harry a écrit : ↑23 juil. 21, 11:14
Ender a écrit : ↑22 juil. 21, 17:18
Le topic des boute-en-train incompris.
Alors au premier degré même pas et demi et malgré les deux-trois plans pub-parfum, et malgré l'esthétique lisse, dépeuplée que Villeneuve cultive dans son labo Apple mental, malgré l'échec de son Blade Runner et malgré la seconde de nostalgie éprouvée pour le mauvais goût déboutonné du Lynch devant cette BA, bref malgré un peu tout, je pense sincèrement ce film a toutes les chances d'être bien ; Arrival l'était, et faire le Dune atonal, dégraissé, après toutes les tentatives loukoum du passé, c'était la voie à prendre.
J'aime le Lynch pour certaines scènes, des ambiances, etc... mais je suis pas aveugle a ses énormes défauts: rythme a la ramasse, visuels impressionnants et originaux qui côtoient des visuels kitsch, cheap ou "a cote de la plaque", scènes d'action ou de bataille avec "0 ampleur" avec la mise en scène qui va avec, récit déséquilibré ou l'exposition bouffe la moitié du film, partie "centrale" ou la guérilla dans le désert a l'air de durer une semaine et est expédiée juste avant le final...
Quand au projet de Jodo, malgré son aura, ca aurait été une grosse choucroute bordélique et bariolée uniquement supportable sous forte alcoolémie ou consommation de substances illicites.
Les gens on beau critiquer son BR2049, c'était un des rares films de SF récent a avoir su me faire croire a son univers.
Je pense aussi qu'on n'a pas perdu grand-chose avec l'annulation du Jodorowski. L'adaptation de Lynch tient du plaisir un rien pervers, ses accès de ridicule deviennent indissociables du plaisir qu'on y prend. Il a le mérite de rendre évident ce que certains fans de la saga romanesque auront du mal à admettre : le récit de Herbert, avec son esprit de sérieux biblique, est déjà saturé de kitsch. Le pousser au grotesque était une belle idée. Ça n'empêche pas les défauts objectifs que tu relèves, le montage parfois erratique etc. (la liste est longue !), mais en tout cas, l'ensemble est vivant, chaleureux, laisse le souvenir d'un univers animé...
... ce qui fait défaut au Blade Runner de Villeneuve. D'un côté, c'est voulu et cohérent, puisqu'il situe son film dans un avenir d'apocalypse discrète, d'extinction du vivant sans coup férir. L'espèce de silence du monde auquel il nous soumet est assourdissant et réussit à susciter l'angoisse par contraste avec l'original grouillant de Scott. D'un autre côté, je trouve que le film passe un peu à côté de son sujet en esquivant l'ambiguïté, le brouillage des frontières entre les différentes espèces qui hantent son monde à l'agonie : restes d'humanité, réplicants, simulations... chacun reste à son régime, à sa place, c'est même la morale du dénouement de l'histoire. De ce point de vue, le film manque d'âme, ne dépasse pas le tour du propriétaire de ses set designs très... design, et le propriétaire reste une banale humanité devant laquelle s'incliner.
J'ai confiance pour le Dune à venir en dépit les quelques mauvais penchants du cinéaste, mais encore une fois, plutôt au nom de son Arrival qui lui reste une des grandes expériences de science fiction du cinéma récent.