Martin Scorsese

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Père Jules
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Re: Martin Scorsese

Message par Père Jules »

Je n'aime absolument rien de ce qu'il a fait depuis 2000.
Il s'est à mon sens perdu dans un cinéma facile et sans grande consistance (je me fous comme de l'an 40 de l'histoire de New York, de la bio d'un producteur mégalo ou de son remake tout juste moyen d'un très bon film asiatique, quant à Shutter Island, je m'y suis royalement emmerdé...), sa carrière est derrière lui depuis un bon moment. Il n'avait certes plus rien à prouver, mais tout de même.
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Demi-Lune
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Re: Martin Scorsese

Message par Demi-Lune »

Père Jules a écrit :son remake tout juste moyen d'un très bon film asiatique
Pour celui-là, je suis franchement abasourdi qu'on puisse préférer l'original (c'est pas personnel comme remarque, hein, le cas clive encore beaucoup). Le scénario et la mise en scène d'Infernal Affairs sont totalement poussifs et ridicules, à mon avis. Alors que le père Marty, c'est quand même une leçon de cinéma de 2h30. Le montage, les cadrages, les travellings, les acteurs... un film de fou furieux. Et le numéro de Nicholson est anthologique.
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Père Jules
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Re: Martin Scorsese

Message par Père Jules »

Infernal Affairs est un film nerveux et remarquablement foutu, le remake de Scorsese en aseptise grandement le contenu et Nicholson cabotine un max. Pouet !
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Demi-Lune
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Re: Martin Scorsese

Message par Demi-Lune »

:mrgreen:
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cinephage
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Re: Martin Scorsese

Message par cinephage »

Rick Blaine a écrit : :shock:

Effectivement je crois que Marty fatigue, ce discours est incohérent avec la nature de son cinéma comme tu le dis.
Marty a toujours été un excellent technicien. Il a été un des meilleurs utilisateurs de la steadicam quelques années à peine après la création de l'outil, il a toujours visé à rester en phase avec son temps. Je ne partage pas son enthousiasme, loin s'en faut (la 3D me fatigue, en fait). Mais en s'enthousiasmant pour une technologie qu'il souhaite expérimenter et utiliser dans ses films à venir, je ne trouve pas du tout qu'il soit incohérent avec la nature de son cinéma.

Herzog et Wenders ont prouvé que la 3D n'était pas réservée aux blockbusters de Michael Bay.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Rick Blaine
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Re: Martin Scorsese

Message par Rick Blaine »

Père Jules a écrit :Infernal Affairs est un film nerveux et remarquablement foutu, le remake de Scorsese en aseptise grandement le contenu et Nicholson cabotine un max. Pouet !
Je ne trouve pas. J'aime beaucoup le film de Lau et Mak (le premier, pas les 2 suites qui sont nulles et qui pourtant sont utilisés en partie comme matière par Scorsese, ce qui fait que si on compare l’œuvre de Scorsese et la trilogie initiale, il n'y a pas photo), mais je trouve que Scorsese en a fait un remake brillant, à la fois fidèle à l'esprit de l'original et remarquablement cohérent avec l'esprit du cinéma Scorsesien. Et je trouve que Nicholson y donne une de ses plus belles performances, il y est remarquable! (Bref, on est pas du tout d'accord!! :mrgreen: )
cinephage a écrit :
Rick Blaine a écrit : :shock:

Effectivement je crois que Marty fatigue, ce discours est incohérent avec la nature de son cinéma comme tu le dis.
Marty a toujours été un excellent technicien. Il a été un des meilleurs utilisateurs de la steadicam quelques années à peine après la création de l'outil, il a toujours visé à rester en phase avec son temps. Je ne partage pas son enthousiasme, loin s'en faut (la 3D me fatigue, en fait). Mais en s'enthousiasmant pour une technologie qu'il souhaite expérimenter et utiliser dans ses films à venir, je ne trouve pas du tout qu'il soit incohérent avec la nature de son cinéma.

Herzog et Wenders ont prouvé que la 3D n'était pas réservée aux blockbusters de Michael Bay.
Oui, tu as peut-être raison, pour l'instant j'associe la 3D a des effets ponctuels, pas à une grammaire qui viendrait enrichir un cinéma comme celui de Scorsese, mais je n'ai vu ni le Herzog, ni le Wenders, ni même Hugo en 3D.
julien
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Re: Martin Scorsese

Message par julien »

Je l'ai déjà dit mais pour le moment la 3D telle qu'on nous la présente, est basé sur le même principe technologique que le cinéma 2D en relief des années 50, d'ailleurs il faut toujours des lunettes pour pouvoir voir l'effet de relief. A l'heure actuelle, la technique n'est suffisamment pas encore avancé à mon avis pour faire de la réelle prise de vue en 3D et créer ainsi une nouvelle grammaire cinématographique révolutionnaire.
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Re: Martin Scorsese

Message par Profondo Rosso »

Boxcar Bertha (1972)

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Le père de Bertha Thompson, pressé par son employeur de terminer son travail, meurt sous ses yeux. Depuis cet incident, elle voyage dans des wagons à bestiaux, sillonnant l'Amérique de la Grande dépression. Elle rencontre un jeune syndicaliste qui tente d'entraîner les cheminots à la grève puis un joueur qui porte un revolver. Elle les suit dans leurs aventures.

Le succès du Bonnie and Clyde d'Arthur Penn en 1967 aura engendré un véritable revival du film de gangster rétro et les années suivantes voient le genre largement revisité dans notamment le mémorable Pas d'orchidées pour Miss Blandish de Robert Aldrich, Dillinger de John Milius ou du côté du cinéma d'exploitation Capone de John Carver produit par Roger Corman. C'est ce même Corman flairant toujours les filons en vogue qui confiera à Martin Scorsese ce Boxcar Bertha qui constituera son vrai premier film après Who's That Knocking at My Door qui malgré ses qualités demeure une extension d'un film étudiant en long-métrage. Le film adapte (très librement) Sister of the Road de Ben Reitman, autobiographie imaginaire de la tout aussi fictive femme gangster Bertha Thomson.

Boxcar Bertha par ainsi d'une base similaire à Bonnie and Clyde, biopic + version romancée et adolescente d'une odyssée criminelle. La nature purement fictive du matériau de base permet cependant à Scorsese de délivrer un film plus libre que Penn qui malgré ses audaces se soumettait néanmoins un minimum à la chronologie des évènements même si totalement réinterprétés. Scorsese comme Penn adapte complètement sa forme au point de vue candide et adolescent de son héroïne. Ne manque que les bootleggers sinon c'est un paysage quasiment fantasmé de la Grande Dépression que Scorsese nous dépeint en allant au plus simple même si véridique : patrons impitoyables adeptes de la brisure de grève musclée, gauchiste vindicatif et idéalistes, hobos adeptes du transport clandestins sur les chemins de fer... Le film fonctionne plus par saynètes que sur une vraie construction dramatique où Bertha (Barbara Hershey) se laisse porter au gré des évènements et rencontres pour devenir membres d'un gang avec ses compagnons tout aussi peu expérimenté Big Bill Shelly (David Carradine) syndicaliste détourné de sa voie, l'arnaqueur Rake Brown (Barry Primus) ou le protecteur Von (Bernie Casey). Chacun symbolise une frange écrasée par le système, Bertha perdant son père en ouverture à cause d'un patron tyrannique, Bill étant corrigé par les gros bras de ces mêmes patrons et Von victime du racisme ordinaire de l'époque. Tous vont ainsi s'unir face aux puissants qui leurs ont tant pris.

Les transitions et les ellipses surprennent, répondant autant à l'économie de moyens (reconstitution honnête mais en restant à un cadre rural) que toujours par cette volonté de retranscrire par l'image cette sensation d'insouciance et de liberté de Bertha. Barbara Hershey est très attachante en femme enfant découvrant peu à peu son attrait et Scorsese lui offre de jolies scènes tendre avec David Carradine telle leur première étreinte tout en douceur. Ce sont des enfants sur lesquels la criminalité tombe comme par accident et qui d'ailleurs s'y adonnent comme à un jeu (Bertha s'amusant à faire se lever et s'asseoir deux hommes de mains armée de son pistolet) même si quelques scrupules rongent Bill. Scorsese usera des même motifs en plus complexe pour exprimer le sentiment de toute-puissance de Johnny Boy dans Means Streets où les truands chevronnés des Affranchis. Et comme pour eux la chute sera brutale pour Bertha et ses compagnons dans une dernière partie très sombres où le réalisateur laisse pointer le spleen le plus troublant (le regard perdu derrière les sourires de Bertha coincé en maison close) et les explosions de violences sanglantes dont il a le secret avec notamment une mort christique assez éprouvante. Des débordements d'hémoglobine qui signe la fin de la récréation et du temps de l'innocence dans un saisissant final. Sous la commande et les exigences du film d'exploitation, Scorsese pose déjà joliment sa marque. 4,5/6
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Jeremy Fox
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Re: Martin Scorsese

Message par Jeremy Fox »

Alors que sort en sort en salles, en ce mois de décembre 2013, le tout dernier film de Martin Scorsese - Le Loup de Wall Street avec Leonardo DiCaprio - le distributeur Mission nous propose de (re)découvrir le deuxième long métrage réalisé en 1972 par le maître new-yorkais. Bertha Boxcar est un film particulier dans la carrière de Scorsese dans la mesure où il s'agit d'un film de commande tourné pour le fameux producteur-réalisateur Roger Corman, "pape de la série B" et grand découvreur de talents dans les années 60 et 70. Même si Bertha Boxcar ne constitue pas vraiment une pièce maîtresse de la filmographie de Martin Scorsese, qui en compte plusieurs, il est toujours intéressant d'observer les premiers pas d'un grand cinéaste, d'autant plus qu'il évolue ici dans un système de production plutôt singulier, très contraignant par endroits mais également très libre par certains côtés. Enfin, les amateurs de la superbe Barbara Hershey seront aux anges...
La chronique du film
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Re: Martin Scorsese

Message par Federico »

Scorsese en 4mn par l'excellent Luc Lagier.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Watkinssien
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Re: Martin Scorsese

Message par Watkinssien »

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Re: Martin Scorsese

Message par Mama Grande! »

New York New York

Film controversé dans la carrière de Martin Scorsese, à cause d'un mélange des genres déroutant entre film de studio pétaradant et réalisme urbain. Je suis plutôt client du mélange des genres en général, d'ailleurs il est rare que les plus grands films soient rangés dans un genre précis. Mais là, j'ai eu un peu de mal. Le film démarre sur les chapeaux de roue: comment ne pas éprouver de tendresse pour ce couple, pour la drague rentre dedans de De Niro, par le charme de Lisa Minelli. Puis quand on revient à la réalité lors du retour à New York, j'ai un peu eu le sentiment de perdre le film de vue. De Niro devient tellement antipathique par son incapacité à grandir, que je me sentais à distance. Et j'ai commencé à sentir des longueurs. Ou tout simplement, en termes de réalisme urbain, de films de couple, j'ai déjà vu bien mieux ailleurs. Ca n'empêche pas de très beaux moments, et un bon Scorsese en général qui a de l'énergie à revendre. Juste que je comprends la réputation de film malade de ce film.
Bcar
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Re: Martin Scorsese

Message par Bcar »

The Big Shave - Martin Scorsese
Nous sommes en 1967, année considérée comme celle du début du Nouvel Hollywood. Ça n’est donc pas un hasard si ce court-métrage long de 5 minutes signé Scorsese est resté dans les annales, c’est une œuvre extrêmement importante pour la décennie de cinéma américain à venir. Pourtant ce n’est pas à mon sens la parabole sur la guerre du Vietnam qui fait de ce film une œuvre si importante mais bien les images que créent Scorsese, on pourrait séparer The big shave de tout discours sans que ça n'enlève rien à la puissance de cette vision d'horreur froide.
Il y a dans la frontalité de la mise en scène, avec ces cadrages en gros plans sur ce rasoir repassant au même endroit jusqu'au sang, une radicalité, une violence sèche, brute qui laissera son empreinte dans les mémoires. Cet homme se coupe, on est là, quelques centimètres de lui, la pression monte crescendo, le sang souille son corps et le blanc de la salle de bain qui n’est pas sans rappeler Psychose. Il finira par s’égorger, sous nos yeux, il se videra de son sang, pourtant aucune réaction de sa part, pas le moindre signe de douleur comme si cet homme était déjà mort, peut être qu’il achève son enveloppe corporel mais que son esprit est mort depuis longtemps. L’achèvement du corps pour acquérir une certaine liberté ?
Une chose est sûre, ces images vont hanter le cinéma américain des années 70, cette mise à mort est aussi celle de la pensée, c’est à se demander si The big shave n’est pas anarchiste.
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Demi-Lune
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Re: Martin Scorsese

Message par Demi-Lune »

Je suis tombé sur ça.
Pas encore fini de le regarder en entier mais c'est intéressant. Déjà de voir ces deux cinéastes converser sans interruption. Et puis de les écouter sur le pouls du cinéma américain (l'entretien date de 1997 !) et leurs diagnostics (la chute d'United Artists et de La porte du paradis, la mainmise des conglomérats qui empêchent toute prise de risque, 40 ans de lavage de cerveau auprès des jeunes par la télé et ses formules qui sont dupliquées au cinéma, l'inflation des coûts, l'uniformisation désespérante des posters et des trailers, etc).
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Roy Neary
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Re: Martin Scorsese

Message par Roy Neary »

Merci pour ce lien ! :wink:
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