Deux américaines jeunes, belles et intelligentes passent deux mois de vacances estivales à Barcelone.
Là, un bel hidalgo les approche avec l'intention manifeste de les séduire.
L'une résiste, l'autre succombe.
Mais, persuasif, le bel hidalgo aura les deux : celle qui avait succombé vivra avec lui mais sera insatisfaite, celle qui avait résisté le fuira mais sera en fait amoureuse.
Et puis, un jour, l'ex-femme du bel hidalgo débarquera.
Ne serait-ce Woody
Allen derrière la caméra, j'aurai fait preuve de bien peu d'indulgence face à une intrigue aussi convenue, que les scénaristes d'Amour, gloire et beauté risqueraient d'attaquer pour plagiat. Et le cadre choisi par Woody (une Espagne de pacotille, image d'Epinal où viennent s'enfiler tous les clichés autour du pays) comme ses protagonistes (tous beaux, intelligents, oisifs, évidemment artistes et riches...) ne fait rien pour modérer ce constat. Toutefois, j'ai souvenir que Woody
Allen avait déjà choisi de raconter des marivaudages inoffensifs dans des cadres de cartes postales (Venise et Paris) dans l'un de ses plus délicieux films,
Tout le monde dit I love you, qui était une comédie musicale, et revendiquait donc l'
artificialité de ses situations, jusqu'à cette danse volante en bords de Seine.
Vicky Cristina Barcelona n'est certes pas une comédie musicale, et comme le disait Alligator, c'est même assez peu une comédie, pauvre en bons mots alleniens ou en situations loufoques. Mais le film n'est pourtant pas exempt d'artificialité : de cette Espagne folklorique à cette voix-off qui vient
légender les séquences ; de ces cadres américains jamais décalés, adoptant un point de vue résolument neutre, à des personnages admirablement photogéniques ; de cette intrigue digne d'Harlequin à ces pseudo-artistes bohêmes dont l'une, Cristina, se trouve un don pour la ... photographie, aucun doute, nous sommes dans un
roman-photo ! Animé certes, mais l'exercice de style est assez convaincant, assumant sans rougir sa frivolité insignifiante comme son goût des jolies choses, le rocambolesque forcé de certaines situations (Maria Elena qui débarque avec le pistolet) comme sa vocation, in fine, de divertissement totalement anodin (et ce n'est guère péjoratif dans ma bouche).
Alors, ponctuellement, on se prend à imaginer ce que Woody
Allen aurait pu faire d'un tel sujet ; Juan Antonio aurait pu, comme cela est évoqué brièvement, être d'avantage exploité pour sa dimension "vampirique" (qui aspire l'énergie comme le talent des femmes qu'il séduit) mais cela aurait conféré une teinte trop... sanguine à l'eau de rose. De même, la toute fin suggère avec quelle cruauté Woody
Allen (tendance
Le rêve de Cassandre) aurait pu appuyer sur l'absurdité de cette parenthèse espagnole pour les deux femmes, revenues au point de départ avec juste d'amères fissures intérieures en plus. Mais non. On reste dans le survol, la légèreté, l'insouciance.
Vicky Cristina Barcelona est un plaisir mineur, quelconque. Mais c'est un plaisir.