, peuplée d'âmes souriantes, et l'on y passe de cafés en expositions. Il semble que personne n'y travaille jamais. Malgré ses escapades européennes, elle demeure à l'évidence le coeur battant de Woody, elle est le lieu où il a besoin de se ressourcer, le rêve vers lequel il se tourne quand il n'en peut plus de sa misanthropie et de son désespoir.
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52281
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Woody revient aux sources, et ça nous donne un excellent film, et surtout très drôle, ce qui m'avait un peu manqué dans ses précédents films.
Comme beaucoup, c'est la première fois que ej voyais Larry David, et son débit ne m'a pas gêné une seconde, au contraire, les autres personnages se mettent au diapason pour la rapidité de parole. Au bout d'un moment, on se prend d'affection pour son personnage, tout pénible qu'il soit ; son divorce l'a rendu misanthrope, mais la rencontre avec Mélodie va lui changer sa vie.
Et je trouve que plus le temps passe, plus Woody Allen se "lâche" pour les phrases, de plus en plus graveleuses, ou bien provocantes (celle concernant les camps de concentrations est fabuleuse). D'ailleurs, le groupe de Rock que va voir la jeune fille s'appelle "Anal Sphincter", la classe !
Même si je trouve que c'est un peu précipité à la fin, dès l'arrivée du père de Mélodie, il y a suffisamment de choses drôles, mais aussi intelligents, pour qu'on passe un excellent moment.
Comme beaucoup, c'est la première fois que ej voyais Larry David, et son débit ne m'a pas gêné une seconde, au contraire, les autres personnages se mettent au diapason pour la rapidité de parole. Au bout d'un moment, on se prend d'affection pour son personnage, tout pénible qu'il soit ; son divorce l'a rendu misanthrope, mais la rencontre avec Mélodie va lui changer sa vie.
Et je trouve que plus le temps passe, plus Woody Allen se "lâche" pour les phrases, de plus en plus graveleuses, ou bien provocantes (celle concernant les camps de concentrations est fabuleuse). D'ailleurs, le groupe de Rock que va voir la jeune fille s'appelle "Anal Sphincter", la classe !
Même si je trouve que c'est un peu précipité à la fin, dès l'arrivée du père de Mélodie, il y a suffisamment de choses drôles, mais aussi intelligents, pour qu'on passe un excellent moment.
- Ouf Je Respire
- Charles Foster Kane
- Messages : 25906
- Inscription : 15 avr. 03, 14:22
- Localisation : Forêt d'Orléans
Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)
Joli. Je suis assez d'accord avec ce texte.cracoucas a écrit :Retour à Brooklynn et retour aux fondamentaux pour ce Whatever Works plus legers et plus aboutis que Vicky Cristina Barcelona.
Larry David en double de Woody, c'était une évidence pour les fans de "Larry et son nombril", hilarante série de l'ex co-auteur de Seinfeld.
Whatever Works est le film d'un vieux monsieur qui se voit mourir. Hypocondriaque, paranoïaque et depressif, le personnage Allenien n'aura finalement rien gagné de ses voyages en europe. Le monde est risible, les "génies" font comme les autres: ce qu'ils peuvent.
Reste NY, les souvenirs des films anciens, les clichés qui sont souvent la meilleure façon de se faire comprendre. Le monde est absurde: tout n'est que Hasard, d'ultra religieux à polygame de Greenwich village il n'y a rien: juste des circonstances.
Propos desespérés, non que la vie soit horrible mais elle est absurde, autant s'en amuser, autant pousser cette absurdité jusqu'au bout pour faire de Brooklyn un gigantesque cinéma où tout est possible.
Au sommet de son art de dialoguiste, Woody ne semble plus croire en rien, si ce n'est en l'illusion. La télé qui repasse de vieux films, les néons que l'on aperçoit de la fenêtre de Youri, une adorable idiote (formidable Evan Rachel Wood); cadeaux tombé du ciel mais surtout personnage d'un autre monde. Revenu à Brooklyn, Woody film un autre monde. La noirceur est là, le gouffre est tout autour de l'écran, sur l'écran des comédiens pas dupe, des situations drollissimes comme Woody Allen n'en avait pas écrites depuis trop longtemps.
Une mise en scène élégante, qui va directement au coeur de la scène, sans fioritures: le film d'un homme qui sait que le temps lui est compté.
On attend du génie le film crépusculaire, il réalise une fantaisie où il tourne en dérision ses angoisses et ses certitudes.
"Whatever Works" se berce d'illusions, de clichés, d'excès. Une oeuvre bavarde et outrée...Woody revient sur les terres qui lui ont valu l'admiration de certains et le dédain de beaucoup.
Woody semble réaliser ses films, comme Max Von Sydow jouait avec la mort, qu'importe si à la fin l'absurdité de l'existence le submergera...Le principal est que sa marche!
- Spoiler (cliquez pour afficher)