Sidney Lumet (1924-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Super Seb le Bat Coco
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Super Seb le Bat Coco »

Federico a écrit :J'ai l'impression que ce n'est même pas sorti en VHS... :|
C'est bien ce qu'il me semblait :mrgreen: :|
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Supfiction
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Garbo talks

Message par Supfiction »

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Garbo talks.. tout un programme et il faudra entendre les dernières secondes pour savoir ce qu'elle dit!

Après avoir découvert ce film je suis assez circonspect sur ce que j'ai vu .. ne sachant en fait même pas si j'ai aimé ou non.
Une œuvre étrange qui semble vouloir dire plein de choses tout en ne faisant qu'effleurer les sujets, le tout dans une ambiance quelque-peu dépressive et noire sous des allures de film léger façon 80's (on pense à Tootsie par moments, le rire en moins). Au casting, Anne Bancroft excellente une nouvelle fois, Ron Silver (pas forcément l'acteur le plus charismatique qui soit..), Catherine Hicks (actrice trop rare que j'aime bien, vue également dans Peggy Sue s'est mariée) et une Princesse Leïa tout juste sortie de la trilogie et ici dans un rôle un peu ingrat.
feb
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Re: Garbo talks

Message par feb »

Supfiction a écrit :Après avoir découvert ce film je suis assez circonspect sur ce que j'ai vu .. ne sachant en fait même pas si j'ai aimé ou non.
Alors toujours pas de note ?
Pour moi c'est tout sauf une oeuvre "étrange" (d'ailleurs pourquoi étrange ?). Lumet a réalisé un film tout simple, un film qui repose sur 2 idées : "L'amour d'un fils pour sa mère" et "L'amour d'une femme pour une actrice". Il faut oublier Garbo (qui sert juste de prétexte au film et dont la légendaire discrétion permet de construire le parcours du fils) et simplement se laisser bercer par la petite musique qui accompagne l'histoire. Si tu y accroches, alors tu te rends compte que le film est plein de vie, qu'il ne sombre pas dans le pathos et qu'il n'effleure pas les sujets comme tu le dis. Il décrit juste le parcours d'un fils qui va se libérer petit à petit de ses contraintes, de ses poids (sa femme, son boulot) pour arriver à quelqu'un de presque libre à l'image de Garbo, de sa mère ou du personnage de Jane. Et cette liberté, il la doit à sa mère à laquelle il offre le plus beau des cadeaux et le plus beau des "au revoir". Garbo se matérialise dans la chambre d'Estelle, Lumet fait avancer sa camera comme dans Queen Christina et laisse Anne Bancroft seule avec ce qu'elle aime dans une scène absolument parfaite.
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Demi-Lune
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Re: Garbo talks

Message par Demi-Lune »

feb a écrit :
Supfiction a écrit :Après avoir découvert ce film je suis assez circonspect sur ce que j'ai vu .. ne sachant en fait même pas si j'ai aimé ou non.
Alors toujours pas de note ?
Pour moi c'est tout sauf une oeuvre "étrange" (d'ailleurs pourquoi étrange ?). Lumet a réalisé un film tout simple, un film qui repose sur 2 idées : "L'amour d'un fils pour sa mère" et "L'amour d'une femme pour une actrice". Il faut oublier Garbo (qui sert juste de prétexte au film et dont la légendaire discrétion permet de construire le parcours du fils) et simplement se laisser bercer par la petite musique qui accompagne l'histoire. Si tu y accroches, alors tu te rends compte que le film est plein de vie, qu'il ne sombre pas dans le pathos et qu'il n'effleure pas les sujets comme tu le dis. Il décrit juste le parcours d'un fils qui va se libérer petit à petit de ses contraintes, de ses poids (sa femme, son boulot) pour arriver à quelqu'un de presque libre à l'image de Garbo, de sa mère ou du personnage de Jane. Et cette liberté, il la doit à sa mère à laquelle il offre le plus beau des cadeaux et le plus beau des "au revoir". Garbo se matérialise dans la chambre d'Estelle, Lumet fait avancer sa camera comme dans Queen Christina et laisse Anne Bancroft seule avec ce qu'elle aime dans une scène absolument parfaite.
Tiens, j'ai regardé ce film hier soir. J'avoue que je partage la même perplexité que Supfiction (pas taper :oops: ).
Si A la recherche de Garbo apparaît étrange, c'est sans doute parce qu'il traite un sujet dur avec un regard dédramatisé. Le générique en dessin animé donne bien le ton. Lumet choisit clairement l'angle de la comédie.
C'est un choix louable qui évite tout le risque de pathos lié au cancer incurable, l'attente de la mort, tout ça (il y a d'ailleurs une ellipse assez magistrale à la fin, dans la chambre d'hôpital, qui nous fait comprendre la chose sans donner l'impression qu'elle est minimisée ou au contraire tragique). Les quelques dialogues de son fils la concernant suffisent pour donner du relief au personnage de Bancroft, avec dignité et humour.

Le problème, pour moi, c'est que cet angle comique ne fonctionne pas lorsqu'il concerne le personnage du fils, joué par Ron Silver. Or ça représente les 2/3 du film puisque c'est lui le moteur de l'intrigue... c'est ballot. Anne Bancroft n'a que quelques scènes mais elle campe son rôle de chieuse avec beaucoup de drôlerie ("qui veut lécher une fente ?" :o ). Ron Silver, lui, hérite d'un personnage et de situations que je ne trouve pas très finaudes. Le rôle veut qu'il ne soit pas très charismatique, mais il apparaît quand même en-dessous de ses partenaires (Carrie Fisher, la croquante Catherine Hicks). Et puis tous ses déboires pour retrouver Garbo, même si ce n'est pas la destination qui compte mais le voyage, on peut trouver ça bien poussif (c'est mon cas :oops: ).
Dernière modification par Demi-Lune le 27 oct. 13, 14:36, modifié 1 fois.
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par feb »

Ron Silver, Demi :wink:
J'aurais mieux fait de ne pas répondre tiens...
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Demi-Lune
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Demi-Lune »

feb a écrit :Ron Silver, Demi :wink:
Oups, c'est corrigé. :wink:
feb a écrit :J'aurais mieux fait de ne pas répondre tiens...
Mais non, tu as très bien fait d'intervenir pour défendre un film qui t'est cher. Je t'envie ce Graal, moi je n'ai pas d'A la recherche de Kelly. :mrgreen:
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Federico »

Demi-Lune a écrit :Mais non, tu as très bien fait d'intervenir pour défendre un film qui t'est cher. Je t'envie ce Graal, moi je n'ai pas d'A la recherche de Kelly. :mrgreen:
Spoiler (cliquez pour afficher)
On le trouvera peut-être un jour dans les archives privées d'Hitchcock... :mrgreen: :arrow:
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par feb »

Demi-Lune a écrit :Je t'envie ce Graal, moi je n'ai pas d'A la recherche de Kelly. :mrgreen:
Nicole K. s'en occupe.
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Re: Garbo talks

Message par Supfiction »

Demi-Lune a écrit :Anne Bancroft n'a que quelques scènes mais elle campe son rôle de chieuse avec beaucoup de drôlerie ("qui veut lécher une fente ?" :o ).
Toi tu l'as vu en VF..
En v.o. ça donne "Who wanted a girl to sit on your face ?".

Quand je ne sais pas quoi penser exactement d'un film que je viens de voir, en général c'est plutôt bon signe... Pour le moment je vais lui mettre un 6,5/10, ce qui est une bonne note déjà (c'est ce que j'ai mis ce mois-ci à Retour à Howards End et Violence et Passion, deux films qui m'ont d'ailleurs laissé un peu dans le même état d'esprit dubitatif..).
J'aime beaucoup le côté marqué très 80's de Garbo talks : la coiffure et les tenues de sport de Catherine Hicks, les interrogations existentielles de Ron Silver, Garbo encore vivante ( :shock: un truc qui m'avait échappé à l'époque), ... Je retrouve l'ambiance de certains Woody Allen ou de Tootsie comme je disais, version dépressive.
Dernière modification par Supfiction le 27 oct. 13, 22:21, modifié 1 fois.
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Re: Garbo talks

Message par Demi-Lune »

Supfiction a écrit :
Demi-Lune a écrit :Anne Bancroft n'a que quelques scènes mais elle campe son rôle de chieuse avec beaucoup de drôlerie ("qui veut lécher une fente ?" :o ).
Toi tu l'as vu en VF..
Tiens, ça faisait longtemps.
J'ai vu ce film en VOST parce que je l'ai pompé sur internet. Cette réplique, c'est celle qui est donnée en traduction dans le gros sous-titrage télétexte dégueulasse du fichier vidéo que j'ai vu. La tournure est plus marrante que la réplique en VO, d'ailleurs. :lol:
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par JeanLucGodardIV »

Daniel (1983)

Sacré cinéaste ce Lumet, prolifique et relativement constant au niveau de la qualité d'écriture, de ses réalisations. Ses oeuvres sont toutes plus ou moins connues et reconnues. Un cinéaste qui n'arrêtait pas de tourner sans se lasser, dénonçant les travers de la société bien souvent avec une rigueur maladive que d'aucun ne taxerait de lente dans son exécution. Oui, le grand Lumet aimait prendre son temps quant à l'édification de ses films et cela se ressent à tous les niveaux pour une meilleure compréhension de son film Daniel (incarné par Timothy Hutton).

Daniel est un film qui pourrait à priori rebuter son spectateur, tout simplement à cause de certaines longueurs qui auraient gagné à être écourtées. Lumet nous propose un film gigogne, il choisit de dépeindre la vie d'une famille sur deux niveaux contemporains: celui du milieu années 40/50 et celui de la fin des années flower power. Adapté directement de E.L.Doctorow et de son livre "The Book of Daniel", Daniel relate comme vous l'avez peut-être compris si vous l'avez déjà vu, une partie de la vie des époux Rosenberg, sauf qu'ici ils sont rebaptisés époux Isaacson. Alors les Rosenberg ont été accusé d'une manière assez peu scrupuleuse d'avoir livré aux Russes des informations classées secrêtes, une affaire d'espionnage qui finalement, qu'on le veuille ou non, a démontré qu'ils avaient bien livrés certaines informations mais ce n'est pas ici le fond du film, ici on s'attache à relater l'histoire du fils nommé Daniel qui est tout de même secoué par les rebondissements de l'affaire. Lui et sa soeur n'ont pas eu une jeunesse et une adolescence heureuse car il est difficile d'avoir des parents médiatisés accusés de sympathie communiste. D'ailleurs sa soeur vie en hôpital psy, tellement touchée par les retombées de l'affaire tandis que Daniel cherche un semblant de vérité. l'histoire est montée sur deux segments qui a son propre fil, techniquement la partie où à lieu le procès et la vie des Isaacson durant la fin des années 40 et le début des années 50 est filmée dans des teintes ocres, sépia comme pour mieux relancer un principe tourné plus ou moins vers le cauchemar. Une manière très onirique de revenir vers la grande histoire. L'histoire tournée à la fin des années 60 correspond à une lumière naturelle composée sans artifice, très bien maîtrisée avec des relents de documentaire un peu activiste par moment.

Daniel questionne donc cette Amérique qui a tué ses parents, et ses parents histoire d'être redondants étaient communistes et juifs et cela ne pardonnait surement pas à cette époque du début des années 50. Ont-ils vraiment été coupable de trahison, il est probable (pour aujourd'hui) que oui..Le procès s'est-il joué dès lors que l'on connaissait leur origine et leur conviction politique, cela semble évident. La cause de la trahison n'étant finalement qu'un accès vers la systématisation d'un critère politique et racial venant contrebalancer les faits qui eux sont relégués au second plan. je pense que c'est la théorie qu'a voulu élaborer Lumet en se basant sur l'ouvrage de Doctorow. je n'ai pas lu le livre donc je ne peux pas trancher. La manière dont Lumet place en exergue les éléments est assez brillante ou confuse pour d'autre; en suivant deux destins qui ont leur importance il est difficile de s'accrocher à la plus grand histoire que Lumet nous invite à suivre, l'histoire des persécutions américaines au coeur des 50's en proposant une logique de retour du bâton si l'on examine un peu les faits. Par exemple, lorsque les époux passent sur la chaise électrique, moment de tension et de douleur difficilement supportable, on se retrouve avec un fils qui continue à contester, puis ce sont des pans entiers de manifestants qui sont filmés en plein coeur de Central park, plan final d'ailleurs si je ne m'abuse. Lumet prend quelques écarts assez important avec l'histoire en modifiant par exemple le fait que les Rosenberg avaient deux fils et non pas un fils et une fille mais tout cela ne nuit pas à un ensemble qui aurait pu être une épopée certaine, à savoir la lutte pour la démocratie au milieu d'une période très trouble où les gens du continent américain pouvaient à tout moment être inquiétés d'être taxés de sympathie communiste, à la solde de la grande rouge. Lumet s'en tire avec les honneurs, encore une fois calme et serein il nous assène sans concession une oeuvre très intéressante à défaut d'être magistrale.
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Jeremy Fox
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Jeremy Fox »

Jericho
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Jericho »

Excellent film, un poil trop méconnu dans sa filmographie (dans la mesure où il n'est pas spécialement cité parmi ses meilleurs opus).
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homerwell
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par homerwell »

J'ai vu Contre-enquête ce week end, excellent policier dissèque les rapports entre mafia, politique, justice avec en premier plan le racisme, la corruption, et une conclusion sur la perte des idéaux. Nick Nolte met son physique de stentor au service d'un parfait salopard, le tout est vraiment crédible. J'ai adoré. 8.5/10

Il paraît que "Le Groupe" est un bon film. Pas de dvd en europe ? Et le z1 possède-t-il un ST français non bien sûr ce serait trop beau ?
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Flol
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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Message par Flol »

homerwell a écrit :Il paraît que "Le Groupe" est un bon film.
Ouais c'est pas mal, mais j'ai toujours un peu tiqué sur le casting.
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