Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jericho
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Jericho »

Ce film est un véritable coup de coeur !
Même si je n'ai pas eu le sentiment de regarder quelque chose de fondamentalement nouveau, c'est une sacrée bouffée d'air frais dans le genre horrifique. Le cinéaste Tomas Alfredson nous conte une histoire de vampire atypique à travers le regard d'enfants. Je dis "atypique" parce que d'une part, il s'approprie quelques codes du genre et du mythe du vampire, et d'autre part, il les rejette en s'éloignant de toute considération fantastique, afin de livrer quelque chose d'intimiste et de poignant.

Pendant tout le film, on suit cette relation ambiguë entre Oskar et Eli. L'un est martyrisé par ses camarades en raison de sa différence et qui, par conséquent, vit cloîtré dans sa solitude; et l'autre subit également cette marginalité mais pour des raisons différentes. Et évidemment, ces deux individus, s'acceptent pour ce qu'ils sont, finissent par avoir des atomes crochus et deviennent inséparables.
J'ai beaucoup aimé le traitement de cette histoire d'amour, en quelque sorte, car c'est amené avec tellement de finesse et de sobriété (peu de dialogues), qu'on s'attache forcément à ces personnages. D'ailleurs je ne sais pas où ils sont allé chercher les deux jeunes acteurs principaux, mais leur prestation est formidable, au point d'y déceler pas mal de complicités dans les regards.
Le point de vue adopté (celui de gamins donc), n'en fait aucunement une oeuvre naïve et innocente. Cette vision de l'existence parait amère, âpre et violente, loin de toute crédulité enfantine. C'est à la fois surprenant et logique.
La mise en scène est excellente, très contemplative, à base de plans fixes, et les rares scènes violentes font flipper et nouent la gorge comme c'est pas possible: le final au sein de la piscine est juste terrible.
Dommage que la scène des chats soit un peu loupée (en même temps c'est difficile à rendre sur un écran), puis j'ai trouvé que la fin arrivait de manière abrupte. Malheureusement, ces deux détails m'empêchent de hurler au chef d'oeuvre.
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Boubakar
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Boubakar »

Sortie prévue le 9 Février chez Metropolitan en dvd/Br.
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Flol »

Boubakar a écrit :Sortie prévue le 9 Février chez Metropolitan en dvd/Br.
Pourquoi un délai aussi long ?
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Boubakar
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Boubakar »

Ratatouille a écrit :
Boubakar a écrit :Sortie prévue le 9 Février chez Metropolitan en dvd/Br.
Pourquoi un délai aussi long ?
Parce qu'il n'y a pas eu jusqu'à récemment d'acheteur pour les droits vidéo du film, les producteurs demandant très cher pour son exploitation dvd/Br (et le film ayant été très piraté, ça refroidissait encore plus les éventuels candidats).
Voilà pourquoi il ne sort que maintenant, mais ça reste un choix logique que Metropolitan ait un film de ce calibre dans leur catalogue.
Nestor Almendros
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Nestor Almendros »

Et on peut aussi être sûr que ces éditions seront techniquement au top (Métropolitan étant très sérieux).
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ingoruptibles
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par ingoruptibles »

Boubakar a écrit :Sortie prévue le 9 Février chez Metropolitan en dvd/Br.
Miam 8)
Mais l'attente va être longue...
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Ender »

Je le découvre avec beaucoup de retard. Et j'ai beaucoup aimé. Sur des registres opposés, l'enfance a fourni parmi les plus beaux films de 2009, Max et les Maximonstres, Ponyo, Morse..
Belle relecture intimiste du mythe vampirique, jusque dans certains détails, comme la baignoire couverte de draps dans laquelle dort Eli en journée. Aussi, s'il y a une visée métaphorique du fantastique dans le récit, ça me semble secondaire, subordonné à une approche impressionniste : l'étrange est scruté par détails et traits, visions... Une poétique de la matérialité plutôt que du symbole (avec notamment l'évocation plutôt frontale d'une sexualité pré-adolescente dans de très belles séquences), ce pourquoi Alfredson fonctionne plus sur l'actualisation/invention graphique relative au mythe que sur le déplacement de ses fondamentaux. Il en résulte beaucoup de séquences magnifiques, et une légèreté de discours quant à son sujet, l'enfance tourmentée, qui nous le rend (et nous rend les héros) bien plus sensible et émouvant.

Précision et netteté du trait donc, à la faveur du froid suédois, et en même temps beaucoup d'indéfini dans un scénario qui fonctionne plus selon une poétique propre qu'en suivant la logique de l'enquête assez décousue menée par les adultes. Des événements ont lieu (un adulte est témoin de la morsure et du meurtre d'un de ses amis par Eli) pour être ensuite oubliés, rappelés bien plus tard, on sent la recherche d'une rythmique singulière, qui opère par le fragment, et cerne progressivement la découverte mutuelle de deux altérités, celles du garçon solitaire Oskar et de la vampire Eli.
Subtilement, le film réalise un fantasme aussi sexuel qu'enfantin, le héros Oskar apprivoise l'héroïne, se tient au point de fusion des sentiments de sécurité et de danger, conquiert un univers de transgression impunie ; Alfredson donne une image à la fois morbide et émancipatrice de l'enfance, où les héros expérimentent (Oskar est tenté de punir, voire torturer Eli en découvrant son existence meurtière, dans la superbe scène où il la défie d'entrer chez lui sans y être invitée, acte a priori impossible, en fait fatal, pour un vampire) des morales avant d'en élire une de liberté commune, portant secours l'un à l'autre dans l'adversité.
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Eusebio Cafarelli
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Eusebio Cafarelli »

Découverte très tardive, mais quel film ! quels jeunes acteurs !
C'est certes un film de vampire (et une belle relecture), mais c'est surtout et d'abord un grand film sur l'enfance et l'adolescence, très lent (avec des éclats de violence très réussis, la scène de la piscine par exemple) et contemplatif, très sombre aussi, dans les décors (la Suède glauque des polars) et malgré la neige (élément inquiétant, comme dans Shining. Les partis pris de mise en scène photographique, avec des plans souvent fixes très composés, mettant souvent en évidence le manque, le vide, l'absence, et des travellings très réussis (sous les tables de classe jusqu'au Rubik's cube), donnent une atmosphère d'inquiétante étrangeté, comme certains bruitages et des effets spéciaux discrets (l'ascension de l'hôpital). Je n'ai pas tilté sur le sexe mutilé, en fait je n'ai pas vu les cicatrices, donc pas ressenti d'ambiguïté. En revanche, n'étaient les crimes, on pourrait presque penser (plan programmatique du début où le jeune garçon pose la main sur la vitre qui projette son reflet) que le héros imagine tout, se crée une sorte de double féminin (d'où la mutilation ?) qui fait ce qu'il n'a pas le courage de faire. L'idée du vieil homme qui accompagne la jeune vampire et l'alimente (son père ? plutôt celui qui l'aime depuis longtemps et exprime de la jalousie envers le héros) est très belle et terrible, puisqu'elle semble annoncer le destin du héros.
Bref, mon film du mois.
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Happy Charly »

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Eusebio Cafarelli
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Re: Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Message par Eusebio Cafarelli »

traduction, please ?
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Re: Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Message par Wagner »

Le remake US tient la route, sans plus. Matt Reeves aurait du mal à dire qu'il a adapté une nouvelle fois le livre plus qu'il n'a repompé le film, à vérifier sur interviews. Parler de film US violent et de film suédois subtil serait certainement hors sujet. Difficile de juger de la qualité réelle de la photo tant qu'on a pas vu le blu-ray, ça c'est devenu un vrai gros problème pour moi.
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Jericho
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Re: Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Message par Jericho »

Difficile de juger de la qualité réelle de la photo tant qu'on a pas vu le blu-ray, ça c'est devenu un vrai gros problème pour moi.
J'approuve !
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Nestor Almendros
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Re: Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Message par Nestor Almendros »

Difficile de juger de la qualité réelle de la photo tant qu'on a pas vu le blu-ray, ça c'est devenu un vrai gros problème pour moi.
Pas si on l'a vu projeté en numérique, ce qui était mon cas (au Mk2 Bibliothèque).

LAISSE-MOI ENTRER de Matt Reeves

Je n'aurai finalement pas attendu longtemps pour voir le remake de MORSE que j'avais adoré à l'époque. Et bien qu'ayant peu de souvenirs précis de l'original, l'impression qu'il me reste malgré un résultat presque irréprochable est celle d'un copié-collé très appliqué et probablement trop fidèle à son modèle. La projection m'aura surtout rappelé à quel point j'avais aimé le film suédois, retrouvant ces moments que j'avais tant appreciés, tout en me questionnant sur l'utilité d'un remake à ce point identique (débat sans fin).
Le film de Reeves est pourtant bien fait, sobre et plein de mystère. Pourtant est-ce le fait de connaitre l'histoire à l'avance? De savoir où j'allais? Les fulgurances de violence si marquantes dans l'original n'ont pas eu le même impact, en découvrant le remake. Ainsi, le savoir-faire appliqué et habile de Reeves est peut-être aussi perfectible. Il ne suffit pas de recopier pour égaler. Je serais d'ailleurs curieux de voir une comparaison vidéo scène par scène pour voir à quel point c'est identique... S'il n'avait pas été à ce point inspiré par un autre film j'aurais dit que ce réalisateur, avec un tel film, si différent des bouses horifiques habituelles, méritait toutes les louanges. Et si j'ai encore quelques considérations pour le réalisateur de CLOVERFIELD (et plus encore pour le co-scénariste de THE YARDS - eh oui!), j'attendrai son 3e opus pour me faire un avis plus solide: l'inspiration de LAISSE-MOI ENTRER est malheureusement plus dictée que légitime.

Content de l'avoir vu mais ça ne vaut pas l'original évidemment (et voir le remake m'a sacrément donné envie d'y regoûter, à cet original...).
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Re: Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Message par 7swans »

Nestor Almendros a écrit :j'attendrai son 3e opus pour me faire un avis plus solide
C'est déjà son "3° opus"...
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
WhyNotSmile?
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Re: Morse (Tomas Alfredson - 2008)

Message par WhyNotSmile? »

Bonjour à tous!

Je suis tout nouveau sur ce forum et je ne sais pas trop par où commencer alors je prends ce film que j'ai revu il y a peu.

Pas de chance, ce n'est pas une critique très positive pour démarrer, mais ne vous faites pas de fausses idées, hein :)

J'avoue avoir été déçu par ce Morse. Beaucoup d'idées plutôt bonnes et une vraie volonté de faire quelque chose de différent dans le cinéma vampirique actuel (qui s'en plaindrait?) mais des défauts que je n'arrive pas à mettre de côté pour ma part (encore moins après la deuxième vision).

Le rythme lent (pas contemplatif, hein :uhuh: leeennnnnnntt...) et une caractérisation des personnages par moment plutôt juste (les deux enfants, bien sûr!) mais manquant très souvent de crédibilité dans les réactions que les protagonistes adoptent.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pourquoi est-ce que personne n'appelle la police lorsque cette femme (qui deviendra ensuite vampire avant de se suicider) se fait agresser?

Pourquoi est-ce que le vieux "compagnon" de notre jeune vampire va chercher une victime dans un vestiaire plein à craqué où il était sûr de se faire repérer? Et pourquoi, lorsqu'il sa victime se réveille, le laisse-t-il hurler "Au Secours!" à tout va au lieu de le faire taire?

Comment un jeune garçon de 12 ans chétif et mêlé au massacre de ses compagnons dans la piscine parvient-il à partir TOUT SEUL en train, sans que personne ne vienne lui poser de question, et, surtout, comment fait il pour porter cette énorme valise contenant une fille plus grande et, de toute évidence, plus lourde que lui?

J'en passe d'autre...


Évidemment, on pourra accorder le crédit de la "poésie" pour justifier les incohérences et les raccourcis, mais c'est un peu facile en ce qui me concerne (en tout cas, ça m'a gêné).

Et surtout... Surtout! Pourquoi est-ce que chaque personnage prend 2 secondes avant de lancer sa réplique ??? Non, sérieusement, quand la question posée mérite réflexion, je comprends sans problème, mais, à certains moments, la réponse se limite à Oui ou Non. Alors pourquoi est-ce qu'ils mettent tous 2 secondes avant de lancer ce Oui ou ce Non fatidique ? A certains moments, je n'avait envie que d'une chose, c'était de hurler "Mais, Bon Dieu, tu vas le dire ton Oui !!" :lol:

Pourtant j'aime le cinéma contemplatif, de Kurosawa à Mallick, mais là, j'ai plus eu l'impression de voir des maladresses de mise en scène et un montage ne parvenant pas à trouver son rythme qu'une véritable volonté artistique.

Le bilan n'est pas tout noir, heureusement, et le film possède pas mal d'atouts, que ce soit les deux acteurs prinicpaux (parfaits) ou certaines scènes comme celle de la piscine ou de la sortie sur le lac gelé, mais, dans l'ensemble, j'y vois plus un bon (voire, très bon) film restant encore à faire.

Dommage.
Little Bill Daggett: I don't deserve this... to die like this. I was building a house.
Will Munny: Deserve's got nothin' to do with it.
[aims gun]
Little Bill Daggett: I'll see you in hell, William Munny.
Will Munny: Yeah.
[fires]
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